Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Il m'est particulièrement agréable de procéder à l'ouverture de la 16ème conférence mondiale de l'hydrogène énergie. En traitant de l'hydrogène vous allez aborder l'ensemble des points cruciaux de l'avenir énergétique de la planète : la disponibilité des ressources énergétiques et la protection de l'environnement notamment.
Le secteur de l'énergie est porteur d'innovations et de ruptures technologiques susceptibles de limiter la dépendance énergétique de nos pays et de contribuer de façon cruciale à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
Parmi ces nouvelles technologies de l'énergie, ces NTE, figurent les technologies concourant à la production d'énergie renouvelable ou à l'efficacité énergétique, les centrales nucléaires de nouvelle génération, la capture et la séquestration du CO2 et bien sûr la production de l'hydrogène et son utilisation dans des piles à combustible.
La maîtrise de ces Nouvelles Technologies de l'Energie est nécessaire pour notre avenir énergétique. Elle recèle également de formidables enjeux de compétitivité pour notre économie et pour nos entreprises. C'est ainsi que l'Agence Internationale de l'Energie estime à seize mille milliards de dollars les investissements dans le secteur de l'énergie entre 2000 et 2030 pour satisfaire la demande.
C'est en pleine conscience de ces enjeux qu'a a été élaborée et votée en 2005 la loi de programme fixant les orientations de la politique énergétique française.
I - Je rappellerai d'abord quels sont les grands axes de cette nouvelle politique énergétique et montrerai le rôle que l'hydrogène peut y jouer.
Notre politique énergétique, fondée sur la maîtrise de la demande et sur la diversification des sources d'énergie, poursuit trois grands objectifs :
- Garantir l'indépendance énergétique et la sécurité d'approvisionnement ;
- Garantir un prix compétitif de l'énergie ;
- Préserver l'environnement et renforcer la lutte contre l'effet de serre.
Nous nous sommes fixés des objectifs quantifiés pour réduire la part des énergies fossiles dans notre consommation à moins de 50%, pour stabiliser notre consommation d'énergie à l'horizon 2015 et pour diviser nos émissions de gaz à effet de serre d'un facteur 4 d'ici 2050.
Pour parvenir à tenir ces objectifs ambitieux, la recherche et le développement sur les Nouvelles Technologies de l'Energie sont clairement identifiés comme un axe important de la politique énergétique. C'est pourquoi l'Etat s'est engagé à accroître fortement l'effort de recherche globale sur ce secteur.
Cette loi demande aussi que le Gouvernement élabore tous les 5 ans une stratégie nationale de la recherche énergétique qui précise les thèmes prioritaires et organise l'articulation entre la recherche publique et privée.
Les travaux sont en cours sur ce sujet, un rapport sera adressé aux parlementaires cet automne. Un rapport sur les avancées technologiques dans le domaine des NTE, dont un volet concernera l'hydrogène et les piles à combustible, sera également élaboré chaque année pour suivre cette stratégie.
En matière d'hydrogène et de piles à combustibles, la France a engagé très tôt des actions de recherche. Depuis 1998, des projets de recherche pluridisciplinaires ont été financés par les ministères de la recherche et de l'industrie dans le cadre du réseau de recherche et d'innovation technologique sur les piles à combustible (PACo), ce qui a abouti à structurer la filière et a aussi permis aux acteurs du secteur d'élargir leur champ d'investigation à toute la filière hydrogène.
II - La poursuite des recherches sur l'hydrogène et les piles à combustible s'inscrit dans un contexte de renouvellement de la politique publique de recherche et d'innovation.
Une nouvelle organisation de la recherche s'appuyant sur l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) et sur l'Agence pour l'Innovation Industrielle (AII), a été mise en place. Les nouvelles technologies de l'énergie en constituent l'une des priorités.
L'Agence Nationale de la Recherche finance des recherches relativement amont, menées en partenariat entre l'industrie et les laboratoires, et fonctionne sous forme d'appels à projets annuels. Le programme de l'ANR sur l'hydrogène et les piles à combustible finance des projets à hauteur de 60 Meuros pour 2005 - 2006, ce qui représente plus d'un triplement du montant des aides attribuées auparavant.
L'Agence pour l'Innovation Industrielle (AII) s'inscrit dans la relance d'une politique ambitieuse de grands programmes industriels en favorisant la bonne coordination entre la recherche publique et les entreprises afin d'aider celles ci à assurer les risques importants auxquels elles doivent faire face dans le développement de produits sur des marchés nouveaux. Si aucun projet sur l'hydrogène et les piles n'a encore été financé, plusieurs dossiers de montants significatifs sont en cours d'évaluation.
Enfin, le dernier axe de cette rénovation de la politique de recherche est le développement de pôles de compétitivité implantés régionalement, associant industries et organismes de recherche et de formation, et destinés à renforcer l'attractivité du territoire national. 66 pôles ont été labellisés en 2005.
Je citerai particulièrement le pôle TENERDIS, associant la région Rhône-Alpes et les départements de la Drome, de l'Isère et de la Savoie, portant de façon générales sur les nouvelles technologies de l'énergie avec un volet conséquent sur les technologies de l'hydrogène et des piles à combustible.
L'ensemble des nouveaux outils est parfaitement complémentaire, de la recherche fondamentale à la mise sur le marché d'équipements énergétiques nouveaux.
La France dispose de nombreux atouts pour être un acteur de premier plan dans le secteur de l'hydrogène et des piles à combustible.
- un potentiel technologique complet et doté de moyens conséquents avec le CEA et CNRS dont les compétences sont reconnus à l'échelle internationale ;
- des entreprises motivées, entreprises de taille internationale (Air Liquide), PMI voire start-ups, couvrant l'ensemble des besoins en composants et auxiliaires de la pile et des réseaux d'hydrogène.
La France est fortement impliquée dans la coopération internationale, indispensable car les investissements nécessaires en recherche sont considérables, bien au delà de la capacité d'un seul pays. La France participe activement au Partenariat International sur l'économie de l'hydrogène (IPHE), aux travaux de l'Agence Internationale de l'Energie qui font référence en la matière, ainsi qu'à la démarche européenne de la plate forme technologique « hydrogène et pile ».
Pour conclure, j'aimerais attirer votre attention sur ce qui pourrait paraître une évidence. L'hydrogène n'est pas une source d'énergie qu'on trouverait à l'état naturel mais un vecteur énergétique. Il faut donc en premier lieu le produire. Actuellement près de 98 % de l'hydrogène est produit à partir de sources d'énergies fossiles, gaz ou charbon. Dans la perspective de réaliser à l'horizon 2050 une « société de l'hydrogène » dont la satisfaction des besoins énergétiques reposerait sur les qualités de ce vecteur, il faudrait multiplier au moins par 50 la production actuelle. L'hydrogène aurait un intérêt environnemental certain mais limité si aucune solution de production de masse de l'hydrogène sans émission de gaz à effet de serre n'était trouvée, quelques soient les éventuelles méthodes de réduction ou de piégeage de ces émissions.
A ce titre les perspectives ouvertes par l'utilisation de processus haute température à partir de chaleur produite par les réacteurs nucléaires de nouvelle génération ou l'énergie solaire concentrée me semble particulièrement prometteurs. C'est dans une logique de développement durable que l'hydrogène trouvera une place dans notre société. Mais il reste des barrières technologiques considérables à surmonter avant que l'hydrogène ne devienne un vecteur énergétique de premier plan.
Cette conférence est l'occasion d'un échange que j'espère fructueux entre les meilleurs experts du domaine.
Au niveau international, je suis convaincu qu'ensemble nous préparons l'industrie et l'économie des prochaines décennies du XXIème siècle pour un développement véritablement durable de l'énergie.
Je vous remercie de votre attention
Source http://www.industrie.gouv.fr, le 21 juin 2006