Texte intégral
Bonjour à toutes et à tous,
Merci Bernard pour ton accueil chaleureux,
Merci à tous les militants de la région Rhône Alpes qui se sont déjà dépensés sans compter pour nous permettre tout au long de cette semaine de travailler, d'échanger et de débattre dans la convivialité.
Bienvenue à vous les 1868 délégués du 46ème congrès de la CFDT.
Bienvenue à tous nos invités.
Bienvenue aux représentants des organisations syndicales étrangères et aux représentants des organisations syndicales françaises.
Bienvenue à nos partenaires associatifs, aux représentants des organisations étudiantes, aux journalistes, et à tous les observateurs ici présents.
Il y a quatre ans, à Nantes, je clôturais notre dernier congrès en plaçant notre action à venir sous le signe de trois principes fondamentaux : Réalisme, Responsabilité, Réforme.
- Le réalisme, disais-je, c'est regarder les faits, en accepter l'épreuve et en faire la bonne analyse. Bref, s'imposer en permanence un discours de vérité
- La responsabilité, c'est contribuer à la définition de l'intérêt général, c'est être capable avec la même force de dénoncer l'inacceptable comme de s'engager publiquement sur des choix difficiles.
- La réforme, c'est le moyen d'un syndicalisme de transformation sociale qui a la volonté par l'action collective d'offrir à chacun une plus grande maîtrise de son destin.
Il s'est passé beaucoup de choses depuis cette date. Certaines étaient prévisibles, d'autres moins. Mais je pense que nous avons été fidèles à ces trois règles.
Reste que nombre de militants se sont interrogés sur le chemin que prenait la CFDT dans cette période, que des doutes se sont faits jour et qu'un besoin de clarification et d'échange s'est manifesté.
Le Bureau national a entendu ce message fort des militants, notamment après la réforme des retraites, et a lancé un grand cycle de débats dans toute la CFDT.
Une démarche que le Conseil national a précisé et développé dans son rapport d'octobre 2004 :
- relancer la dynamique participative,
- crever l'abcès du malaise par l'écoute, par le dialogue et le débat pour expliciter sans tabou les difficultés rencontrées,
- évacuer les faux problèmes, faire émerger les vraies questions,
- et renouveler notre critique sociale.
Une démarche ambitieuse dans laquelle toutes les organisations de la CFDT se sont investies.
De fait, ce congrès de Grenoble ne ponctue pas seulement quatre années d'action. Il ponctue également trois ans de débats internes que le Bureau national a voulu nombreux, larges, ouverts et constructifs.
C'est là peut-être la particularité de ce congrès et du rapport d'activité du Bureau national que je vous présente aujourd'hui.
Car il s'agit aujourd'hui de faire le bilan :
- non seulement de ce que nous avons fait,
- non seulement de ce pour quoi ou contre quoi nous nous sommes battus,
- mais aussi de ce que nous nous sommes dits.
Cela constitue une expérience concrète d'approfondissement de notre démocratie interne à laquelle un grand nombre de militants ont participé.
Bref, il s'agit de montrer la cohérence de nos choix, de nos valeurs et de nos objectifs et au final d'affirmer la cohésion et la solidité de la CFDT.
Nos convictions, nos valeurs, ce sont nos forces, le socle de notre identité.
Alors quelles sont-elles ?
D'abord et avant toutes choses, la lutte contre les inégalités.
" Bien sûr ", pourrait-on dire.
Sauf que cette lutte n'est pas aussi évidente qu'elle en a l'air : avant de se mettre en mouvement, il faut s'efforcer de comprendre, de mesurer la complexité et les contradictions que recouvrent ces inégalités.
Ces inégalités qui minent le pacte social.
Elles ne sont plus totalement aujourd'hui ce qu'elles étaient hier. Elles ne séparent plus seulement le capital et le travail, des niveaux de revenus, des ouvriers et des cadres.
De manière plus complexe, elles séparent aussi :
* ceux qui ont un emploi et ceux qui n'en ont pas,
* ceux dont l'emploi est précaire et ceux dont l'emploi est solide,
* ceux qui sont victimes de discriminations du fait de leurs origines et les autres,
* ceux dont le diplôme est un passeport pour l'avenir et ceux qui restent à quai parce que l'école les a laissés les mains vides.
Nous avons toujours défendu et nous défendrons toujours les salariés, les retraités, ceux qui
sont dans le monde du travail ou qui en sont sortis comme ceux qui aspirent à y entrer.
Mais notre combat contre les inégalités ne peut pas être le simple prolongement de nos combats d'hier.
C'était le sens de notre bataille contre le Contrat Première Embauche.
Tout le temps qu'a duré ce conflit, la CFDT s'est montrée solidaire de la jeunesse qui se mobilisait pour refuser un avenir assigné à la précarité, une jeunesse qui réclamait tout simplement ses droits !
Une CFDT solidaire, en effet. Car notre lutte contre les inégalités va de pair avec notre attachement à la solidarité entre les professions et entre les générations.
Mais là encore, il ne suffit pas de le proclamer. Cet engagement appelle des choix clairs.
Nous l'avons constaté tout au long de cette période, avec le débat sur les retraites, ou encore avec le débat sur l'intermittence. Si l'affirmation du principe général de la solidarité ne fait pas problème, la manière de le traduire dans les faits est plus difficile, plus exigeante et beaucoup moins consensuelle.
La CFDT, c'est aussi un attachement à l'émancipation des individus comme horizon de l'émancipation collective. Là encore nous n'avons pas varié. Elle est pour nous une démarche permanente car l'émancipation a encore et toujours de nombreux espaces à conquérir.
- Il reste, en effet, beaucoup de chemin à parcourir quand tant de jeunes sortent chaque année de l'école sans aucune qualification.
- Il reste du chemin à parcourir dans un pays qui compte plus de 2 millions de chômeurs, où tant de gens émargent au RMI où se multiplient les travailleurs pauvres,
- Il reste du chemin à parcourir quand pour beaucoup de salariés la pénibilité est une réalité quotidienne.
Au fondement de notre action, il faut encore compter notre attachement à la démocratie sociale et à l'Europe.
Sur ces deux fronts, la période qui vient de s'écouler n'aura pas été facile, chacun le sait.
Les exigences de la démocratie sociale ne sont manifestement pas dans les pratiques du monde politique français.
La majorité actuelle est arrivée au pouvoir en multipliant les engagements en faveur du dialogue social. Ils se sont concrétisés en partie dans la loi Fillon.
Mais plus le temps a passé, plus elle a trahi ses engagements, jusqu'à les ignorer totalement.
La crise que nous venons de connaître est de ce point de vue exemplaire.
- Le Premier ministre a cru pouvoir décider seul, sans aucune concertation, d'une mesure inadaptée, discriminante pour la jeunesse et qui concernait directement des éléments essentiels du droit du travail.
- Le Parlement a voté ce texte sous la contrainte du Premier ministre résolu à passer en force.
- Vous connaissez le résultat : la discussion qui ne s'est pas tenue là où elle devait avoir lieu, s'est transformée en conflit ouvert dans la rue.
C'est cela le résultat du diktat et de l'obstination !
D'une certaine manière, au terme d'une période décevante pour le dialogue social, le CPE aura servi de détonateur et d'avertissement au monde politique dans son ensemble.
Car il est temps que tous les politiques acceptent enfin le principe d'une phase de négociation préalable à toute décision dans le domaine social !
L'Europe enfin.
Sur ce sujet non plus, nous n'avons pas varié.
L'Europe reste pour nous l'aiguillon d'une mondialisation maîtrisée et solidaire, l'horizon d'un syndicalisme plus fort et plus adapté à cette mondialisation.
C'est pour ces raisons que nous avons soutenu le Traité constitutionnel aux côtés de la quasi-totalité des syndicats européens et de la CES.
Parce que nous avions la conviction que, pour grandir, pour être plus efficace, pour se donner les moyens de solidarités sociales à l'échelle régionale, l'Europe devait se donner une plus grande consistance politique.
Bien sûr, ce traité n'était pas parfait et nous l'avons dit aussi, nous l'avons d'ailleurs critiqué avec la CES.
Cependant, il nous permettait de faire un pas supplémentaire dans la bonne direction. Ce pas n'a pas été franchi dans notre pays et il n'est pas question pour nous de discuter ici, bien évidemment, l'autorité du suffrage populaire.
Il nous importe maintenant de trouver les moyens d'une relance de l'Europe sur de meilleures bases.
Contrairement aux promesses démagogiques, tout reste à inventer car le " non " n'est pas un rempart contre les difficultés que nous devons affronter. Il ne résout rien sur aucun des grands dossiers qu'il faudrait régler au niveau européen.
- Il ne résout rien en matière de politique sociale,
- Il ne résout rien en matière de politique migratoire,
- Il ne résout rien en matière de politique industrielle ou de dynamique économique.
- Il ne résout rien enfin, en matière de politique énergétique.
En effet, durant ces quatre années, l'action quotidienne de la CFDT dans les entreprises a été rythmée par les restructurations, les délocalisations, les plans sociaux et la sauvegarde de l'emploi. Et nous n'ignorons pas que derrière les plans sociaux des grands groupes qui font l'actualité se cachent une multitude de petites entreprises et de salariés souvent totalement ignorés.
Malgré l'énergie, malgré la détermination des équipes, notre action pour l'emploi a malheureusement souvent constaté ses limites en l'absence d'instruments de régulation. Elle s'est trouvée souvent démunie face aux OPA, hostiles ou pas, face aux stratégies du capitalisme financier.
Alors oui, il est urgent de trouver les voies et les moyens d'une véritable régulation économique et sociale européenne qui fait tant défaut aujourd'hui.
C'est bien la fidélité à toutes ces valeurs, à nos valeurs de justice, de solidarité, d'émancipation et de démocratie qui a guidé nos choix dans la période écoulée entre Nantes et Grenoble.
Au nom de ces valeurs, sur tous les sujets auxquels nous avons été confrontés, nous avons défendu les intérêts collectifs des salariés dans l'objectif de contribuer à promouvoir l'intérêt général.
Car le monde change autour de nous, et met à mal les équilibres fondamentaux de notre société.
Presque tous les éléments sur lesquels s'est fondé, il y a une cinquantaine d'année, notre contrat social sont déstabilisés par les mutations en cours.
- Un contrat social construit pour une société et une économie fonctionnant dans un cadre essentiellement national,
Or, voici plus de vingt ans que la mondialisation travaille à bouleverser ce cadre.
- Un modèle social construit pour une économie de plein emploi où les carrières seraient continues et sédentaires.
Or, voici vingt ans que le chômage côtoie les 10% et que la précarisation progresse.
- Un contrat social construit dans une période de forte croissance, où les revenus du travail et la solidarité salariale devaient subvenir progressivement à tous les besoins de solidarité.
Or, voici vingt ans que les taux de croissance sont faibles et que la solidarité salariale est pressurée.
- Un modèle social construit en pensant que la pauvreté - en particulier des plus âgés - ne serait bientôt plus qu'un souvenir.
Or, voici vingt ans que nous observons la montée de l'exclusion et que la pauvreté redevient une réalité inquiétante, y compris et d'abord chez les jeunes.
- Un contrat social construit pour une société jeune, où les actifs pouvaient aisément assurer la protection des inactifs.
Or, voici vingt ans que les évolutions démographiques nous imposent de nouveaux équilibres et mettent à l'épreuve notre modèle de solidarité intergénérationnelle.
- Un contrat social enfin construit dans une relative insouciance vis-à-vis de l'environnement et des ressources naturelles.
Or, voici que le réchauffement climatique, l'eau, les ressources énergétiques s'imposent comme les grands enjeux de demain.
Ces multiples transformations éprouvent la société française depuis des années.
Elles expliquent le développement dans notre pays de sentiments de déclassement et de peur devant l'avenir, une perte de confiance à l'égard du progrès et un certain pessimisme collectif.
Ce sont ces transformations qui expliquent également pour une large part la crise de la représentation politique.
D'élection en élection, ce sont les forces de rejet qui petit à petit gagnent du terrain.
Face à de tels enjeux, face à de telles difficultés, face à de telles angoisses, la CFDT ne peut rester les bras croisés, nous devons redonner confiance et espoir en l'avenir.
Les problèmes, les questions qui nous sont posés, les choix qui nous sont ouverts ne doivent pas être examinés avec les seules lunettes du catastrophisme.
Les défis à relever sont aussi le fruit de progrès considérables dont il faut se réjouir : l'augmentation continue de l'espérance de vie, les avancées prodigieuses en matière de santé et de bien être pour une très large partie de la population, sans oublier la chance que nous avons de vivre dans une Europe en paix depuis 60 ans.
Les générations futures jugeront de notre action à l'aune du monde que nous leur aurons laissé.
C'est aujourd'hui que nous construisons cet avenir !
C'est aujourd'hui que doivent être assumés des choix justes et courageux !
C'est pourquoi, tout au long de ces quatre années, nous avons refusé l'immobilisme et le fatalisme.
Nous nous sommes engagés pour faire face au présent et préparer l'avenir.
Notre souci a été constamment de promouvoir de nouvelles garanties collectives permettant aux individus de plus grands espaces de choix, et de bâtir les nouvelles solidarités qu'elles exigent.
Telle a été notre ligne de conduite,
- avec pour méthode : le dialogue social et le rapport de forces, le rapport de forces sous toutes ses formes,
- avec pour dynamique constante : un travail sur nous-mêmes.
Nos choix ont donc été parfois difficiles et controversés, mais le temps n'est-il pas venu souvent les valider ?
La réforme des retraites fait bien sûr partie des choix difficiles qu'a faits le Bureau national.
Vous le savez mieux que quiconque pour l'avoir assumé dans les entreprises et dans les administrations.
A Nantes, nous étions forts de notre détermination pour une réforme globale et concertée.
Une réforme basée sur le maintien du principe de répartition, capable de stopper la dégradation du niveau de remplacement et porteuse de nouvelles marges de choix pour les salariés.
Néanmoins, je vous disais alors que la nécessaire réforme des retraites s'accompagnerait sûrement de moments difficiles, qu'elle exigerait du courage de la part de tous les responsables, qu'elle serait pour nous l'occasion d'affirmer clairement nos principes et de préciser notre conception de la solidarité collective.
Cet épisode des retraites a été effectivement dur, plus dur encore que nous l'avions imaginé.
Notre engagement n'a pas été facile à porter par les militants durement confrontés aux attaques de toutes parts.
Sans esquiver les erreurs que nous avons pu commettre dans la conduite de ce dossier, reconnaissons aujourd'hui que sur le fond, le débat public n'apporte guère de propositions alternatives.
Si nous avons rencontré des difficultés, c'est parce que nous n'avons pas fui nos responsabilités, ni déserté le terrain de l'engagement.
Baisser les bras face à l'adversité et laisser la main à d'autres, auraient été beaucoup plus confortables mais totalement contraires à ce que nous sommes, à ce qu'est la CFDT.
Et surtout, renoncer à peser, c'était laisser le champ libre à tous les dérapages et notamment au développement d'une capitalisation individuelle et à l'abandon de notre système solidaire.
Rappelons-nous les pressions au sein de la majorité parlementaire et l'offensive soutenue en faveur de la capitalisation.
Cette option du chacun pour soi, nous l'avons combattue elle a été rejetée mais rien n'était acquis d'avance.
Ce résultat un peu vite oublié, c'est au crédit de ceux qui se sont engagés qu'il faut le porter et à eux seuls.
C'est aussi au crédit de la CFDT qu'il faut porter les contreparties obtenues tant pour les salariés du privé que pour ceux du secteur public.
Aussi, je voudrais ici partager ce résultat avec les 280 000 salariés qui ont commencé à travailler très jeunes qui, grâce à cette réforme, grâce à la CFDT ont pu trouver un repos plus que mérité.
Ce sont près de 10 000 salariés concernés chaque mois.
C'est, chaque semaine, tout simplement l'équivalent de nous tous ici rassemblés qui bénéficie de cette mesure.
Une mesure nous le savons qui répare une grave injustice, celle d'une longévité bien moins favorable aux ouvriers, à ceux qui très jeune et trop longtemps ont exercé des métiers pénibles.
Ce n'est pas rien et tous ces salariés ne souhaitaient pas attendre un nouveau rapport, une nouvelle commission, de nouveaux délais, une nouvelle majorité pour obtenir enfin justice !
Mais cette justice rendue à ceux qui ont beaucoup travaillé, doit l'être pour tous, pour les salariés du secteur public dans les mêmes conditions que celles obtenues dans le secteur privé.
Le gouvernement en a pris l'engagement, il doit respecter cette promesse pour tous les salariés !
Nos choix n'ont pas été plus faciles concernant l'assurance chômage et l'Unedic écrasées par le poids d'un chômage lourd et persistant.
Mais c'est aussi sur la durée qu'il faut en mesurer la portée.
Revenons un instant au PARE : le plan d'aide au retour à l'emploi.
Chacun a en mémoire, avant Nantes, les débats et les controverses auxquels il a donné lieu.
Chacun se souvient des protestations qu'il a soulevées ici ou là. Qu'en est-il aujourd'hui ?
Non seulement le PARE n'a pas été remis en question, mais son principe d'un accompagnement personnalisé se trouve au coeur des projets de réforme qui s'élaborent aujourd'hui à gauche comme à droite.
Naturellement, la gestion de l'Unedic a donné lieu ces dernières années à de nombreuses difficultés, et je ne souhaite en rien les esquiver.
Dans l'affaire des " recalculés ", en particulier, nous avons manqué de réactivité face à un retournement de conjoncture qui rendait plus difficile pour un grand nombre de chômeurs un retour rapide vers l'emploi.
C'est vrai. Mais rappelons-nous aussi qu'au même moment, le gouvernement décidait la réduction de l'allocation spécifique de solidarité excluant de fait, un grand nombre de chômeurs de toute indemnisation.
- Ce désengagement de l'Etat n'est pas conjoncturel. En une vingtaine d'années, l'Etat a tout bonnement divisé par trois sa participation aux dépenses de l'indemnisation du chômage.
Ce recul constant de l'Etat a de fait accentué la pression sur la solidarité salariale et mis en difficulté et de plus en plus, les partenaires sociaux à chaque négociation de la convention Unedic.
- Il en va de même dans le champ de la culture. C'est l'assurance chômage qui dans notre pays supporte la plus lourde charge des emplois culturels et de moins en moins l'Etat. Avec, vous le savez, pour conséquence, l'énorme déficit des annexes 8 et 10 concernant les intermittents du spectacle.
Dans un tel contexte, avec autant de "chausses trappes", oui, il a été difficile d'assumer nos responsabilités.
Malgré ces périodes éprouvantes dont nous avons voulu tirer les leçons, nous n'avons pas, pour autant lâché le cap de la solidarité. Nous avons affirmé nos exigences dans les négociations et obtenu des avancées concrètes.
- Tout d'abord, la création d'un fond financé par l'Etat pour soutenir l'emploi culturel, faisant reconnaître enfin que ce n'est pas aux salariés du privé de financer, seuls, ces emplois, mais à tous, donc à l'impôt, donc à l'Etat !
- Ensuite, nous avons consolidé par l'accord de 2005, notre choix d'accompagnement des chômeurs vers l'emploi. Dans cet accord, nous avons aussi décidé de procéder à une remise à plat de tout le système dans laquelle il faudra bien prendre en compte le comportement des entreprises au regard du développement de la précarité.
Avec cette remise à plat, c'est une question centrale pour notre pays que nous voulons poser et il est grand temps qu'elle soit traitée.
Peut-on demander à la solidarité du secteur privé, des salariés et des entreprises, de financer seule ce pilier de la protection sociale qu'est l'indemnisation du chômage sans requestionner le rôle de l'Etat et de la solidarité nationale ?
C'est tout le sens de la décision du Bureau national sur le dernier accord " intermittents ".
Nous avons certes obtenu des améliorations substantielles de la situation des salariés couverts par l'accord de 2003.
Pour autant, cela n'est pas suffisant pour en garantir la bonne application.
Nous exigeons que toutes les parties prennent leurs responsabilités et assument leurs engagements dans la solidarité à l'égard des intermittents.
- Que les branches professionnelles de la culture précisent enfin le champ et les conditions de recours à l'intermittence.
- Que les parlementaires respectent les décisions des partenaires sociaux sur ce dossier.
- Enfin que l'Etat s'engage dans la lutte contre les fraudes dans le secteur public comme dans le secteur privé.
Nul doute que tous les acteurs concernés sauront comme la CFDT prendre leurs responsabilités, y compris, ceux qui nous accusent aujourd'hui de maintenir les intermittents dans la situation du protocole de 2003 en refusant de signer celui de cette année.
On aimerait tant qu'ils s'engagent pour une fois !
Le rôle et l'action des partenaires sociaux ne s'arrêtent pas à l'indemnisation du chômage. Et nous avons agi sur bien d'autres sujets, là encore dans un contexte difficile.
Nos interlocuteurs patronaux ont été plus empressés depuis la présidentielle de 2002 à se tourner vers le gouvernement et sa majorité qu'à poursuivre et à consolider la voie du dialogue et de la négociation.
Pourtant, y compris dans ce contexte, nous avons réussi à emporter plusieurs batailles dont l'avenir pourrait montrer qu'elles étaient décisives, car elles sont le marchepied des solidarités futures et de nouvelles garanties pour les salariés.
A commencer par le Droit individuel à la formation.
Nous savons aujourd'hui que l'accès à la formation, l'accès à la deuxième, voire à la troisième chance, seront dans le futur les conditions d'être mieux garantis face aux mobilités et au risque de chômage.
Demain, c'est sur ce droit individuel à la formation que nous pourrons, que nous voulons nous appuyer pour obtenir de nouveaux droits pour les salariés et lutter avec eux contre les nouvelles précarités.
C'est déjà sur le socle de ce droit individuel à la formation que nous avons commencé à créer de la transférabilité des droits, c'est-à-dire des droits attachés à chaque personne.
Notre démarche doit être celle de bâtisseurs patients et déterminés qui élaborent pierre à pierre l'édifice de nouvelles solidarités.
Ce nouveau droit de la formation tout au long de la vie n'est pas notre seul acquis, la démarche contractuelle a conduit en même temps à d'autres résultats qu'il faut rappeler ici :
- une nouvelle étape a été franchie pour l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ;
- nous avons construit de nouveaux outils pour accroître le maintien ou le retour dans l'emploi :
- celui des seniors touchés plus lourdement que d'autres par le chômage ;
- le droit aussi pour tous les licenciés pour motif économique à un accompagnement personnalisé.
Il faut bien évidemment aller plus loin.
La situation de notre pays et les difficultés que rencontrent aujourd'hui les salariés appellent de l'imagination et de l'innovation.
C'est aussi cela que l'actuelle majorité refuse d'accepter.
Prenant argument des défaillances de notre modèle social, certains ont pensé que le moment était venu de le mettre à bas en lui substituant comme seule perspective, une précarité généralisée.
- Est-ce là la réponse au signal d'alarme lancé par les jeunes des banlieues l'hiver dernier ?
- L'émotion suscitée par la violence des événements n'aurait-elle pour seul débouché et seule ambition que de promouvoir une entrée des jeunes au rabais dans la vie active ?
C'était cela la philosophie du CPE que nous avons dénoncé et rejeté avec succès.
C'est aussi cela la philosophie du CNE que nous n'acceptons pas et que nous combattons !
Pour la CFDT, l'action doit être au contraire tendue vers la création de nouvelles garanties. C'est en ce sens que nous parlons de " sécurisation des parcours professionnels ".
Une ambition qui doit embrasser toute la vie, de l'école à la retraite, de l'entrée sur le marché du travail jusqu'à la sortie. Sans oublier personne, mais sans chercher non plus à couler tout le monde dans le même moule. Cette vaste entreprise doit avoir le souci de la précision, de la diversité et de la réalité.
Ce n'est pas un concept virtuel ou une vague promesse qui devrait se réaliser dans un futur aussi lointain qu'hypothétique.
Non, c'est une dynamique que nous avons déjà mise en marche.
Alors, qu'avons-nous fait durant ces quatre années ?
Quels jalons avons-nous posés ?
Je voudrais rappeler pour commencer le grand débat sur l'école auquel nous avons largement contribué qui a débouché malheureusement sur une loi très décevante au regard des questions et des attentes exprimées.
Néanmoins, l'objectif d'un socle commun de compétences et de savoirs que nous avons défendu est aujourd'hui de plus en plus largement partagé. Ce socle est le point de départ indispensable à une formation initiale réussie.
Il n'en est pas la seule condition.
- Nous avons également pesé pour que soient mis en oeuvre les moyens d'une véritable orientation tout au long de la vie scolaire.
- Nous voulons que se développent davantage les liens entre école et professions, ainsi que l'apprentissage et l'ensemble des formations en alternance.
- Ces questions sont cruciales pour l'insertion des jeunes mais pas à n'importe quel prix, et nous réaffirmons ici notre opposition à l'apprentissage à 14 ans.
- Cependant, nous devons aussi sortir l'alternance d'une représentation pénalisante de filière de l'échec scolaire et faire en sorte que ces voies de professionnalisation soient davantage valorisées et développées, y compris dans l'enseignement supérieur.
Il n'y a pas un seul mode d'apprentissage des savoirs !
Sur tous ces sujets, les débats qui ont accompagné la bataille contre le CPE nous ont donné raison.
C'est fort de cet appui que nous devrons demain lutter pour que de prochaines réformes de la formation initiale conduisent à mieux sécuriser l'entrée dans la vie professionnelle.
C'est cela dont les jeunes ont besoin aujourd'hui. Ils n'ont cessé de nous le dire : ils ne voulaient pas seulement l'abrogation d'une mesure injuste, ils voulaient et ils veulent plus que jamais qu'on les aide tout simplement à trouver du travail et à gagner leur vie de manière autonome.
Mais l'insertion professionnelle ne tient pas uniquement à la qualité de la formation initiale. Ce serait faire peser sur l'école une responsabilité qui ne lui revient qu'en partie. Il faut également agir à d'autres niveaux comme nous l'avons fait durant cette période :
- en pesant en faveur de parcours individualisés pour l'insertion des jeunes,
- en luttant contre les diverses formes de discrimination à l'embauche qui viennent ajouter à leurs difficultés,
- en favorisant l'insertion et le maintien dans l'emploi des travailleurs handicapés,
- en agissant avec d'autres partenaires dans la lutte contre l'exclusion comme nous l'avons fait ensemble pour obtenir du gouvernement qu'il revienne à des mesures de traitement social qu'il avait abandonnées à son arrivée.
Ce sont ces mesures et les départs à la retraite, et non le CNE, qui expliquent aujourd'hui une baisse du chômage !
Le logement fait aussi partie des conditions de réussite de l'insertion ou du maintien dans l'emploi.
La CFDT en a fait un axe fort de son action. Notre objectif est de faire en sorte que tous les salariés puissent se loger de manière décente sans grever outre mesure leur pouvoir d'achat.
Pour ce faire, nous avons pris nos responsabilités avec l'ensemble des partenaires sociaux dans la gouvernance du 1% logement qui finance aujourd'hui, il faut le dire, la moitié de l'effort de rénovation urbaine.
Sécuriser les parcours, c'est aussi sécuriser les salariés dans le travail lui-même. Si l'on veut vraiment revaloriser le travail, alors il faut que le travail commence par payer.
Car le travail n'est pas une fin en soi : pour le plus grand nombre, il est d'abord un moyen.
Le moyen de s'insérer dans la vie économique, le moyen d'accéder à l'autonomie, le moyen d'entrer dans une citoyenneté sociale pleine et entière.
L'augmentation du nombre de travailleurs pauvres dans notre pays n'est pas acceptable. Ni du point de vue de la justice sociale, ni du reste, du point de vue de l'efficacité économique.
- C'est la raison pour laquelle nous avons pesé pour un retour à un SMIC unique et obtenu sa revalorisation soit près de 17% en trois ans.
- C'est la raison pour laquelle nous nous battons pour que les salariés embauchés au SMIC n'y restent pas toute leur vie, en exigeant que les négociations de branches apportent aux salariés de réelles progressions de carrière.
- C'est la raison pour laquelle nous dénonçons les politiques d'allègements de charge sans aucune contrepartie sur les bas salaires qui sont une puissante incitation à maintenir les salariés au Smic.
- C'est la raison pour laquelle nous avons consolidé les fondations de l'épargne salariale, permettant à plus de 8 millions de salariés d'en bénéficier, et de développer ainsi l'investissement socialement responsable.
- C'est enfin, la raison pour laquelle, nous avons fait de la santé au travail une priorité de négociation.
Et quand le Medef propose de supprimer des inspecteurs du travail et de réduire leur rôle, c'est une véritable provocation au regard des conditions de travail que vivent bon nombre de salariés.
Il va pourtant bien falloir affronter la réalité : les nouvelles conditions de travail sont aussi facteurs d'intensification et de dégradation qui appellent à un véritable sursaut.
Notamment sur la prévention de l'usure physique et psychique des salariés, comme nous l'avons préconisé dans la négociation sur la pénibilité.
Mais cette négociation doit aller bien au-delà, car lorsque on n'a pas su prévenir, il faut savoir réparer.
Il faudra bien que le patronat, comme nous l'avons récemment rappelé à la présidente du Medef, accepte d'y répondre.
Je veux le dire avec force ici : nous irons jusqu'au bout des engagements pris lors de la réforme des retraites. Si nous ne trouvons pas d'accord par la négociation sur ce point, nous demanderons au gouvernement et à la loi de le décider.
Oui, nous voulons que le travail sécurise, qu'il soit pour tous ce qu'il ne devrait jamais cesser d'être : un moyen de s'insérer, un moyen de se réaliser.
C'est pourquoi nous rejetons le CNE. Et, lui, il n'est pas encore abrogé !
Plusieurs contentieux en cours laissent penser que les principes fondamentaux de notre droit du travail finiront par l'emporter.
La CFDT ne peut accepter un contrat de travail qui dispose que le salarié peut être " débarqué " à tout moment sans motif. Un tel contrat ouvre la porte à l'arbitraire sous sa forme la plus archaïque.
Au-delà de la démarche judiciaire, nous mettrons ce point à l'ordre du jour des négociations que nous voulons voir s'ouvrir sur la sécurisation des parcours professionnels. Et s'il le faut, nous saurons utiliser les autres leviers du rapport de force.
Et vous y êtes prêts, j'en suis sûr !
Quant au CPE, je ne vais pas revenir sur le détail de cette bataille que chacun a encore en mémoire, ni sur les raisons qui nous ont conduits à nous y engager pleinement.
Mais je voudrais souligner ici, ne l'oublions pas, que la sortie de cette crise s'est faite sur les propositions que nous défendions.
La préférence pour une logique de parcours plutôt que celle d'un contrat spécifique, c'était le scénario que la CFDT préconisait.
Ce conflit a également mis en lumière deux priorités que la CFDT souhaite aborder depuis longtemps : la sécurisation des parcours professionnels, j'en déjà beaucoup parlé, mais aussi la rénovation du dialogue social.
Nous en avons fait un de nos sujets de congrès, cela montre bien que nous sommes en phase avec les problèmes posés dans notre société.
Car il est anormal que la France soit un des seuls pays d'Europe où le dialogue social n'est ni organisé, ni respecté.
Pour revenir aux réformes qui ont marqué cette période, au-delà des retraites déjà évoquées, il y a eu aussi la réforme de l'Assurance maladie.
Même si nous avons pesé de tout notre poids avec d'autres partenaires, en particulier la Mutualité, pour obtenir plusieurs avancées, nous n'avons pas apporté notre soutien global à cette réforme contrairement à ce que certains pensent encore aujourd'hui.
Car cette réforme reste pour la CFDT inachevée, décevante et inéquitable sur bien des points.
Et en particulier,
- son financement déséquilibré qui pèse surtout sur les salariés et les ménages,
- le déremboursement de soins qui affecte les plus bas revenus,
- et la convention médicale qui entraîne un risque certain de médecine à deux vitesses.
Mais surtout, l'élément central qui, à lui seul, suscite notre totale opposition, c'est la démission devant la difficulté et une fois de plus, le choix égoïste du report de la dette sur les générations futures.
Cette solidarité fait aussi malheureusement défaut dans la prise en charge des personnes dépendantes.
Après avoir obtenu la généralisation de l'Allocation personnalisée d'autonomie en 2000, la CFDT déplore l'inéquité et la faiblesse de son financement.
La suppression autoritaire d'un jour férié pour financer la dépendance est totalement injuste.
Car la dépendance, c'est l'affaire de tous, des salariés comme des actionnaires, des avocats comme des commerçants, son financement doit donc reposer sur tous les revenus sans exception !
Alors oui, il nous faut aujourd'hui aller plus loin pour refonder notre système de protection sociale.
Reste que pour atteindre cet objectif, nous avons besoin d'une vie démocratique plus intense et mieux construite.
La période qui vient de s'écouler n'en a pas toujours donné les signes, c'est le moins que l'on puisse dire.
Elle s'est ouverte, faut-il le rappeler, par le séisme du 21 avril 2002.
A Nantes, voici quatre ans, un mois à peine après l'événement, nous en tirions les premières conclusions : la crise de la représentation que traverse notre pays est d'abord l'effet d'un profond malaise social, et notamment d'une insécurité professionnelle croissante dans les milieux populaires.
Les quatre années qui ont suivi n'ont rien arrangé de ce point de vue. La précarité et la peur de l'avenir ont au contraire progressé.
Pourtant rien ne semble avoir changé dans notre monde politique où le débat prend plus que jamais la forme d'un duel de personnes quand le pays attend une confrontation des projets et des idées.
La démocratie sociale n'est pas non plus épargnée par cette crise de la représentation. Le faible taux de syndicalisation de notre pays en témoigne.
Il est aussi, en partie au moins, la traduction d'un double phénomène :
- d'une part, le peu d'estime dans lequel est tenue la négociation sociale dans notre pays,
- d'autre part, le manque de valorisation de la représentativité des acteurs sociaux malgré une forte participation aux élections professionnelles dans les entreprises et les fonctions publiques.
En effet, à quoi bon s'engager dans le syndicalisme, peuvent se demander certains salariés, si les syndicats ne sont que rarement consultés et s'il importe peu qu'ils soient représentatifs ou non quand on les consulte ?
Je voudrais ajouter un dernier point sur ce sujet : ce dialogue social que nous prônons au niveau national, que nous prônons également dans les branches professionnelles et dans les entreprises, pourquoi faudrait-il que les fonctionnaires soient exclus ?
Il est temps de mettre fin aux lamentations continuelles sur la difficulté des réformes dans le secteur public.
Nous avons besoin d'un Etat fort, d'un Etat efficace, d'un Etat employeur responsable :
- capable de proposer les évolutions nécessaires et d'en négocier la dimension sociale,
- capable de mobiliser ses agents au profit de l'amélioration des services rendus au public, en les formant et en les payant correctement.
En s'engageant dans les derniers accords sur le statutaire et le social, les fédérations CFDT des fonctions publiques ont refusé d'enfermer les fonctionnaires dans une posture défensive et de rejet global.
La CFDT fait au contraire le choix de mener avec les salariés le débat sur les vrais sujets et de construire avec eux leurs revendications pour les Fonctions Publiques de demain.
Soucieuse des inquiétudes et des attentes des fonctionnaires, la CFDT entend défendre l'ensemble des salariés qu'ils soient du privé ou du public !
Je ne veux pas terminer cette présentation du bilan de ces quatre années sans avoir évoqué la vie interne de notre organisation et les difficultés que nous avons rencontrées de ce point de vue.
Le premier enseignement que le Bureau national retient, c'est d'abord que la CFDT sait tirer les leçons de ses difficultés, qu'elle sait travailler sur elle-même.
Au lendemain de la réforme des retraites, nous avons lancé un grand cycle de débats et d'échange dans toute l'organisation : " Débattre pour se renforcer ", une démarche qui a débouché au Conseil national d'octobre 2004 sur des orientations fermes et ambitieuses.
Des orientations qui ont été suivies d'effet :
- dans l'approfondissement de notre critique de la société,
- dans notre effort d'un fonctionnement plus participatif,
- dans le souci de mieux séparer fonction de gestion et fonction de négociation,
- Enfin, dans notre vigilance accrue du contexte dans lequel se mettent en oeuvre nos choix pour qu'ils ne soient pas détournés de leurs objectifs.
Cette démarche d'échange, d'écoute et de débat n'a pas cessé depuis. L'initiative des " Quarante débats, écrivons la suite ensemble " a été largement suivie. Elle était attendue et vous vous en êtes saisis.
Comme l'ensemble des membres de la Commission exécutive et du Bureau national, je suis allé à votre rencontre, à la rencontre de plusieurs milliers de militants qui veulent participer davantage, donner leur avis, se faire entendre.
Je veux vous le redire à nouveau ici : vous avez raison !
Le fil de la discussion, le fil de l'échange entre nous, doit être continu.
Il doit alimenter en permanence toutes nos instances de décisions !
La démocratie telle que la conçoit la CFDT est une démocratie représentative, une démocratie vivante qui gagne à être toujours plus participative.
La quantité et la richesse des débats préparatoires à ce congrès, le nombre de syndicats qui ont déposé des amendements, et le nombre des amendements eux-mêmes, témoignent concrètement de cette vitalité démocratique qui anime la CFDT.
De la vitalité démocratique qui vous anime !
Notre vie interne n'a cependant pas, été faite que de débats.
Elle a également été faite d'épreuves concrètes.
Des militants et des adhérents nous ont quittés à l'occasion de la réforme des retraites.
- Pour une part, ces départs ont pris des formes organisées et pour certains étaient préparés de longue date. Dans ce cas, ils ont souvent signifié une clarification politique utile.
- Pour une autre part, il s'est agi de départs individuels pour des motifs assez divers. Dans ce cas-là, il nous appartient de reconquérir ces adhérents. Certains sont déjà revenus parmi nous et j'en suis heureux.
Malheureusement, cet épisode a laissé des traces sur la courbe de notre développement.
Mais celle-ci ne s'explique pas entièrement par l'effet de la réforme des retraites. Elle est poussée par une tendance plus ancienne qui repose à la fois sur la fin d'une dynamique et sur le difficile renouvellement des générations dans l'ensemble du syndicalisme, y compris européen.
De fait, reconnaissons-le, le défi que je vous proposais à Nantes il y a quatre ans n'est pas encore gagné, mais il n'est pas perdu non plus !
Les résultats que nous engrangeons depuis le début de cette année, dans la syndicalisation, dans les élections professionnelles, nous montrent que c'est possible.
Et si cela est possible dans tel ou tel syndicat, dans telle fédération ou telle union régionale, alors ce doit être possible dans toute la CFDT !
Notre objectif est d'acquérir une représentation toujours plus large de l'ensemble du salariat et notre premier souci doit être dans les années qui viennent d'assurer le renouvellement des générations.
La mobilisation contre le CPE comme le travail que nous avons engagé depuis trois ans avec la Confédération Etudiante nous l'ont montré : les jeunes ont besoin de nous autant que nous avons besoin d'eux.
Sachons les convaincre que le syndicalisme a un avenir, un avenir qui ne peut s'écrire qu'avec eux !
Ces quatre années ont été denses, intenses, parfois douloureuses, c'est le prix d'un syndicalisme vivant dont nous pouvons être fiers.
Si la CFDT est capable de se poser sans tabou des questions sur elle-même, de mettre en débat des sujets que beaucoup hésitent à aborder, c'est parce qu'elle est forte de ses valeurs, convaincue de la pertinence de ses objectifs et ouverte à la confrontation de ses propositions.
Pendant ces quatre années, dans nos débats, dans nos instances, nous n'avons évacué aucun sujet, contourné aucune des difficultés rencontrées.
Nous l'avons fait avec franchise et dans le respect de la parole de chacun.
Notre ambition à ce congrès est, qu'avec la même vigueur et la même rigueur dans nos débats, nous redonnions ensemble confiance aux salariés de ce pays et espoir en un avenir plus juste et plus solidaire.
Vous avez la parole !Source http://www.cfdt.fr, le 13 juin 2006