Texte intégral
Que vous inspirent les menaces d'Armata Corsa et le rebondissement dans l'affaire Colonna ?
Je ne sais pas s'il faut prendre au sérieux les menaces d'Armata Corsa car je ne sais pas trop qui est derrière tout ça... De toute façon, ceux qui ont l'intention de faire des attentats ne les annoncent pas deux mois à l'avance.
C'est du bluff ?
Je ne dis pas cela mais je pense qu'une partie de bras de fer est engagée entre le gouvernement et un certain nombre de mouvements nationalistes. Si le gouvernement s'est figuré qu'en engageant des pourparlers avec les "repentants" des mouvements nationalistes officiels il obtiendrait du même coup une cessation des attentats, il s'est mis le doigt dans l'il.
Le gouvernement a fait une erreur en discutant avec les "repentants" ?
Je ne crois pas du tout ni aux "repentants" ni aux repentis. Jospin s'est engagé - ou plutôt "on" l'a engagé - dans une voie sans savoir très bien où il allait arriver. En réalité, il a abdiqué devant les revendications permanentes des nationalistes. D'ailleurs, lorsqu'on parle du "plan Jospin", il vaudrait mieux dire tout simplement le "plan des nationalistes". Ils réclamaient depuis de nombreuses années la suppression des deux départements au profit d'une seule assemblée: ça leur est accordé. Ils demandaient une assemblée unique élue à la proportionnelle: c'est décidé. Ils demandaient l'enseignement obligatoire du corse: c'est prévu. Ils demandaient l'adaptation des lois et un pouvoir législatif, ce qui est absolument aberrant: c'est également décidé. Ce plan est une abdication pure et simple.
Que doit maintenant faire Lionel Jospin ?
On ne pas prétendre régler le problème corse sans les Corses. La sagesse eût été d'abord pour le premier ministre de venir devant le Parlement avec des propositions et d'obtenir un vote du Parlement. Deuxièmement, l'Assemblée de Corse n'a que des responsabilités territoriales, aucune responsabilité politique, et n'a pas reçu de mandat pour négocier. Il convenait à tout le moins de la dissoudre.
Le débat parlementaire sur la Corse est programmé pour le printemps: êtes-vous prêt à lancer une grande initiative à cette occasion ?
Ma démarche est simple: la question posée aujourd'hui n'est pas celle de la Corse, mais celle d'un pays dont les structures sont trop pesantes et dont les centres de décision sont trop éloignés des citoyens. C'est donc d'une réforme générale que la France a besoin, réforme qui pourrait parfaitement s'adapter à la Corse. Que l'on aille aussi loin que possible dans la voie des délégations de compétence, de la décentralisation, de la déconcentration...: le pays doit être organisé différemment. Mais choisir la Corse comme lieu d'expérimentation me paraît la dernière des bêtises...
Une initiative commune avec Jean-Pierre Chevènement vous paraît-elle possible?
Pourquoi pas? Cela fait partie des sujets sur lesquels il peut parfaitement y avoir une communauté de vues. Il y a ceux qui considèrent que la république n'est pas un régime dépassé et ceux qui pensent, au contraire, qu'avec l'Europe tout cela ne veut plus rien dire et qu'il faut se débarrasser de la tutelle de l'Etat. Le vrai choix n'est pas entre les démocrates et ceux qui seraient sclérosés ou rétrogrades. Il est entre les républicains et les autres.
Pensez-vous que le projet corse va passer la rampe au Conseil constitutionnel ?
Je ne le crois pas. Mais, auparavant, le président de la République devrait sortir de son rôle d'observateur, de commentateur, et nous dire ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, compte tenu de son rôle de défenseur de l'unité nationale. Il nous a expliqué jusqu'ici qu'il attendait le projet de loi. Eh bien, le projet de loi va venir. Il faudra alors qu'il se détermine.
(Source http://www.rpfie.org, le 23 février 2001).
Je ne sais pas s'il faut prendre au sérieux les menaces d'Armata Corsa car je ne sais pas trop qui est derrière tout ça... De toute façon, ceux qui ont l'intention de faire des attentats ne les annoncent pas deux mois à l'avance.
C'est du bluff ?
Je ne dis pas cela mais je pense qu'une partie de bras de fer est engagée entre le gouvernement et un certain nombre de mouvements nationalistes. Si le gouvernement s'est figuré qu'en engageant des pourparlers avec les "repentants" des mouvements nationalistes officiels il obtiendrait du même coup une cessation des attentats, il s'est mis le doigt dans l'il.
Le gouvernement a fait une erreur en discutant avec les "repentants" ?
Je ne crois pas du tout ni aux "repentants" ni aux repentis. Jospin s'est engagé - ou plutôt "on" l'a engagé - dans une voie sans savoir très bien où il allait arriver. En réalité, il a abdiqué devant les revendications permanentes des nationalistes. D'ailleurs, lorsqu'on parle du "plan Jospin", il vaudrait mieux dire tout simplement le "plan des nationalistes". Ils réclamaient depuis de nombreuses années la suppression des deux départements au profit d'une seule assemblée: ça leur est accordé. Ils demandaient une assemblée unique élue à la proportionnelle: c'est décidé. Ils demandaient l'enseignement obligatoire du corse: c'est prévu. Ils demandaient l'adaptation des lois et un pouvoir législatif, ce qui est absolument aberrant: c'est également décidé. Ce plan est une abdication pure et simple.
Que doit maintenant faire Lionel Jospin ?
On ne pas prétendre régler le problème corse sans les Corses. La sagesse eût été d'abord pour le premier ministre de venir devant le Parlement avec des propositions et d'obtenir un vote du Parlement. Deuxièmement, l'Assemblée de Corse n'a que des responsabilités territoriales, aucune responsabilité politique, et n'a pas reçu de mandat pour négocier. Il convenait à tout le moins de la dissoudre.
Le débat parlementaire sur la Corse est programmé pour le printemps: êtes-vous prêt à lancer une grande initiative à cette occasion ?
Ma démarche est simple: la question posée aujourd'hui n'est pas celle de la Corse, mais celle d'un pays dont les structures sont trop pesantes et dont les centres de décision sont trop éloignés des citoyens. C'est donc d'une réforme générale que la France a besoin, réforme qui pourrait parfaitement s'adapter à la Corse. Que l'on aille aussi loin que possible dans la voie des délégations de compétence, de la décentralisation, de la déconcentration...: le pays doit être organisé différemment. Mais choisir la Corse comme lieu d'expérimentation me paraît la dernière des bêtises...
Une initiative commune avec Jean-Pierre Chevènement vous paraît-elle possible?
Pourquoi pas? Cela fait partie des sujets sur lesquels il peut parfaitement y avoir une communauté de vues. Il y a ceux qui considèrent que la république n'est pas un régime dépassé et ceux qui pensent, au contraire, qu'avec l'Europe tout cela ne veut plus rien dire et qu'il faut se débarrasser de la tutelle de l'Etat. Le vrai choix n'est pas entre les démocrates et ceux qui seraient sclérosés ou rétrogrades. Il est entre les républicains et les autres.
Pensez-vous que le projet corse va passer la rampe au Conseil constitutionnel ?
Je ne le crois pas. Mais, auparavant, le président de la République devrait sortir de son rôle d'observateur, de commentateur, et nous dire ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas, compte tenu de son rôle de défenseur de l'unité nationale. Il nous a expliqué jusqu'ici qu'il attendait le projet de loi. Eh bien, le projet de loi va venir. Il faudra alors qu'il se détermine.
(Source http://www.rpfie.org, le 23 février 2001).