Texte intégral
Xavier Bertrand
RTL
Richard Arzt
le 21 août 2006
Q- Richard Arzt : On commence par Ségolène Royal, même si elle n'est pas de votre bord. Est-ce que vous la voyez comme une candidate solide et crédible ?
R- Xavier Bertrand : Solide et crédible, non. Parce que ce que j'ai beaucoup entendu dimanche dans les commentaires, c'est davantage des désirs d'avenir de sa part, des désirs de candidature, mais certainement pas un projet d'avenir pour la France et pour les Français. Donc crédible, je ne crois pas. On a été beaucoup, dans ce que j'ai entendu dimanche à Frangy, dans le domaine des paroles. Ca me rappelle un peu cette chanson, "Paroles, paroles, paroles", de la démagogie, de la caricature. Ce n'est pas tellement surprenant parce que, 1°, en la matière, les socialistes ont beaucoup d'expérience, en matière de démagogie et de caricature, et 2°, ils n'ont pas grand chose d'autre à dire et de sa part, on a entendu beaucoup - un peu un constat - des problèmes qui se posent aujourd'hui à la France, aux Français, mais en aucun cas des solutions.
Q- Mais quand même, est-ce que, quand elle valorise la valeur du travail, la récompense de l'effort...
R- Elle parle de la valeur du travail. Elle ne parle pas de valoriser la valeur du travail, parce que, là aussi, il faut s'en tenir aux actes, aux résultats, aux preuves. On voit notamment que les socialistes n'ont pas compris grand chose justement aux problèmes qui se posent aujourd'hui à la société française. Ils ont en quelque sorte dix ans de retard. Vous prenez notamment sur la valeur du travail, ils ont mis en place, à l'époque, il faut le reconnaître, le revenu minimum d'insertion. Et c'est important de créer un revenu minimum mais ils n'ont jamais mis en place l'insertion. Le "i" de l'insertion, c'est-à-dire un petit peu cet échange social qui est indispensable. Nous, nous pensions qu'il faut davantage de différences entre celui qui travaille, celui qui notamment travaille dur, se lève le matin pour aller travailler, et celui qui ne veut pas travailler. Et là, je crois qu'il est important de bien fonder la différence, c'est un choix de société. Et, en la matière, les socialistes ne se placent résolument pas, on le voit à l'Assemblée.
Q- A vous entendre, ce sera assez facile de contrer tout ça pour vous ?
R- Non. Il ne s'agit pas de ça. Parce que je crois qu'aujourd'hui, ce qui est certainement plus difficile, c'est de montrer aux Françaises et aux Français que la politique peut changer le cours des choses, que la politique peut améliorer leur quotidien. Et c'est certainement pas dans des postures, ce n'est certainement pas en recensant les problèmes qui peuvent se poser qu'on y arrivera. Il faut apporter des solutions. Prenez le projet socialiste ; le projet socialiste dans des domaines qui me sont chers. La santé notamment et d'ailleurs je souhaite que la santé soit l'un des thèmes phares de cette campagne présidentielle. Eh bien, il n'y a rien dans le projet socialiste, rien. Le bilan du gouvernement en 2007 sera plus important, sera meilleur que le projet socialiste 2007-2012.
Q- Mais enfin quand même, face à la popularité de Ségolène Royal, vous pensez que l'UMP doit serrer les rangs autour de son futur candidat ?
R- Déjà la popularité, ce n'est pas la crédibilité d'une candidature. Je crois que c'est important de le rappeler.
Q- L'UMP doit serrer les rangs ?
R- Ecoutez, une chose est certaine, c'est que nous devons nous avoir trois priorités en tête. L'action, l'action gouvernementale, parce que nous continuerons d'obtenir des résultats, comme nous le faisons, en matière d'emploi, en matière de sécurité, en matière de protection sociale. Il faudra aussi avoir un projet, mais un projet qui ne soit pas un catalogue de promesses, avec des engagements forts vis-à-vis des Français. Et, il faudra surtout l'unité. L'unité, il faut laisser le spectacle de la division aux socialistes parce que, je crois qu'elle va avoir des difficultés, Mme Royal, ou quelqu'autre candidat, pour rassembler son camp, nous, il faut que l'on soit exemplaire.
Q- Unité derrière Nicolas Sarkozy ?
R- Ça veut dire derrière notre candidat le moment venu. Et je pense qu'il n'y aura qu'un seul candidat.
Q- Ce sera Nicolas Sarkozy ?
R- Ecoutez, le moment. Je vous l'ai dit à l'instant, c'est quoi ? C'est l'action, et c'est l'élaboration d'un projet. Mais l'unité, il faut notamment mettre un terme au jeu stupide des petites phrases qu'il peut y avoir un peu trop souvent et qui en définitive ne font que nous affaiblir.
Q- Il y en a eu pas mal cet été ?
R- Oui, il y en a eu trop. Et je souhaite vraiment qu'à partir de la rentrée, chacun comprenne bien qu'il faut utiliser son intelligence, son talent, son énergie à justement nous concentrer sur notre action pour avoir un bilan solide et d'autre part pour avoir un projet qui convienne exactement à la France et aux Français mais l'unité, il faut être exemplaire.
Q- On vous situe en général dans la majorité proche d'Alain Juppé.
R- C'est un beau compliment, je vous remercie.
Q- Vous le confirmez. En tout cas, ça ne vous amène pas à dire que vous voulez que Nicolas Sarkozy soit absolument le candidat.
R- Ecoutez, aujourd'hui, ce n'est pas le choix du candidat. Ca viendra en janvier. Je vais vous dire une chose. Je suis président de ma Fédération UMP dans l'Aisne. Le moment venu, je ne vais pas me déterminer en cachette. J'assumerai tout à fait mes choix, mais aujourd'hui, l'action, l'élaboration d'un projet, l'action avant tout.
Q- Alors l'action. On va prendre un exemple dans votre domaine. L'action. La consommation de cigarettes qui a augmenté de 2,8% dans les cinq premiers mois de l'année. Ca montre que la hausse du prix du tabac a cessé de décourager les fumeurs.
R- Elle a marché à un moment donné, on a vu les résultats. Et puis aujourd'hui, il faut passer à autre chose, voilà pourquoi moi je suis pour l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Le plus tôt sera le mieux, mais je crois que cette interdiction, il faut bien le comprendre, c'est une interdiction qui doit déboucher sur la mobilisation de la société, c'est une interdiction pour faire évoluer les comportements. Regardez sur la sécurité routière. Regardez, comment on a réussi sur la sécurité routière. C'est vrai qu'il y a des mesures difficiles au départ qui ont été prises, et ça a permis de sauver des vies. En matière de tabac, je voudrais donner juste deux chiffres : 66.000, 5.000. 66.000 personnes décèdent chaque année en France à cause du tabac. 5.000 décèdent en raison du tabagisme passif. Ce sont des personnes qui ne fument pas et qui décèdent en raison du tabac.
Q- Donc interdiction avec des exceptions ?
R- L'interdiction d'une part, je crois que c'est une mesure aujourd'hui qui est attendue. Et c'est surtout une mesure indispensable pour faire baisser le nombre de victimes du tabac et pour faire baisser le nombre de fumeurs. J'ai vu en arrivant dans votre studio, ici à RTL, il y a des petits panneaux qui mettent "vivre ensemble sans le tabac", et donc interdiction de fumer. Quand vous voyez le chemin parcouru.
Q- Et c'est respecté.
R- Et c'est respecté, je vous en félicite. Ce qui montre bien que ce qui est important c'est de convaincre plus que de contraindre. C'est ce qui a certainement été fait ici comme dans nombre d'entreprises et c'est ça qui, justement, aujourd'hui est attendu et qui va nous permettre...
Q- Est-ce qu'il y aura des exceptions des fumoirs ou des choses comme ça ?
R- Alors, la question aujourd'hui, des aménagements, c'est la question un petit peu, c'est une question de détail. Et pour ça, j'attends maintenant à la fin du mois de septembre, au début du mois d'octobre le rapport de la mission parlementaire pour que nous puissions très rapidement prendre les décisions et changer encore une fois les comportements et les choses. Mais une chose est certaine, s'il y avait des aménagements, ça ne doit absolument pas remettre en cause le principe. Le principe c'est l'interdiction de fumer dans les lieux publics, et ne plus avoir, comme avec la loi Evin, à l'époque, trop de difficultés d'interprétation qui ont fait que cette loi était bonne sur le principe mais n'a pas été appliquée ni respectée.
Merci Xavier BERTRAND, je rappelle que vous êtes le ministre de la Santé et de la Solidarité.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 août 2006
RTL
Richard Arzt
le 21 août 2006
Q- Richard Arzt : On commence par Ségolène Royal, même si elle n'est pas de votre bord. Est-ce que vous la voyez comme une candidate solide et crédible ?
R- Xavier Bertrand : Solide et crédible, non. Parce que ce que j'ai beaucoup entendu dimanche dans les commentaires, c'est davantage des désirs d'avenir de sa part, des désirs de candidature, mais certainement pas un projet d'avenir pour la France et pour les Français. Donc crédible, je ne crois pas. On a été beaucoup, dans ce que j'ai entendu dimanche à Frangy, dans le domaine des paroles. Ca me rappelle un peu cette chanson, "Paroles, paroles, paroles", de la démagogie, de la caricature. Ce n'est pas tellement surprenant parce que, 1°, en la matière, les socialistes ont beaucoup d'expérience, en matière de démagogie et de caricature, et 2°, ils n'ont pas grand chose d'autre à dire et de sa part, on a entendu beaucoup - un peu un constat - des problèmes qui se posent aujourd'hui à la France, aux Français, mais en aucun cas des solutions.
Q- Mais quand même, est-ce que, quand elle valorise la valeur du travail, la récompense de l'effort...
R- Elle parle de la valeur du travail. Elle ne parle pas de valoriser la valeur du travail, parce que, là aussi, il faut s'en tenir aux actes, aux résultats, aux preuves. On voit notamment que les socialistes n'ont pas compris grand chose justement aux problèmes qui se posent aujourd'hui à la société française. Ils ont en quelque sorte dix ans de retard. Vous prenez notamment sur la valeur du travail, ils ont mis en place, à l'époque, il faut le reconnaître, le revenu minimum d'insertion. Et c'est important de créer un revenu minimum mais ils n'ont jamais mis en place l'insertion. Le "i" de l'insertion, c'est-à-dire un petit peu cet échange social qui est indispensable. Nous, nous pensions qu'il faut davantage de différences entre celui qui travaille, celui qui notamment travaille dur, se lève le matin pour aller travailler, et celui qui ne veut pas travailler. Et là, je crois qu'il est important de bien fonder la différence, c'est un choix de société. Et, en la matière, les socialistes ne se placent résolument pas, on le voit à l'Assemblée.
Q- A vous entendre, ce sera assez facile de contrer tout ça pour vous ?
R- Non. Il ne s'agit pas de ça. Parce que je crois qu'aujourd'hui, ce qui est certainement plus difficile, c'est de montrer aux Françaises et aux Français que la politique peut changer le cours des choses, que la politique peut améliorer leur quotidien. Et c'est certainement pas dans des postures, ce n'est certainement pas en recensant les problèmes qui peuvent se poser qu'on y arrivera. Il faut apporter des solutions. Prenez le projet socialiste ; le projet socialiste dans des domaines qui me sont chers. La santé notamment et d'ailleurs je souhaite que la santé soit l'un des thèmes phares de cette campagne présidentielle. Eh bien, il n'y a rien dans le projet socialiste, rien. Le bilan du gouvernement en 2007 sera plus important, sera meilleur que le projet socialiste 2007-2012.
Q- Mais enfin quand même, face à la popularité de Ségolène Royal, vous pensez que l'UMP doit serrer les rangs autour de son futur candidat ?
R- Déjà la popularité, ce n'est pas la crédibilité d'une candidature. Je crois que c'est important de le rappeler.
Q- L'UMP doit serrer les rangs ?
R- Ecoutez, une chose est certaine, c'est que nous devons nous avoir trois priorités en tête. L'action, l'action gouvernementale, parce que nous continuerons d'obtenir des résultats, comme nous le faisons, en matière d'emploi, en matière de sécurité, en matière de protection sociale. Il faudra aussi avoir un projet, mais un projet qui ne soit pas un catalogue de promesses, avec des engagements forts vis-à-vis des Français. Et, il faudra surtout l'unité. L'unité, il faut laisser le spectacle de la division aux socialistes parce que, je crois qu'elle va avoir des difficultés, Mme Royal, ou quelqu'autre candidat, pour rassembler son camp, nous, il faut que l'on soit exemplaire.
Q- Unité derrière Nicolas Sarkozy ?
R- Ça veut dire derrière notre candidat le moment venu. Et je pense qu'il n'y aura qu'un seul candidat.
Q- Ce sera Nicolas Sarkozy ?
R- Ecoutez, le moment. Je vous l'ai dit à l'instant, c'est quoi ? C'est l'action, et c'est l'élaboration d'un projet. Mais l'unité, il faut notamment mettre un terme au jeu stupide des petites phrases qu'il peut y avoir un peu trop souvent et qui en définitive ne font que nous affaiblir.
Q- Il y en a eu pas mal cet été ?
R- Oui, il y en a eu trop. Et je souhaite vraiment qu'à partir de la rentrée, chacun comprenne bien qu'il faut utiliser son intelligence, son talent, son énergie à justement nous concentrer sur notre action pour avoir un bilan solide et d'autre part pour avoir un projet qui convienne exactement à la France et aux Français mais l'unité, il faut être exemplaire.
Q- On vous situe en général dans la majorité proche d'Alain Juppé.
R- C'est un beau compliment, je vous remercie.
Q- Vous le confirmez. En tout cas, ça ne vous amène pas à dire que vous voulez que Nicolas Sarkozy soit absolument le candidat.
R- Ecoutez, aujourd'hui, ce n'est pas le choix du candidat. Ca viendra en janvier. Je vais vous dire une chose. Je suis président de ma Fédération UMP dans l'Aisne. Le moment venu, je ne vais pas me déterminer en cachette. J'assumerai tout à fait mes choix, mais aujourd'hui, l'action, l'élaboration d'un projet, l'action avant tout.
Q- Alors l'action. On va prendre un exemple dans votre domaine. L'action. La consommation de cigarettes qui a augmenté de 2,8% dans les cinq premiers mois de l'année. Ca montre que la hausse du prix du tabac a cessé de décourager les fumeurs.
R- Elle a marché à un moment donné, on a vu les résultats. Et puis aujourd'hui, il faut passer à autre chose, voilà pourquoi moi je suis pour l'interdiction de fumer dans les lieux publics. Le plus tôt sera le mieux, mais je crois que cette interdiction, il faut bien le comprendre, c'est une interdiction qui doit déboucher sur la mobilisation de la société, c'est une interdiction pour faire évoluer les comportements. Regardez sur la sécurité routière. Regardez, comment on a réussi sur la sécurité routière. C'est vrai qu'il y a des mesures difficiles au départ qui ont été prises, et ça a permis de sauver des vies. En matière de tabac, je voudrais donner juste deux chiffres : 66.000, 5.000. 66.000 personnes décèdent chaque année en France à cause du tabac. 5.000 décèdent en raison du tabagisme passif. Ce sont des personnes qui ne fument pas et qui décèdent en raison du tabac.
Q- Donc interdiction avec des exceptions ?
R- L'interdiction d'une part, je crois que c'est une mesure aujourd'hui qui est attendue. Et c'est surtout une mesure indispensable pour faire baisser le nombre de victimes du tabac et pour faire baisser le nombre de fumeurs. J'ai vu en arrivant dans votre studio, ici à RTL, il y a des petits panneaux qui mettent "vivre ensemble sans le tabac", et donc interdiction de fumer. Quand vous voyez le chemin parcouru.
Q- Et c'est respecté.
R- Et c'est respecté, je vous en félicite. Ce qui montre bien que ce qui est important c'est de convaincre plus que de contraindre. C'est ce qui a certainement été fait ici comme dans nombre d'entreprises et c'est ça qui, justement, aujourd'hui est attendu et qui va nous permettre...
Q- Est-ce qu'il y aura des exceptions des fumoirs ou des choses comme ça ?
R- Alors, la question aujourd'hui, des aménagements, c'est la question un petit peu, c'est une question de détail. Et pour ça, j'attends maintenant à la fin du mois de septembre, au début du mois d'octobre le rapport de la mission parlementaire pour que nous puissions très rapidement prendre les décisions et changer encore une fois les comportements et les choses. Mais une chose est certaine, s'il y avait des aménagements, ça ne doit absolument pas remettre en cause le principe. Le principe c'est l'interdiction de fumer dans les lieux publics, et ne plus avoir, comme avec la loi Evin, à l'époque, trop de difficultés d'interprétation qui ont fait que cette loi était bonne sur le principe mais n'a pas été appliquée ni respectée.
Merci Xavier BERTRAND, je rappelle que vous êtes le ministre de la Santé et de la Solidarité.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 21 août 2006