Interview de M. Hervé Morin, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale et vice-président de l'UDF, dans "La Provence" le 28 juin 2006, sur la situation politique et la stratégie de l'UDF vis-à-vis de l'UMP dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007.

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Média : La Provence

Texte intégral

Q - Vous êtes ce soir à Marseille pour animer un débat public « Pour une VIe République »... Vous voulez du changement ?
R - Notre pays souffre d'un déficit démocratique énorme, avec une confusion et une irresponsabilité des pouvoirs. Il faut de la transparence, de l'exemplarité et de l'éthique dans le fonctionnement de l'Etat. Cela passe par un renforcement des pouvoirs du Parlement, la mise en place d'un pouvoir judiciaire avec de vrais moyens de décision, et l'instauration d'un président de la République qui prenne des risques, montre la voix aux Français, intervienne en permanence, comme le président américain.
Q - Est-ce pour cela que vous parlez de « fin de règne » concernant Chirac qui garde confiance en Villepin ?
R - Remplacer Villepin n'aurait rien changé. Quel que soit le Premier ministre, il va gérer les affaires courantes jusqu'à la présidentielle. Quant à l'éventuelle candidature de Chirac à cette présidentielle, personne ne le souhaite. Une nouvelle génération politique se met en place. Nous voulons faire évoluer la vie politique en France en rassemblant au-delà des partis politiques. Regardez ce qui se passe en Allemagne. On peut arriver à une telle coalition en France, d'autant que la situation de crise est grave, au niveau du chômage, de l'endettement, de l'intégration. Il faut dépasser ce jeu binaire droite-gauche, majorité-opposition, pour rassembler toutes les énergies et s'occuper réellement des problèmes des Français. Nous, nous ne sommes ni dans la majorité, ni dans l'opposition.
Q - Mais vous êtes un coup contre l'UMP, à l'Assemblée nationale et pour la présidentielle, et un coup avec, pour les législatives et dans certaines municipalités comme à Marseille !
R - On s'oppose à l'UMP quand elle ne dit pas la vérité aux Français, comme quand le gouvernement dit lutter contre l'endettement alors que la dépense publique ne cesse d'augmenter. Mais on est avec, quand il s'agit de mettre en place un dispositif pour réellement lutter contre l'immigration clandestine. Nous irons à la présidentielle avec François Bayrou et un certain nombre de propositions de réforme, des 35 heures, de démocratie moderne ou encore du financement de la Sécurité sociale. On peut être au deuxième tour. Mais on peut aussi se planter ! Attendons le résultat de la présidentielle qui peut déboucher sur une redéfinition totale du paysage politique avec une explosion du PS ou de l'UMP. On verra alors si les accords avec l'UMP pour les législatives et les municipales ont encore un sens.
Propos recueillis par Laurent Leonard source http://www.udf.org, le 30 juin 2006