Texte intégral
J.-C. Mailly
(secr. gén.
de Force
ouvrière)
France Inter
8h20
P. Weill
le 4 juillet 2006
Q- Les deux coprésidents de EADS, L. Gallois et T. Enders, affirment que le redressement de l'avionneur Airbus est la priorité absolue de la nouvelle direction. Ils disent que la réputation de EADS est en jeu. EADS et Airbus changent de tête, mais pas de structure. Est-ce suffisant ? Renault/Nissan d'accord pour discuter d'une alliance éventuelle avec le géant américain General Motors. Grande manoeuvre industrielle donc dans l'aéronautique et l'automobile. Cela concerne des milliers d'emplois... On a changé des têtes à EADS mais est-ce que cela suffit pour régler les problèmes ?
R- Ce n'est pas uniquement un changement de têtes qui suffit mais je crois qu'il y avait plusieurs éléments importants. Le premier élément important, c'est qu'on préserve ce qu'on appelle le bicéphalisme, on va dire la co-direction franco-allemande. Là, ce qui est mis en place préserve cette co-direction franco-allemande. C'est comme pour la construction de l'Europe : l'axe franco-allemand ; il faut qu'il soit équilibré pour que l'entreprise effectivement se développe. Mais par contre, ce qui est important, c'est que le changement de têtes, maintenant - les changements de têtes en quelque sorte - doivent maintenant concentrer l'activité de EADS sur l'essentiel, à savoir la stratégie industrielle et l'emploi. Or il y a les retards sur l'A380 mais en même temps, ce n'est pas la première fois qu'il y a des retards sur un programme de ce type, des programmes de haute technologie. Il y a l'A350, l'A370. Je crois que maintenant il faut se concentrer sur la stratégie industrielle du groupe, l'investissement, la recherche et l'emploi.
Q- Cette crise à EADS a rappelé l'existence des fameuses stock options. En vendant ses stock options, N. Forgeard, le coprésident évincé, a réalisé une belle plus value. Pour vous, les stock options c'est un bon outil économique, il faut le maintenir, il faut le modifier, il faut le supprimer ?
R- C'est un outil dangereux. D'abord, c'est révoltant mais ça, il y a pas que le cas de EADS. Il y en a eu d'autres, même plus importants. C'est des millions d'euros. Quand je dis c'est un outil dangereux - ce n'est pas uniquement un outil français, c'est un outil international - ce qui est dangereux dans le principe même des stock options, c'est que les actionnaires ont mis en place ce type de rémunération pour s'assurer que le PDG de l'entreprise n'aurait comme activité principale que de rémunérer les actions. Et donc il a une forme de rémunération avec le stock option qui est liée à la valeur de l'action. Plus son action en tant que PDG fait monter le cours de l'action, plus il a d'argent. C'est cela qui est dangereux dans le niveau des stock options. Et l'existence même des stock-options. Alors ce qu'il faut c'est à la fois, si on peut le supprimer - mais il faut que ce soit au niveau international, on ne peut pas le supprimer uniquement dans un pays - en tous les cas, il faut prendre des mesures si ce n'est de supprimer, des mesures à la fois sur le plan fiscal, sur le plan des cotisations. Ecoutez ! On parle des problèmes de la Sécurité sociale ou autres. Il n'y a même pas de cotisations sur ce type de rémunération. Et puis, il faut interdire sur certaines périodes, de pouvoir vendre ce genre de stock options. Donc il faut prendre des mesures qui resserrent un peu la procédure, si ce n'est je vous dis - mais là ce serait un problème international - de pouvoir éliminer ce type de rémunération.
Q- Renault/Nissan propose donc à General Motors d'entamer des discussions pour négocier une alliance. Vous êtes favorable à une telle fusion qui va créer alors un géant de l'automobile ?
R- Je vous avoue que je suis un peu dubitatif. Je n'ai pas tous les éléments de ce dossier. Renault/Nissan est un groupe qui marche bien. General Motors est un groupe qui est en grande difficulté et je voudrais signaler d'ailleurs aux auditeurs, parce que c'est important, que l'une des raisons des difficultés de General Motors, c'est le système de retraite américain : le fait que les entreprises ont des systèmes par capitalisation, des fonds de pension en quelque sorte internes à l'entreprise. Et là, ils n'arrivent plus à payer. C'est une des raisons des difficultés du groupe General Motors. Alors il y a des difficultés économiques, c'est un groupe important. Il y a des suppressions d'emplois prévues dans General Motors et on ne voit pas bien pour le moment comment ce croisement de capital pourrait amener tout de suite à Renault/Nissan. Est-ce que General Motors acceptera ? J'avoue que je suis un peu dubitatif dans l'immédiat.
Q- La CGT dit que cela pourrait menacer les emplois. Est-ce que vous êtes inquiet ?
R- Une entreprise comme Renault/Nissan qui fait des résultats, se croisant, je ne sais pas sous quelle forme, avec une entreprise qui a de grosses difficultés financières, comment tout ça va être amorti si ça se fait ? Comment c'est amorti ? Quelles conséquences ? Est-ce qu'il y aura des synergies ? C'est toute une série de questions qui sont posées aujourd'hui. D'ailleurs, j'ai bien noté qu'y compris les marchés financiers, visiblement, ne comprennent pas trop la manoeuvre. Donc je demande à voir mais j'avoue que je suis dubitatif.
Q- Vous avez rendez-vous J.-C. Mailly demain après midi avec le Premier ministre, D. de Villepin. Il veut entamer un dialogue sur la modernisation du dialogue sociale. Il veut des mesures concrètes et consensuelles. Alors lors de la crise du CPE vous avez dénoncé l'absence de dialogue social chez le chef du Gouvernement. Vous allez le voir demain. D'abord qu'est-ce que vous allez lui dire demain ?
R- D'abord, c'est lui qui a demandé à nous voir. Moi je ne l'ai pas revu depuis
le CPE. Il a demandé à nous voir pour discuter du dialogue social, un terme générique qui veut tout dire et ne rien dire en même temps. Et il avait demandé à monsieur Chertier, qui est l'ancien directeur de l'Unedic, ancien conseiller social de monsieur Raffarin, un rapport sur comment améliorer le dialogue social entre les pouvoirs publics et les syndicats. Il avait demandé cela au mois de décembre. Donc monsieur Chertier n'avait pas encore eu le temps de rendre sa copie quand monsieur Villepin a annoncé le CPE. Alors ceci sous forme de boutade mais je veux quand même lui expliquer demain, parce que c'est à la fois le dialogue social et la représentativité syndicale, les deux thèmes qu'il souhaite aborder. Moi j'en aurai d'autres à aborder.
Q- Lesquels ? Dites-moi tout, je veux tout savoir.
R- La prime transport. Cela fait un an qu'on réclame une prime transport qui compense l'augmentation du coût du pétrole pour les salariés qui vont travailler avec leur voiture. Cela fait un an qu'on nous dit "ben oui on va regarder, c'est à l'étude". Eh bien, c'est bien long. On veut maintenant que ça se mette en place de manière rapide. Par exemple. Je reviens sur le dialogue social. Il faut arrêter de faire de la théorie là-dessus. On dit "il faut qu'on regarde ce qui relève de la loi et il faut qu'on regarde ce qui relève du contrat, si c'est l'un, c'est pas l'autre". Attendez ! Il y a des choses qui relèvent de la loi, il y a des choses qui relèvent du contrat. On est dans une République, une République démocratique et après, il y a toute une série de dossiers qui, un jour, en fonction du contexte, relèvent de la loi et un autre jour du contrat. Je veux dire, on peut pas faire moi ce que j'appelle un mur de Berlin entre la loi et le contrat. Et par exemple, l'une des idées émises par monsieur Chertier est de dire : "Quand les syndicats signent un accord, au niveau national, que cet accord est signé, les députés n'ont plus le choix derrière, ils sont obligés de l'avaler tel quel ou de le refuser". Moi je ne suis pas d'accord avec ce type de procédure. Je ne pense pas d'ailleurs que ce soit le moment d'affaiblir le rôle du Parlement. Ca c'est en terme de démocratie. Quand on signe un accord, que l'on fasse notre lobbying auprès des parlementaires, du Gouvernement en disant " Ecoutez ! On a trouvé un compromis, il ne faut pas le chambouler etc.". Ca c'est normal. Mais que l'on dise, c'est le doigt sur la couture du pantalon, autant que demain FO élise des députés. Je dis ça, ça montre bien qu'on est plus dans une logique d'indépendance. Nous ne sommes pas des législateurs. Nous sommes des négociateurs. On va essayer de décrypter tout ça avec le Premier ministre demain. Je vais lui expliquer ça et puis lui expliquer pourquoi aussi, quelles sont les conditions que nous mettons pour examiner ce qu'on appelle la représentativité syndicale. C'est un dossier dont on parle depuis des années. C'est de mesurer la représentativité des syndicats. Alors donc là aussi, je ne ferai pas de langue de bois. Moi je veux dire pourquoi on discute de ce genre de choses. Vous savez c'est le genre de dossier où il y a beaucoup de non dit chez tout le monde. Et le dossier représentativité, une partie du non dit, c'est quel paysage syndical demain. Cela fait partie de ça le dossier représentativité. Donc je vais aborder ça avec lui demain.
Q- Est-ce que vous allez parler aussi avec D. de Villepin de votre prochain grand combat syndical ? Ce sera quoi votre prochain grand combat syndical ?
R- On ne le programme pas, ce n'est pas programmé ce genre de choses. Il y a des problèmes actuels. Le CNE, même si je n'ai jamais indiqué qu'on allait faire grève contre le CNE, mais le CNE, on ne l'a pas oublié. Je vous rappelle qu'il y a des recours aux prud'hommes et progressivement, on va avoir les jugements. Nous on a toujours une plainte au niveau international, au BIT, qui devrait trouver son issue au mois de novembre. Et nous continuons à vouloir la peau du CNE. Après il y a plusieurs dossiers. Il n'y a pas un gros dossier aujourd'hui. Il y a toute une série de dossiers.
Q- Un ou deux dossiers chauds sur lesquels vous pouvez vous mobiliser ?
R- Il y a un secteur chaud par exemple, c'est le secteur de l'hôpital public. Pourquoi ce secteur est chaud ? C'est parce que les budgets hospitaliers publics aujourd'hui, ils sont arrivés à zéro. Et qu'il y a beaucoup d'hôpitaux publics qui sont endettés non seulement pour leurs investissements mais pour fonctionner, pour leurs dépenses de fonctionnement. Donc là si le Gouvernement ne met pas, rallonge pas assez rapidement les budgets hospitaliers, ça risque d'être chaud à la rentrée. Mais ça, ça fait partie des dossiers chauds. Mais il y a les questions d'emploi, il y a les questions de protection sociale et puis il y a une série de négociations avec le patronat. Donc il y a une multitude de dossiers mais il n'y a pas un dossier phare pour le moment.
Q- Ah bon ! Mais vous ne parlez pas de Gaz de France et Suez ?
R- Mais si tout à fait, ça fait partie.
Q- Parce que le Gouvernement est déterminé, il veut faire cette fusion.
R- Oui enfin, c'est ce qu'il a dit pour le moment. On verra mais nous, on est contre. Tout ça parce que là encore, on ne dit pas les choses. Quel est le problème de Suez ? C'est le problème de la structure du capital de l'entreprise Suez. Qui est responsable de la structure de ce capital ? C'est les dirigeants successifs. Le fait que dans le capital de Suez, il y ait 30% de fonds de pension aujourd'hui.
Q- Mais vous savez qu'il y a beaucoup de syndicats de Suez qui sont favorables à la fusion avec GDF ? Là le front syndical est un peu fissuré.
R- Non il n'est pas fissuré. Les syndicats de Suez craignent à juste titre pour l'avenir de Suez. Moi je suis d'accord avec eux. Mais pour régler ça, on n'est pas obligé de privatiser Gaz de France. On peut, l'Etat peut solliciter la Caisse des dépôts et consignations. Cela aura le même effet sur Suez mais ça ne privatisera pas Gaz de France.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 juillet 2006
(secr. gén.
de Force
ouvrière)
France Inter
8h20
P. Weill
le 4 juillet 2006
Q- Les deux coprésidents de EADS, L. Gallois et T. Enders, affirment que le redressement de l'avionneur Airbus est la priorité absolue de la nouvelle direction. Ils disent que la réputation de EADS est en jeu. EADS et Airbus changent de tête, mais pas de structure. Est-ce suffisant ? Renault/Nissan d'accord pour discuter d'une alliance éventuelle avec le géant américain General Motors. Grande manoeuvre industrielle donc dans l'aéronautique et l'automobile. Cela concerne des milliers d'emplois... On a changé des têtes à EADS mais est-ce que cela suffit pour régler les problèmes ?
R- Ce n'est pas uniquement un changement de têtes qui suffit mais je crois qu'il y avait plusieurs éléments importants. Le premier élément important, c'est qu'on préserve ce qu'on appelle le bicéphalisme, on va dire la co-direction franco-allemande. Là, ce qui est mis en place préserve cette co-direction franco-allemande. C'est comme pour la construction de l'Europe : l'axe franco-allemand ; il faut qu'il soit équilibré pour que l'entreprise effectivement se développe. Mais par contre, ce qui est important, c'est que le changement de têtes, maintenant - les changements de têtes en quelque sorte - doivent maintenant concentrer l'activité de EADS sur l'essentiel, à savoir la stratégie industrielle et l'emploi. Or il y a les retards sur l'A380 mais en même temps, ce n'est pas la première fois qu'il y a des retards sur un programme de ce type, des programmes de haute technologie. Il y a l'A350, l'A370. Je crois que maintenant il faut se concentrer sur la stratégie industrielle du groupe, l'investissement, la recherche et l'emploi.
Q- Cette crise à EADS a rappelé l'existence des fameuses stock options. En vendant ses stock options, N. Forgeard, le coprésident évincé, a réalisé une belle plus value. Pour vous, les stock options c'est un bon outil économique, il faut le maintenir, il faut le modifier, il faut le supprimer ?
R- C'est un outil dangereux. D'abord, c'est révoltant mais ça, il y a pas que le cas de EADS. Il y en a eu d'autres, même plus importants. C'est des millions d'euros. Quand je dis c'est un outil dangereux - ce n'est pas uniquement un outil français, c'est un outil international - ce qui est dangereux dans le principe même des stock options, c'est que les actionnaires ont mis en place ce type de rémunération pour s'assurer que le PDG de l'entreprise n'aurait comme activité principale que de rémunérer les actions. Et donc il a une forme de rémunération avec le stock option qui est liée à la valeur de l'action. Plus son action en tant que PDG fait monter le cours de l'action, plus il a d'argent. C'est cela qui est dangereux dans le niveau des stock options. Et l'existence même des stock-options. Alors ce qu'il faut c'est à la fois, si on peut le supprimer - mais il faut que ce soit au niveau international, on ne peut pas le supprimer uniquement dans un pays - en tous les cas, il faut prendre des mesures si ce n'est de supprimer, des mesures à la fois sur le plan fiscal, sur le plan des cotisations. Ecoutez ! On parle des problèmes de la Sécurité sociale ou autres. Il n'y a même pas de cotisations sur ce type de rémunération. Et puis, il faut interdire sur certaines périodes, de pouvoir vendre ce genre de stock options. Donc il faut prendre des mesures qui resserrent un peu la procédure, si ce n'est je vous dis - mais là ce serait un problème international - de pouvoir éliminer ce type de rémunération.
Q- Renault/Nissan propose donc à General Motors d'entamer des discussions pour négocier une alliance. Vous êtes favorable à une telle fusion qui va créer alors un géant de l'automobile ?
R- Je vous avoue que je suis un peu dubitatif. Je n'ai pas tous les éléments de ce dossier. Renault/Nissan est un groupe qui marche bien. General Motors est un groupe qui est en grande difficulté et je voudrais signaler d'ailleurs aux auditeurs, parce que c'est important, que l'une des raisons des difficultés de General Motors, c'est le système de retraite américain : le fait que les entreprises ont des systèmes par capitalisation, des fonds de pension en quelque sorte internes à l'entreprise. Et là, ils n'arrivent plus à payer. C'est une des raisons des difficultés du groupe General Motors. Alors il y a des difficultés économiques, c'est un groupe important. Il y a des suppressions d'emplois prévues dans General Motors et on ne voit pas bien pour le moment comment ce croisement de capital pourrait amener tout de suite à Renault/Nissan. Est-ce que General Motors acceptera ? J'avoue que je suis un peu dubitatif dans l'immédiat.
Q- La CGT dit que cela pourrait menacer les emplois. Est-ce que vous êtes inquiet ?
R- Une entreprise comme Renault/Nissan qui fait des résultats, se croisant, je ne sais pas sous quelle forme, avec une entreprise qui a de grosses difficultés financières, comment tout ça va être amorti si ça se fait ? Comment c'est amorti ? Quelles conséquences ? Est-ce qu'il y aura des synergies ? C'est toute une série de questions qui sont posées aujourd'hui. D'ailleurs, j'ai bien noté qu'y compris les marchés financiers, visiblement, ne comprennent pas trop la manoeuvre. Donc je demande à voir mais j'avoue que je suis dubitatif.
Q- Vous avez rendez-vous J.-C. Mailly demain après midi avec le Premier ministre, D. de Villepin. Il veut entamer un dialogue sur la modernisation du dialogue sociale. Il veut des mesures concrètes et consensuelles. Alors lors de la crise du CPE vous avez dénoncé l'absence de dialogue social chez le chef du Gouvernement. Vous allez le voir demain. D'abord qu'est-ce que vous allez lui dire demain ?
R- D'abord, c'est lui qui a demandé à nous voir. Moi je ne l'ai pas revu depuis
le CPE. Il a demandé à nous voir pour discuter du dialogue social, un terme générique qui veut tout dire et ne rien dire en même temps. Et il avait demandé à monsieur Chertier, qui est l'ancien directeur de l'Unedic, ancien conseiller social de monsieur Raffarin, un rapport sur comment améliorer le dialogue social entre les pouvoirs publics et les syndicats. Il avait demandé cela au mois de décembre. Donc monsieur Chertier n'avait pas encore eu le temps de rendre sa copie quand monsieur Villepin a annoncé le CPE. Alors ceci sous forme de boutade mais je veux quand même lui expliquer demain, parce que c'est à la fois le dialogue social et la représentativité syndicale, les deux thèmes qu'il souhaite aborder. Moi j'en aurai d'autres à aborder.
Q- Lesquels ? Dites-moi tout, je veux tout savoir.
R- La prime transport. Cela fait un an qu'on réclame une prime transport qui compense l'augmentation du coût du pétrole pour les salariés qui vont travailler avec leur voiture. Cela fait un an qu'on nous dit "ben oui on va regarder, c'est à l'étude". Eh bien, c'est bien long. On veut maintenant que ça se mette en place de manière rapide. Par exemple. Je reviens sur le dialogue social. Il faut arrêter de faire de la théorie là-dessus. On dit "il faut qu'on regarde ce qui relève de la loi et il faut qu'on regarde ce qui relève du contrat, si c'est l'un, c'est pas l'autre". Attendez ! Il y a des choses qui relèvent de la loi, il y a des choses qui relèvent du contrat. On est dans une République, une République démocratique et après, il y a toute une série de dossiers qui, un jour, en fonction du contexte, relèvent de la loi et un autre jour du contrat. Je veux dire, on peut pas faire moi ce que j'appelle un mur de Berlin entre la loi et le contrat. Et par exemple, l'une des idées émises par monsieur Chertier est de dire : "Quand les syndicats signent un accord, au niveau national, que cet accord est signé, les députés n'ont plus le choix derrière, ils sont obligés de l'avaler tel quel ou de le refuser". Moi je ne suis pas d'accord avec ce type de procédure. Je ne pense pas d'ailleurs que ce soit le moment d'affaiblir le rôle du Parlement. Ca c'est en terme de démocratie. Quand on signe un accord, que l'on fasse notre lobbying auprès des parlementaires, du Gouvernement en disant " Ecoutez ! On a trouvé un compromis, il ne faut pas le chambouler etc.". Ca c'est normal. Mais que l'on dise, c'est le doigt sur la couture du pantalon, autant que demain FO élise des députés. Je dis ça, ça montre bien qu'on est plus dans une logique d'indépendance. Nous ne sommes pas des législateurs. Nous sommes des négociateurs. On va essayer de décrypter tout ça avec le Premier ministre demain. Je vais lui expliquer ça et puis lui expliquer pourquoi aussi, quelles sont les conditions que nous mettons pour examiner ce qu'on appelle la représentativité syndicale. C'est un dossier dont on parle depuis des années. C'est de mesurer la représentativité des syndicats. Alors donc là aussi, je ne ferai pas de langue de bois. Moi je veux dire pourquoi on discute de ce genre de choses. Vous savez c'est le genre de dossier où il y a beaucoup de non dit chez tout le monde. Et le dossier représentativité, une partie du non dit, c'est quel paysage syndical demain. Cela fait partie de ça le dossier représentativité. Donc je vais aborder ça avec lui demain.
Q- Est-ce que vous allez parler aussi avec D. de Villepin de votre prochain grand combat syndical ? Ce sera quoi votre prochain grand combat syndical ?
R- On ne le programme pas, ce n'est pas programmé ce genre de choses. Il y a des problèmes actuels. Le CNE, même si je n'ai jamais indiqué qu'on allait faire grève contre le CNE, mais le CNE, on ne l'a pas oublié. Je vous rappelle qu'il y a des recours aux prud'hommes et progressivement, on va avoir les jugements. Nous on a toujours une plainte au niveau international, au BIT, qui devrait trouver son issue au mois de novembre. Et nous continuons à vouloir la peau du CNE. Après il y a plusieurs dossiers. Il n'y a pas un gros dossier aujourd'hui. Il y a toute une série de dossiers.
Q- Un ou deux dossiers chauds sur lesquels vous pouvez vous mobiliser ?
R- Il y a un secteur chaud par exemple, c'est le secteur de l'hôpital public. Pourquoi ce secteur est chaud ? C'est parce que les budgets hospitaliers publics aujourd'hui, ils sont arrivés à zéro. Et qu'il y a beaucoup d'hôpitaux publics qui sont endettés non seulement pour leurs investissements mais pour fonctionner, pour leurs dépenses de fonctionnement. Donc là si le Gouvernement ne met pas, rallonge pas assez rapidement les budgets hospitaliers, ça risque d'être chaud à la rentrée. Mais ça, ça fait partie des dossiers chauds. Mais il y a les questions d'emploi, il y a les questions de protection sociale et puis il y a une série de négociations avec le patronat. Donc il y a une multitude de dossiers mais il n'y a pas un dossier phare pour le moment.
Q- Ah bon ! Mais vous ne parlez pas de Gaz de France et Suez ?
R- Mais si tout à fait, ça fait partie.
Q- Parce que le Gouvernement est déterminé, il veut faire cette fusion.
R- Oui enfin, c'est ce qu'il a dit pour le moment. On verra mais nous, on est contre. Tout ça parce que là encore, on ne dit pas les choses. Quel est le problème de Suez ? C'est le problème de la structure du capital de l'entreprise Suez. Qui est responsable de la structure de ce capital ? C'est les dirigeants successifs. Le fait que dans le capital de Suez, il y ait 30% de fonds de pension aujourd'hui.
Q- Mais vous savez qu'il y a beaucoup de syndicats de Suez qui sont favorables à la fusion avec GDF ? Là le front syndical est un peu fissuré.
R- Non il n'est pas fissuré. Les syndicats de Suez craignent à juste titre pour l'avenir de Suez. Moi je suis d'accord avec eux. Mais pour régler ça, on n'est pas obligé de privatiser Gaz de France. On peut, l'Etat peut solliciter la Caisse des dépôts et consignations. Cela aura le même effet sur Suez mais ça ne privatisera pas Gaz de France.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 juillet 2006