Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec Europe 1 sur le conflit entre le Liban et Israël et son règlement, à Nicosie le 21 juillet 2006.

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Circonstance : Déplacement à Chypre, les 21 et 22 juillet 2006

Média : Europe 1

Texte intégral

Q - Madame la Ministre, n'est-il désormais pas prioritaire d'imposer une solution politique à la crise ?
R - Au-delà, en effet, des opérations pour rapatrier les Français qui souhaiteraient quitter le Liban ou pour faire parvenir une aide humanitaire aux populations du Liban - qui maintenant en ont cruellement besoin- au-delà de ces premières urgences, il est maintenant prioritaire de travailler à une solution politique. Pourquoi ? Parce qu'il y a, on le voit bien, une situation qui s'aggrave, et un engrenage qui est en marche qui risque de broyer toute la région en menaçant sa stabilité. Il faut l'enrayer avant qu'il ne soit trop tard. Seule une solution politique, vous le savez bien, peut mettre un terme à la situation actuelle et régler un problème qui est d'abord et avant tout de nature politique. Nous souhaitons donc qu'on y travaille sans délai dans le cadre des Nations unies. Dans les contacts entre partenaires, nous avons d'ailleurs déjà fourni des propositions pour que les hostilités cessent immédiatement et que l'on recherche le plus rapidement possible les conditions d'une solution durable.

Q - Selon vous, cela sera effectif dans les heures qui viennent ?
R - Dans les heures, certainement pas. Dans les jours, nous le verrons mieux peut-être la semaine prochaine. Mais il est certain que nous considérons qu'une présence internationale robuste, armée, avec des moyens de coercition, serait sans doute de nature à contribuer à cette solution politique qu'il faut maintenant rechercher. Pourquoi ? Parce qu'en étant au Liban Sud, si le Conseil de sécurité en décidait la création bien sûr, en se substituant à la FINUL et en faisant respecter les modalités d'un accord qui aurait été conclu, cette force pourrait assez vite éviter un engrenage et une confrontation plus directe. La France l'a proposé il y a maintenant presqu'une semaine. C'est une idée qui est reprise d'ailleurs par le Secrétaire général des Nations unies, et pour laquelle il va falloir convaincre ceux de nos partenaires qui ne sont pas encore convaincus. Vous en connaissez quelques-uns. Nous nous employons à travailler et à les convaincre.

Q - La création de la force de sécurité peut-elle être décidée dans un cadre européen ?
R - C'est au Conseil de sécurité d'en décider. Ne nous trompons pas de cadre. L'Union européenne a sa contribution : elle a son représentant, qui est actif. Elle est mobilisée, elle fait des propositions. Mais le cadre de décision pour une force, ça ne peut être que le cadre des Nations unies. C'est la raison pour laquelle, au début de la semaine, nous avons déjà fourni un document de proposition à nos partenaires du Conseil de Sécurité. Et puis que hier, jeudi, une première séance de consultations importantes et portant sur le fond a permis de poser un certain nombre de paramètres de la discussion. Les propositions du Secrétaire général, M. Kofi Annan, sont très précises et très claires. Et elles vont vraiment dans le sens de nos préoccupations. Il faut maintenant avancer en se disant que chaque jour qui passe est un jour de perdu. Il faut aller vite.

Q - Comment se répartissent les rôles entre les différents ministres du gouvernement ?
R - Chacun d'entre nous a son rôle. Moi je suis ici en visite officielle à Chypre dans le cadre de notre coopération européenne et de nos relations bilatérales, qui sont d'ailleurs très bonnes. Mais aussi pour remercier les autorités chypriotes de toute l'aide qu'elles nous apportent. Vous savez, il y a eu, en très peu de temps, la nécessité de mettre sur pied un dispositif de transfert et de rapatriement vers Paris de nos compatriotes et puis vers d'autres pays de beaucoup de ressortissants européens. Cela fonctionne remarquablement. On a trouvé ici beaucoup de coopération, le meilleur accueil et une grande écoute quand il fallait régler tel ou tel problème. C'est une charge aussi pour Chypre que d'être exposé à cette situation. Je voulais donc à la fois remercier les personnels français qui sont là, et puis remercier les autorités chypriotes très officiellement, au nom de la France, de toute l'aide qu'elles nous apportent déjà, et que, sans doute, elles seront amenée à nous apporter dans le futur. Philippe Douste-Blazy, pour sa part, a une mission diplomatique pour prendre les contacts nécessaires avec tous les pays de la région. C'est une mission qu'il a engagée aujourd'hui et qui se poursuivra plusieurs jours pour que nous puissions travailler, en parallèle aux discussions de New York, à un consensus international sur une solution politique. Et puis enfin, Mme Alliot-Marie sera à Chypre dimanche. Elle est actuellement dans la région avec, à la fois, ce rôle d'influence diplomatique et ses capacités et talents propres dans le domaine militaire. Elle viendra d'ailleurs saluer les éléments français qui sont présents ici à Chypre.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006