Texte intégral
Q - (Inaudible)
R - Je suis allé à Beyrouth deux fois en une semaine. Je suis ensuite allé écouter et échanger des propositions à la fois au Caire, où j'ai rencontré le ministre des Affaires étrangères égyptien - mais aussi M. Amr Mousa, le Secrétaire général de la Ligue arabe - à Alexandrie, puis à Amman où j'ai rencontré le Roi de Jordanie ainsi que mon homologue. J'ai écouté ce matin ce que Mme Tzipi Livni, ministre israélienne des affaires étrangères, m'a dit. Ce soir, j'ai vu M. Mahmoud Abbas, et je retrouve ensuite M. Ehud Olmert. Aujourd'hui, je retiens qu'il est tout à fait nécessaire d'arrêter les hostilités le plus vite possible.
La France fait tout pour que nous puissions avoir les conditions politiques d'un cessez-le-feu. Il me parait important de bien dire que si l'on continue comme cela, nous allons assister à un affaiblissement de l'Etat au Liban, c'est à dire à un affaiblissement, du gouvernement, ce qui est une mauvaise chose pour la communauté internationale et, en particulier, pour Israël. Nous devons tout faire pour mettre en oeuvre pleinement la résolution 1559, le désarmement des milices au Liban, et arrêter les bombardements sur l'ensemble du Liban. Cette situation entraîne un désastre humanitaire avec 600.000 personnes déplacées sur les routes et des infrastructures qui sont évidemment touchées. C'est donc cela, je dirais, la grande action de la France, c'est de pouvoir travailler à un dialogue politique dans l'Union européenne, avec les Nations unies, avec nos partenaires.
Q - (Inaudible)
R - Il y a évidemment des conditions politiques à mettre en place pour un cessez-le-feu. Je le comprends très bien et il y a, dans ce cadre là, un certain nombre de sujets, comme par exemple le sort des deux soldats israéliens dont vous avez parlé. Il peut y avoir aussi une demande de libération de prisonniers de la part des Libanais ainsi que, et c'est nécessaire pour nous, le déploiement, au Sud-Liban, de l'armée libanaise et d'une force internationale - dont nous parlerons beaucoup mercredi au Core Group, c'est à dire au Groupe des amis du Liban. Nous espérons que nous pourrons également parler du cessez-le-feu au Conseil de sécurité des Nations unies que la France préside pendant le mois de juillet.
Cette force internationale, je voudrais y revenir un instant. Il faut, me semble-t-il qu'elle soit là pour aider l'armée libanaise à se déployer au Sud-Liban, qu'elle soit là pour aider à la souveraineté pleine et entière sur l'ensemble du territoire, y compris dans le sud.
Q - (Inaudible)
R - En tout cas, ce que sais aujourd'hui, c'est qu'il faut trouver les conditions du dialogue, pour bien dire que la spirale de la violence est sans issue, qu'elle ne mènera à rien de positif. Et ce n'est qu'en se mettant autour d'une table, dans la négociation, dans le processus politique, que nous arriverons à quelque chose. Dans ce cadre, il y a ce que vous dites ; il peut y avoir aussi d'autres choses. Nous y travaillons actuellement, et vous comprendrez que pour des raisons de confidentialité, je ne peux pas vous en dire plus.
Q - (Inaudible)
R - Je voudrais dire, ici, que c'est terrible ce qui se passe au Liban. Nous avons des relations séculaires, historiques, de culture et de coeur, avec ce pays ami. Depuis plusieurs années, nous étions en train, avec eux, de remonter la pente. Il y avait une saison touristique magnifique qui se préparait. Il y avait une restauration de la démocratie avec ces élections il y a un an, et ce gouvernement qui retrouvait peu à peu sa souveraineté. Je pense qu'il est extrêmement important de dire qu'il est dommageable de toucher à la souveraineté, à l'intégrité, à l'indépendance du Liban. Alors, oui, cette réunion du Core Group mercredi à Rome, ce sera une réunion économique, mais surtout politique. Il faudra parler de l'arrêt des hostilités. Il faudra parler des conditions de cessez-le-feu. Il faudra parler, parce que nous sommes des amis du Liban, de la manière dont on peut arrêter les hostilités. Car cette crise humanitaire n'est absolument pas acceptable. C'est une crise politique avant tout, il faut la traiter au niveau politique.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 juillet 2006