Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur l'insertion des jeunes dans le monde du travail, la découverte de l'entreprise et l'apprentissage, Paris le 13 juin 2006.

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Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Merci de vos mots de bienvenue et de votre accueil chaleureux. J'y suis, croyez-le, très sensible.
Je suis très heureux de me trouver aujourd'hui avec vous, car le monde des PME est un univers que je connais bien et que j'apprécie .
Vous savez, quand on est élu local, comme je le suis, on rencontre souvent des patrons de petites et moyennes entreprises. On comprend leurs attentes et leurs inquiétudes, car nous avons une ambition commune : faire vivre notre économie .
Lorsque je suis devenu ministre de l'Education nationale, il y a maintenant plus d'un an, je n'ai pas abandonné mon intérêt pour les PME.
Tout au contraire, cet intérêt, que j'avais développé comme élu, puis comme ministre des transports, j'ai tâché de le mettre au service de mes nouvelles fonctions.
Et j'ai bien vu, en arrivant dans mon ministère, qu'il y avait encore des efforts à faire !
En effet, le monde de l'entreprise et celui de l'éducation ne communiquaient pas assez. Sur ce constat, nous sommes en plein accord, Monsieur Roubaud et moi, et nous en avons souvent parlé.
La conséquence logique de cette situation était que les jeunes éprouvaient des difficultés à s'insérer dans le monde du travail.
Aussi j'ai voulu m'attaquer à ce problème en priorité pour trouver un remède à la fracture qui séparait le monde de l'éducation de celui de l'entreprise.
Il nous fallait agir dans trois directions :
- d'abord, il fallait que nos jeunes découvrent le monde de l'entreprise ;
- il fallait ensuite qu'ils s'y forment ;
- et enfin qu'ils s'y insèrent .
Découverte, formation, insertion , ce sont les grandes lignes de mon action.
Premier axe donc, la découverte du monde de l'entreprise
Pour la plupart des écoliers et des collégiens, l'entreprise est un monde inconnu. Et c'est tout à fait normal, puisqu'ils sont encore dans une période d'apprentissage de savoirs fondamentaux qui les occupe à plein temps.
Mais j'ai pensé qu'il était bon que des jeunes en fin de la scolarité obligatoire puissent avoir une première idée du monde des métiers, de leur rôle dans l'économie, et des voies qui y conduisent.
C'est pourquoi j'ai institué à la rentrée 2005 une option de découverte professionnelle en classe de troisième , qui permet aux collégiens de prendre contact avec la réalité des métiers.
40 000 collégiens l'ont demandée cette année, et il y en aura beaucoup plus à la prochaine rentrée puisque tous les collèges de France proposeront cette option !
Votre journée nationale contribue à cette découverte du monde de l'entreprise ! La « Place des métiers », que j'ai visitée tout à l'heure avec des dizaines de collégiens, est un excellent exemple d'une collaboration réussie entre l'Education nationale et l'entreprise !
Mais je vous invite aussi à agir, chacun de vous , en vous rapprochant des principaux de collège et des inspecteurs d'académie pour voir, avec eux, concrètement, comment présenter aux élèves votre entreprise, vos métiers, dans le cadre de l'option « découverte professionnelle » de troisième.
Qui mieux que vous peut décrire la réalité du monde des entreprises ? La découverte professionnelle en troisième est un espace qui vous est ouvert pour cela.
J'en viens au second axe de mon action : une formation en adéquation avec les besoins de l'entreprise
En effet, les jeunes doivent non seulement découvrir l'entreprise, mais encore s'y former, c'est-à-dire acquérir les aptitudes nécessaires.
C'est pourquoi j'ai décidé de renforcer les formations professionnalisantes.
Et, tout d'abord, l'apprentissage .
Le plan gouvernemental de cohésion sociale prévoit de porter de 370 000 à 500 000 le nombre total d'apprentis (40 %).
35 000 apprentis sont formés dans les lycées professionnels de l'éducation nationale . Et nous en aurons 50 % de plus d'ici 2010.
Mais ce n'est pas tout. Car le Parlement a voté au printemps une disposition majeure, l'apprentissage junior , qui permet aux jeunes dès l'âge de 14 ans de se tourner vers la formation en alternance.
Mon objectif est qu'il y ait 15 000 apprentis juniors à la prochaine rentrée et le double l'année suivante.
Je suis persuadé qu'il s'agit d'une bonne mesure.
Car si des jeunes ont une vocation professionnelle précoce, et s'ils n'ont pas le goût des études générales, je ne vois pas de raisons de retarder leur accès au métier qu'ils ont choisi - tout en leur donnant, naturellement, les moyens de continuer à acquérir les connaissances fondamentales dont ils auront besoin tout au long de leur vie.
Très honnêtement, je crois que c'est une mesure utile aux jeunes, qui peuvent plus vite se former aux métiers.
Le renforcement des formations professionnalisantes se joue également avec le développement de l'apprentissage dans l'enseignement supérieur , et notamment à l'université.
J'ai fixé l'objectif de 100 000 apprentis dans l'enseignement supérieur en 2010 (nous en avons aujourd'hui 60 000).
Pour réussir ces objectifs ambitieux, nous avons besoin de vous pour accueillir des apprentis et des apprentis juniors et les accompagner dans leur formation.
Ce partenariat pour la formation, c'est aussi le rapprochement éducation nationale - entreprises.
Après la découverte du monde de l'entreprise et la formation, je voudrais dire un mot de l'insertion professionnelle.
Nos jeunes connaissent un problème d'insertion professionnelle.
Mais j'ajouterais tout de suite : pas tous les jeunes !
Car ceux qui choisissent une voie professionnalisante, les apprentis en particulier, ne connaissent pas vraiment de difficultés et les PME sont, je pense, plutôt en demande de leurs compétences !
Je voudrais tout de même rappeler que 80 % des apprentis sont en CDI un an après leur sortie de formation !
Ceux pour qui il y a un problème, ce sont tous les jeunes qui poursuivent des études générales, qui s'engagent dans des voies longues à l'université, décrochent parfois un diplôme et pour trouver quoi au bout de leurs efforts ?
Rien ou pas grand-chose.
Je trouve que c'est un immense gâchis et le gouvernement est déterminé à agir.
A la demande du Président de la République, nous avons lancé une grande consultation nationale sur le thème des rapports entre l'université et l'emploi.
Cette consultation doit aboutir vite, car nous voulons agir vite , dès la prochaine année universitaire, dans une optique pragmatique.
Là encore, votre voix compte : la CGPME a été auditionnée ; des patrons de PME ont été consultés. Nous avons besoin de savoir quels sont vos besoins, vos attentes !
Notre objectif est de jeter des ponts entre le monde de l'université et le monde des PME pour faire en sorte que le diplôme qu'on décroche d'un côté conduise directement à l'autre !
Je m'arrêterai ici, car j'ai déjà été trop long, et je voudrais dire à votre président, en réponse à son propos :
- oui, c'est vrai, le monde éducatif et le monde de l'entreprise ne se connaissent pas assez,
- mais la situation n'est pas irréversible, et nous travaillons activement à l'améliorer !
Nous travaillons ensemble pour réussir tous ces chantiers ambitieux et inscrire leurs résultats dans la durée.
Et je propose, pour les PME, un défi supplémentaire, en filigrane de toutes les actions que j'ai citées : donner aux jeunes le goût d'entreprendre et de créer leur propre société !
C'est une nécessité pour le dynamisme de notre économie.
De la sensibilisation des collégiens au rapprochement université - emploi, soyons partenaires sur ce sujet.
Faites profiter des jeunes de votre expérience.
Encadrez-les comme maîtres d'apprentissage.
Votre exemple doit se diffuser.
Ce matin, j'ai vu des « meilleurs ouvriers de France », qui ont créé leur propre PME et qui s'engagent pour la formation.
J'ai aussi visité l'espace Déclic création, qui est destiné à favoriser l'envie de créer une entreprise.
Je vois parmi vous de jeunes entrepreneurs et mon souhait, comme celui de M. Roubaud, c'est naturellement qu'il y en ait de plus en plus !
Nous devons tout faire pour que les jeunes qui en ont l'envie sautent le pas, se lancent dans l'aventure de la création !
C'est pourquoi, j'ai aussi inscrit dans les compétences fondamentales que doit apporter l'instruction scolaire - ce que l'on appelle le « socle commun » - l'acquisition de l'autonomie et l'esprit d'initiative.
Enfin, je vous ai beaucoup parlé des jeunes, mais la formation, c'est aussi la formation continue, pour les salariés . Là aussi, l'éducation nationale s'engage à vos côtés, avec son réseau des GRETA.
Ce matin, j'ai signé une convention avec AGEFOS pour que nos établissements proposent une offre de formation continue qui réponde à vos besoins . Pensez-y, pour vous et vos salariés.
Mesdames et Messieurs,
Vous le voyez, l'Education nationale travaille activement pour l'insertion des jeunes - et des moins jeunes - dans le monde de l'entreprise.
Mais l'Education nationale n'y travaille pas seule : elle le fait avec vous, comme aujourd'hui, mais aussi en bien d'autres occasions.
Eh bien je souhaite que grâce à votre aide, ensemble, nous puissions aller encore plus loin, pour nos jeunes, et pour notre pays !
Je vous remercie et vous souhaite un excellent appétit !

source http://www.education.gouv.fr, le 15 juin 2006