Texte intégral
Q- Avec la résolution qui vient d'être votée aux Nations unies, êtes-
vous aujourd'hui optimiste quant à la possibilité d'un cessez-le feu au
Liban ?
R- Le cessez-le-feu, c'est le souhait le plus cher de la France depuis
le premier jour du conflit. Et vous savez combien le Président de la
République a contribué à ce résultat. Quelles étaient les options ?
Soit la poursuite des combats pour imposer un règlement : comme pour
l'Iraq, nous avons toujours pensé que cela conduirait à une impasse et
à davantage de haine. Soit une solution politique : c'est la seule qui
permettra d'avancer vers la paix et d'éviter une aggravation des
tensions dans la région.
La résolution du Conseil de sécurité représente un pas décisif vers
cette solution politique. Elle a été adoptée à l'unanimité : elle
représente donc une chance unique d'arrêter les violences. C'est un
point de départ, qui demandera de la détermination et de la vigilance
dans son application, comme l'engagement de chacun. Maintenant, c'est
aux différentes parties de saisir cette occasion et de prendre leurs
responsabilités. Nous avons tous conscience que c'est un choix
difficile pour Israël comme pour le Liban. Mais la paix est toujours un
choix difficile et courageux.
Chacun doit bien mesurer les enjeux : la poursuite des combats, cela
voudrait dire un nouvel enchaînement de deuils, de violences et de
destructions dans une région qui aspire d'abord à la stabilité. Cela
voudrait dire aussi l'enracinement des sentiments de haine et d'
injustice qui font toujours le lit du terrorisme. Et n'oublions pas le
risque de jonction entre les différents foyers de tension régionaux :
le conflit israélo-palestinien, les troubles en Iraq, la question
nucléaire iranienne. Chacun de ces foyers doit faire l'objet d'un
règlement particulier, pour éviter tout amalgame. Mais mesurons bien à
chaque fois l'urgence d'agir.
Q- Malgré cet accord, l'armée israélienne n'a-t-elle pas poursuivi son
offensive...
R- Grâce à des efforts diplomatiques intenses, nous avons les bases d'
un règlement politique qui répond aux préoccupations des deux parties :
la sécurité d'Israël d'un côté, la souveraineté du Liban sur son
territoire de l'autre. Ce sont les deux principes posés dès le départ
par la France et réaffirmés fortement à New York par Philippe Douste-
Blazy. Ce sont les clés de la paix.
Q- La France participera-t-elle à la force d'interposition, avec
combien d'hommes ?
R- La FINUL accompagnera le règlement de la crise : elle assistera l'
armée libanaise dans son déploiement au sud du pays, elle facilitera
l'acheminement de l'aide humanitaire et le retour des déplacés, elle
veillera au respect de la cessation des hostilités.
Le Président de la République l'a dit clairement : la France
déterminera le renforcement de sa participation à la FINUL en fonction
des moyens d'action donnés à la force et de l'existence d'une juste
répartition entre les pays contributeurs. Nous souhaitons que cette
force ait une dimension européenne.
Q- Après les menaces terroristes venues de Londres, pensez-vous que la
France soit à son tour menacée ?
R- La menace reste élevée, en France comme partout en Europe. Avec
Nicolas Sarkozy et Michèle Alliot-Marie, nous avons donc décidé de
maintenir le plan Vigipirate au niveau rouge, de multiplier les
contrôles dans les gares et les aéroports et de renforcer les règles de
sécurité : fouilles à 100 % des bagages accompagnés, interdiction d'
emporter des liquides sur certains vols. Evidemment ce sont des
contraintes supplémentaires pour les passagers, mais la sécurité est à
ce prix.
Notre vigilance sur les réseaux terroristes est totale. Qu'il s'agisse
d'échanges de renseignement avec nos partenaires européens, de
coopération judiciaire ou de suivi des filières islamistes, nous ne
cessons de développer nos moyens et d'adapter notre réponse. J'ai eu
l'occasion de m'en entretenir avec Tony Blair à la suite du projet d'
attentat au Royaume-Uni.
Q- Comment envisagez-vous la rentrée sur le plan intérieur ?
R- La seule chose qui me préoccupe, pour cet été comme pour la rentrée,
c'est d'apporter une réponse aux attentes et aux inquiétudes des
Français. Nous avons connu en juillet un épisode de canicule : nous
avons immédiatement pris avec Xavier Bertrand les mesures nécessaires.
En matière d'hébergement d'urgence, Catherine Vautrin a débloqué la
semaine dernière 1 000 places supplémentaires. Et je n'oublie pas la
sécheresse, qui a frappé de nombreux agriculteurs dans notre pays : je
m'assurerai personnellement de leur juste indemnisation.
Je veux placer la rentrée sous le signe de l'action : poursuivre nos
efforts dans la lutte contre le chômage, apporter une réponse concrète
à l'augmentation des prix de l'essence qui pèse lourdement sur le
budget des ménages, aider les étudiants et leurs parents, voilà ce sur
quoi le gouvernement travaille actuellement. Qu'est-ce que les Français
attendent de leurs responsables politiques ? Des réponses, des
décisions, des résultats.
Nous avons des signaux encourageants : la baisse du chômage, la
création de 200 000 emplois nouveaux, les résultats exceptionnels de la
croissance française au deuxième trimestre, l'amélioration des
exportations. Tout cela montre que la France peut faire la course en
tête en Europe. Avec Jean-Louis Borloo, Thierry Breton et tout le
gouvernement nous voulons garder le cap de la modernisation de notre
pays. Dans la mondialisation, les Français ont un atout maître : eux-
mêmes, leur diversité, leur culture, leur volonté.
Q- Comment vivez-vous les noms d'oiseaux qui s'échangent entre
villepinistes et sarkozystes ?
R- Toutes ces étiquettes n'ont aucune raison d'être au sein de notre
famille politique. Je regrette profondément ces querelles. Si nous
voulons mettre toutes les chances de notre côté pour 2007, l'unité doit
être la règle. Les querelles de personnes, non ; le débat d'idées en
revanche, oui : car nos différences de sensibilités sont une richesse,
elles donneront de la profondeur et du corps à notre projet. Comme chef
de la majorité, je veux être le premier artisan du rassemblement de
notre famille.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 16 août 2006