Texte intégral
Q - Vous êtes arrivée hier à Chypre, qu'avez-vous vu depuis votre arrivée, comment cela se passe-t-il pour l'évacuation des Français du Liban ?
R - Dès mon arrivée, j'ai rencontré à l'aéroport les équipes civiles et militaires qui aident les Français et les autres ressortissants étrangers à partir. Ce matin, à bord du Iera Petra et du Sirocco, le bâtiment de la Marine nationale, j'ai passé un long moment avec les Français en provenance de Beyrouth. J'ai pu ainsi me rendre compte de la façon dont fonctionne toute la chaîne qui les aide depuis le départ du Liban, par le biais de l'ambassade de France jusqu'à leur départ en avion pour Paris. Je ferai d'ailleurs ce trajet avec eux dans l'avion qui partira tout à l'heure.
Je trouve que les choses se passent très bien. Nous avons réussi à faire monter le dispositif en puissance au fur et à mesure des jours. Nous avons donc dû démarrer très vite mais, ensuite, il a fallu rôder un certain nombre de procédures, c'est-à-dire alléger, par exemple, les formalités administratives, augmenter nos capacités et puis, nous avons pris des habitudes de travail tous ensemble. J'ai vu donc, ce matin, que cela fonctionnait bien. Ma première impression hier était positive, celle d'aujourd'hui confirme cette première impression. J'ai surtout vu des passagers qui étaient souvent fatigués mais souriants et aussi détendus que l'on peut l'être dans ces circonstances tout à fait difficiles. Ils prennent leur mal en patience car ils savent que nous allons nous occuper d'eux jusqu'au bout, jusqu'à leur arrivée à Paris.
Q - Vous avez vu également M. Lillikas, le ministre des Affaires étrangères chypriote. De quoi avez-vous parlé ?
R - D'abord, je l'ai remercié officiellement, au nom de la France pour l'aide que nous donne Chypre et sans laquelle nous ne pourrions pas réussir ces opérations. Nous avons ensuite parlé des questions européennes puisque ma visite était, au départ, bilatérale. Nos relations sont excellentes et nous voulons les développer notamment dans le domaine économique. Je connais bien Georges Lillikas avec qui nous nous concertons souvent. Nous nous sommes d'ailleurs vus il y a quelques jours à Bruxelles. Nous avons également parlé d'un certain nombre de questions internationales, la question du Liban et du Proche-Orient, bien sûr, qui nous préoccupe de la même façon et pour laquelle nous voulons trouver une solution rapidement. L'engrenage de la violence ne donnera rien de bon. Il faut en convaincre chacune des parties. Il faut, dans la région, et avec nos partenaires du Conseil de sécurité, avancer et trouver une solution politique car la violence ne mènera à rien de part et d'autre. Il faut le répéter.
Q - Il reste combien de Français actuellement au Liban ?
R - Il reste, sans doute, une quinzaine de milliers de Français. Tous ne souhaitent pas partir. Nous savons que nous serons amenés à ajuster notre dispositif au fil des jours, en fonction des demandes et des moyens dont nous disposons. Jusqu'ici, nous avons pu traiter les choses dans le bon ordre. Parfois, avec un petit peu d'attente mais les choses se passent vraiment très bien.
Q - Juste une dernière question, à la fin du rapatriement des Français du Liban, il va y avoir l'envoi d'aide humanitaire avec un couloir humanitaire. Comment cela va-t-il s'organiser ? Quel rôle la France va-t-elle jouer ?
R - D'abord, je suis très heureuse que nous ayons déjà réussi à faire parvenir de l'aide humanitaire au Liban, qui est déjà arrivée à Beyrouth. Nous avons fait partir deux avions de Paris : lorsqu'ils arrivent à Larnaca, nous mettons le fret humanitaire dans des bateaux - le ferry nous a été utile et il le sera aujourd'hui - et, à l'arrivée, nous le remettons au CICR. Cela fonctionne déjà mais il faut bien sûr augmenter l'aide qui est donnée par la France et par toute la communauté internationale. Celle-ci doit réaliser que c'est une nécessité urgente. Nous avons donc pensé qu'il faut pour cela trouver des accords pour établir des corridors humanitaires, aussi bien à l'intérieur du Liban pour faire parvenir l'aide humanitaire à la population qui en a besoin, qu'à l'extérieur du pays pour permettre l'acheminement de biens et de personnes. Nous ne souhaitons pas que le Liban, en plus de toutes ces difficultés, se trouve face à une crise humanitaire. Il faut donc agir très vite.
Q - Avez-vous des assurances des Israéliens en ce qui concerne la sécurité ?
R - Nous avons de bonnes conversations avec eux et j'observe avec satisfaction que les premières réponses israéliennes ont été positives. Il faut maintenant passer aux actes. Des décisions concrètes doivent être prises pour que les corridors humanitaires existent réellement pour nous permettre de faire passer de l'aide avec tous les contrôles qu'il faudra opérer et ce, sans malentendus ni de problèmes. L'aide doit arriver à destination très vite.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006