Déclaration de Mme Laurence Parisot, présidente du Medef, sur les échanges commerciaux entre la France et le Portugal et la construction européenne, Paris le 12 juin 2006.

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Circonstance : Forum des entrepreneurs portugais et luso descendants à Paris le 12 juin 2006

Texte intégral

M. le Premier ministre,
Mrs les ministres,
Mrs les ambassadeurs,
Mmes et Mrs, mes collègues et amis chefs d'entreprise,
Je trouve que cette journée est formidable, au moins pour trois belles et bonnes raisons :
- la première, c'est que le Portugal a gagné hier soir à Cologne son premier match de la coupe du monde. Bravo. Mais je mesure aussi ce que, pour la communauté portugaise, cette rencontre face à l'Angola devait représenter d'émotion et d'intensité ;
- la deuxième raison, c'est que l'un des tous premiers mots que j'ai prononcé le jour de mon élection à la tête du MEDEF, il y a bientôt un an, est le mot « Lisbonne ». Même si c'est difficile, même si la communication n'a pas toujours été bonne, même si nous avons du retard, nous savons que notre chance, de créer des emplois, de développer nos entreprises et de produire sur le territoire européen, c'est la stratégie définie, il y a 6 ans, à Lisbonne par les chefs d'état et de gouvernement européens. Nous savons l'objectif, nous connaissons les voies à suivre pour être plus compétitif : l'innovation, l'éducation, la formation, l'économie de la connaissance. J'ai tenu à placer mon action au service des entreprises de France sous la bannière de cette stratégie de Lisbonne ;
- enfin et c'est sans doute ce qui me touche le plus, j'éprouve et je retrouve en vous rencontrant aujourd'hui, un élan, une dynamique, un esprit, qui est celui des entrepreneurs. Le thème de l'Assemblée Générale de notre mouvement, cette année, s'intitulait « l'entreprise, c'est la vie ». C'est le message essentiel que votre présence ici à tous nous apporte. Votre participation exceptionnelle, M. le Premier ministre, confirme que les plus hauts responsables politiques ont la capacité et la volonté d'écouter leurs entreprises, petites ou grandes. Dialogue, compréhension, respect de l'autre, je ne sais pas si cela s'appelle le modèle portugais mais c'est ainsi que nous aussi concevons nos relations entre les dirigeants politiques et les hommes et femme d'entreprise.
Cette journée est donc placée sous le signe de la dynamique et de l'énergie. Cette dynamique, elle s'exprime dans la qualité de la relation franco-portugaise. Et je veux, au nom de tous, remercier très chaleureusement le Premier ministre, M. José Socrates (prononcer SOKRATCHE, surtout pas à la grecque) pour son engagement personnel et sa disponibilité pour notre rencontre d'aujourd'hui. Je veux adresser mes remerciements au ministre de l'Economie et de l'Innovation, M. Manuel Pinho (prononcer PINIO). Je tiens à dire aussi ma reconnaissance à :
- à M. Pierre Simon, président de la CCIP et président d'Eurochambres, pour sa présence ;
- à M. Luc Rousseau, le directeur général des entreprises du ministère de l'Economie et des Finances ;
- à tous les intervenants de haut niveau qui ont permis la qualité des discussions de cet après midi ;
- et enfin à nos deux Ambassadeurs Monsieur Monteiro et Monsieur Pautrat qui nous ont toujours appuyé pour la réussite de cette journée.
Le MEDEF et MEDEF International se félicitent de pouvoir réunir aujourd'hui, en coopération avec l'Ambassade du Portugal, autant d'entreprises dont les dirigeants sont luso-descendants c'est-à-dire, français mais d'origine portugaise, souvent encore bilingues, ainsi que les entreprises françaises qui ont un courant d'affaires ou souhaitent investir et échanger avec ce pays d'Europe.
Mon souhait est d'encourager ce type d'échanges « multiculturels ». Le MEDEF est la maison de tous les entrepreneurs, dirigeants de PME comme de grands groupes. Nous rassemblons avant tout de façon volontaire toutes les énergies qui souhaitent faire de l'entreprise le fer de lance de l'économie française mais aussi européenne. Notre rôle est également d'encourager les autorités publiques à créer un cadre dynamique pour que ces entreprises puissent se développer dans de bonnes conditions.
Ce dynamisme se traduit dans la bonne santé de nos échanges. La France est devenue l'année dernière le second marché du Portugal, en termes d'exportation, désormais loin devant l'Allemagne. Et la France demeure le quatrième investisseur au Portugal. Après quelques années atones, nos relations connaissent à nouveau un dynamisme que cet évènement ne pourra qu'encourager.
Cette dynamique, elle passe bien entendu par l'Europe.
Je suis frappée par le décalage qui existe entre l'Europe institutionnelle, en panne et l'Europe des entreprises et des territoires, toujours en mouvement.
Nous entrepreneurs n'attendons pas les décisions venues d'en haut, de Bruxelles, de Paris ou de Francfort, pour travailler plus et mieux ensemble. Pour partager nos expériences et nos objectifs comme nous le faisons aujourd'hui. Jacques Delors disait que les « entrepreneurs avaient une Europe d'avance ». Vous le démontrez aujourd'hui, vous êtes vous les franco-français et les franco-portugais des entrepreneurs européens. Notre patriotisme à nous, chef d'entreprises, est d'abord européen.
Je veux m'adresser à vous monsieur le Premier ministre, pour vous dire de façon solennelle que nous avons besoin de vous.
Dans un an, le 1er juillet 2008, vous aurez, monsieur le Premier ministre, l'honneur de présider l'Union européenne. Ce sera un moment décisif pour notre Europe et une responsabilité historique pour notre pays. Après les élections dans beaucoup de grands pays, les cartes politiques seront redistribuées. C'est à vous, Portugal, qu'il appartiendra de relancer le projet européen. Je suis convaincue que la présidence portugaise constitue une chance pour l'Europe. Pas seulement au nom des liens d'amitié et de confiance qui nous unissent, mais parce que je sais que vous avez osé et vous osez conduire, dans votre pays, des réformes nécessaires et difficiles ; parce que ce qu'on appelle « les présidences des petits pays » ont une capacité supérieure pour mettre les partenaires autour de la table, proposer, avancer. Vous incarnez à la fois un « vieux pays » de la « vieille Europe », mais vous appartenez à un peuple tourné vers l'extérieur, par goût, par culture et par nécessité.
Je sais que vous préparez déjà activement ce rendez-vous du Portugal avec les Européens. Soyez assuré, monsieur le Premier ministre, que les entreprises de France, engagées dans l'Europe, appuieront vos initiatives pour le succès de tous.
Au coeur du projet des entreprises, au centre du projet européen construit autour de l'agenda de Lisbonne, il y a une dynamique vitale, et vous en avez fait le point central de cette rencontre, c'est l'innovation. Je suis comme chacun d'entre vous époustouflée par la façon dont l'exigence d'innovation est devenue universelle. Elle touche tous les secteurs d'activité, la technologie des start-up mais aussi les industries, même les plus traditionnelles, les services, le commerce. Elle s'appuie sur un modèle de performance et d'excellence qui se diffuse à une vitesse prodigieuse. Songez qu'en dix ans la moitié de l'humanité est aujourd'hui équipée d'un téléphone portable.
Dans la course à l'innovation, tous les acteurs ne sont pas égaux. Pourtant le gisement et le potentiel d'innovation se trouvent ici dans les petites et moyennes entreprises. Pour que ces talents et ces opportunités s'expriment, il est nécessaire de faciliter leur accès aux marchés, mais aussi aux financements et aux compétences.
Sur l'accès aux marchés des PME, je plaide pour un Small Business Act européen, je sais que tous les Etats européens ne partagent pas ce point de vue.
Sur l'accès aux financement, je veux insister devant vous, M. le Premier ministre, vous qui serez bientôt le président du Conseil européen, sur la nécessité de concentrer les dépenses du budget et des programmes européens sur les dépenses Lisbonne : innovation, formation, au profit des petites et moyennes entreprises.
Enfin, et c'est le sens de cette journée, la mise en place des réseaux de compétence passe par les pôles de compétitivité bien sur mais aussi par des partages entre PME et par des rapprochements d'entreprises de haute performance.
Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres et ambassadeurs, j'ai dit en commençant que cette journée était formidable parce que c'est aussi un anniversaire : il y a vingt et un an, le 12 juin 1985 était signé le Traité d'adhésion du Portugal, à la CEE. J'aimerai et j'espère que nous pourrons célébrer ensemble, entrepreneurs français et portugais, d'autres 12 juin, comme celui-ci.Source http://www.medef.fr, le 26 juin 2006