Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec TF1 le 23 juillet 2006 à Jérusalem, sur la recherche d'une sortie de crise au conflit entre le Liban et Israël et les conditions politiques d'un cessez-le-feu.

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Circonstance : Voyage de Philippe Douste-Blazy en Israël le 23 juillet 2006 : entretien avec la ministre israélienne des affaires étrangères sur le conflit israélo-libanais le 23 à Jérusalem

Média : Site web TF1 - Le Monde - TF1

Texte intégral

Q - Vous avez rencontré tout à l'heure la ministre israélienne des Affaires étrangères. Que lui avez-vous dit ?
R - En faisant ce tour du Proche-Orient, j'ai écouté, j'ai échangé, j'ai pu recevoir aussi les propositions qui m'ont été faites soit au Caire, soit à Beyrouth, soit à Amman. Et j'ai pu faire ces propositions avec le gouvernement israélien, pour que l'on puisse avancer très vite. Aujourd'hui, il faut avoir le courage politique de dire qu'il faut sortir de cette crise. On ne peut pas continuer avec ces hostilités. Rien de durable ne peut sortir de là. Donc il faut trouver les conditions politiques de ce cessez-le-feu. D'abord, ce sera le message que nous porterons mercredi à la réunion de Rome. C'est le message que nous porterons aussi au Conseil de sécurité des Nations unies que nous présidons actuellement.

Q - Est-ce que pour l'instant vous sentez les Israéliens réceptifs?
R - J'ai insisté auprès du gouvernement israélien pour dire que bombarder l'ensemble du Liban, c'est affaiblir l'Etat libanais et affaiblir l'Etat libanais, c'est diminuer sa souveraineté. C'est à dire exactement le contraire de ce que l'on veut. On veut que l'armée libanaise se déploie au sud du Liban. Et donc, la question se posera d'une force internationale à une condition, c'est qu'elle soit à la demande du gouvernement libanais. Que ce soit pour rétablir la souveraineté et l'intégrité pleine et entière du gouvernement libanais derrière Fouad Siniora.

Q - Est-ce que vous pensez que les Israéliens ou les Libanais ont envie aujourd'hui d'une force internationale ?
R - Ce que nous devons définir aujourd'hui, ce sont les conditions générales, globales, d'une sortie de crise. Il y a dans ce cadre là, bien sûr, la libération des soldats israéliens. Il y a cette force internationale. Il y a aussi le désarmement des milices du Liban, y compris du Hezbollah, que nous avons condamné, au travers de la résolution 1559 des Nations unies. Il y a donc cette discussion. Et la France, en faisant ce tour, en écoutant les uns et les autres, participe, avec l'Union européenne et les Nations unies, au règlement de ce conflit, que j'espère rapide.

Q - Pardonnez-moi, je vous repose la question : est-ce que vous les sentez réceptifs ou vous écoutent-ils poliment ?
R - Après avoir échangé et écouté les propositions au Caire, à Amman ou à Beyrouth, et en parlant avec le gouvernement israélien, je sens qu'il y a certaines propositions qui sont tout à fait acceptables par eux, d'autres qui le sont moins. A nous de faire les allers et venues entre les uns et les autres. Que ce soit au sujet de la force internationale. Nous disons qu'il faut que ce soit au service de l'Etat libanais, au service de sa souveraineté, pour déployer l'armée libanaise au Sud-Liban. Et puis aussi qu'il faut trouver les conditions politiques générales. Mais surtout avoir le courage politique de dire qu'il faut cesser les hostilités politiques maintenant.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006