Texte intégral
Q - Quel est le but de cette visite à Marseille ?
R - J'effectue régulièrement ce type de déplacements en région afin d'expliquer tout ce que l'Europe apporte dans l'amélioration du quotidien des citoyens, et pour les écouter. Cette mission pédagogique, loin des débats parfois théoriques parisiens et bruxellois, est plus que jamais nécessaire. Et si je viens à Marseille, c'est aussi à l'invitation de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire.
Q - Cette ville, comme la région dans son ensemble, a voté très majoritairement contre le projet de constitution l'an dernier...
R - Le référendum est derrière nous, il nous faut maintenant regarder l'avenir. En montrant, déjà, toutes les opérations qui ont pu être menées à bien grâce au concours financier de l'Europe, comme ici avec l'Ecole de la deuxième chance ou la Cité des métiers. Ce sont ces actions concrètes qui réconcilieront le citoyen avec la construction européenne. Nous nous efforçons depuis un an de donner la priorité à cette Europe concrète, faite de projets visant à développer l'emploi, à assurer la croissance économique et à améliorer le quotidien du consommateur. C'est en ce sens qu'il faut considérer les avancées que sont la baisse du prix des communications téléphoniques depuis dix ans ou l'élaboration d'une liste noire dans le transport aérien. C'est là le meilleur moyen de rétablir la confiance entre le citoyen et l'idée européenne.
Q - Cela suffit-il pour faire rêver ?
R - Il faut, avant même d'aborder la question des moyens politiques de cette Europe, rester les pieds sur terre et rappeler quelques vérités élémentaires. Rappeler que l'Europe est rassemblée autour de valeurs essentielles, comme la paix et la démocratie. Et souligner que, sans cette Europe, même imparfaite, chacun ne pèserait pas bien lourd, isolé dans son coin, face à la mondialisation.
Q - Pourquoi, alors que vous affirmez vouloir rapprocher le citoyen de Bruxelles, ne pas avoir confié la gestion des fonds structurels aux régions ?
R - Tout d'abord parce que le système en vigueur a déjà fait ses preuves comme le démontre le très bon niveau de consommation des crédits qui nous avaient été alloués lors du dernier paquet budgétaire européen. Ensuite, parce que ces fonds sont alimentés par une contribution nationale et que les régions ne sont pas les seules collectivités territoriales concernées par ces lignes de crédit. Les préfets sont là pour arbitrer après une concertation très large.
Q - Que répondez-vous à ceux qui, à Paris comme à Bruxelles, se désolent d'une perte d'influence de la France ?
R - Je leur dis que c'est faux, très largement, même si la situation n'est pas des plus confortables. Certes, l'ambition collective pourrait être plus forte, mais l'Europe n'est pas en panne, et la France reste, avec l'Allemagne, l'un de ses moteurs. Plusieurs dossiers majeurs, comme ceux du budget européen jusqu'en 2013 ou de l'élaboration d'une politique énergétique commune, ont débouché ces derniers mois grâce à des initiatives prises par la France. Et c'est encore à notre demande, avec le soutien de l'Espagne, que nous allons réunir la semaine prochaine à Rabat les vingt-cinq Etats membres et autant de pays africains pour essayer de bâtir un plan d'action afin de mieux maîtriser la question des migrations.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juillet 2006