Texte intégral
Merci Jonas, D'abord je voudrais vous dire le bonheur que je ressens à venir ici à l'invitation de Jonas Gahr Stoere. Ce que je vais dire n'est pas un propos diplomatique : Jonas est devenu un ami. Nous nous sommes rencontrés l'année dernière à Paris et nous nous sommes rendu compte très vite que nous avons les mêmes centres d'intérêt. Je suis très heureux d'être ici à Arendal, ce magnifique endroit que je découvre avec beaucoup d'admiration. Je suis heureux de me trouver dans ce lieu de villégiature d'été de mon ami Jonas et en même temps, je suis ravi de me rendre dans un instant dans sa résidence secondaire.
Je suis encore plus heureux d'être à Arendal. On parle beaucoup d'Arendal en France depuis quelques jours parce que Thor Hushovd, qui a gagné l'étape du Tour de France, est originaire d'ici et le ministre des Affaires étrangères m'a dit qu'il allait garder le maillot jaune. Je ne sais pas s'il sera très bon là où j'habite, où tu viendras j'espère un jour, dans les Pyrénées, parce qu'il y a des cols terriblement élevés, mais j'espère pour vous qu'il pourra gagner.
Nous avons parlé de trois grands sujets.
D'abord évidemment les sujets bilatéraux et on peut dire que les relations entre la Norvège et la France sont non seulement importantes, mais également prometteuses. Ce sont des relations économiques, nous dépendons beaucoup de vous pour les hydrocarbures, mais nous sommes aussi des investisseurs chez vous.
Des échanges universitaires car ils représentent l'avenir. Il y a huit cents étudiants norvégiens en France et trois cents étudiants français en Norvège.
J'ai pu avoir les dernières nouvelles concernant l'Organisation mondiale du Commerce, grâce à Jonas qui joue un rôle très particulier dans ces discussions puisqu'il permet d'avoir une discussion toute particulière entre les Etats-Unis, les pays émergents et l'Union européenne. Et je voudrais le remercier de tous les éclairages qu'il m'a donnés à moi et à ma délégation.
Je vois aujourd'hui que les grands pays émergents comme le Brésil, avec l'Union européenne, font des efforts considérables et nous attendons maintenant que les Etats-Unis fassent un pas en avant.
Et puis nous avons abordé deux sujets particuliers, d'ailleurs c'est la proposition de Jonas, à laquelle je souscris tout à fait, l'énergie et la santé.
Sur le plan énergétique, nous sommes, nous, Français, présents - je pense à Total, à Gaz de France - mais nous aimerions aller plus loin que des accords commerciaux, en particulier dans le domaine de la recherche, sur le plan énergétique, mais aussi dans le domaine du dialogue stratégique, en particulier dans le Grand Nord.
Vous êtes évidemment d'une importance stratégique pour nous, d'abord parce que nous sommes amis, ensuite parce vous avez des ressources considérables, et que votre pays se trouve entre l'Union européenne et la Russie. Donc à la fois sur le plan géographique, sur le plan des ressources et sur le plan politique, vous jouez un rôle majeur.
Enfin, dans le domaine de la santé, il se trouve que le passé récent de Jonas et le mien font que nous avons une vision de notre mission dans nos ministères des Affaires étrangères respectifs peut-être un peu nouvelle, mais j'en suis sûr, d'avenir.
Pour dire les choses très vite et très concrètement, lorsque l'on sait qu'un Africain meurt toutes les trois secondes parce qu'il n'a pas de médicaments contre la tuberculose, le sida et le paludisme, ne croyez pas que c'est simplement une affaire humanitaire, sanitaire, éthique ou morale. Bien sûr, ce sont des problèmes de cet ordre, mais c'est avant tout un grand sujet politique. Aider ces populations en termes de santé, mais aussi en termes économiques, les considérer comme des partenaires, c'est éviter demain une des plus grandes causes d'instabilité du monde.
Certains disent même que cette grande pauvreté est la plus grande arme de destruction massive au monde parce depuis vingt ans, il y a une nouveauté : les images du monde riche, du monde occidental, de notre monde, passent en permanence dans les cerveaux des gens qui sont, eux, très pauvres et donc désespérés. Et sur tous ces sujets nous sommes heureux de voir que la Norvège et la France sont exactement sur la même longueur d'onde. C'est comme cela que le Brésil, le Chili, la Norvège et la France sont aujourd'hui les pays moteurs dans cette très grande aventure qui est cette Facilité d'Achat de Médicaments, UNITAID.
Merci. Pardon d'avoir été un peu long, mais à l'inverse de Jonas, je n'arrive pas à parler toutes les langues.
Q - Je voudrais une réponse des deux ministres, est-ce que les deux gouvernements estiment que l'action pour sauver le soldat israélien est un prétexte pour attaquer le Hamas ?
R - Je voudrais d'abord dire que nous condamnons toute prise d'otage et bien évidemment cet enlèvement du soldat israélien qui a, en plus, la double nationalité, israélienne et française. Nous pensons qu'il est très important que les deux parties et donc l'armée israélienne, et puis c'est votre question, puissent agir avec retenue et puissent surtout éviter toute action sur les civils.
Nous poursuivons notre action, bien sûr à titre national et dans le cadre européen. Nous renouvelons notre appel à la retenue, il faut éviter l'engrenage de la violence, il n'y a que le processus politique qui puisse aider. Nous appelons à la libération immédiate et sans condition du soldat enlevé.
Enfin, nous condamnons l'arrestation d'élus palestiniens qui appartiennent soit au gouvernement, soit au Parlement palestinien. Nous condamnons également tous les tirs de roquettes des Palestiniens vers Israël. Nous pensons aujourd'hui plus que jamais, que l'aide aux Palestiniens est nécessaire pour éviter de radicaliser la population.
Q - Est-ce que cela signifie que la double nationalité de ce soldat joue un rôle sur la façon dont la France entend résoudre cette situation ?
R - Bien évidemment non, ce que nous disons là, nous le disons pour toutes les prises d'otages, pour tous les enlèvements, et nous sommes en contact avec les deux parties. Evidemment, notre ambassade, nos consulats, nos services au Quai d'Orsay sont très mobilisés et nous appelons à la libération de tous les otages. Sachez que nous sommes très mobilisés et encore une fois, nous exigeons sa libération sans condition.
Q - Vous parliez d'accroître la position de la France dans le domaine de la stratégie dans le Grand Nord, qu'est-ce que vous voyez par là ?
R - Non, une des propositions de mon collègue Jonas est de mieux évoquer la stratégie de demain. Il est sûr que quand on voit le développement aujourd'hui des pays émergents - je pense au Brésil, à l'Inde quand je vois aujourd'hui les problèmes de pollution qui existent et quand je vois aujourd'hui la dépendance de l'Union européenne vis-à-vis de l'énergie, il nous paraît essentiel d'avoir une relation très étroite et une réflexion géostratégique avec nos amis norvégiens, car c'est un élément majeur pour nous. Maintenant, travaillons, mettons des experts au travail et puis, c'est à nous, politiques, de décider ensuite, mais à partir du travail des experts.
Q - Avant cet enlèvement du soldat israélien, on un vu une certaine volonté du côté palestinien de remplir les exigences de la communauté internationale, mais aujourd'hui, la situation est plus tendue que jamais. On a entendu aujourd'hui des ultimatums du côté israélien et en même temps des infrastructures politiques et physiques des Palestiniens ont été bombardées. Est-ce que vous avez l'intention de prendre des mesures pour reconstruire ces infrastructures politiques, contacter les autorités palestiniennes et renforcer ce contact ?
R - D'abord, nous faisons aujourd'hui deux constats. Le premier c'est que le Hamas n'a pas accepté les trois principes que la communauté internationale proposait : renoncement à la violence, reconnaissance des Accords d'Oslo, reconnaissance des accords passés entre l'OLP et, bien sûr, Israël et la reconnaissance d'Israël.
Deuxièmement, l'Autorité palestinienne est une grande institution, la grande avancée institutionnelle des dix dernières années dans cette région du monde. Nous devons tout faire pour souligner la légitimité de Mahmoud Abbas. Nous avons salué, comme Jonas vient de le dire, l'existence des documents communs aux deux parties palestiniennes. Il est évident que nous devons tout faire pour que la ligne modérée l'emporte plutôt que la ligne dure. Or, il ne faudrait pas que le chaos sécuritaire, humanitaire, social et économique qui a lieu dans les territoires palestiniens, aboutisse à la radicalisation de la population et donc à l'alignement sur une ligne dure. Personne n'a à y gagner, et nous pensons plus que jamais que seul le processus politique est possible.
Q - Messieurs, est-ce qu'on n'attendait pas de l'Europe qu'elle s'aligne pour parler d'une voix plus forte ?
R - Comme vous le savez, le président Chirac a, lorsque M. Abbas est venu à Paris, fait une proposition d'aide européenne et d'aide de la communauté internationale aux Palestiniens via la Banque mondiale. Ce mécanisme a été retenu, le Quartet a demandé à l'Union européenne de le mettre en place, ce qui a été fait il y a quinze jours. L'Union européenne souhaite jouer un rôle politique de plus en plus important au Proche-Orient et elle l'a fait à Rafa, sur ce point de contrôle entre le Gaza et l'Egypte et elle le fera maintenant en aidant la population palestinienne, en particulier sur le plan de la santé, en attribuant des allocations aux infirmières, aux médecins, aux personnels des laboratoires, en aidant à faire fonctionner les hôpitaux, parce qu'il n'y a rien de pire qu'au chaos sécuritaire, au chaos social et économique, vienne s'ajouter le chaos humanitaire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2006
Je suis encore plus heureux d'être à Arendal. On parle beaucoup d'Arendal en France depuis quelques jours parce que Thor Hushovd, qui a gagné l'étape du Tour de France, est originaire d'ici et le ministre des Affaires étrangères m'a dit qu'il allait garder le maillot jaune. Je ne sais pas s'il sera très bon là où j'habite, où tu viendras j'espère un jour, dans les Pyrénées, parce qu'il y a des cols terriblement élevés, mais j'espère pour vous qu'il pourra gagner.
Nous avons parlé de trois grands sujets.
D'abord évidemment les sujets bilatéraux et on peut dire que les relations entre la Norvège et la France sont non seulement importantes, mais également prometteuses. Ce sont des relations économiques, nous dépendons beaucoup de vous pour les hydrocarbures, mais nous sommes aussi des investisseurs chez vous.
Des échanges universitaires car ils représentent l'avenir. Il y a huit cents étudiants norvégiens en France et trois cents étudiants français en Norvège.
J'ai pu avoir les dernières nouvelles concernant l'Organisation mondiale du Commerce, grâce à Jonas qui joue un rôle très particulier dans ces discussions puisqu'il permet d'avoir une discussion toute particulière entre les Etats-Unis, les pays émergents et l'Union européenne. Et je voudrais le remercier de tous les éclairages qu'il m'a donnés à moi et à ma délégation.
Je vois aujourd'hui que les grands pays émergents comme le Brésil, avec l'Union européenne, font des efforts considérables et nous attendons maintenant que les Etats-Unis fassent un pas en avant.
Et puis nous avons abordé deux sujets particuliers, d'ailleurs c'est la proposition de Jonas, à laquelle je souscris tout à fait, l'énergie et la santé.
Sur le plan énergétique, nous sommes, nous, Français, présents - je pense à Total, à Gaz de France - mais nous aimerions aller plus loin que des accords commerciaux, en particulier dans le domaine de la recherche, sur le plan énergétique, mais aussi dans le domaine du dialogue stratégique, en particulier dans le Grand Nord.
Vous êtes évidemment d'une importance stratégique pour nous, d'abord parce que nous sommes amis, ensuite parce vous avez des ressources considérables, et que votre pays se trouve entre l'Union européenne et la Russie. Donc à la fois sur le plan géographique, sur le plan des ressources et sur le plan politique, vous jouez un rôle majeur.
Enfin, dans le domaine de la santé, il se trouve que le passé récent de Jonas et le mien font que nous avons une vision de notre mission dans nos ministères des Affaires étrangères respectifs peut-être un peu nouvelle, mais j'en suis sûr, d'avenir.
Pour dire les choses très vite et très concrètement, lorsque l'on sait qu'un Africain meurt toutes les trois secondes parce qu'il n'a pas de médicaments contre la tuberculose, le sida et le paludisme, ne croyez pas que c'est simplement une affaire humanitaire, sanitaire, éthique ou morale. Bien sûr, ce sont des problèmes de cet ordre, mais c'est avant tout un grand sujet politique. Aider ces populations en termes de santé, mais aussi en termes économiques, les considérer comme des partenaires, c'est éviter demain une des plus grandes causes d'instabilité du monde.
Certains disent même que cette grande pauvreté est la plus grande arme de destruction massive au monde parce depuis vingt ans, il y a une nouveauté : les images du monde riche, du monde occidental, de notre monde, passent en permanence dans les cerveaux des gens qui sont, eux, très pauvres et donc désespérés. Et sur tous ces sujets nous sommes heureux de voir que la Norvège et la France sont exactement sur la même longueur d'onde. C'est comme cela que le Brésil, le Chili, la Norvège et la France sont aujourd'hui les pays moteurs dans cette très grande aventure qui est cette Facilité d'Achat de Médicaments, UNITAID.
Merci. Pardon d'avoir été un peu long, mais à l'inverse de Jonas, je n'arrive pas à parler toutes les langues.
Q - Je voudrais une réponse des deux ministres, est-ce que les deux gouvernements estiment que l'action pour sauver le soldat israélien est un prétexte pour attaquer le Hamas ?
R - Je voudrais d'abord dire que nous condamnons toute prise d'otage et bien évidemment cet enlèvement du soldat israélien qui a, en plus, la double nationalité, israélienne et française. Nous pensons qu'il est très important que les deux parties et donc l'armée israélienne, et puis c'est votre question, puissent agir avec retenue et puissent surtout éviter toute action sur les civils.
Nous poursuivons notre action, bien sûr à titre national et dans le cadre européen. Nous renouvelons notre appel à la retenue, il faut éviter l'engrenage de la violence, il n'y a que le processus politique qui puisse aider. Nous appelons à la libération immédiate et sans condition du soldat enlevé.
Enfin, nous condamnons l'arrestation d'élus palestiniens qui appartiennent soit au gouvernement, soit au Parlement palestinien. Nous condamnons également tous les tirs de roquettes des Palestiniens vers Israël. Nous pensons aujourd'hui plus que jamais, que l'aide aux Palestiniens est nécessaire pour éviter de radicaliser la population.
Q - Est-ce que cela signifie que la double nationalité de ce soldat joue un rôle sur la façon dont la France entend résoudre cette situation ?
R - Bien évidemment non, ce que nous disons là, nous le disons pour toutes les prises d'otages, pour tous les enlèvements, et nous sommes en contact avec les deux parties. Evidemment, notre ambassade, nos consulats, nos services au Quai d'Orsay sont très mobilisés et nous appelons à la libération de tous les otages. Sachez que nous sommes très mobilisés et encore une fois, nous exigeons sa libération sans condition.
Q - Vous parliez d'accroître la position de la France dans le domaine de la stratégie dans le Grand Nord, qu'est-ce que vous voyez par là ?
R - Non, une des propositions de mon collègue Jonas est de mieux évoquer la stratégie de demain. Il est sûr que quand on voit le développement aujourd'hui des pays émergents - je pense au Brésil, à l'Inde quand je vois aujourd'hui les problèmes de pollution qui existent et quand je vois aujourd'hui la dépendance de l'Union européenne vis-à-vis de l'énergie, il nous paraît essentiel d'avoir une relation très étroite et une réflexion géostratégique avec nos amis norvégiens, car c'est un élément majeur pour nous. Maintenant, travaillons, mettons des experts au travail et puis, c'est à nous, politiques, de décider ensuite, mais à partir du travail des experts.
Q - Avant cet enlèvement du soldat israélien, on un vu une certaine volonté du côté palestinien de remplir les exigences de la communauté internationale, mais aujourd'hui, la situation est plus tendue que jamais. On a entendu aujourd'hui des ultimatums du côté israélien et en même temps des infrastructures politiques et physiques des Palestiniens ont été bombardées. Est-ce que vous avez l'intention de prendre des mesures pour reconstruire ces infrastructures politiques, contacter les autorités palestiniennes et renforcer ce contact ?
R - D'abord, nous faisons aujourd'hui deux constats. Le premier c'est que le Hamas n'a pas accepté les trois principes que la communauté internationale proposait : renoncement à la violence, reconnaissance des Accords d'Oslo, reconnaissance des accords passés entre l'OLP et, bien sûr, Israël et la reconnaissance d'Israël.
Deuxièmement, l'Autorité palestinienne est une grande institution, la grande avancée institutionnelle des dix dernières années dans cette région du monde. Nous devons tout faire pour souligner la légitimité de Mahmoud Abbas. Nous avons salué, comme Jonas vient de le dire, l'existence des documents communs aux deux parties palestiniennes. Il est évident que nous devons tout faire pour que la ligne modérée l'emporte plutôt que la ligne dure. Or, il ne faudrait pas que le chaos sécuritaire, humanitaire, social et économique qui a lieu dans les territoires palestiniens, aboutisse à la radicalisation de la population et donc à l'alignement sur une ligne dure. Personne n'a à y gagner, et nous pensons plus que jamais que seul le processus politique est possible.
Q - Messieurs, est-ce qu'on n'attendait pas de l'Europe qu'elle s'aligne pour parler d'une voix plus forte ?
R - Comme vous le savez, le président Chirac a, lorsque M. Abbas est venu à Paris, fait une proposition d'aide européenne et d'aide de la communauté internationale aux Palestiniens via la Banque mondiale. Ce mécanisme a été retenu, le Quartet a demandé à l'Union européenne de le mettre en place, ce qui a été fait il y a quinze jours. L'Union européenne souhaite jouer un rôle politique de plus en plus important au Proche-Orient et elle l'a fait à Rafa, sur ce point de contrôle entre le Gaza et l'Egypte et elle le fera maintenant en aidant la population palestinienne, en particulier sur le plan de la santé, en attribuant des allocations aux infirmières, aux médecins, aux personnels des laboratoires, en aidant à faire fonctionner les hôpitaux, parce qu'il n'y a rien de pire qu'au chaos sécuritaire, au chaos social et économique, vienne s'ajouter le chaos humanitaire.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 juillet 2006