Texte intégral
Q- Aujourd'hui, c'est le dernier Conseil des ministres avant les vacances. Cela sent le grand air... Vous en avez besoin après, une année aussi mouvementée avec la crise dans les banlieues, les émeutes, l'affaire Clearstream, le CPE, une opposition ragaillardie. Vous allez souffler ?
R- Je vous confirme qu'on n'a pas eu une année très facile, c'est vrai, qu'on a eu un sacré parcours d'obstacles. En même temps, je ne vais pas vous faire de la langue de bois, c'est vrai que le mois d'août est un mois un peu...
Q- ... Donc, vous allez arrêter ?
R- Voilà, exactement. Le mois d'août est un mois un petit peu plus calme mais, comme vous le savez, sur ces sujets, d'abord quand vous êtes ministre vous êtes quand même toujours mobilisable et la plupart du temps mobilisé. Et puis, il se trouve que l'actualité de cette année, de cet été, est particulièrement difficile, que ce soit sur le plan intérieur, on l'a vu avec la canicule du mois de juillet, même si la météo est un peu plus clémente, notre mobilisation est très forte. Et puis aussi, la situation internationale. Donc, tout ça a fait qu'on est quand même très mobilisés.
Q- Alors, concrètement, comment cela se passe-t-il techniquement depuis la canicule de 2003 ? Maintenant, les ministres n'ont plus le droit de partir loin, ils laissent leur portable branché ?
R- On a beaucoup glosé sur ce qui s'est passé en 2003. Les ministres étaient effectivement sur leur lieu de vacances, mais ils n'étaient pas très loin et pour beaucoup d'entre eux, et moi je peux en témoigner à titre personnel, je suis rentré au moins quatre fois durant cette période pour faire des allers-retours parce qu'il y en avait besoin pour expliquer un certain nombre de choses aux côtés de J.-P. Raffarin. On est en réalité un peu en mobilisation constante même s'il est vrai qu'il y moins de réunions à Paris, même s'il est vrai que l'intensité du travail est moins importante, il n'en reste pas moins qu'on est très mobilisés.
Q- Hier, conférence de presse mensuelle de D. de Villepin, votre "boss", votre patron. C'était au stade nautique de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, à côté du quartier sensible de Val Fourré. On est assez étonné parce que, finalement, le Premier n'a pas annoncé grand-chose, c'était une conférence de presse pour faire un bilan, mais il n'y a pas eu d'annonce fracassante.
R- Il y a une petite déformation en France qui consiste à considérer qu'à chaque fois qu'un chef de Gouvernement doit se déplacer, s'il ne fait pas son cortège de 800 annonces nouvelles, alors qu'est-ce qu'il y faisait. Il y est allé, d'abord, parce que Mantes-la-Jolie est le résultat 'un fantastique travail de mobilisation sur la politique de la ville. Je rappelle que si aujourd'hui on parle beaucoup moins négativement qu'avant de certains quartiers de France, Val Fourré à Mantes-la-Jolie mais aussi la Pierre Collinet à Meaux, la ville dont je suis le maire, c'est aussi parce que depuis ces dernières années, on a mobilisé beaucoup de crédits pour restructurer, casser les tours, mettre à la place de l'habitat à taille humaine, mettre des zones franches qui permettent de créer des entreprises et des emplois. Bref, autant d'éléments qui sont aussi le quotidien de notre Gouvernement. Ce que D. de Villepin est venu faire à Mantes, c'était d'abord de constater les progrès réalisés et c'est aussi de parler un peu d'avenir parce que les chantiers de la rentrée, j'ai eu l'occasion de le dire à la suite du séminaire gouvernemental, sont quand même extrêmement importants...
Q- On va les lister, sans entrer dans une foule de détails : faites-nous la liste de ce qui vous attend à la rentrée.
R- Si je veux résumer assez vite, il y a quoi ? D'abord, vous avez toute la mobilisation sur l'emploi. On a un nombre de chômeurs en moins très important, on est au niveau de 9 %, là où on était à 10 % de chômage...
Q- On va détailler tout à l'heure le chômage.
R- ...Donc, aujourd'hui, l'idée c'est d'amplifier l'effort, premier point. Deuxième point, ne pas oublier la question de l'inégalité des chances, notamment dans les quartiers. C'était le message de D. de Villepin, hier. Et puis, il y a toute la question que nous aurons autour de deux grands textes, l'un sur l'énergie, l'autre sur la délinquance, la prévention de la délinquance. Et puis, enfin, on aura le budget, et c'est vrai que sur le budget, je vais beaucoup me mobiliser parce que ce serait un budget très politique à six mois des présidentielles.
Q- Vous êtes porte-parole du Gouvernement, vous portez la parole du gouvernement, peut-être pourrez-vous porter la parole des auditeurs de RMC au sein du Gouvernement avec, hier, ce que disait D. de Villepin : "Je veux continuer à améliorer le quotidien des Français". Comment améliorer le quotidien des Français ? [...]. Que faut-il pour améliorer votre quotidien ? Par exemple, là, départ en vacances : améliorer notre quotidien, ce serait baisser la facture lorsqu'on fait le plein. Vous connaissez le prix du litre pour du sans plomb, par exemple ?
R- C'est très variable.
Q- C'est variable, mais bon...
R- Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas ce qu'il faut dire. Ce que je sais, c'est que la progression des prix de l'énergie, et du pétrole en particulier, ces derniers mois, a pris un tour, évidemment, très préoccupant. Donc nous, on est là-dessus, sur l'idée de dire qu'il faut absolument encourager les biocarburants. C'est vrai que vous avez des décotes fiscales ; je les ai introduites en tant que ministre du Budget pour, justement, encourager le développement des biocarburants.
Q- Décote fiscale, c'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous faites techniquement pour faire des économies ?
R- C'est-à-dire que cela concerne d'abord les constructeurs automobiles. Vous savez que tout ce qui concerne les biocarburants, que ce soit diester, l'éthanol, l'idée c'est que l'on puisse le plus possible introduire autre chose que de l'essence dans le moteur des véhicules. Il faut que cela se fasse légalement, bien sûr, mais l'idée c'est qu'on puisse justement commencer à préparer l'avenir. C'est d'ailleurs aussi tout le débat qu'on a à propos de Gaz de France - vous savez qu'il y a toute une polémique de ce sujet -, c'est la même idée : est-ce qu'on est capable, demain, d'avoir des grands groupes énergétiques qui peuvent préserver notre indépendance en pesant sur les prix de l'achat du gaz et du pétrole ?
Q- Mais alors, par exemple, pourquoi, dans ces cas-là, est-on dans l'illégalité lorsqu'on roule au colza ? Je mets de l'huile de colza dans mon moteur...
R- Tout simplement parce qu'il n'y a pas de garantie que le fait de mettre simplement de l'huile ne va pas encrasser les moteurs et ainsi porter atteinte...
Q- Mais c'est mon problème !
R- Oui, mais cela peut aussi être le problème des autres parce que si vous avez un problème avec votre véhicule, que vous en perdez le contrôle et que ça provoque un accident, vous avez bien compris que ce n'est pas seulement votre problème.
Q- Vous nous parlez des biocarburants ; il y a des pays comme le Brésil, par exemple, qui ont une avance considérable sur nous. Pourquoi ne met-on pas encore plus un coup d'accélérateur, parce que là, on parle de biocarburants, mais c'est quoi, 6, 8, 10 % grosso modo, pas plus ?
R- Oui, enfin, c'est en train de se développer à la vitesse grand V - vous avez raison de parler du Brésil -, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai souhaité, dans les dispositions fiscales de l'année dernière, - et je serai encore très vigilant cette année - à faire en sorte qu'on puisse être encore plus incitatif sur cette question, sur le plan du prix justement,des taxes qu'on paie par rapport au litre d'essence, en fonction du dosage de biocarburant qu'on met dedans. Mais c'est vrai que le Brésil est un pays en pôle position dans ce domaine.
Q- En clair, est-ce qu'on irait pas plus vite si on n'avait pas un groupe comme Total en France ?
R- Non, parce qu'en réalité, d'abord Total n'est pas qu'en France, ensuite Total n'est pas la seule compagnie pétrolière.
Q- Oui, mais il paie ses impôts en France.
R- Oui, mais allons jusqu'au bout du raisonnement. L'idée c'est que ce n'est pas que Total, c'est l'ensemble des investissements qu'il nous faut réaliser, Total compris d'ailleurs, pour avoir des usines qui, par exemple, encouragent la fabrication des biocarburants. Et donc, c'est aussi ça. Mais c'est évidemment, et vous avez tout à fait raison, une filière d'avenir.
Q- Améliorer le quotidien des Français, par exemple, nous avons Mickie qui est là.
R- Mickie, auditeur du Vaucluse : Est-ce que vous trouvez normal qu'à l'heure actuelle une personne se lève le matin pour toucher le Smic alors qu'un autre restant à la maison touche le RMI et, pour ainsi dire, il n'y a que 200 ou 300 euros entre les deux ? Nous essayons d'embaucher, on n'y arrive pas pour la simple et bonne raison c'est qu'il n'y a pas beaucoup de volontaires qui veulent se lever tôt le matin pour gagner ce qu'on leur propose. Donc, est-ce qu'on ne peut pas supprimer les charges et plutôt les répartir à ceux qui travaillent que de favoriser des fainéants qui ne veulent pas se lever le matin ?
Q- G. Cahour : C'est l'éternelle question, on paie trop de charges patronales en France...
R- Oui, ce n'est pas la seule, parce que la question que pose monsieur c'est aussi le problème de savoir pourquoi est-ce qu'en France celui qui est au Smic perd presque de l'argent par rapport à celui qui serait au RMI, même si, à chaque fois, ce sont des niveaux de rémunération qui sont très bas. C'est la question de notre modèle social et je crois qu'il va falloir, notamment à l'occasion des présidentielles, qu'on mette les pieds dans le plat. On a, depuis, quand même fait un certain nombre de choses. Je n'aime pas trop quand on dit "2007 ou 2006, c'est la même chose que 2002", parce que la réalité n'est pas complètement celle-là. Nous avons fait des baisses de charges colossales au niveau du SMIC. D'autre part, on a augmenté la Prime pour l'emploi, qui est cette prime versée à ceux qui sont au niveau du Smic pour, justement, accroître la différence par rapport au RMI. Et donc, c'est vrai qu'il faudra sans doute aller plus loin parce qu'aujourd'hui, quand vous êtes au RMI,vous êtes à 450 euros, ce n'est pas beaucoup, c'est le moins qu'on puisse dire, mais en même temps, vous avez ce qu'on appelle "les avantages connexes" : vous ne payez pas d'impôts locaux, vous ne payez pas de redevance, vous avez les transports scolaires et la cantine scolaire gratuite, alors que beaucoup de ces avantages, vous les perdez quand vous êtes au niveau du Smic. Donc, je crois que l'idée c'est d'encourager encore plus le travail. Ce sera un débat très important en France, parce que les Français sont assez partagés sur cette question. Moi, personnellement, je pense comme vous, que si l'on n'incite pas plus à la reprise du travail, on aura cette France à plusieurs vitesses et cela, ce n'est pas tenable. Mais c'est vrai aussi qu'il faut aussi aider et accompagner ceux qui sont au RMI pour qu'ils reprennent un travail. Donc, il y a de la formation, il y a une obligation d'aller au rendez-vous de l'ANPE. Enfin voilà, il y a des choses qu'il faut continuer de faire, ce qu'on a commencé d'ailleurs.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 août 2006
R- Je vous confirme qu'on n'a pas eu une année très facile, c'est vrai, qu'on a eu un sacré parcours d'obstacles. En même temps, je ne vais pas vous faire de la langue de bois, c'est vrai que le mois d'août est un mois un peu...
Q- ... Donc, vous allez arrêter ?
R- Voilà, exactement. Le mois d'août est un mois un petit peu plus calme mais, comme vous le savez, sur ces sujets, d'abord quand vous êtes ministre vous êtes quand même toujours mobilisable et la plupart du temps mobilisé. Et puis, il se trouve que l'actualité de cette année, de cet été, est particulièrement difficile, que ce soit sur le plan intérieur, on l'a vu avec la canicule du mois de juillet, même si la météo est un peu plus clémente, notre mobilisation est très forte. Et puis aussi, la situation internationale. Donc, tout ça a fait qu'on est quand même très mobilisés.
Q- Alors, concrètement, comment cela se passe-t-il techniquement depuis la canicule de 2003 ? Maintenant, les ministres n'ont plus le droit de partir loin, ils laissent leur portable branché ?
R- On a beaucoup glosé sur ce qui s'est passé en 2003. Les ministres étaient effectivement sur leur lieu de vacances, mais ils n'étaient pas très loin et pour beaucoup d'entre eux, et moi je peux en témoigner à titre personnel, je suis rentré au moins quatre fois durant cette période pour faire des allers-retours parce qu'il y en avait besoin pour expliquer un certain nombre de choses aux côtés de J.-P. Raffarin. On est en réalité un peu en mobilisation constante même s'il est vrai qu'il y moins de réunions à Paris, même s'il est vrai que l'intensité du travail est moins importante, il n'en reste pas moins qu'on est très mobilisés.
Q- Hier, conférence de presse mensuelle de D. de Villepin, votre "boss", votre patron. C'était au stade nautique de Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, à côté du quartier sensible de Val Fourré. On est assez étonné parce que, finalement, le Premier n'a pas annoncé grand-chose, c'était une conférence de presse pour faire un bilan, mais il n'y a pas eu d'annonce fracassante.
R- Il y a une petite déformation en France qui consiste à considérer qu'à chaque fois qu'un chef de Gouvernement doit se déplacer, s'il ne fait pas son cortège de 800 annonces nouvelles, alors qu'est-ce qu'il y faisait. Il y est allé, d'abord, parce que Mantes-la-Jolie est le résultat 'un fantastique travail de mobilisation sur la politique de la ville. Je rappelle que si aujourd'hui on parle beaucoup moins négativement qu'avant de certains quartiers de France, Val Fourré à Mantes-la-Jolie mais aussi la Pierre Collinet à Meaux, la ville dont je suis le maire, c'est aussi parce que depuis ces dernières années, on a mobilisé beaucoup de crédits pour restructurer, casser les tours, mettre à la place de l'habitat à taille humaine, mettre des zones franches qui permettent de créer des entreprises et des emplois. Bref, autant d'éléments qui sont aussi le quotidien de notre Gouvernement. Ce que D. de Villepin est venu faire à Mantes, c'était d'abord de constater les progrès réalisés et c'est aussi de parler un peu d'avenir parce que les chantiers de la rentrée, j'ai eu l'occasion de le dire à la suite du séminaire gouvernemental, sont quand même extrêmement importants...
Q- On va les lister, sans entrer dans une foule de détails : faites-nous la liste de ce qui vous attend à la rentrée.
R- Si je veux résumer assez vite, il y a quoi ? D'abord, vous avez toute la mobilisation sur l'emploi. On a un nombre de chômeurs en moins très important, on est au niveau de 9 %, là où on était à 10 % de chômage...
Q- On va détailler tout à l'heure le chômage.
R- ...Donc, aujourd'hui, l'idée c'est d'amplifier l'effort, premier point. Deuxième point, ne pas oublier la question de l'inégalité des chances, notamment dans les quartiers. C'était le message de D. de Villepin, hier. Et puis, il y a toute la question que nous aurons autour de deux grands textes, l'un sur l'énergie, l'autre sur la délinquance, la prévention de la délinquance. Et puis, enfin, on aura le budget, et c'est vrai que sur le budget, je vais beaucoup me mobiliser parce que ce serait un budget très politique à six mois des présidentielles.
Q- Vous êtes porte-parole du Gouvernement, vous portez la parole du gouvernement, peut-être pourrez-vous porter la parole des auditeurs de RMC au sein du Gouvernement avec, hier, ce que disait D. de Villepin : "Je veux continuer à améliorer le quotidien des Français". Comment améliorer le quotidien des Français ? [...]. Que faut-il pour améliorer votre quotidien ? Par exemple, là, départ en vacances : améliorer notre quotidien, ce serait baisser la facture lorsqu'on fait le plein. Vous connaissez le prix du litre pour du sans plomb, par exemple ?
R- C'est très variable.
Q- C'est variable, mais bon...
R- Malheureusement ou heureusement, je ne sais pas ce qu'il faut dire. Ce que je sais, c'est que la progression des prix de l'énergie, et du pétrole en particulier, ces derniers mois, a pris un tour, évidemment, très préoccupant. Donc nous, on est là-dessus, sur l'idée de dire qu'il faut absolument encourager les biocarburants. C'est vrai que vous avez des décotes fiscales ; je les ai introduites en tant que ministre du Budget pour, justement, encourager le développement des biocarburants.
Q- Décote fiscale, c'est-à-dire ? Qu'est-ce que vous faites techniquement pour faire des économies ?
R- C'est-à-dire que cela concerne d'abord les constructeurs automobiles. Vous savez que tout ce qui concerne les biocarburants, que ce soit diester, l'éthanol, l'idée c'est que l'on puisse le plus possible introduire autre chose que de l'essence dans le moteur des véhicules. Il faut que cela se fasse légalement, bien sûr, mais l'idée c'est qu'on puisse justement commencer à préparer l'avenir. C'est d'ailleurs aussi tout le débat qu'on a à propos de Gaz de France - vous savez qu'il y a toute une polémique de ce sujet -, c'est la même idée : est-ce qu'on est capable, demain, d'avoir des grands groupes énergétiques qui peuvent préserver notre indépendance en pesant sur les prix de l'achat du gaz et du pétrole ?
Q- Mais alors, par exemple, pourquoi, dans ces cas-là, est-on dans l'illégalité lorsqu'on roule au colza ? Je mets de l'huile de colza dans mon moteur...
R- Tout simplement parce qu'il n'y a pas de garantie que le fait de mettre simplement de l'huile ne va pas encrasser les moteurs et ainsi porter atteinte...
Q- Mais c'est mon problème !
R- Oui, mais cela peut aussi être le problème des autres parce que si vous avez un problème avec votre véhicule, que vous en perdez le contrôle et que ça provoque un accident, vous avez bien compris que ce n'est pas seulement votre problème.
Q- Vous nous parlez des biocarburants ; il y a des pays comme le Brésil, par exemple, qui ont une avance considérable sur nous. Pourquoi ne met-on pas encore plus un coup d'accélérateur, parce que là, on parle de biocarburants, mais c'est quoi, 6, 8, 10 % grosso modo, pas plus ?
R- Oui, enfin, c'est en train de se développer à la vitesse grand V - vous avez raison de parler du Brésil -, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai souhaité, dans les dispositions fiscales de l'année dernière, - et je serai encore très vigilant cette année - à faire en sorte qu'on puisse être encore plus incitatif sur cette question, sur le plan du prix justement,des taxes qu'on paie par rapport au litre d'essence, en fonction du dosage de biocarburant qu'on met dedans. Mais c'est vrai que le Brésil est un pays en pôle position dans ce domaine.
Q- En clair, est-ce qu'on irait pas plus vite si on n'avait pas un groupe comme Total en France ?
R- Non, parce qu'en réalité, d'abord Total n'est pas qu'en France, ensuite Total n'est pas la seule compagnie pétrolière.
Q- Oui, mais il paie ses impôts en France.
R- Oui, mais allons jusqu'au bout du raisonnement. L'idée c'est que ce n'est pas que Total, c'est l'ensemble des investissements qu'il nous faut réaliser, Total compris d'ailleurs, pour avoir des usines qui, par exemple, encouragent la fabrication des biocarburants. Et donc, c'est aussi ça. Mais c'est évidemment, et vous avez tout à fait raison, une filière d'avenir.
Q- Améliorer le quotidien des Français, par exemple, nous avons Mickie qui est là.
R- Mickie, auditeur du Vaucluse : Est-ce que vous trouvez normal qu'à l'heure actuelle une personne se lève le matin pour toucher le Smic alors qu'un autre restant à la maison touche le RMI et, pour ainsi dire, il n'y a que 200 ou 300 euros entre les deux ? Nous essayons d'embaucher, on n'y arrive pas pour la simple et bonne raison c'est qu'il n'y a pas beaucoup de volontaires qui veulent se lever tôt le matin pour gagner ce qu'on leur propose. Donc, est-ce qu'on ne peut pas supprimer les charges et plutôt les répartir à ceux qui travaillent que de favoriser des fainéants qui ne veulent pas se lever le matin ?
Q- G. Cahour : C'est l'éternelle question, on paie trop de charges patronales en France...
R- Oui, ce n'est pas la seule, parce que la question que pose monsieur c'est aussi le problème de savoir pourquoi est-ce qu'en France celui qui est au Smic perd presque de l'argent par rapport à celui qui serait au RMI, même si, à chaque fois, ce sont des niveaux de rémunération qui sont très bas. C'est la question de notre modèle social et je crois qu'il va falloir, notamment à l'occasion des présidentielles, qu'on mette les pieds dans le plat. On a, depuis, quand même fait un certain nombre de choses. Je n'aime pas trop quand on dit "2007 ou 2006, c'est la même chose que 2002", parce que la réalité n'est pas complètement celle-là. Nous avons fait des baisses de charges colossales au niveau du SMIC. D'autre part, on a augmenté la Prime pour l'emploi, qui est cette prime versée à ceux qui sont au niveau du Smic pour, justement, accroître la différence par rapport au RMI. Et donc, c'est vrai qu'il faudra sans doute aller plus loin parce qu'aujourd'hui, quand vous êtes au RMI,vous êtes à 450 euros, ce n'est pas beaucoup, c'est le moins qu'on puisse dire, mais en même temps, vous avez ce qu'on appelle "les avantages connexes" : vous ne payez pas d'impôts locaux, vous ne payez pas de redevance, vous avez les transports scolaires et la cantine scolaire gratuite, alors que beaucoup de ces avantages, vous les perdez quand vous êtes au niveau du Smic. Donc, je crois que l'idée c'est d'encourager encore plus le travail. Ce sera un débat très important en France, parce que les Français sont assez partagés sur cette question. Moi, personnellement, je pense comme vous, que si l'on n'incite pas plus à la reprise du travail, on aura cette France à plusieurs vitesses et cela, ce n'est pas tenable. Mais c'est vrai aussi qu'il faut aussi aider et accompagner ceux qui sont au RMI pour qu'ils reprennent un travail. Donc, il y a de la formation, il y a une obligation d'aller au rendez-vous de l'ANPE. Enfin voilà, il y a des choses qu'il faut continuer de faire, ce qu'on a commencé d'ailleurs.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 7 août 2006