Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affairs étrangères, avec RTL le 20 août 2006, sur les conditions au renforcement français de la Finul au Liban.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q - Monsieur le Ministre, comment jugez-vous cette entorse israélienne à la trêve ?
R - Nous leur rappelons qu'il est majeur que, sur le terrain, la résolution 1701, qui a été votée à l'unanimité par le Conseil de sécurité, puisse être respectée. Il faut accompagner le double mouvement de déploiement de l'armée libanaise au sud et du retrait israélien. C'est un équilibre très très instable et il faut que cet équilibre puisse tenir.
Q - Ceci étant dit, l'ONU et Israël reprochent tous deux à la France d'envoyer peu de soldats, alors que c'est la France qui a fait voter la résolution de cessez-le-feu.
R - La France est le premier pays à apporter une contribution sur le terrain. Comme vous le savez, le président de la République a souhaité qu'en urgence, nous répondions à ce renforcement de la FINUL puisque, au-delà des 200 hommes que nous avions déjà, nous sommes en train d'envoyer 200 autres hommes. 50 sont déjà arrivés, 150 autres sont partis de Toulon ce matin.
Q - On est loin des milliers annoncés.
R - C'est une phase d'urgence et nous souhaitons une solidarité européenne. J'appelle ici, ce matin, à une solidarité européenne concernant le dossier du Liban. J'ai demandé à mon homologue, M. Erkki Tuomioja, le ministre des Affaires étrangères finlandais, qui est président du Conseil européen aujourd'hui, de faire une réunion le plus vite possible, réunion portant sur les questions politique, militaire et humanitaire, pour savoir ce que nos partenaires européens souhaitent faire.
Au-delà de cette phase d'urgence, nous voulons obtenir des Nations unis des précisions sur les missions, sur la chaîne de commandement, sur la façon dont la FINUL doit être organisée, à qui doit-elle rapporter, ainsi que sur les règles de fonctionnement. Quelle est la liberté de circulation de cette force ? Quelles devraient-être ses réactions en cas d'incident sur le terrain? Et à quel moment doit-elle avoir recours à la force ? Quels sont les moyens dont cette force sera dotée pour garantir sa sécurité ? Autrement dit, ce sont des règles précises et dont nous demandons qu'elles soient surtout connues à l'avance. Nous attendons aussi ce que les pays musulmans vont faire de leur côté. Il ne s'agit pas de déployer une force seulement occidentale en plein milieu du Sud Liban. Après et alors, nous donnerons notre avis sur la suite des évènements et de l'opération FINUL.
Mais le seul problème qu'il y a aujourd'hui dans le Sud Liban, c'est un problème politique. Ce n'est pas par une solution militaire, nous le disons depuis le début, que nous règlerons le problème du Hezbollah. C'est par un accord politique. La résolution 1701, que la France a fait en grande partie voter, il y a quelques jours, est basée sur un accord politique.
Q - L'accord politique, dans ce cas là, on est bien obligé de parler peut-être des autres pays autour, la Syrie, l'Iran. Est-ce qu'il peut y avoir des évolutions de ce point de vue là ?
R - Il est évident que l'Iran joue un rôle.
Q - Vous l'aviez dit pour l'Iran, pas pour la Syrie.
R - Pour la Syrie, c'est autre chose. La Syrie, c'est un pays sur la sellette. La résolution 1595 crée une commission d'enquête internationale indépendante pour faire toute la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier-ministre libanais, Rafic Hariri. Nous voulons que le juge Brammetz continue à faire son travail en toute indépendance pour faire la vérité sur ce sujet, et nous ne voulons pas que des responsables, en particulier syriens, puissent se soustraire à cette obligation internationale, qui est une obligation pénale internationale.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 22 août 2006