Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Permettez-moi tout d'abord, en exergue à l'intervention de ce jour, d'adresser mes plus vifs remerciements aux maîtres d'oeuvre principaux de ce colloque, et notamment à Hugues Petit et Bruno Gollnisch, qui ont magnifiquement organisé les interventions et les travaux. Mes remerciements s'adressent aussi aux différents intervenants, dont la qualité personnelle n'avait d'égale que la précision et la justesse du propos.
Je n'ai pas pu, hélas, être présent à tous les exposés, mais ceux que j'ai écoutés et les commentaires élogieux sur ceux que je n'ai pas pu entendre ne me laissent aucun doute quand à la réussite de notre manifestation.
Vous me pardonnerez, j'en suis sûr, de répéter certaines analyses déjà développées par certains d'entre vous. C'est un peu la règle du genre, et il est dans mon rôle, dans l'effort de synthèse qui est le mien, d'essayer de ne rien oublier.
Merci enfin à tous les participants, à cet auditoire attentif et chaleureux sans lequel le succès du colloque n'aurait pu être assuré. Faisons ensemble, si vous le voulez bien, un petit effort de mémoire. Souvenez-vous, mesdames et messieurs: le 29 mai 2005, il y a un peu plus d'un an, ce fut un formidable coup de tonnerre non seulement en France, mais dans l'ensemble de l'Europe.
Le peuple français, l'un des six Etats fondateurs de la Communauté européenne, rejetait la Constitution européenne qui lui était soumise par referendum sur un score sans appel : plus de 54 % de NON soit 15,5 millions d'électeurs avec une participation de 70 %, la plus élevée pour ce type de scrutin depuis 1969 et le départ du Général de Gaulle. Ce résultat remarquable, signe de la sagesse et de la maturité du peuple
français, était loin d'être gagné d'avance.
En effet, le Président de la République jouait gros dans cette affaire et ne pouvait échouer sous peine de perdre tout crédit à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il fit donner le ban et l'arrière-ban de la classe politico-médiatique et des groupes de pression : l'ensemble des média se mobilisa en faveur du OUI et fit preuve d'une volonté de désinformation et d'une partialité tellement évidentes qu'elles en étaient inconvenantes.
Il en fut de même des syndicats, y compris la CGT et la FNSEA, des Eglises, de l'Université et des différents groupes de pression, souvent autoproclamés. Pour un peu, on se serait cru revenu trois ans en arrière, après un certain 21 avril 2002, au moment où l'accession de Le Pen au second tour faisait basculer subitement la France
dans une véritable dictature néo-communiste. Je n'ai garde d'oublier la grande majorité de la classe politique, y compris des personnalités étrangères, qui défendit un OUI béat, à moins qu'il n'ait été dicté que par de sombres arrières pensées politiciennes.
Bref, tout le monde était sur le pont aux ordres du capitaine Chirac qui luimême obéissait au commandant Barroso à Bruxelles, lequel, pour s'acheter les bonnes grâces des électeurs, multipliait les "cadeaux" et les dérogations de toutes sortes à l'adresse de la France. Dans l'esprit de ceux qui nos gouvernent, l'opération "Chirac Overlord" ne pouvait échouer.
Et bien, elle échoua.
Souvenez-vous de ce fameux débat où Chirac invita des jeunes à débattre avec lui : le Président, pitoyable, découvrit les problèmes des Français, emploi, précarité, insécurité...
Confronté aux angoisses légitimes de notre jeunesse, il n'avait à proposer comme solution qu'une Europe déjà discréditée, déjà impuissante, déjà catastrophique. Dès ce jour, il commençait une descente aux enfers qui n'est, sans doute, pas terminée.
Si vous me le permettez, je voudrais faire deux remarques liminaires, afin de remettre, en ces temps de déformation médiatique, les pendules à l'heure et les esprits à l'endroit.
1) Ce texte constitutionnel fut soumis au vote du Parlement français réuni en Congrès à Versailles le 28 février 2005. Il fut adopté à une écrasante majorité : plus de 91 % des voix ! avant d'être rejeté par 55% de nos compatriotes, ce qui démontre à l'envie que le peuple français n'est pas représenté par ses députés et ses sénateurs. Sur 796 suffrages exprimés : 730 s'exprimaient pour et seulement 66 contre. En effet, tous les partis représentés à l'Assemblée Nationale, à l'exception du parti communiste, étaient favorables à la Constitution européenne. Preuve, s'il en était besoin, qu'il est urgent de rétablir le scrutin proportionnel pour éviter que la voix du peuple ne soit confisquée arbitrairement par la multinationale UMPS, même si elle est en passe de déposer son bilan.
2) Deuxième remarque : on a présenté M. de Villiers, que l'on entend et voit moins d'ailleurs depuis qu'il a refusé ma proposition d'Union Patriotique, comme le héraut du NON de droite, le porte-étendard de la résistance nationale. Cette escroquerie doit cesser. Je tiens à signaler aux media malveillants ou mal informés que le gros des bataillons du NON de droite ne venait pas du MPF mais du FN. Les chiffres sont très clairs et là aussi sans appel. D'après la SOFRES, le Front National a représenté 28 % de l'ensemble des voix du NON, soit 5,5 millions
d'électeurs, le nombre de mes voix au 1er tour de la présidentielle. La droite parlementaire et souverainiste n'a représenté, toutes tendances confondues que 15 % de l'ensemble des voix du NON, dont une partie seulement pour M. de Villiers. Ceci devait être rappelé. La victoire du Front national lors du référendum du 29 mai 2005 ne doit cependant pas faire illusion. Certes, la Constitution européenne est morte, juridiquement et politiquement. Mais la situation du pays reste en effet extrêmement critique, à tous points de vue. En signant l'Acte unique (17 février 1986), les traités de Schengen (14 juin 1985 et 19 juin 1990), Maastricht (7 février 1992) Amsterdam (2 octobre 1997) et Nice (26 février 2001), les gouvernements français successifs ont accepté de transférer aux institutions européennes l'essentiel des attributs de la puissance publique, c'est-à-dire de l'Etat.
Depuis 50 ans, c'est vrai, l'Europe propose de troquer des abandons de pouvoirs contre une promesse de prospérité matérielle. Il y a douze ans encore, la construction européenne était présentée comme l'horizon indépassable de la modernité, de la prospérité et de la sécurité.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Il est temps, à tout le moins, de faire un bilan.
La réalité est en effet cruelle, autant pour les Français que pour les sectateurs de l'Europe fédérale: non seulement nous n'avons plus aucun pouvoir politique, mais nous sombrons dans le déclin économique, financier, social et moral.
I- Je constate d'abord qu'en accaparant l'ensemble des prérogatives de la puissance publique, l'Europe a littéralement privé la France de toute indépendance. En effet, en plaçant résolument la France au coeur d'un projet à vocation fédérale, les pouvoirs publics successifs ont accepté l'édification d'un pouvoir politique oligarchique, à la fois infra et supra-national, qui sacrifie les intérêts fondamentaux et la liberté de notre peuple à une vieille utopie de nature impériale .
Sans entrer dans le détail de la très longue liste d'abandon de nos pouvoirs, permettez moi de vous citer les principaux.
1) Disparition de notre souveraineté juridique d'abord : toutes matières confondues, une norme sur quatre applicable en France est d'ores et déjà issue de l'Union Européenne, et chaque année, celle-ci introduit dans l'ordre juridique plus de règles que le gouvernement français lui-même. Ces normes (directives et règlements), dont la valeur est supérieure à la Constitution de la Vème République elle-même, sont édictées de plus en plus souvent à la majorité qualifiée par le Conseil des Ministres de l'Europe, ce qui signifie qu'elles peuvent s'imposer en France même si notre pays a voté contre lors du même Conseil.
2) Disparition ensuite de notre souveraineté territoriale, c'est - à - dire notre droit à décider qui entre et réside sur notre territoire. La fameuse libre circulation des personnes a entraîné en effet la suppression des frontières internes à l'Union européenne. Le contrôle des flux migratoires s'effectue donc désormais aux frontières externes de l'Europe. Non seulement ce sont de vrais passoires, mais de plus, l'accès à notre territoire ne relève plus seulement de la France, puisqu'un étranger qui obtient le droit d'asile dans un pays membre de l'Union Européenne peut ensuite librement venir s'installer en France, point d'arrivée des filières de l'immigration en raison de l'ouverture de prestations sociales aux étrangers. En novembre 2004, le Conseil européen a décidé de faire passer de l'unanimité à la majorité qualifiée les dispositions relatives au droit d'asile, aux visas et à
l'immigration clandestine. Seuls les conditions d'entrée et de séjour des immigrés légaux restent provisoirement fixées à l'unanimité, en raison d'un refus salutaire de l'Allemagne de passer à la majorité qualifiée, inquiète d'être victime des effets collatéraux de Schengen, c'est-à-dire du laxisme de l'Italie, de l'Espagne et... de la France.
3) Notre souveraineté économique a été sacrifiée sur l'autel de la monnaie unique.
Dans la perspective de l'euro, notre politique économique a été strictement soumise à de drastiques « critères de convergences » (déficit, dette, inflation, taux d'intérêts, stabilité des changes). Ainsi, notre politique monétaire a été contrainte par un système de changes fixes, et nos marges de manoeuvre budgétaires et fiscales furent, au cours des années 90, très limitées.
Demain, elles n'existeront tout simplement plus : une politique monétaire unique appelle en effet une politique budgétaire, fiscale et salariale unique. Cette perte programmée de tous nos instruments de politique économique sera lourde de conséquences si la France entre demain dans une grave crise économique.
C'est aussi l'Europe qui définit la politique commerciale de la France. Elle a voulu supprimer toutes les barrières aux échanges, ce qui entraîne une véritable invasion de notre marché intérieur et explique largement la disparition de nos emplois.
4) En matière sociale, le droit du travail est désormais élaboré à Bruxelles, qui envisage toujours de remettre sur le tapis le principe du pays d'origine contenue dans la directive Bolkestein première mouture, lequel assassinera les salariés français dans un dumping social généralisé. Bruxelles envisage encore, par exemple, de revenir sur
l'interdiction du travail de nuit des femmes !
5) Notre souveraineté sanitaire et alimentaire a disparu. Quarante années de politique agricole commune ont presque détruit la paysannerie française (moins de 4 % des actifs contre 20 % en 1962). La Commission européenne ayant donné le monopole des oléagineux aux Etats-Unis, ceux-ci pourraient détruire l'élevage bovin
français, si pendant quinze jours ils bloquaient leurs exportations, puisque ces produits servent à l'alimentation du cheptel. Sans même compter les risques croissants d'épizootie ou de zoonose, dont les crises de la vache folle ou la grippe aviaire ne sont que les signes avant-coureurs.
6) Le rôle de l'Etat en France a été réduit, raboté et ramené à la portion congrue par la place que Bruxelles veut donner aux collectivités territoriales pour casser le cadre national.
Résultat, les pouvoirs publics successifs entrent peu à peu dans une logique de destruction de l'unité nationale et de mise à mort de l'indivisibilité de la République, au travers du transfert à certaines collectivités de la matérialité et du principe du pouvoir de décision : Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française, Corse, autant de territoires qui sont désormais presque indépendants, ramenant la France à son espace continental.
Au travers de son affaiblissement général, encore renforcé par le passage au quinquennat présidentiel, l'Etat-nation est donc démantelé. Il l'est par le haut - Bruxelles - , par le bas - les euro-régions - mais aussi, si
vous me permettez cette formule, par la Bande. La Bande, c'est la classe politique française et européenne.
En France, la maxime républicaine « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » est en effet vidée de tout sens. Sous le masque de la démocratie, notre pays est dirigé par une « caste politicoadministrative
» d'inspiration cosmopolite qui, pour imposer ses choix propres, tente systématiquement de déposséder le peuple de ses attributs souverains.
Depuis un an, ceux qui nous gouvernent se disent : que faire, comment le faire, avec qui, pour sauver tout ou partie de la Constitution européenne, et avec elle, l'idée même d'Europe fédérale ?
Un accord s'est établi entre les principaux acteurs européens pour repousser à 2008 - après les élections françaises et néerlandaises de 2007 - toute décision en matière institutionnelle.
Les décisions capitales seraient prises au moment où la France exercerait la Présidence de l'Union européenne.
En effet, nos partenaires ont parfaitement compris qu'ils pouvaient tirer parti de la gêne de l'oligarchie française confrontée au NON de son peuple. On va donc pousser les hommes politiques Français à multiplier les initiatives pour relancer l'Europe.
Après le NON du peuple Français, le gouvernement Français a d'ores et déjà proposé toujours plus de fédéralisme :
- sécurité intérieure et justice : passer de l'unanimité à la majorité qualifiée pour la coopération policière et judiciaire, en y incluant, il faut le noter, la lutte contre le racisme et la xénophobie.
- action extérieure de l'Union : renforcer le mandat de Javier Solana, en matière de gestion de crise et de représentation extérieure ;
- politique sociale : passer de l'unanimité à la majorité qualifiée pour "la protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail". Elle est bien bonne, venant des admirateurs de Bolkestein !
- gouvernance économique : "améliorer le fonctionnement de la zone euro et mettre en oeuvre une coordination politique plus efficace".
On a envie, à la lecture de ces propositions, de dire au gouvernement français : Vous feriez mieux de vous occuper des affaires de la France, Dieu sait si elle en a besoin !
Chirac, à moins d'un an de sa retraite définitive, nous laisse une fois de plus des bombes qui exploseront après son départ. Joli cadeau d'adieu !
Il a déjà fait le coup avec le regroupement familial, la suppression du service militaire ou encore la suspension des essais nucléaires. Toutes décisions dont les Français de demain subiront les conséquences, tandis que lui-même soignera sa santé, peut-être d'ailleurs à l'endroit qui convient.
Quand à Nicolas Sarkozy, il reprend la position des institutions communautaires, à la fois claire, précise et cynique : il veut faire revoter le Parlement français sur la Constitution européenne.
Sarkozy tient donc le vote des Français du 29 mai 2005 pour nul et non avenu.
Au-delà du hold-up institutionnel à visage découvert et de la forfaiture au sommet de l'Etat, il est bon que tous les Français connaissent la position de celui qui brigue la magistrature suprême.
Vous avez voté NON, peu importe, c'était pour du beurre !
Au regard du vote du peuple français, la position de ceux qui nous gouvernent s'apparente à la haute trahison : de la France, de sa souveraineté, de son indépendance.
Monsieur Sarkozy est un disciple de Berthold Brecht le très communiste auteur de théâtre allemand qui disait : "si un peuple se trompe, qu'on change le peuple".
Je vous le demande, mesdames et messieurs, peut-on confier les destinées de notre pays à quelqu'un qui annonce déjà qu'il ne respectera pas la souveraineté populaire ?
Pour prendre une métaphore conjugale, le Ministre de l'Intérieur et le Président Barroso souhaitent que les 25 concubins européens passent de l'union libre actuelle au mariage forcé, lequel aurait pour charte la Constitution européenne.
Pour ce faire, le Parlement Européen annonce une intensification de la propagande européiste envers des peuples de plus en plus réticents et dubitatifs.
Je cite le rapport des parlementaires européens: "la période de réflexion... devrait viser à clarifier, approfondir et démocratiser le consensus sur la Constitution".
Comme le Maréchal de Soubise, dans la nuit avec sa lanterne à la recherche de son armée, le Parlement cherche ce consensus introuvable, qu'il croit possible au terme d'une formidable propagande de masse baptisée, entre autres, "forums citoyens" et qui doit se développer aux niveaux national, régional et local.
Les euro-députés sont très clairs: "le maintien du texte actuel (entendez de la Constitution européenne) constituerait un résultat positif pour garantir que la Constitution entrera en vigueur en 2009".
Cette résolution surréaliste a été adoptée le 19 janvier 2006 par 385 voix (UDF, UMP, et une partie des Verts) contre 125 (PC et FN, Villiers était absent) et 51 abstentions (PS et une partie des Verts), illustrant encore une fois le décalage qui existe entre les députés européens et ceux qu'ils sont censés représenter.
Une telle violation du droit doublée d'un tel cynisme aurait de quoi surprendre si l'on ignorait le fonctionnement normal du Parlement européen et de la classe politique française: plier la réalité à l'idéologie euromondialiste.
Pour les eurofédéralistes comme Bayrou, Mamère ou Madelin, si l'Europe marche mal, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'Europe. « Oui nous allons dans le mur, donc il faut accélérer ! ».
Je suis, incontestablement, le seul à garantir l'indépendance et la souveraineté nationale et le seul, parmi les candidats sérieux à la magistrature suprême, avec Laurent Fabius, à avoir appelé à voter contre la Constitution européenne, mais pour des raisons opposées aux siennes.
Je considère en effet que notre perte de souveraineté est inacceptable, parce qu'elle ébranle à la fois les prérogatives du peuple et celles de l'Etat.
Dans la conception moderne du pouvoir politique, l'Etat met en oeuvre la volonté générale, c'est-à-dire la volonté majoritaire. Il est donc, à titre principal, le garant des choix collectifs.
La souveraineté marque donc, au plan interne, la suprématie de l'Etat sur les autres pouvoirs et au plan international, l'indépendance de notre pays.
Or en abandonnant ses compétences, l'Etat perd l'instrument de sa volonté, c'est à dire son pouvoir de décision.
En perdant sa souveraineté, le peuple, quand à lui perd la maîtrise de sa
destinée, c'est à dire sa liberté de choix. On a d'abord justifié cette forfaiture en disant qu'à l'heure de la mondialisation, la souveraineté nationale ne veut plus rien dire.
Depuis la chute du Mur de Berlin, beaucoup de gens considèrent en effet que le monde est entré dans une ère radicalement nouvelle, marquée par la révolution des communications, l'interdépendance des économies et finalement la disqualification des Etats-nations et des frontières.
Mais les relations commerciales et financières internationales sont très anciennes, comme d'ailleurs les voyages à l'étranger. Et cela n'a jamais empêché les nations d'être souveraines, c'est-à-dire de choisir librement leur destinée.
En effet, la mondialisation ne date pas d'hier : au début du siècle, l'ouverture des économies était légèrement supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui, ce qui n'a pas empêché la première guerre mondiale, conflit opposant des nations souveraines.
De même, Internet est moins révolutionnaire que le passage de la messagerie maritime à la radiotélégraphie, lequel saut technologique a effectivement réduit dans des proportions considérables le temps des communications et les distances.
Le discours actuel sur la mondialisation n'est donc que l'alibi à tous nos renoncements. Dans l'histoire en effet, le politique prime toujours l'économique. On nous dit également qu'avec l'Europe, nous partageons notre souveraineté pour mieux l'exercer.
Mais par essence, la souveraineté ne se divise pas : « puissance inconditionnelle », elle est ou elle n'est pas.
Un Etat est souverain lorsqu'il détermine seul les choix qui engagent toute la nation. Partager la souveraineté, c'est donc déjà ne plus être souverain.
Il est donc clair que l'unité fédérale de l'Europe ne peut que se faire que contre les nations.
Mais au-delà du simple bon sens, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'idéologie fédérale n'est que le paravent d'un vieux projet de pouvoir universel, c'est-à-dire d'Etat mondial.
La querelle de la supranationalité n'est absolument pas nouvelle. Ainsi, l'idée de souveraineté française apparut dès le XIIème siècle, au travers du désir des Capétiens de limiter les ambitions des grands féodaux et de s'émanciper de la tutelle de l'Empereur romain germanique et du Pape, prompts à s'allier aux Ducs et aux
Comtes de France contre le Roi.
Ainsi, au début du XIVème siècle, selon la formule de Guillaume de Plaisians, le Roi devint « empereur en son royaume », c'est-à-dire souverain, avant que la nation ne le devienne après le XVIIIème siècle.
Dans cette configuration, on retrouve bien l'alliance des pouvoirs locaux et supra-nationaux contre la nation. Depuis au moins 10 siècles, le vieux rêve d'empire européen hante une bonne partie de l'Europe d'En Haut.
La chute du Saint Empire, l'effondrement de l'empire de Charles Quint et plus récemment de l'empire soviétique montrent pourtant que les constructions supranationales s'effondrent inéluctablement sous les coups de boutoirs des peuples.
II- Et la révolte des peuples risque d'être d'autant plus violente que la soumission à l'Union européenne est l'une principale cause de l'appauvrissement du Vieux Continent.
Revenons à la promesse de l'Europe, à ce « deal » initial : je vous dépouille de vos pouvoirs mais vous serez plus riche, plus libre et vous vivrez dans un monde en paix.
Le déclin financier, économique et social de la France depuis 35 ans révèle l'ampleur de l'escroquerie.
Certes, l'Europe n'est pas responsable de tous nos maux, et les pouvoirs publics nationaux ont aussi une responsabilité colossale. Mais n'oublions pas qu'en matière économique, financière, sociale et militaire, ce sont les choix européens qui ont commandé les politiques suivies.
Je dresse, le premier et le seul, ce bilan global, en comparant la situation il y a 35 ans à ce qu'elle est aujourd'hui.
A la lecture de ces chiffres éloquents, on comprend pourquoi l'Europe est aussi impopulaire.
Selon le sondage Eurobaromètre sur l'avenir de l'Europe, effectué entre le 20 février et le 24 mars 2006 auprès de 24750 citoyens de l'UE, l'introduction de l'euro et l'adoption d'une Constitution européenne ne recueillent respectivement que 26 % et 25% d'avis favorables, ce qui est dérisoire. 3 européens sur 4 rejettent l'euro et la
Constitution européenne.
72 % des Français sondés considèrent la mondialisation comme une menace pour la situation nationale de l'emploi
Après 50 ans d'Europe, les Européens s'aperçoivent que l'Europe ne les protège pas contre les méfaits de la planétarisation de l'économie et qu'on veut leur imposer une Constitution européenne après l'euro, alors qu'ils sont massivement contre.
Cela montre bien le caractère totalitaire de la Constitution européenne et l'absence de confiance de la part des Européens dans le "machin" de Bruxelles.
La prospérité promise ? On sait désormais ce qu'il en est.
La liberté ? Contrairement, à ce que prétendent certains libertariens comme Madelin ou certains régionalistes, l'Europe de Bruxelles n'a nullement donné plus de libertés aux entrepreneurs ou aux pouvoirs locaux. Au contraire, le dirigisme eurobruxellois est encore plus pesant, plus tatillon, plus paralysant que celui des
fonctionnaires français.
La paix ? l'Europe a été le théâtre d'au moins 4 guerres depuis 1990 : guerre de Croatie, de Bosnie, de Serbie et du Kosovo. L'Europe nous a entraînés dans une guerre aux côtés des américains en Irak. Le terrorisme continue à menacer la sécurité de nos concitoyens.
III- Nos compatriotes le voient bien, mesdames et messieurs, l'Europe est faible et molle, elle est dépassée par les évènements et incapable d'assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux.
L'Union européenne a mondialisé le vieux continent sans même s'en rendre compte.
Ouverte à tous les vents des échanges de population, de marchandises et de capitaux, privées de toutes frontières politiques et commerciales, elle est devenue le champ d'expérimentation d'un espace sans frontières, livré à tous les trafics, à tous les crimes, à tous les prédateurs.
On nous présentait l'Europe comme une construction entre gens de même civilisation. Le drapeau bleu aux étoiles jaunes n'est qu'un pavillon de complaisance qui couvre une marchandise mondiale.
Permettez-moi de citer un propos de M. Philippe Bénéton, professeur à la Faculté de droit de Rennes, si révélateur des dangereuses utopies qui minent la construction européenne : « L'Europe n'est pas appelée à former une grande Nation ; elle est appelée à donner congé à la Nation. Les "valeurs" par lesquelles elle se définit doivent être le commun dénominateur de la société civile mondiale en formation, réglée par des
juges et des experts. L'humanité post-nationale est à l'horizon. Au bout du compte, l'avenir de l'Europe, ce n'est pas sa construction, c'est sa disparition".
Cette citation, un peu longue, est extrêmement importante car elle démontre qu'en voulant tuer les Nations, l'Europe se détruit elle-même et livre notre continent à la domination mondiale des puissances financières et au modèle unique américanoonusien.
L'Europe des fédéralistes est en effet nécessairement, mécaniquement, fatalement soumise.
. En matière commerciale, Bruxelles plie devant les Etats -Unis: alors même que ce pays n'hésite pas à taxer à 100% les produits des pays qui envahissent trop son marché intérieur (section Super-301 et Special 301 de la législation commerciale américaine ), l'Europe unie ouvre de plus en plus nos marchés aux multinationales de
l'agroalimentaire (Monsanto...).
. En matière culturelle, les films hollywoodiens inondent nos écrans, au mépris des quotas prévus dans les conventions passées entre Bruxelles et Washington. La domiciliation en Angleterre de société de production américaines « européanise » en effet les films d'outre-Atlantique, et leur permet d'envahir nos écrans.
. En matière internationale, une autorité mondiale sous l'égide des Etats- Unis existe déjà largement. Ainsi, durant la guerre du Golfe, en acceptant l'intervention de troupes européennes aux côtés de l'US Army, les institutions européennes se sont révélées pour ce qu'elles sont : un relais des choix militaires et diplomatiques américains.
Vous le voyez, l'unité fédérale de l'Europe ne peut se faire que sous l'égide d'une puissance extérieure, c'est-à-dire sous le contrôle des Etats Unis d'Amérique.
IV- Pour toutes les raisons que j'ai évoqué : perte de la maîtrise de notre destinée, appauvrissement économique et sociale, soumission internationale, et pour bien d'autres encore, il faut sortir du fédéralisme. D'abord et avant tout pour libérer nos compatriotes.
Quels sont les attributs d'une nation souveraine, indépendante, c'est-àdire libre ?
- Un territoire, délimité par des frontières ;
- Une armée pour défendre ces frontières ;
- Un budget national permettant les dépenses indispensables à la collectivité;
- Des lois, qui ne lui sont pas imposées de l'étranger ;
- Une justice et une police pour faire respecter ces lois et pour protéger les honnêtes
gens ;
- Un Etat assurant ses missions dites « régaliennes » (la défense, la police, la justice).
- Une monnaie nationale.
Un peuple sans souveraineté est non seulement un peuple privé de liberté, mais un peuple menacé dans son existence. Songeons aux Français qui nous ont précédés, ont souffert, se sont battus, pour nous transmettre cet héritage.
Des millions d'entre eux ont donné leurs vies - les soldats de Philippe Auguste à Bouvines, les compagnons de Jeanne d'Arc, les Gascons de Louis XIII et de Louis XIV, les soldats de l'an II, les grognards de l'Empire, les poilus de Verdun, les combattants de la France libre et de l'Armée d'Afrique, les héros de l'Algérie française - pour la Patrie éternelle.
Je ne renoncerai, nous ne renoncerons jamais à tout cela.
Une fois élu Président de la République, j'engagerai donc, avec nos partenaires européens, une négociation globale. Celle-ci devra permettre à la France de retrouver les attributs de sa liberté, mais aussi consacrer, aussi souvent que nécessaire, les coopérations étatiques ou industrielles indispensables à la préservation de nos intérêts nationaux.
La France n'aura pas à sortir de la monnaie unique. Ce n'est pas utile, car celle-ci s'effondrera d'elle-même, comme toutes les tentatives précédentes, sans d'ailleurs que nous fassions rien contre elle.
Mais pour le reste, il faut que les choses soient claires : c'est l'Europe qui empêche toute réforme en France, parce que c'est elle qui détient les manettes du pouvoir.
C'est là « le grand secret de l'élection présidentielle », pour reprendre le titre de l'article du commissaire européen chiraquien, Michel Barnier, paru en février 2002 dans Libération.
Les Français devinent que le pouvoir a quitté les palais de l'Elysée et de Matignon pour s'installer dans le quartier européen de Bruxelles.
Nous ne pouvons donc rien faire sans renégocier les dispositions des traités nous liant à Bruxelles sur des domaines absolument essentiels.
Notre pays doit retrouver tous les attributs de sa souveraineté, au travers
de :
- la maîtrise de sa fiscalité ;
-la libre disposition de son armée ;
- la maîtrise de sa politique d'immigration ;
- le contrôle de ses frontières, qui tout en permettant de commercer librement avec les autres pays, protègeront notre industrie et notre agriculture ;
- son indépendance alimentaire ;
- la primauté de son droit interne sur le droit « européen », conçu par la Commission, le Parlement européen, la Cour de justice européenne.
Je m'engage dès maintenant, solennellement, si je suis élu, à ajouter à la Constitution française un article disposant que toute modification des Traités européens fasse l'objet d'une consultation obligatoire du peuple français par la voie du referendum.
Sur l'avenir de la France en tant que Nation libre et indépendante, on ne comprendrait pas que les électeurs français ne soient pas consultés.
Pour autant, nous voulons, de toute nos forces, construire une autre Europe, celle des Nations, celle de l'association libre, celle de la coopération.
Le Vieux Continent représente incontestablement une communauté de civilisation, assise sur un génie spécifique, tout à la fois organisateur et créatif, bâtisseur et technicien.
Les valeurs communes aux différents peuples (le christianisme, l'individu, la liberté....) fondent indubitablement une même vision du monde.
Au lieu d'une Europe fédérale, il faut donc faire l'Europe de la coopération des Etats et des entreprises, les nations conservant à titre principal leur souveraineté.
Les plus belles réalisations de l'Europe proviennent d'ailleurs non de l'union bruxelloise, mais de réalisations ponctuelles, privées ou d'Etat à Etat.
La coopération doit de toute évidence s'engager et même s'amplifier dans
deux cas :
(1) Lorsque les intérêts sont évidemment communs
- Coopération industrielle : Concorde, Ariane, Airbus, Eurostar (face aux géants américains).
- Coopération policière : en matière de terrorisme, de trafic de drogue, et de trafic de matière missiles.
(2) Lorsque chaque Etat peut mieux préserver ses frontières en s'alliant avec les autres.
- Coopération diplomatique: sous la forme d'une structure diplomatique d'urgence et d'un Etat-major commun lorsque la sécurité européenne est menacée.
- Coopération environnementale : pour prévenir ou circonscrire plus efficacement les catastrophes naturelles ou
écologiques.
C'est là je crois, l'architecture globale d'une proposition équilibrée, qui peut trouver l'assentiment de nos partenaires.
Mais faute d'accord a minima ou en cas de rejet de nos propositions, nous pourrions menacer de quitter l'Union européenne, prison des peuples et mort des Nations.
Disons le tout net, il serait extrêmement difficile aux Etats restés dans l'Union européenne de prendre des sanctions contre notre pays, deuxième puissance démographique en Europe, dont le territoire, le plus vaste possède les principales voies de communication entre l'Europe du Nord et celle du Sud.
La Norvège, qui a refusé deux fois d'entrer dans l'Union européenne en 1972 et en 1995, n'en a guère souffert. Elle commerce avec le reste de l'Europe et a une des économies les plus prospères du continent. La Grande-Bretagne qui a conservé sa monnaie, ses frontières, son armée est de nouveau la quatrième puissance
économique, devant la France.
La France, elle-même, n'hésita pas, lorsque ses intérêts vitaux étaient en jeu, à s'affranchir d'un traité.
Je rappelle que le 4 avril 1949, la France signait le Pacte Atlantique et qu'en 1966, notre pays quittait l'organisation militaire intégrée de l'OTAN, à l'initiative du général De Gaulle.
Pour autant, la terre ne s'est pas arrêtée de tourner. En revanche, était confirmé une nouvelle fois le vieil adage selon lequel, en politique, là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Mesdames et messieurs, cette inflexion de notre politique européenne n'est pas du tout, vous l'avez compris, une déclaration d'hostilité aux gouvernements ou aux peuples qui participent à l'Union européenne d'aujourd'hui.
Elle sera saluée par toutes les Nations libres du monde, comme un retour à l'esprit de 1848, comme le retour aux valeurs éternelles qui ont fait la grandeur et la force de notre pays dans l'Histoire.
La France, une nouvelle fois, sera à la tête du mouvement de reconquête politique, intellectuelle et morale de l'Europe et donnera à nos voisins des raisons d'espérer et d'entreprendre, loin de l'utopie euro-fédéraliste et de ses pseudopodes socialiste et mondialiste.
C'est ce jour que nous attendons, confiant dans la lucidité et le courage du peuple français.
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com le 23 juin 2006-
Permettez-moi tout d'abord, en exergue à l'intervention de ce jour, d'adresser mes plus vifs remerciements aux maîtres d'oeuvre principaux de ce colloque, et notamment à Hugues Petit et Bruno Gollnisch, qui ont magnifiquement organisé les interventions et les travaux. Mes remerciements s'adressent aussi aux différents intervenants, dont la qualité personnelle n'avait d'égale que la précision et la justesse du propos.
Je n'ai pas pu, hélas, être présent à tous les exposés, mais ceux que j'ai écoutés et les commentaires élogieux sur ceux que je n'ai pas pu entendre ne me laissent aucun doute quand à la réussite de notre manifestation.
Vous me pardonnerez, j'en suis sûr, de répéter certaines analyses déjà développées par certains d'entre vous. C'est un peu la règle du genre, et il est dans mon rôle, dans l'effort de synthèse qui est le mien, d'essayer de ne rien oublier.
Merci enfin à tous les participants, à cet auditoire attentif et chaleureux sans lequel le succès du colloque n'aurait pu être assuré. Faisons ensemble, si vous le voulez bien, un petit effort de mémoire. Souvenez-vous, mesdames et messieurs: le 29 mai 2005, il y a un peu plus d'un an, ce fut un formidable coup de tonnerre non seulement en France, mais dans l'ensemble de l'Europe.
Le peuple français, l'un des six Etats fondateurs de la Communauté européenne, rejetait la Constitution européenne qui lui était soumise par referendum sur un score sans appel : plus de 54 % de NON soit 15,5 millions d'électeurs avec une participation de 70 %, la plus élevée pour ce type de scrutin depuis 1969 et le départ du Général de Gaulle. Ce résultat remarquable, signe de la sagesse et de la maturité du peuple
français, était loin d'être gagné d'avance.
En effet, le Président de la République jouait gros dans cette affaire et ne pouvait échouer sous peine de perdre tout crédit à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il fit donner le ban et l'arrière-ban de la classe politico-médiatique et des groupes de pression : l'ensemble des média se mobilisa en faveur du OUI et fit preuve d'une volonté de désinformation et d'une partialité tellement évidentes qu'elles en étaient inconvenantes.
Il en fut de même des syndicats, y compris la CGT et la FNSEA, des Eglises, de l'Université et des différents groupes de pression, souvent autoproclamés. Pour un peu, on se serait cru revenu trois ans en arrière, après un certain 21 avril 2002, au moment où l'accession de Le Pen au second tour faisait basculer subitement la France
dans une véritable dictature néo-communiste. Je n'ai garde d'oublier la grande majorité de la classe politique, y compris des personnalités étrangères, qui défendit un OUI béat, à moins qu'il n'ait été dicté que par de sombres arrières pensées politiciennes.
Bref, tout le monde était sur le pont aux ordres du capitaine Chirac qui luimême obéissait au commandant Barroso à Bruxelles, lequel, pour s'acheter les bonnes grâces des électeurs, multipliait les "cadeaux" et les dérogations de toutes sortes à l'adresse de la France. Dans l'esprit de ceux qui nos gouvernent, l'opération "Chirac Overlord" ne pouvait échouer.
Et bien, elle échoua.
Souvenez-vous de ce fameux débat où Chirac invita des jeunes à débattre avec lui : le Président, pitoyable, découvrit les problèmes des Français, emploi, précarité, insécurité...
Confronté aux angoisses légitimes de notre jeunesse, il n'avait à proposer comme solution qu'une Europe déjà discréditée, déjà impuissante, déjà catastrophique. Dès ce jour, il commençait une descente aux enfers qui n'est, sans doute, pas terminée.
Si vous me le permettez, je voudrais faire deux remarques liminaires, afin de remettre, en ces temps de déformation médiatique, les pendules à l'heure et les esprits à l'endroit.
1) Ce texte constitutionnel fut soumis au vote du Parlement français réuni en Congrès à Versailles le 28 février 2005. Il fut adopté à une écrasante majorité : plus de 91 % des voix ! avant d'être rejeté par 55% de nos compatriotes, ce qui démontre à l'envie que le peuple français n'est pas représenté par ses députés et ses sénateurs. Sur 796 suffrages exprimés : 730 s'exprimaient pour et seulement 66 contre. En effet, tous les partis représentés à l'Assemblée Nationale, à l'exception du parti communiste, étaient favorables à la Constitution européenne. Preuve, s'il en était besoin, qu'il est urgent de rétablir le scrutin proportionnel pour éviter que la voix du peuple ne soit confisquée arbitrairement par la multinationale UMPS, même si elle est en passe de déposer son bilan.
2) Deuxième remarque : on a présenté M. de Villiers, que l'on entend et voit moins d'ailleurs depuis qu'il a refusé ma proposition d'Union Patriotique, comme le héraut du NON de droite, le porte-étendard de la résistance nationale. Cette escroquerie doit cesser. Je tiens à signaler aux media malveillants ou mal informés que le gros des bataillons du NON de droite ne venait pas du MPF mais du FN. Les chiffres sont très clairs et là aussi sans appel. D'après la SOFRES, le Front National a représenté 28 % de l'ensemble des voix du NON, soit 5,5 millions
d'électeurs, le nombre de mes voix au 1er tour de la présidentielle. La droite parlementaire et souverainiste n'a représenté, toutes tendances confondues que 15 % de l'ensemble des voix du NON, dont une partie seulement pour M. de Villiers. Ceci devait être rappelé. La victoire du Front national lors du référendum du 29 mai 2005 ne doit cependant pas faire illusion. Certes, la Constitution européenne est morte, juridiquement et politiquement. Mais la situation du pays reste en effet extrêmement critique, à tous points de vue. En signant l'Acte unique (17 février 1986), les traités de Schengen (14 juin 1985 et 19 juin 1990), Maastricht (7 février 1992) Amsterdam (2 octobre 1997) et Nice (26 février 2001), les gouvernements français successifs ont accepté de transférer aux institutions européennes l'essentiel des attributs de la puissance publique, c'est-à-dire de l'Etat.
Depuis 50 ans, c'est vrai, l'Europe propose de troquer des abandons de pouvoirs contre une promesse de prospérité matérielle. Il y a douze ans encore, la construction européenne était présentée comme l'horizon indépassable de la modernité, de la prospérité et de la sécurité.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Il est temps, à tout le moins, de faire un bilan.
La réalité est en effet cruelle, autant pour les Français que pour les sectateurs de l'Europe fédérale: non seulement nous n'avons plus aucun pouvoir politique, mais nous sombrons dans le déclin économique, financier, social et moral.
I- Je constate d'abord qu'en accaparant l'ensemble des prérogatives de la puissance publique, l'Europe a littéralement privé la France de toute indépendance. En effet, en plaçant résolument la France au coeur d'un projet à vocation fédérale, les pouvoirs publics successifs ont accepté l'édification d'un pouvoir politique oligarchique, à la fois infra et supra-national, qui sacrifie les intérêts fondamentaux et la liberté de notre peuple à une vieille utopie de nature impériale .
Sans entrer dans le détail de la très longue liste d'abandon de nos pouvoirs, permettez moi de vous citer les principaux.
1) Disparition de notre souveraineté juridique d'abord : toutes matières confondues, une norme sur quatre applicable en France est d'ores et déjà issue de l'Union Européenne, et chaque année, celle-ci introduit dans l'ordre juridique plus de règles que le gouvernement français lui-même. Ces normes (directives et règlements), dont la valeur est supérieure à la Constitution de la Vème République elle-même, sont édictées de plus en plus souvent à la majorité qualifiée par le Conseil des Ministres de l'Europe, ce qui signifie qu'elles peuvent s'imposer en France même si notre pays a voté contre lors du même Conseil.
2) Disparition ensuite de notre souveraineté territoriale, c'est - à - dire notre droit à décider qui entre et réside sur notre territoire. La fameuse libre circulation des personnes a entraîné en effet la suppression des frontières internes à l'Union européenne. Le contrôle des flux migratoires s'effectue donc désormais aux frontières externes de l'Europe. Non seulement ce sont de vrais passoires, mais de plus, l'accès à notre territoire ne relève plus seulement de la France, puisqu'un étranger qui obtient le droit d'asile dans un pays membre de l'Union Européenne peut ensuite librement venir s'installer en France, point d'arrivée des filières de l'immigration en raison de l'ouverture de prestations sociales aux étrangers. En novembre 2004, le Conseil européen a décidé de faire passer de l'unanimité à la majorité qualifiée les dispositions relatives au droit d'asile, aux visas et à
l'immigration clandestine. Seuls les conditions d'entrée et de séjour des immigrés légaux restent provisoirement fixées à l'unanimité, en raison d'un refus salutaire de l'Allemagne de passer à la majorité qualifiée, inquiète d'être victime des effets collatéraux de Schengen, c'est-à-dire du laxisme de l'Italie, de l'Espagne et... de la France.
3) Notre souveraineté économique a été sacrifiée sur l'autel de la monnaie unique.
Dans la perspective de l'euro, notre politique économique a été strictement soumise à de drastiques « critères de convergences » (déficit, dette, inflation, taux d'intérêts, stabilité des changes). Ainsi, notre politique monétaire a été contrainte par un système de changes fixes, et nos marges de manoeuvre budgétaires et fiscales furent, au cours des années 90, très limitées.
Demain, elles n'existeront tout simplement plus : une politique monétaire unique appelle en effet une politique budgétaire, fiscale et salariale unique. Cette perte programmée de tous nos instruments de politique économique sera lourde de conséquences si la France entre demain dans une grave crise économique.
C'est aussi l'Europe qui définit la politique commerciale de la France. Elle a voulu supprimer toutes les barrières aux échanges, ce qui entraîne une véritable invasion de notre marché intérieur et explique largement la disparition de nos emplois.
4) En matière sociale, le droit du travail est désormais élaboré à Bruxelles, qui envisage toujours de remettre sur le tapis le principe du pays d'origine contenue dans la directive Bolkestein première mouture, lequel assassinera les salariés français dans un dumping social généralisé. Bruxelles envisage encore, par exemple, de revenir sur
l'interdiction du travail de nuit des femmes !
5) Notre souveraineté sanitaire et alimentaire a disparu. Quarante années de politique agricole commune ont presque détruit la paysannerie française (moins de 4 % des actifs contre 20 % en 1962). La Commission européenne ayant donné le monopole des oléagineux aux Etats-Unis, ceux-ci pourraient détruire l'élevage bovin
français, si pendant quinze jours ils bloquaient leurs exportations, puisque ces produits servent à l'alimentation du cheptel. Sans même compter les risques croissants d'épizootie ou de zoonose, dont les crises de la vache folle ou la grippe aviaire ne sont que les signes avant-coureurs.
6) Le rôle de l'Etat en France a été réduit, raboté et ramené à la portion congrue par la place que Bruxelles veut donner aux collectivités territoriales pour casser le cadre national.
Résultat, les pouvoirs publics successifs entrent peu à peu dans une logique de destruction de l'unité nationale et de mise à mort de l'indivisibilité de la République, au travers du transfert à certaines collectivités de la matérialité et du principe du pouvoir de décision : Nouvelle-Calédonie, Polynésie Française, Corse, autant de territoires qui sont désormais presque indépendants, ramenant la France à son espace continental.
Au travers de son affaiblissement général, encore renforcé par le passage au quinquennat présidentiel, l'Etat-nation est donc démantelé. Il l'est par le haut - Bruxelles - , par le bas - les euro-régions - mais aussi, si
vous me permettez cette formule, par la Bande. La Bande, c'est la classe politique française et européenne.
En France, la maxime républicaine « gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple » est en effet vidée de tout sens. Sous le masque de la démocratie, notre pays est dirigé par une « caste politicoadministrative
» d'inspiration cosmopolite qui, pour imposer ses choix propres, tente systématiquement de déposséder le peuple de ses attributs souverains.
Depuis un an, ceux qui nous gouvernent se disent : que faire, comment le faire, avec qui, pour sauver tout ou partie de la Constitution européenne, et avec elle, l'idée même d'Europe fédérale ?
Un accord s'est établi entre les principaux acteurs européens pour repousser à 2008 - après les élections françaises et néerlandaises de 2007 - toute décision en matière institutionnelle.
Les décisions capitales seraient prises au moment où la France exercerait la Présidence de l'Union européenne.
En effet, nos partenaires ont parfaitement compris qu'ils pouvaient tirer parti de la gêne de l'oligarchie française confrontée au NON de son peuple. On va donc pousser les hommes politiques Français à multiplier les initiatives pour relancer l'Europe.
Après le NON du peuple Français, le gouvernement Français a d'ores et déjà proposé toujours plus de fédéralisme :
- sécurité intérieure et justice : passer de l'unanimité à la majorité qualifiée pour la coopération policière et judiciaire, en y incluant, il faut le noter, la lutte contre le racisme et la xénophobie.
- action extérieure de l'Union : renforcer le mandat de Javier Solana, en matière de gestion de crise et de représentation extérieure ;
- politique sociale : passer de l'unanimité à la majorité qualifiée pour "la protection des travailleurs en cas de résiliation du contrat de travail". Elle est bien bonne, venant des admirateurs de Bolkestein !
- gouvernance économique : "améliorer le fonctionnement de la zone euro et mettre en oeuvre une coordination politique plus efficace".
On a envie, à la lecture de ces propositions, de dire au gouvernement français : Vous feriez mieux de vous occuper des affaires de la France, Dieu sait si elle en a besoin !
Chirac, à moins d'un an de sa retraite définitive, nous laisse une fois de plus des bombes qui exploseront après son départ. Joli cadeau d'adieu !
Il a déjà fait le coup avec le regroupement familial, la suppression du service militaire ou encore la suspension des essais nucléaires. Toutes décisions dont les Français de demain subiront les conséquences, tandis que lui-même soignera sa santé, peut-être d'ailleurs à l'endroit qui convient.
Quand à Nicolas Sarkozy, il reprend la position des institutions communautaires, à la fois claire, précise et cynique : il veut faire revoter le Parlement français sur la Constitution européenne.
Sarkozy tient donc le vote des Français du 29 mai 2005 pour nul et non avenu.
Au-delà du hold-up institutionnel à visage découvert et de la forfaiture au sommet de l'Etat, il est bon que tous les Français connaissent la position de celui qui brigue la magistrature suprême.
Vous avez voté NON, peu importe, c'était pour du beurre !
Au regard du vote du peuple français, la position de ceux qui nous gouvernent s'apparente à la haute trahison : de la France, de sa souveraineté, de son indépendance.
Monsieur Sarkozy est un disciple de Berthold Brecht le très communiste auteur de théâtre allemand qui disait : "si un peuple se trompe, qu'on change le peuple".
Je vous le demande, mesdames et messieurs, peut-on confier les destinées de notre pays à quelqu'un qui annonce déjà qu'il ne respectera pas la souveraineté populaire ?
Pour prendre une métaphore conjugale, le Ministre de l'Intérieur et le Président Barroso souhaitent que les 25 concubins européens passent de l'union libre actuelle au mariage forcé, lequel aurait pour charte la Constitution européenne.
Pour ce faire, le Parlement Européen annonce une intensification de la propagande européiste envers des peuples de plus en plus réticents et dubitatifs.
Je cite le rapport des parlementaires européens: "la période de réflexion... devrait viser à clarifier, approfondir et démocratiser le consensus sur la Constitution".
Comme le Maréchal de Soubise, dans la nuit avec sa lanterne à la recherche de son armée, le Parlement cherche ce consensus introuvable, qu'il croit possible au terme d'une formidable propagande de masse baptisée, entre autres, "forums citoyens" et qui doit se développer aux niveaux national, régional et local.
Les euro-députés sont très clairs: "le maintien du texte actuel (entendez de la Constitution européenne) constituerait un résultat positif pour garantir que la Constitution entrera en vigueur en 2009".
Cette résolution surréaliste a été adoptée le 19 janvier 2006 par 385 voix (UDF, UMP, et une partie des Verts) contre 125 (PC et FN, Villiers était absent) et 51 abstentions (PS et une partie des Verts), illustrant encore une fois le décalage qui existe entre les députés européens et ceux qu'ils sont censés représenter.
Une telle violation du droit doublée d'un tel cynisme aurait de quoi surprendre si l'on ignorait le fonctionnement normal du Parlement européen et de la classe politique française: plier la réalité à l'idéologie euromondialiste.
Pour les eurofédéralistes comme Bayrou, Mamère ou Madelin, si l'Europe marche mal, c'est parce qu'il n'y a pas assez d'Europe. « Oui nous allons dans le mur, donc il faut accélérer ! ».
Je suis, incontestablement, le seul à garantir l'indépendance et la souveraineté nationale et le seul, parmi les candidats sérieux à la magistrature suprême, avec Laurent Fabius, à avoir appelé à voter contre la Constitution européenne, mais pour des raisons opposées aux siennes.
Je considère en effet que notre perte de souveraineté est inacceptable, parce qu'elle ébranle à la fois les prérogatives du peuple et celles de l'Etat.
Dans la conception moderne du pouvoir politique, l'Etat met en oeuvre la volonté générale, c'est-à-dire la volonté majoritaire. Il est donc, à titre principal, le garant des choix collectifs.
La souveraineté marque donc, au plan interne, la suprématie de l'Etat sur les autres pouvoirs et au plan international, l'indépendance de notre pays.
Or en abandonnant ses compétences, l'Etat perd l'instrument de sa volonté, c'est à dire son pouvoir de décision.
En perdant sa souveraineté, le peuple, quand à lui perd la maîtrise de sa
destinée, c'est à dire sa liberté de choix. On a d'abord justifié cette forfaiture en disant qu'à l'heure de la mondialisation, la souveraineté nationale ne veut plus rien dire.
Depuis la chute du Mur de Berlin, beaucoup de gens considèrent en effet que le monde est entré dans une ère radicalement nouvelle, marquée par la révolution des communications, l'interdépendance des économies et finalement la disqualification des Etats-nations et des frontières.
Mais les relations commerciales et financières internationales sont très anciennes, comme d'ailleurs les voyages à l'étranger. Et cela n'a jamais empêché les nations d'être souveraines, c'est-à-dire de choisir librement leur destinée.
En effet, la mondialisation ne date pas d'hier : au début du siècle, l'ouverture des économies était légèrement supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui, ce qui n'a pas empêché la première guerre mondiale, conflit opposant des nations souveraines.
De même, Internet est moins révolutionnaire que le passage de la messagerie maritime à la radiotélégraphie, lequel saut technologique a effectivement réduit dans des proportions considérables le temps des communications et les distances.
Le discours actuel sur la mondialisation n'est donc que l'alibi à tous nos renoncements. Dans l'histoire en effet, le politique prime toujours l'économique. On nous dit également qu'avec l'Europe, nous partageons notre souveraineté pour mieux l'exercer.
Mais par essence, la souveraineté ne se divise pas : « puissance inconditionnelle », elle est ou elle n'est pas.
Un Etat est souverain lorsqu'il détermine seul les choix qui engagent toute la nation. Partager la souveraineté, c'est donc déjà ne plus être souverain.
Il est donc clair que l'unité fédérale de l'Europe ne peut que se faire que contre les nations.
Mais au-delà du simple bon sens, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'idéologie fédérale n'est que le paravent d'un vieux projet de pouvoir universel, c'est-à-dire d'Etat mondial.
La querelle de la supranationalité n'est absolument pas nouvelle. Ainsi, l'idée de souveraineté française apparut dès le XIIème siècle, au travers du désir des Capétiens de limiter les ambitions des grands féodaux et de s'émanciper de la tutelle de l'Empereur romain germanique et du Pape, prompts à s'allier aux Ducs et aux
Comtes de France contre le Roi.
Ainsi, au début du XIVème siècle, selon la formule de Guillaume de Plaisians, le Roi devint « empereur en son royaume », c'est-à-dire souverain, avant que la nation ne le devienne après le XVIIIème siècle.
Dans cette configuration, on retrouve bien l'alliance des pouvoirs locaux et supra-nationaux contre la nation. Depuis au moins 10 siècles, le vieux rêve d'empire européen hante une bonne partie de l'Europe d'En Haut.
La chute du Saint Empire, l'effondrement de l'empire de Charles Quint et plus récemment de l'empire soviétique montrent pourtant que les constructions supranationales s'effondrent inéluctablement sous les coups de boutoirs des peuples.
II- Et la révolte des peuples risque d'être d'autant plus violente que la soumission à l'Union européenne est l'une principale cause de l'appauvrissement du Vieux Continent.
Revenons à la promesse de l'Europe, à ce « deal » initial : je vous dépouille de vos pouvoirs mais vous serez plus riche, plus libre et vous vivrez dans un monde en paix.
Le déclin financier, économique et social de la France depuis 35 ans révèle l'ampleur de l'escroquerie.
Certes, l'Europe n'est pas responsable de tous nos maux, et les pouvoirs publics nationaux ont aussi une responsabilité colossale. Mais n'oublions pas qu'en matière économique, financière, sociale et militaire, ce sont les choix européens qui ont commandé les politiques suivies.
Je dresse, le premier et le seul, ce bilan global, en comparant la situation il y a 35 ans à ce qu'elle est aujourd'hui.
A la lecture de ces chiffres éloquents, on comprend pourquoi l'Europe est aussi impopulaire.
Selon le sondage Eurobaromètre sur l'avenir de l'Europe, effectué entre le 20 février et le 24 mars 2006 auprès de 24750 citoyens de l'UE, l'introduction de l'euro et l'adoption d'une Constitution européenne ne recueillent respectivement que 26 % et 25% d'avis favorables, ce qui est dérisoire. 3 européens sur 4 rejettent l'euro et la
Constitution européenne.
72 % des Français sondés considèrent la mondialisation comme une menace pour la situation nationale de l'emploi
Après 50 ans d'Europe, les Européens s'aperçoivent que l'Europe ne les protège pas contre les méfaits de la planétarisation de l'économie et qu'on veut leur imposer une Constitution européenne après l'euro, alors qu'ils sont massivement contre.
Cela montre bien le caractère totalitaire de la Constitution européenne et l'absence de confiance de la part des Européens dans le "machin" de Bruxelles.
La prospérité promise ? On sait désormais ce qu'il en est.
La liberté ? Contrairement, à ce que prétendent certains libertariens comme Madelin ou certains régionalistes, l'Europe de Bruxelles n'a nullement donné plus de libertés aux entrepreneurs ou aux pouvoirs locaux. Au contraire, le dirigisme eurobruxellois est encore plus pesant, plus tatillon, plus paralysant que celui des
fonctionnaires français.
La paix ? l'Europe a été le théâtre d'au moins 4 guerres depuis 1990 : guerre de Croatie, de Bosnie, de Serbie et du Kosovo. L'Europe nous a entraînés dans une guerre aux côtés des américains en Irak. Le terrorisme continue à menacer la sécurité de nos concitoyens.
III- Nos compatriotes le voient bien, mesdames et messieurs, l'Europe est faible et molle, elle est dépassée par les évènements et incapable d'assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux.
L'Union européenne a mondialisé le vieux continent sans même s'en rendre compte.
Ouverte à tous les vents des échanges de population, de marchandises et de capitaux, privées de toutes frontières politiques et commerciales, elle est devenue le champ d'expérimentation d'un espace sans frontières, livré à tous les trafics, à tous les crimes, à tous les prédateurs.
On nous présentait l'Europe comme une construction entre gens de même civilisation. Le drapeau bleu aux étoiles jaunes n'est qu'un pavillon de complaisance qui couvre une marchandise mondiale.
Permettez-moi de citer un propos de M. Philippe Bénéton, professeur à la Faculté de droit de Rennes, si révélateur des dangereuses utopies qui minent la construction européenne : « L'Europe n'est pas appelée à former une grande Nation ; elle est appelée à donner congé à la Nation. Les "valeurs" par lesquelles elle se définit doivent être le commun dénominateur de la société civile mondiale en formation, réglée par des
juges et des experts. L'humanité post-nationale est à l'horizon. Au bout du compte, l'avenir de l'Europe, ce n'est pas sa construction, c'est sa disparition".
Cette citation, un peu longue, est extrêmement importante car elle démontre qu'en voulant tuer les Nations, l'Europe se détruit elle-même et livre notre continent à la domination mondiale des puissances financières et au modèle unique américanoonusien.
L'Europe des fédéralistes est en effet nécessairement, mécaniquement, fatalement soumise.
. En matière commerciale, Bruxelles plie devant les Etats -Unis: alors même que ce pays n'hésite pas à taxer à 100% les produits des pays qui envahissent trop son marché intérieur (section Super-301 et Special 301 de la législation commerciale américaine ), l'Europe unie ouvre de plus en plus nos marchés aux multinationales de
l'agroalimentaire (Monsanto...).
. En matière culturelle, les films hollywoodiens inondent nos écrans, au mépris des quotas prévus dans les conventions passées entre Bruxelles et Washington. La domiciliation en Angleterre de société de production américaines « européanise » en effet les films d'outre-Atlantique, et leur permet d'envahir nos écrans.
. En matière internationale, une autorité mondiale sous l'égide des Etats- Unis existe déjà largement. Ainsi, durant la guerre du Golfe, en acceptant l'intervention de troupes européennes aux côtés de l'US Army, les institutions européennes se sont révélées pour ce qu'elles sont : un relais des choix militaires et diplomatiques américains.
Vous le voyez, l'unité fédérale de l'Europe ne peut se faire que sous l'égide d'une puissance extérieure, c'est-à-dire sous le contrôle des Etats Unis d'Amérique.
IV- Pour toutes les raisons que j'ai évoqué : perte de la maîtrise de notre destinée, appauvrissement économique et sociale, soumission internationale, et pour bien d'autres encore, il faut sortir du fédéralisme. D'abord et avant tout pour libérer nos compatriotes.
Quels sont les attributs d'une nation souveraine, indépendante, c'est-àdire libre ?
- Un territoire, délimité par des frontières ;
- Une armée pour défendre ces frontières ;
- Un budget national permettant les dépenses indispensables à la collectivité;
- Des lois, qui ne lui sont pas imposées de l'étranger ;
- Une justice et une police pour faire respecter ces lois et pour protéger les honnêtes
gens ;
- Un Etat assurant ses missions dites « régaliennes » (la défense, la police, la justice).
- Une monnaie nationale.
Un peuple sans souveraineté est non seulement un peuple privé de liberté, mais un peuple menacé dans son existence. Songeons aux Français qui nous ont précédés, ont souffert, se sont battus, pour nous transmettre cet héritage.
Des millions d'entre eux ont donné leurs vies - les soldats de Philippe Auguste à Bouvines, les compagnons de Jeanne d'Arc, les Gascons de Louis XIII et de Louis XIV, les soldats de l'an II, les grognards de l'Empire, les poilus de Verdun, les combattants de la France libre et de l'Armée d'Afrique, les héros de l'Algérie française - pour la Patrie éternelle.
Je ne renoncerai, nous ne renoncerons jamais à tout cela.
Une fois élu Président de la République, j'engagerai donc, avec nos partenaires européens, une négociation globale. Celle-ci devra permettre à la France de retrouver les attributs de sa liberté, mais aussi consacrer, aussi souvent que nécessaire, les coopérations étatiques ou industrielles indispensables à la préservation de nos intérêts nationaux.
La France n'aura pas à sortir de la monnaie unique. Ce n'est pas utile, car celle-ci s'effondrera d'elle-même, comme toutes les tentatives précédentes, sans d'ailleurs que nous fassions rien contre elle.
Mais pour le reste, il faut que les choses soient claires : c'est l'Europe qui empêche toute réforme en France, parce que c'est elle qui détient les manettes du pouvoir.
C'est là « le grand secret de l'élection présidentielle », pour reprendre le titre de l'article du commissaire européen chiraquien, Michel Barnier, paru en février 2002 dans Libération.
Les Français devinent que le pouvoir a quitté les palais de l'Elysée et de Matignon pour s'installer dans le quartier européen de Bruxelles.
Nous ne pouvons donc rien faire sans renégocier les dispositions des traités nous liant à Bruxelles sur des domaines absolument essentiels.
Notre pays doit retrouver tous les attributs de sa souveraineté, au travers
de :
- la maîtrise de sa fiscalité ;
-la libre disposition de son armée ;
- la maîtrise de sa politique d'immigration ;
- le contrôle de ses frontières, qui tout en permettant de commercer librement avec les autres pays, protègeront notre industrie et notre agriculture ;
- son indépendance alimentaire ;
- la primauté de son droit interne sur le droit « européen », conçu par la Commission, le Parlement européen, la Cour de justice européenne.
Je m'engage dès maintenant, solennellement, si je suis élu, à ajouter à la Constitution française un article disposant que toute modification des Traités européens fasse l'objet d'une consultation obligatoire du peuple français par la voie du referendum.
Sur l'avenir de la France en tant que Nation libre et indépendante, on ne comprendrait pas que les électeurs français ne soient pas consultés.
Pour autant, nous voulons, de toute nos forces, construire une autre Europe, celle des Nations, celle de l'association libre, celle de la coopération.
Le Vieux Continent représente incontestablement une communauté de civilisation, assise sur un génie spécifique, tout à la fois organisateur et créatif, bâtisseur et technicien.
Les valeurs communes aux différents peuples (le christianisme, l'individu, la liberté....) fondent indubitablement une même vision du monde.
Au lieu d'une Europe fédérale, il faut donc faire l'Europe de la coopération des Etats et des entreprises, les nations conservant à titre principal leur souveraineté.
Les plus belles réalisations de l'Europe proviennent d'ailleurs non de l'union bruxelloise, mais de réalisations ponctuelles, privées ou d'Etat à Etat.
La coopération doit de toute évidence s'engager et même s'amplifier dans
deux cas :
(1) Lorsque les intérêts sont évidemment communs
- Coopération industrielle : Concorde, Ariane, Airbus, Eurostar (face aux géants américains).
- Coopération policière : en matière de terrorisme, de trafic de drogue, et de trafic de matière missiles.
(2) Lorsque chaque Etat peut mieux préserver ses frontières en s'alliant avec les autres.
- Coopération diplomatique: sous la forme d'une structure diplomatique d'urgence et d'un Etat-major commun lorsque la sécurité européenne est menacée.
- Coopération environnementale : pour prévenir ou circonscrire plus efficacement les catastrophes naturelles ou
écologiques.
C'est là je crois, l'architecture globale d'une proposition équilibrée, qui peut trouver l'assentiment de nos partenaires.
Mais faute d'accord a minima ou en cas de rejet de nos propositions, nous pourrions menacer de quitter l'Union européenne, prison des peuples et mort des Nations.
Disons le tout net, il serait extrêmement difficile aux Etats restés dans l'Union européenne de prendre des sanctions contre notre pays, deuxième puissance démographique en Europe, dont le territoire, le plus vaste possède les principales voies de communication entre l'Europe du Nord et celle du Sud.
La Norvège, qui a refusé deux fois d'entrer dans l'Union européenne en 1972 et en 1995, n'en a guère souffert. Elle commerce avec le reste de l'Europe et a une des économies les plus prospères du continent. La Grande-Bretagne qui a conservé sa monnaie, ses frontières, son armée est de nouveau la quatrième puissance
économique, devant la France.
La France, elle-même, n'hésita pas, lorsque ses intérêts vitaux étaient en jeu, à s'affranchir d'un traité.
Je rappelle que le 4 avril 1949, la France signait le Pacte Atlantique et qu'en 1966, notre pays quittait l'organisation militaire intégrée de l'OTAN, à l'initiative du général De Gaulle.
Pour autant, la terre ne s'est pas arrêtée de tourner. En revanche, était confirmé une nouvelle fois le vieil adage selon lequel, en politique, là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Mesdames et messieurs, cette inflexion de notre politique européenne n'est pas du tout, vous l'avez compris, une déclaration d'hostilité aux gouvernements ou aux peuples qui participent à l'Union européenne d'aujourd'hui.
Elle sera saluée par toutes les Nations libres du monde, comme un retour à l'esprit de 1848, comme le retour aux valeurs éternelles qui ont fait la grandeur et la force de notre pays dans l'Histoire.
La France, une nouvelle fois, sera à la tête du mouvement de reconquête politique, intellectuelle et morale de l'Europe et donnera à nos voisins des raisons d'espérer et d'entreprendre, loin de l'utopie euro-fédéraliste et de ses pseudopodes socialiste et mondialiste.
C'est ce jour que nous attendons, confiant dans la lucidité et le courage du peuple français.
Je vous remercie.
Source http://www.frontnational.com le 23 juin 2006-