Texte intégral
Pour la CFE-CGC, cette baisse du chômage de 2,1 % est une excellente nouvelle.
Bernard van Craeynest
Le 30/06/2006 par I Télévision
Thomas Joubert : (...) Alors le chômage baisse. Une baisse de 2,1 %. C'est une bonne nouvelle ?
Bernard van Craeynest : A priori oui, c'est une excellente nouvelle. Il faut maintenant regarder d'un peu plus près ce à quoi ça correspond.
TJ : Alors justement regardons de plus près. C'est une baisse artificielle toujours ? On parle des emplois aidés, des radiations. Ou alors il y a une vraie hausse des créations d'emplois ?
BVC : Je crois qu'indéniablement, il y a une orientation qui est patente depuis un certain nombre de mois. Mais je ne suis pas persuadé que les 48 900 chômeurs en moins dans les statistiques correspondent à 48 900 personnes qui ont trouvé ou retrouvé un emploi. Et c'est là que le bas blesse mais, je pense que le travail que nous effectuons avec Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher pour améliorer le service public de l'emploi, les efforts pour faire en sorte qu'en particulier le contrat de transition professionnelle soit un moyen d'éviter que les personnes qui perdent leur emploi passent par la case chômage commencent à porter leurs fruits. Maintenant, ne faisons pas preuve de triomphalisme parce que nous voyons pointer à l'horizon certains nuages, en particulier avec de nombreux plans sociaux qui sont déjà annoncés ou qui risquent d'être annoncé dans les prochains mois dans l'industrie...
TJ : Justement la politique du gouvernement en matière d'emploi, vous en avez parlé à l'instant, vous considérez que ça marche ? Vous êtes confiant dans l'avenir ?
BVC : Je pense que par rapport à la situation que nous avons connue ces dernières années, il y a incontestablement un mieux. Mais toutefois ça n'est pas suffisant. Nous avons un taux de croissance qui s'améliore par rapport à l'an dernier mais ce n'est pas forcément une croissance riche en emplois. Et donc il va falloir poursuivre les efforts pour améliorer notamment la professionnalisation, pour redonner confiance aux Français. Et vous savez, en général, quand les Français retrouvent confiance, ils se disent qu'après tout, pourquoi pas eux - ils pourraient trouver un emploi. Et on risque de voir remonter le nombre de personnes qui s'inscrivent à l'ANPE précisément pour revenir vers l'emploi.
TJ : Il faut toujours faire attention aux chiffres et aux statistiques en fait. C'est ça que vous êtes en train de nous expliquer.
BVC : Absolument, il faut être extrêmement prudent en la matière et ne pas oublier que malheureusement, il y a, selon les statistiques officielles, encore plus de 2 200 000 personnes inscrites au chômage et sans doute beaucoup plus qui auraient envie de trouver un emploi et beaucoup également qui ont actuellement un emploi mais pas forcément satisfaisant à leurs yeux parce qu'en temps partiel, parce qu'avec une situation relativement précaire.
TJ : Le nerf de la guerre justement, ce sont les salariés non qualifiés, en terme de chômage.
BVC : Oui, il y a ce problème bien entendu. Et c'est pour ça qu'il est important de renforcer les formules de professionnalisation et d'améliorer la relation entre les formations initiales et les emplois. N'oublions pas non plus qu'il y a toujours plus de 300 000 offres d'emploi non satisfaites.
TJ : Dans des secteurs qui sont pourtant porteurs.
BVC : Comme le bâtiment, comme l'hôtellerie-restauration mais qui correspondent à des métiers dont l'image n'est pas forcément très bonne.
TJ : Donc là, c'est sur la formation qu'il faut travailler.
BVC : Et sur l'évolution des mentalités tant des familles que de tous pour bien indiquer qu'il n'y a pas de "sot métier". Et donc il appartient également au patronat de faire en sorte de non seulement revaloriser l'image de ces métiers, mais d'offrir des carrières attrayantes et des perspectives d'avenir sympathiques. Parce que nous avons aussi un problème dans ce pays qui est le fait que l'ascenseur social est en panne.
TJ : Oui, la formule n'est pas qu'une formule justement. Ça vous énerve le triomphalisme de Jean-Louis Borloo et plus globalement du gouvernement ? Parce qu'on l'a vu, le ministre de la Cohésion sociale avec un grand sourire hier soir à la télévision. Dans toute la presse ce matin, il y a des interviewes de lui où il se réjouit évidemment de cette baisse du chômage. Mais est-ce qu'il ne faut pas rester modeste finalement ?
BVC : C'est ce que je vous disais à l'instant : gardons-nous de tout triomphalisme. Nous connaissons Jean-Louis Borloo, personnalité atypique et tout à fait sympathique qui a tendance à s'enthousiasmer assez rapidement. D'une certaine façon, il a raison parce qu'il y a effectivement une orientation tout à fait favorable. Mais encore une fois, soyons prudents. Ne relâchons pas les efforts. Il y a encore beaucoup à faire.
TJ : Et surtout que c'est un des enjeux de la prochaine élection présidentielle cette baisse du chômage. Vous allez participer aujourd'hui à la clôture de la conférence nationale pour l'égalité des chances. Voilà un autre grand chantier de Dominique de Villepin. C'était d'ailleurs, cette année 2006, l'année de l'égalité des chances. Ça correspond vraiment à quelque chose ces mesures : une année de l'égalité des chances, aujourd'hui, une conférence nationale ? Ça sert à quoi ?
BVC : Ça sert à mettre l'accent, à braquer les phares sur un sujet en particulier. Et là aussi, il ne s'agit pas de s'enthousiasmer de manière ponctuelle pour tel ou tel programme. C'est un travail de longue haleine. Il commence à y avoir un petit peu de mieux mais encore une fois... Il y avait eu un bon travail de fait, en particulier en matière d'égalité professionnelle, par Madame Ameline. Malheureusement, elle a été remerciée. Je crois qu'un certain nombre de mesures se poursuivent, notamment la labellisation des entreprises qui font des efforts remarquables pour aller dans le sens de cette égalité professionnelle. Mais on le voit bien, que ça soit dans certaines professions ou dans beaucoup d'entreprises, il y a des mentalités à faire évoluer parce qu'on a toujours le problème du plafond de verre. On a toujours le problème de l'accès à certains emplois et à certaines promotions. Et également un suivi de carrière et des rémunérations pour faire en sorte que les femmes soient bien considérées comme l'égale des hommes, ce qu'elles sont tout naturellement.
TJ : "C'est un combat de tous les jours", selon Dominique de Villepin qui s'exprime aujourd'hui dans Libération et qui suppose de l'indignation et de l'imagination. Alors vous êtes indignés et imaginatifs sur ce dossier à la CFE-CGC ?
BVC : Indignés depuis longtemps parce que le code du travail contient un certain nombre de mesures. On rappelle souvent que la première loi en la matière - dite loi Roudy - a plus de vingt ans aujourd'hui. Cette loi indiquait qu'il était nécessaire de faire un bilan annuel à l'instar du bilan social, mais également pour les entreprises donc de plus de 250 salariés. Il est indispensable de faire en sorte d'indiquer chaque année les mesures concrètes qu'elles prennent pour corriger les écarts constatés. Vous savez qu'il y a des écarts de rémunération certes en moyenne de l'ordre de 20 %. Il ne s'agit pas seulement de constater. Il s'agit d'indiquer clairement ce que l'on prend comme mesure pour corriger ces écarts inadmissibles.
TJ : Dominique de Villepin dit qu'il faut distinguer l'égalité des chances de l'égalitarisme.
BVC : Bien entendu. Et nous, à la CFE-CGC, nous n'avons jamais été pour l'égalitarisme. Nous sommes pour le respect de la hiérarchie. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas d'équité dans les mesures prisés pour corriger justement un certain nombre d'inégalités constatées.
TJ : Vous serez donc aujourd'hui à la clôture de cette conférence sur l'égalité des chances. Ce sera à la Villette. Un petit peu avant, Dominique de Villepin va se déplacer à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour aller visiter justement une entreprise qui fabrique des vêtements de sport et qui joue à fond la carte de l'égalité des chances. Une des initiatives dont on soulignait l'efficacité à l'instant avec vous. Source http://www.cfecgc.org, le 6 juillet 2006
Bernard van Craeynest
Le 30/06/2006 par I Télévision
Thomas Joubert : (...) Alors le chômage baisse. Une baisse de 2,1 %. C'est une bonne nouvelle ?
Bernard van Craeynest : A priori oui, c'est une excellente nouvelle. Il faut maintenant regarder d'un peu plus près ce à quoi ça correspond.
TJ : Alors justement regardons de plus près. C'est une baisse artificielle toujours ? On parle des emplois aidés, des radiations. Ou alors il y a une vraie hausse des créations d'emplois ?
BVC : Je crois qu'indéniablement, il y a une orientation qui est patente depuis un certain nombre de mois. Mais je ne suis pas persuadé que les 48 900 chômeurs en moins dans les statistiques correspondent à 48 900 personnes qui ont trouvé ou retrouvé un emploi. Et c'est là que le bas blesse mais, je pense que le travail que nous effectuons avec Jean-Louis Borloo et Gérard Larcher pour améliorer le service public de l'emploi, les efforts pour faire en sorte qu'en particulier le contrat de transition professionnelle soit un moyen d'éviter que les personnes qui perdent leur emploi passent par la case chômage commencent à porter leurs fruits. Maintenant, ne faisons pas preuve de triomphalisme parce que nous voyons pointer à l'horizon certains nuages, en particulier avec de nombreux plans sociaux qui sont déjà annoncés ou qui risquent d'être annoncé dans les prochains mois dans l'industrie...
TJ : Justement la politique du gouvernement en matière d'emploi, vous en avez parlé à l'instant, vous considérez que ça marche ? Vous êtes confiant dans l'avenir ?
BVC : Je pense que par rapport à la situation que nous avons connue ces dernières années, il y a incontestablement un mieux. Mais toutefois ça n'est pas suffisant. Nous avons un taux de croissance qui s'améliore par rapport à l'an dernier mais ce n'est pas forcément une croissance riche en emplois. Et donc il va falloir poursuivre les efforts pour améliorer notamment la professionnalisation, pour redonner confiance aux Français. Et vous savez, en général, quand les Français retrouvent confiance, ils se disent qu'après tout, pourquoi pas eux - ils pourraient trouver un emploi. Et on risque de voir remonter le nombre de personnes qui s'inscrivent à l'ANPE précisément pour revenir vers l'emploi.
TJ : Il faut toujours faire attention aux chiffres et aux statistiques en fait. C'est ça que vous êtes en train de nous expliquer.
BVC : Absolument, il faut être extrêmement prudent en la matière et ne pas oublier que malheureusement, il y a, selon les statistiques officielles, encore plus de 2 200 000 personnes inscrites au chômage et sans doute beaucoup plus qui auraient envie de trouver un emploi et beaucoup également qui ont actuellement un emploi mais pas forcément satisfaisant à leurs yeux parce qu'en temps partiel, parce qu'avec une situation relativement précaire.
TJ : Le nerf de la guerre justement, ce sont les salariés non qualifiés, en terme de chômage.
BVC : Oui, il y a ce problème bien entendu. Et c'est pour ça qu'il est important de renforcer les formules de professionnalisation et d'améliorer la relation entre les formations initiales et les emplois. N'oublions pas non plus qu'il y a toujours plus de 300 000 offres d'emploi non satisfaites.
TJ : Dans des secteurs qui sont pourtant porteurs.
BVC : Comme le bâtiment, comme l'hôtellerie-restauration mais qui correspondent à des métiers dont l'image n'est pas forcément très bonne.
TJ : Donc là, c'est sur la formation qu'il faut travailler.
BVC : Et sur l'évolution des mentalités tant des familles que de tous pour bien indiquer qu'il n'y a pas de "sot métier". Et donc il appartient également au patronat de faire en sorte de non seulement revaloriser l'image de ces métiers, mais d'offrir des carrières attrayantes et des perspectives d'avenir sympathiques. Parce que nous avons aussi un problème dans ce pays qui est le fait que l'ascenseur social est en panne.
TJ : Oui, la formule n'est pas qu'une formule justement. Ça vous énerve le triomphalisme de Jean-Louis Borloo et plus globalement du gouvernement ? Parce qu'on l'a vu, le ministre de la Cohésion sociale avec un grand sourire hier soir à la télévision. Dans toute la presse ce matin, il y a des interviewes de lui où il se réjouit évidemment de cette baisse du chômage. Mais est-ce qu'il ne faut pas rester modeste finalement ?
BVC : C'est ce que je vous disais à l'instant : gardons-nous de tout triomphalisme. Nous connaissons Jean-Louis Borloo, personnalité atypique et tout à fait sympathique qui a tendance à s'enthousiasmer assez rapidement. D'une certaine façon, il a raison parce qu'il y a effectivement une orientation tout à fait favorable. Mais encore une fois, soyons prudents. Ne relâchons pas les efforts. Il y a encore beaucoup à faire.
TJ : Et surtout que c'est un des enjeux de la prochaine élection présidentielle cette baisse du chômage. Vous allez participer aujourd'hui à la clôture de la conférence nationale pour l'égalité des chances. Voilà un autre grand chantier de Dominique de Villepin. C'était d'ailleurs, cette année 2006, l'année de l'égalité des chances. Ça correspond vraiment à quelque chose ces mesures : une année de l'égalité des chances, aujourd'hui, une conférence nationale ? Ça sert à quoi ?
BVC : Ça sert à mettre l'accent, à braquer les phares sur un sujet en particulier. Et là aussi, il ne s'agit pas de s'enthousiasmer de manière ponctuelle pour tel ou tel programme. C'est un travail de longue haleine. Il commence à y avoir un petit peu de mieux mais encore une fois... Il y avait eu un bon travail de fait, en particulier en matière d'égalité professionnelle, par Madame Ameline. Malheureusement, elle a été remerciée. Je crois qu'un certain nombre de mesures se poursuivent, notamment la labellisation des entreprises qui font des efforts remarquables pour aller dans le sens de cette égalité professionnelle. Mais on le voit bien, que ça soit dans certaines professions ou dans beaucoup d'entreprises, il y a des mentalités à faire évoluer parce qu'on a toujours le problème du plafond de verre. On a toujours le problème de l'accès à certains emplois et à certaines promotions. Et également un suivi de carrière et des rémunérations pour faire en sorte que les femmes soient bien considérées comme l'égale des hommes, ce qu'elles sont tout naturellement.
TJ : "C'est un combat de tous les jours", selon Dominique de Villepin qui s'exprime aujourd'hui dans Libération et qui suppose de l'indignation et de l'imagination. Alors vous êtes indignés et imaginatifs sur ce dossier à la CFE-CGC ?
BVC : Indignés depuis longtemps parce que le code du travail contient un certain nombre de mesures. On rappelle souvent que la première loi en la matière - dite loi Roudy - a plus de vingt ans aujourd'hui. Cette loi indiquait qu'il était nécessaire de faire un bilan annuel à l'instar du bilan social, mais également pour les entreprises donc de plus de 250 salariés. Il est indispensable de faire en sorte d'indiquer chaque année les mesures concrètes qu'elles prennent pour corriger les écarts constatés. Vous savez qu'il y a des écarts de rémunération certes en moyenne de l'ordre de 20 %. Il ne s'agit pas seulement de constater. Il s'agit d'indiquer clairement ce que l'on prend comme mesure pour corriger ces écarts inadmissibles.
TJ : Dominique de Villepin dit qu'il faut distinguer l'égalité des chances de l'égalitarisme.
BVC : Bien entendu. Et nous, à la CFE-CGC, nous n'avons jamais été pour l'égalitarisme. Nous sommes pour le respect de la hiérarchie. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y ait pas d'équité dans les mesures prisés pour corriger justement un certain nombre d'inégalités constatées.
TJ : Vous serez donc aujourd'hui à la clôture de cette conférence sur l'égalité des chances. Ce sera à la Villette. Un petit peu avant, Dominique de Villepin va se déplacer à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, pour aller visiter justement une entreprise qui fabrique des vêtements de sport et qui joue à fond la carte de l'égalité des chances. Une des initiatives dont on soulignait l'efficacité à l'instant avec vous. Source http://www.cfecgc.org, le 6 juillet 2006