Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, sur les relations franco-chypriotes, le rapatriement des ressortissants français du Liban et sur le règlement du conflit israèlo-libanais, à Nicosie le 21 juillet 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Déplacement à Chypre les 21 et 22 juillet-inauguration des nouveaux locaux de l'Ambassade de France, à Nicosie le 21 juillet 2006

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,

Je veux tout d'abord remercier le ministre des Affaires étrangères, mon collègue et ami, Georges Lillikas, de m'avoir invitée à Chypre de longue date, pour une visite qui témoigne de la qualité de nos relations mais qui est aussi une visite qui se trouve avoir lieu dans le contexte de la grave crise que connaissent le Liban et le Proche-Orient, et qui prend ainsi une signification particulière.
Je suis très heureuse, et je vous le dis tout particulièrement, Monsieur l'Ambassadeur ainsi qu'aux personnes qui travaillent avec vous, de pouvoir inaugurer aujourd'hui, officiellement, les nouveaux locaux de l'ambassade de France. Je vois que ces locaux sont situés au coeur de la ville, tout près du ministère des Affaires étrangères, à quelques pas de la présidence de la République. Les choses ont donc été bien faites !
Je voulais aussi vous dire que j'ai pu constater le travail admirable effectué avec un grand dévouement par notre ambassadeur et tout le personnel de l'ambassade, avec l'aide d'ailleurs de renforts qui sont venus de Paris et ceci au service de nos compatriotes de retour du Liban mais aussi d'autres Européens ou d'autres ressortissants étrangers. Je veux vraiment vous remercier très vivement, vous qui êtes directement concernés. Je tiens aussi à rendre un hommage particulier à nos militaires présents sur place. Ils apportent, nous le savons, une contribution cruciale au bon déroulement des opérations. Une grande partie d'entre eux se trouve retenue par la réunion interservices qui se poursuit à côté, mais vous leur transmettrez, Monsieur l'Ambassadeur, l'hommage que je leur adresse. Parce que je suis venue officiellement apporter aux uns et aux autres le témoignage de la reconnaissance de notre pays. Je sais que la situation est difficile.
Je sais que vous ne mesurez ni votre temps, ni votre énergie, ni votre engagement. Je sais aussi que les jours passant, la fatigue peut se faire sentir et la situation devenir plus difficile. Mais vous avez réussi à mettre sur pied, très rapidement, et même en un temps record - nous avons été les premiers à agir et à être efficaces - un dispositif particulièrement performant qui a d'ores et déjà permis à plusieurs milliers de nos compatriotes de quitter le Liban. Je dis plusieurs milliers, parce que deux bateaux sont partis ce soir et nous sommes donc au-delà de 3.000 personnes qui ont pu, comme elles le souhaitaient, quitter le pays et repartir ensuite.
Je vous remercie non seulement en mon nom propre, au nom du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, qui sera parmi vous dans quelques jours, dimanche, mais je le fais aussi et surtout au nom du président de la République et au nom du Premier ministre, qui m'ont demandé de vous transmettre, très officiellement, ce message de reconnaissance.
Je veux aussi dire à nos compatriotes que nous sommes très attentifs à la façon d'améliorer encore les choses, qu'il s'agisse de l'acheminement de l'aide ou des opérations de rapatriement. Pour le moment, tout se déroule de façon remarquable de notre point de vue. Mais il y a toujours des choses à améliorer, nous le savons bien, et certains de nos compatriotes ont pu ressentir et nous exprimer tel ou tel désagrément, d'autant plus vivement que la fatigue mais aussi la tension est pour eux réelle. Ce matin, j'ai vu dès mon arrivée les personnels civils participant à cette organisation à l'aéroport de Larnaka ainsi que les militaires faisant partie de notre dispositif. Et je serai demain matin au port pour accueillir les Français qui arriveront de Beyrouth et qui seront ensuite acheminés vers l'aéroport pour repartir vers Paris en avion, aussitôt que possible.
Et puis, enfin, je remercie les autorités chypriotes, au nom des autorités françaises, de leur aide et de leur action. Je l'ai déjà fait directement, Monsieur le Ministre, mais je veux le refaire dans ce cadre. L'appui que Chypre nous a apporté a été, en tous points, remarquable et apprécié, croyez-le bien. Je veux parler de la mise à disposition d'infrastructures et de moyens en tous genres, au port, à l'aéroport, et également à la base de Paphos. D'une façon générale, l'accueil et la solidarité qui ont été les vôtres ont été, pour nous, tout à fait précieux. Cela nous a permis d'être efficaces. C'est aussi un témoignage de la solidarité entre Européens, de la bonne coopération que nous devons avoir au sein de l'Union européenne. Et je crois même que c'est un bon exemple d'une Europe concrète, celle que nous voulons construire tous ensemble au service de nos concitoyens.
Je voudrais aussi vous dire quelques mots de la situation dans la région. Des mots qu'il faudrait adapter de jour en jour, ou presque d'heure en heure maintenant, mais vous les dire d'une façon qui me semble adaptée à cette fin d'après-midi, aujourd'hui vendredi.
La situation que connaît la région est évidemment celle d'une crise grave, qui suscite la préoccupation de l'ensemble de la communauté internationale. Au-delà de l'aide apportée à nos ressortissants qui veulent partir du Liban et de l'aide humanitaire qu'il est désormais indispensable d'apporter aux habitants de ce pays - avec notamment la création de corridors humanitaires pour lesquels et il faut maintenant des décisions politiques et pas seulement des orientations - au-delà de la première urgence, donc, qui était celle-ci, nous devons nous atteler résolument à l'élaboration d'un règlement politique. Parce que seul un règlement politique peut être de nature à éviter un engrenage qui risque de créer le chaos dans toute la région. Cette région attend la paix depuis si longtemps et elle n'avait pas besoin de ces difficultés supplémentaires.
Nous l'avons dit par diverses voix, en différents endroits et depuis plusieurs jours : chacun doit bien mesurer ses responsabilités. Ce message s'adresse à chacune des parties, mais aussi bien au-delà, à toutes celles et tous ceux qui ont de l'influence sur elles.
La France souhaite que les hostilités cessent immédiatement et que la communauté internationale débatte sans délai d'une trêve humanitaire et d'un cessez-le-feu durable. Depuis plusieurs jours, la France a déjà fourni des éléments de réflexion à ses partenaires du Conseil de sécurité. Elle les appelle maintenant à agir. Hier, au Conseil de sécurité, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a proposé un plan de règlement qui rejoint nos préoccupations. Il est essentiel de faire en sorte que soient accomplis les gestes nécessaires au retour à la paix, c'est-à-dire la libération des soldats israéliens qui sont retenus prisonniers, l'arrêt du lancement de roquettes sur Israël et avec des garanties, et l'arrêt des bombardements qui font, jour après jour, les uns et les autres de très nombreuses victimes de part et d'autre de la frontière. Il est, de plus, indispensable, s'agissant du Liban, que soit appliquée réellement et pleinement la résolution 1559, afin que le gouvernement libanais puisse exercer son autorité sur l'ensemble du territoire. Et, s'agissant de la Palestine, il est indispensable que le dialogue reprenne avec le Président de l'autorité palestinienne, afin qu'une perspective de paix puisse se redessiner.
La violence ne peut que nourrir la violence. La France, vous le savez, ne ménagera aucun effort pour convaincre ses partenaires aux Nations unies et dans la région et elle s'y emploie. Il est urgent de stopper l'escalade avant qu'il ne soit trop tard.
Voilà en quelques mots ce que je voulais vous dire, en vous remerciant de la coopération de tous les instants qui est la vôtre, en particulier dans cette circonstance particulière et bien difficile que nous connaissons. Je compte sur la solidarité entre Européens, puisque nous avons en commun de partager des valeurs mais aussi notre destin. Je voulais vous remercier à nouveau et saluer à la fois notre Ambassadeur, ses équipes, et les autorités chypriotes qui nous accueillent.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006