Texte intégral
Q - Le Liban rejette le projet franco-américain de résolution qui doit être présenté demain à l'ONU. Il exige que les forces israéliennes quittent le sud du pays. Est-ce que vous allez accepter ?
R - D'abord, il faut dire que cette résolution, que nous présentons avec les Américains, nous en parlons également avec les autres partenaires du Conseil de sécurité. Au moment où je vous parle, la très grande majorité des 15 pays membres du Conseil de sécurité est d'accord avec cette résolution.
Il n'en reste pas moins, en effet, que le gouvernement libanais, mais aussi la Ligue arabe, dont les ministres des Affaires étrangères des pays membres étaient réunis aujourd'hui à Beyrouth, considèrent que l'on peut encore progresser et enrichir ce texte. Nous disons donc aux Américains : "ne déposons pas encore cette résolution tant que nous n'avons pas pris en considération les amendements avancés par le gouvernement libanais et par la Ligue arabe".
Q - Les amendements en question sont en discussion avec les Américains notamment ?
R - Oui, bien sûr, avec les Américains - avec Condoleezza Rice - mais aussi avec les Israéliens, avec les Libanais - avec le Premier ministre libanais - et avec les différents ministres des Affaires étrangères, avec lesquels je m'entretiens régulièrement au téléphone.
Il s'agit du retrait des forces israéliennes du Liban-Sud et d'une mention plus précise de la question des fermes de Chebaa. Un fait politique majeur est intervenu ce soir : le gouvernement libanais a dit pour la première fois depuis 2000 qu'il était prêt à déployer l'armée libanaise au Liban-Sud, conformément à la résolution 1559 que nous avons co-écrite avec les Américains. C'est-à-dire le désarmement du Hezbollah et l'entière souveraineté des autorités libanaises sur tout le territoire avec le soutien de l'armée.
Q - Si, sur certains des points, les Américains campaient sur leurs positions, la France se retrouverait de fait dans une situation délicate, prise en tenailles ?
R - La France est - parce que le président de la République l'a souhaité comme cela - le point d'équilibre entre, d'un côté, les pays arabes modérés et, de l'autre, Israël et les Américains. Pourquoi cet équilibre ? Parce que nous avons besoin d'un Etat libanais fort. Nous avons besoin de la souveraineté du Liban. Il faut aider Fouad Siniora et le Premier ministre libanais.
Nous avons tout de suite affirmé qu'il fallait un calendrier diplomatique précis. D'abord, il faut faire cesser les hostilités le plus vite possible - le temps presse - en saisissant le Conseil de sécurité, en accord avec les autres membres. Ensuite, trouvons les termes d'un accord politique qui permettra un cessez-le-feu durable. Enfin, uniquement après le cessez-le-feu durable, envisageons le déploiement d'une force internationale.
Q - Alors justement, pour sortir du conflit, cette force d'interposition internationale, probablement sous mandat, Philippe Douste-Blazy, la France est-elle prête à envoyer plusieurs milliers de soldats au sud Liban ?
R - Le président de la République a immédiatement fixé les règles du jeu. D'abord un accord politique, je vous le disais tout à l'heure, qui permette un cessez-le-feu durable. Ensuite, si les conditions d'un cessez-le-feu durable sont obtenues - nous y travaillons actuellement - il appartiendra au président de la République de décider si la France doit participer ou pas à cette force internationale. Il faudra en tout cas que ce déploiement soit effectué sous mandat de l'Onu.
A propos des conditions politiques d'un cessez-le-feu durable, permettez-moi de le dire, il faut revenir sur la question des fermes de Chebaa - soit dans le texte de la résolution dont nous parlions à l'instant, soit dans un document annexe. Pourquoi ne pas proposer que ce territoire soit placé sous tutelle de l'ONU, dans un premier temps, avant qu'elles ne reviennent au Liban. Il faut également que nous parlions des personnes déplacées qui devraient revenir dans le Liban-Sud - il y a un million de personnes déplacées - et mettre un terme au blocus maritime et aérien.
Une fois ces conditions politiques obtenues, nous pourrons en effet envisager une force internationale.
Q - Alors, même si le cessez-le-feu est obtenu, un cessez-le-feu, cela reste fragile. Est-ce que cette force d'interposition aura le droit de riposter si elle est prise pour cible ?
R - Oui mais attention, cette force internationale ne doit pas être déployée pour faire le travail que n'arrive pas à faire aujourd'hui l'armée israélienne.
Nous, nous pensons qu'Israël a un droit imprescriptible : le droit à la sécurité. Il faut donc l'aider, mais nous ne croyons pas à une solution purement militaire pour désarmer le Hezbollah ; il faut une solution politique. C'est pour cela que nous soutenons totalement la proposition du gouvernement libanais de déployer l'armée libanaise au Liban-Sud. Nous soutenons totalement cette idée parce qu'à partir de là, le désarmement du Hezbollah peut intervenir, par les Libanais eux-mêmes, dans un cadre politique inter-libanais ; c'est le dialogue national.
Dans ces conditions, une force internationale peut être déployée.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2006
R - D'abord, il faut dire que cette résolution, que nous présentons avec les Américains, nous en parlons également avec les autres partenaires du Conseil de sécurité. Au moment où je vous parle, la très grande majorité des 15 pays membres du Conseil de sécurité est d'accord avec cette résolution.
Il n'en reste pas moins, en effet, que le gouvernement libanais, mais aussi la Ligue arabe, dont les ministres des Affaires étrangères des pays membres étaient réunis aujourd'hui à Beyrouth, considèrent que l'on peut encore progresser et enrichir ce texte. Nous disons donc aux Américains : "ne déposons pas encore cette résolution tant que nous n'avons pas pris en considération les amendements avancés par le gouvernement libanais et par la Ligue arabe".
Q - Les amendements en question sont en discussion avec les Américains notamment ?
R - Oui, bien sûr, avec les Américains - avec Condoleezza Rice - mais aussi avec les Israéliens, avec les Libanais - avec le Premier ministre libanais - et avec les différents ministres des Affaires étrangères, avec lesquels je m'entretiens régulièrement au téléphone.
Il s'agit du retrait des forces israéliennes du Liban-Sud et d'une mention plus précise de la question des fermes de Chebaa. Un fait politique majeur est intervenu ce soir : le gouvernement libanais a dit pour la première fois depuis 2000 qu'il était prêt à déployer l'armée libanaise au Liban-Sud, conformément à la résolution 1559 que nous avons co-écrite avec les Américains. C'est-à-dire le désarmement du Hezbollah et l'entière souveraineté des autorités libanaises sur tout le territoire avec le soutien de l'armée.
Q - Si, sur certains des points, les Américains campaient sur leurs positions, la France se retrouverait de fait dans une situation délicate, prise en tenailles ?
R - La France est - parce que le président de la République l'a souhaité comme cela - le point d'équilibre entre, d'un côté, les pays arabes modérés et, de l'autre, Israël et les Américains. Pourquoi cet équilibre ? Parce que nous avons besoin d'un Etat libanais fort. Nous avons besoin de la souveraineté du Liban. Il faut aider Fouad Siniora et le Premier ministre libanais.
Nous avons tout de suite affirmé qu'il fallait un calendrier diplomatique précis. D'abord, il faut faire cesser les hostilités le plus vite possible - le temps presse - en saisissant le Conseil de sécurité, en accord avec les autres membres. Ensuite, trouvons les termes d'un accord politique qui permettra un cessez-le-feu durable. Enfin, uniquement après le cessez-le-feu durable, envisageons le déploiement d'une force internationale.
Q - Alors justement, pour sortir du conflit, cette force d'interposition internationale, probablement sous mandat, Philippe Douste-Blazy, la France est-elle prête à envoyer plusieurs milliers de soldats au sud Liban ?
R - Le président de la République a immédiatement fixé les règles du jeu. D'abord un accord politique, je vous le disais tout à l'heure, qui permette un cessez-le-feu durable. Ensuite, si les conditions d'un cessez-le-feu durable sont obtenues - nous y travaillons actuellement - il appartiendra au président de la République de décider si la France doit participer ou pas à cette force internationale. Il faudra en tout cas que ce déploiement soit effectué sous mandat de l'Onu.
A propos des conditions politiques d'un cessez-le-feu durable, permettez-moi de le dire, il faut revenir sur la question des fermes de Chebaa - soit dans le texte de la résolution dont nous parlions à l'instant, soit dans un document annexe. Pourquoi ne pas proposer que ce territoire soit placé sous tutelle de l'ONU, dans un premier temps, avant qu'elles ne reviennent au Liban. Il faut également que nous parlions des personnes déplacées qui devraient revenir dans le Liban-Sud - il y a un million de personnes déplacées - et mettre un terme au blocus maritime et aérien.
Une fois ces conditions politiques obtenues, nous pourrons en effet envisager une force internationale.
Q - Alors, même si le cessez-le-feu est obtenu, un cessez-le-feu, cela reste fragile. Est-ce que cette force d'interposition aura le droit de riposter si elle est prise pour cible ?
R - Oui mais attention, cette force internationale ne doit pas être déployée pour faire le travail que n'arrive pas à faire aujourd'hui l'armée israélienne.
Nous, nous pensons qu'Israël a un droit imprescriptible : le droit à la sécurité. Il faut donc l'aider, mais nous ne croyons pas à une solution purement militaire pour désarmer le Hezbollah ; il faut une solution politique. C'est pour cela que nous soutenons totalement la proposition du gouvernement libanais de déployer l'armée libanaise au Liban-Sud. Nous soutenons totalement cette idée parce qu'à partir de là, le désarmement du Hezbollah peut intervenir, par les Libanais eux-mêmes, dans un cadre politique inter-libanais ; c'est le dialogue national.
Dans ces conditions, une force internationale peut être déployée.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 août 2006