Texte intégral
Je reviens d'une tournée au Proche-Orient et j'en retire trois convictions.
La première, c'est qu'il n'y aura pas de solution purement militaire à ce conflit israélo-libanais et, en particulier, au problème du Hezbollah.
La deuxième, c'est que l'objectif de la communauté internationale et de la France en particulier, doit être la garantie de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité du Liban. Cela a toujours été la politique de la France, que ce soit en Irak ou ailleurs.
La troisième enfin, c'est qu'on ne peut résoudre cette crise que dans le cadre des Nations unies.
Il faut une trêve humanitaire et nous appelons aujourd'hui, de Rome, à une cessation immédiate des hostilités.
Q - Mais les Américains ne sont pas d'accord avec cela. Ils voudraient d'abord qu'il y ait une force internationale.
R - A ceux qui proposeraient, aujourd'hui à Rome, une force multinationale alors que l'arrêt des hostilités n'est pas décidé, alors que les conditions d'un cessez-le-feu ne sont pas réunies, je dirais que je pense qu'une telle décision ajouterait à l'instabilité et à l'insécurité.
Q - Il y a un plan français précis que vous allez présenter ?
R - Nous allons en effet présenter un plan. Il s'agit des premières esquisses d'une résolution que la France proposera au Conseil de sécurité des Nations unies pour un cessez-le-feu, pour un arrêt des hostilités, d'abord, et pour une négociation politique, ensuite, entre les différentes parties.
Rien ne se fera sans l'accord du gouvernement libanais - il doit être au centre de toutes les négociations - ni sans l'accord, bien sûr, du gouvernement israélien. Une fois que l'accord politique existera, une force internationale pourra se déployer. La France peut être amenée à y participer. La seule chose qui nous paraît importante, c'est que ce déploiement s'opère dans le cadre d'un mandat très clair donné par les Nations unies ; son Secrétaire général doit en être l'acteur principal.
Q - Est-ce que vous pouvez nous détailler cet accord politique ? C'est quoi véritablement ?
R - Cet accord politique passe par un droit imprescriptible d'Israël à la sécurité et par le désarmement du Hezbollah. Cela passe aussi par la libération sans condition des deux soldats israéliens détenus par le Hezbollah et par le règlement de la question des prisonniers libanais qui sont aujourd'hui dans les prisons israéliennes. Cela passe également par le déploiement de la Force libanaise au sud du Liban, à la frontière israélo-libanaise, pour être sûr que dans cette région, le Hezbollah n'envoie plus de roquettes sur Israël. Enfin, cela passe par la résolution de la question des fermes de Chebaa et des discussions autour de ce sujet très délicat.
Donnons-nous ces dix jours, ces deux semaines, pour trouver un accord durable. Dans ces conditions, il serait normal de déployer une force multinationale dans le cadre des Nations unies de façon à ce que ce cessez-le-feu puissent être respecté, que le Hezbollah soit bien désarmé et que tout le monde puisse, à terme, respecter ces accords politiques.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juillet 2006