Déclaration de M. Jean-Marie Le Pen, président du Front national, sur le lancement de la campagne du Front national pour l'élection presidentielle 2007, Paris le 7 juin 2006.

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Circonstance : Inauguration des locaux de la campagne présidentielle à Paris, le 7 juin 2006

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord de vous remercier de votre venue, en cette belle journée de printemps, annonciatrice peut-être de températures plus élevées et plus agréables, à l'approche de l'été.
J'ai tenu à marquer d'une certaine solennité la mise en place des locaux de ma campagne présidentielle. Il s'agit là d'abord d'une volonté très clairement pédagogique à l'égard du corps électoral. Sous la Vème République en effet, l'élection présidentielle au suffrage universel direct est en effet la mère des élections, la clef de voûte de l'édifice institutionnel et démocratique de notre pays. Cette élection conditionne totalement la politique qui sera suivie par la France dans les 5 prochaines années, et à ce titre, il est bon que chaque candidat se dote de tous les instruments nécessaires pour sensibiliser les électeurs aux enjeux de celle-ci et aussi, bien sûr, pour développer sa campagne après des Français. Certains d'entre vous s'étonneront peut-être de ce que les locaux de la campagne soient distincts du siège du Front National. Mais, comme je le disais à l'instant, l'élection présidentielle est la rencontre d'un homme et du peuple souverain. Elle n'est pas à proprement parler une élection qui place les partis au premier rang. Ceux-ci ont bien sûr un rôle à jouer, en appuyant leur candidat, en relayant son action et en soutenant ses propositions. Mais pour autant, dans le cadre de cette élection, le candidat est, de toute évidence, au premier plan.
J'ai voulu de surcroît placer ma campagne sous le sceau du rassemblement le plus large, afin de constituer, avec d'autres, une alternative présidentielle et législative au système UMPS, qui se répartit depuis 30 ans les principaux pouvoirs et partage la responsabilité des immenses erreurs commises depuis lors. A ce titre, j'ai lancé un appel à l'Union Patriotique, qui s'adresse à toute les bonnes volontés nationales, chefs de partis, journalistes proches de nos idées, simples militants ou personnalités indépendantes, animateurs de petits ou grands groupes politiques, culturels, associatifs, religieux ou sportif, chefs d'entreprise ou autres. Je crois en effet qu'au point où en est la France, il est temps de s'unir sur l'essentiel. Tous ceux qui pensent que la nation est le cadre le plus performant de protection de notre sécurité, de développement de notre prospérité et d'expression de nos libertés ont le devoir de s'entendre.
Chacun doit donc réfléchir, en son âme et conscience, avant de balayer d'un revers cette main tendue : au-delà des jeux personnels et des ambitions mesquines, c'est l'avenir du
pays qui est en jeu. Après les émeutes de novembre 2005, la déculottade du CPE et l'affaire Clearstream,
la déliquescence de l'Etat et des pouvoirs publics est en effet devenue évidente aux yeux de tous les Français.
A ce climat délétère s'ajoute une situation objective de déclin du pays, qui est déjà assez ancienne. Ainsi, nos compatriotes subissent depuis trop longtemps l'abaissement de la France, l'appauvrissement économique, le chômage de masse ou l'écroulement de l'éduction nationale.
Ils savent de surcroît qu'ils sont livrés, sans défense, aux appétits des prédateurs de tous poils et aux assauts des divers groupes d'intérêts ou de pression, toujours hostiles par principe à la réforme et au changement.
J'ai donc voulu que tous ceux qui vont travailler à la campagne présidentielle puissent se retrouver dans des locaux agréables et opérationnels, sans pour autant se sentir impliqués dans la structure du Front National proprement dit. En effet, je le répète, la campagne présidentielle répond à des règles propres, liées à la
signification de l'élection. Chacun doit donc pouvoir s'engager en toute liberté, dans telle ou telle action, et pourquoi pas d'ailleurs dans les deux à la fois, s'il le veut.
Permettez-moi de faire un petit aparté politique. Après les récentes déclarations des uns et des autres, changeant leurs positions à 180° sur tel ou tel sujet, les Français ne doivent plus savoir où donner de la tête.
Il y a tout d'abord Madame Royal, qui a été plusieurs fois Ministre de François Mitterrand avant d'être l'égérie des bobos, et qui a signé récemment une déclaration hautement folklorique sur la nécessité d'un encadrement militaire des primo-délinquants. Nul doute que si c'est Le Pen qui l'avait dit, pareil propos aurait suscité les cris
d'orfraie de l'ensemble du personnel politique pendant au moins un mois. Fort heureusement, Le Pen, lui, a la tête sur les épaules, et il sait que dans un pays qui n'a plus d'armée, plus d'esprit de défense ni d'ailleurs plus d'esprit civique, cette mesure est proprement inapplicable. En effet, pour qu'elle puisse, si on en retenait l'hypothèse, recevoir un début de commencement d'application, il faudrait d'abord redresser l'institution militaire, ramenée à la portion congrue par la suppression de la conscription et les coupes budgétaires successives.
Il faut donc d'abord redonner à l'armée les moyens de faire face à la première de ses missions, la Défense Nationale, c'est-à-dire la défense de la Nation. Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, Madame Royale est un peu inexpérimentée. Elle doit apprendre à raisonner avec ce qui est, et non en terme purement abstraits.
Surtout qu'il s'agit là d'une personnalité coresponsable des immenses échecs de la politique de sécurité publique suivie depuis 20 ans, et qui, campagne électorale oblige, avance aujourd'hui des solutions qu'elle n'a jamais proposé quand elle était au Gouvernement ou à l'Assemblée Nationale.
A la vérité, si vous me permettez cette métaphore, la candidate socialiste virtuelle, sentant les soldes arriver, propose à bas prix des marchandises de piètre qualité. Toutefois, au travers de sa déclaration, les socialistes reconnaissent que j'avais raison de tirer la sonnette d'alarme, en raison de l'évidente dégradation de la sécurité dans notre pays. J'en prends acte.
Il est bon en effet que dans une démocratie, en dépit des oppositions et des divergences, les hommes politiques sachent reconnaître de temps en temps les qualités de prévision et d'anticipation de leurs adversaires. Mais cela ne les oblige pas à le faire avec la maladresse des novices ou comme des apprentis politiciens de Sciences Po, en proposant des solutions légères et irréfléchies.
Second personnage qui virevolte en tout sens, Nicolas Sarkozy, qui vient d'annoncer une nouvelle régularisation d'immigrés en situation illégale. Après Mauroy en 1981, Balladur en 1994 et Chevènement en 1999, on régularise à nouveau, créant évidemment un appel d'air qui va amener chez nous de nouveaux irréguliers. Sarkozy avait déjà supprimé la double peine, pour faire plaisir à l'extrême gauche.
Il avait déjà préconisé le droit de vote des étrangers aux élections locales, prélude évident à leur droit de vote à toutes les élections.
Il avait déjà mis en oeuvre la discrimination positive, véritable mesure de préférence étrangère, qui ravale les Français au rang de citoyen de seconde zone dans leur propre pays.
Il a institutionnalisé l'Islam de France, rompant avec la tradition républicaine de laïcité, et ouvrant la voie au contrôle progressif des mosquées par les intégristes.
Il veut enfin faire venir officiellement de nouveaux immigrés par le biais de quotas, et le voilà qui justifie l'immigration illégale, en même temps d'ailleurs qu'il tient des propos vat-en guerre dans les banlieues et qu'il laisse les étudiants se faire casser la figure par des voyous lors des manifestations.
Sarkozy est un faux homme de droite, qui veut toujours faire plaisir à la gauche, et Madame Royal est une fausse femme de gauche qui se prend pour un sergent des Marines américain.
Pauvre France !
Et pourquoi me direz-vous ?
Pourquoi tous ces gens prennent-ils le risque du ridicule ?
Parce qu'ils sentent l'exaspération de la société, à propos du laxisme migratoire, judiciaire, éducatif et civique.
Ils sentent que les souffrances générées par la politique d'ouverture incontrôlée des frontières physiques et commerciales sont devenues insupportables aux Français.
Ils sentent qu'ils se sont lourdement trompés depuis 30 ans, et qu'ils risquent de subir une terrible sanction électorale l'année prochaine.
Tout cela fait peine à voir, parce que c'est de la France qu'il s'agit. Je voudrais donc m'adresser directement aux citoyens Français, qui ont en commun une histoire, une culture et des valeurs précieuses.
Comment pourriez-vous faire confiance en 2007 à des gens qui changent d'idées comme de chemises ?
Comment pourriez-vous faire confiance à des gens qui défendent aujourd'hui des thématiques qu'ils diabolisaient hier ?
Comment pourriez-vous remettre le pouvoir à des gens qui, en proie à la peur de perdre leurs sièges, avancent des propositions absolument utopiques et qui ne peuvent résoudre nos problèmes ?
Il est temps pour tous les citoyens de porter aux responsabilités le seul courant politique qui ne leur a jamais menti, qui n'a jamais changé d'idées, qui n'a jamais eu peur de braver la pensée dominante pour préserver la France et les Français des périls qui les menacent aujourd'hui.
Oui, nous avons accepté d'être méprisés, diabolisés, insultés et diffamés, pour avoir le droit de dire la vérité. Nous l'avons fait pour nous et aussi pour vous, pour défendre les libertés françaises en même temps que nos intérêts collectifs. Alors unissons-nous et avançons, pour, demain, entrer ensemble dans l'espérance.
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com, le 23 juin 20063