Texte intégral
J.-C. Mailly
(FO)
RFI
8h15
F. Rivière
le 28 août 2006
Q- Vous avez suivi attentivement l'université d'été du PS ce week-end ?
R- J'ai regardé ça un peu comme tout le monde dans les journaux et un peu au journal télévisé, oui.
Q- Et L. Jospin au bord des larmes, ça vous a ému ?
R- Ecoutez, je ne veux pas rentrer dans un procès.
Q- Je vous parle d'émotion.
R- Oui sur l'émotion oui, eh bien ça fait toujours quelque chose quand on voit quelqu'un au bord des larmes, ça c'est évident, maintenant, écoutez c'est au Parti socialiste de régler ses problèmes ce n'est pas à nous.
Q- Alors on vient de le dire, les vacances sont terminées, la rentrée politique a commencé, la rentrée sociale va être marquée cette semaine par les premières rencontres entre les leaders syndicaux, le ministre de l'Emploi, G. Larcher. Il s'agit de discuter de la modernisation du dialogue social. Le cadre de la réforme avait été défini le 14 juillet dernier au cours du discours de J. Chirac. Il avait dit : "ce que je veux c'est qu'il ne soit plus possible de toucher au code du travail sans avoir eu préalablement une concertation avec les partenaires sociaux", est-ce la garantie d'une rentrée sociale apaisée ?
R- Non, ce n'est pas suffisant. En fait ce qu'a dit le président de la République c'est quelque chose de bon sens d'une certaine manière. A la limite on ne devrait pas être obligé de le dire, ça devrait se faire de manière naturelle ce genre de chose, c'est l'anti CPE en quelque sorte. Le Gouvernement avait décidé sans consulter personne. Donc s'il s'agit, premier point évoqué, de dire avant qu'on prenne des dispositions qui vont toucher au droit du travail, on va vous consulter pour mettre ça dans un article législatif. Cela personne n'est contre bien entendu, c'est évident. Il s'agit aussi, deuxième piste évoquée par le Gouvernement, de faire le point sur toutes les structures qui existent et il y en a une palanquée c'est, tant au niveau national qu'au niveau local d'ailleurs, pour voir si elles sont utiles..
Q- Vous parliez "d'instant de dialogue", c'est ça ?
R- Oui "d'instant de dialogue". Vous savez dans un département par exemple, on doit désigner à peu près entre 40 et 50 personnes pour siéger dans des trucs divers. S'il s'agit de faire le point là dessus bon ça se regarde, ça dépend comment, ça dépend quoi, mais ça se regarde. Bon, le point le plus important, enfin le plus important, où nous en tous les cas pour Force Ouvrière, on a un désaccord de fond, c'est ce que le Gouvernement appelle"la mise en place d'un agenda partagé".
Q- De quoi s'agit-il alors, pour qu'on comprenne bien ?
R- Un agenda partagé, je vais prendre un exemple. Le Premier ministre est nommé. Comme il est de tradition, il fait son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale et puis après il va recevoir les syndicats et le patronat. Ca pourrait être une formule en disant : voilà vous avez entendu mon discours, maintenant on va se mettre d'accord sur un calendrier ensemble, Gouvernement, patronat, syndicats, sur un délai d'un an, deux ans, je ne sais pas... et puis on va regarder comment on va travailler là-dessus. Alors ça on va dire : "c'est la loi, c'est vous qui négociez" et puis on regardera, on se consultera de manière intense. Ce que je n'aime pas dans cette formule d'agenda partagé, c'est que l'on va rentrer tous les uns et les autres dans un moule et on va se fixer un calendrier. A la limite, vous avez d'autres revendications qui peuvent naître. Eh bien on va dire : "non ce n'est pas dans les priorités".
Q- Mais n'est-ce pas un moyen d'éviter les crises ?
R- Oui, mais attendez c'est ça l'objectif. l'objectif de fond selon moi, il est où ? Il est de dire, il faut qu'on passe d'une logique de débats contradictoires, la démocratie c'est le débat contradictoire, ça ne veut pas dire la grève obligatoirement, mais c'est le débat contradictoire. On confronte nos idées à une logique qui serait une logique plus consensuelle, on va essayer de se mettre d'accord sur des thèmes, on va essayer de se mettre d'accord sur un calendrier et puis après comme ça on espère que, comme dans d'autres pays, ça sera plus soft d'une certaine manière. Donc, ça c'est une mauvaise chose et puis en plus ça ne règle pas les problèmes de fond. Les problèmes de fond, c'est de savoir comment on peut régler le problème du pouvoir d'achat. Par exemple aujourd'hui, comment on peut aborder les dossiers, comme ceux de la protection sociale collective ou en 2008 celui des retraites. Ca pose la nature des politiques économiques, ça se sont les débats de fond. Si on reste sur une formule, on va se trouver un agenda partagé. Dans la limite, ça cache les faiblesses structurelles, je dirais, qui existent dans notre pays et les débats qui n'ont pas lieu.
Q- Pourquoi faut t-il toujours en France qu'on en arrive au conflit, à des grèves dures pour parvenir à des avancées ?
R- Ce ne sont pas quand même les grèves dures, c'est quand même attendez...Là il y a eu un mouvement contre le CPE. La dernière où il y a eu un mouvement aussi important, c'était 10 ans avant. Donc ce n'est pas tous les ans qu'il y a ce type de choses. Attendez là, c'est quand le Gouvernement décide tout seul par exemple, et qui plus est, décide quelque chose sur lequel on est en désaccord.
Q- D'une manière générale même dans les entreprises il faut souvent aller jusqu'à la grève, parfois longue pour en sortir avec un accord.
R- Cela fait partie du débat contradictoire. Moi quand je dis, ça fait partie du débat contradictoire, la grève on y va. On fait grève et d'abord il faut que les salariés le fassent, il ne suffit pas de le décider. Quand on fait grève, c'est qu'on n'a pas pu résoudre les problèmes par la négociation. Il y a beaucoup de problèmes qui se règlent également par la négociation. A partir du moment où votre interlocuteur est bloqué complètement, il y a pas d'autres moyens que de...
Q- C'est le patronat qui est trop rigide alors ?
R- Cela peut être le patronat, ou le Gouvernement. C'est l'interlocuteur.
Q- Mais pas les syndicats ?
R- Non, on ne considère pas, on n'est pas en situation de décision. On n'est pas en situation de gestion. Un syndicat ce n'est pas fait pour gérer. Sinon il y en aurait d'autres qui se mettraient à la place. Un syndicat n'est pas en situation de gestion ou de co responsabilité de la gestion. On est là pour défendre les intérêts des salariés. Par le contrat si c'est possible mais si on n'y arrive pas, ça se fait par le conflit, c'est évident.
Q- Alors vous avez l'intention, on imagine, de peser de tout votre poids dans la campagne présidentielle, sans prendre parti, c'est une tradition. Comment avez-vous l'intention de faire ?
R- Ce n'est pas parce qu'il y a une campagne électorale que l'on va se mettre la tête dans le sable et attendre que ça se passe.
Q- Au contraire, non ?
R- La vie continue d'abord. La vie continue dans les entreprises, dans l'administration, la vie continue. Donc on a nos revendications, on va les faire savoir , on commence d'ailleurs. Regardez le chèque transport par exemple, c'est un des exemples et le pouvoir d'achat. On est en train d'arrêter les choses, en début d'année, on voudrait relancer le débat économique dans notre pays. On considère que la France est un des pays où le débat économique n'a plus lieu. Qu'on nous présente l'économie comme une science exacte, "circulez il y a rien à voir". Regardez encore la semaine dernière, les économistes, ils se sont intitulés Le Cercle des économistes, ont sorti une étude disant ; il y a les contraintes, on n'a pas le choix, c'est comme ça. Donc il faut s'adapter. Si on considère que l'économie est une science, qu'il n'y a pas de moyens de peser sur les questions économiques tant au niveau national qu'au niveau européen, cela signifie que systématiquement, on se retrouve avec le social comme variable d'ajustement. Sur le dossier de la précarité, le dossier des salaires etc. Donc on veut participer sans prendre position dans la campagne, ce n'est pas l'objet bien entendu mais on veut participer à une réhabilitation du débat économique. On va peser dans les mois à venir, on fera entendre notre voix. Après il appartiendra aux citoyens - bien entendu en toute liberté et en toute conscience - de se positionner. Cela ce n'est pas notre affaire.
Q- Mais T. Breton, le ministre de l'Economie répète partout qu'il est très optimiste, que la croissance est revenue, que le climat est extrêmement favorable. Vous partagez cette idée-la ?
R- Non c'est la méthode Coué ça. Attendez, au-delà je ne critique pas le travail fait par l'INSEE, les statistiques. Mais quand on prend les statistiques de salaires par exemple, ce sont des moyennes. Ce n'est pas la situation que rencontrent les salariés tous les jours. Il suffit de discuter avec eux. Tous ont ou le constat ou le ressenti que leur pouvoir d'achat se dégrade, y compris d'ailleurs parce qu'il y a des postes qui pèsent de plus en plus, le loyer, l'essence ou le fuel. Cela pèse de plus en plus [dans les dépenses]. De nouvelles consommations qui sont devenues incontournables telle que la téléphonie par exemple. Ce sont des consommations et des postes qui pèsent dans un budget mais qui sont aujourd'hui devenus incontournables. Tout ça fait qu'il y a non seulement un ressenti mais une vraie perte de pouvoir d'achat pour beaucoup. Alors donc sortir une statistique en disant, tout va bien, non. Y compris la croissance, c'est fragile. Tout le monde commence à dire aujourd'hui, oui il y a eu un peu plus de croissance que prévu. Je ne conteste pas le chiffre mais c'est surtout du au fait que les entreprises ont reconstitué leur stock. Et la consommation qui se maintient à peu près mais pas de manière importante, c'est surtout du à un phénomène de dés épargne également. C'est pas du à une augmentation du pouvoir d'achat. Donc si on veut, y compris soutenir cette croissance économique qui est encore faible et que tous les experts pronostiquent qu'elle ne va pas durer, il faut alimenter, alimenter le moteur notamment par le pouvoir d'achat.
Q- Vous serez dans quelques jours, mercredi je crois, invité à l'université d'été du MEDEF, le patronat français. Qu'est-ce que vous allez dire à L. Parisot ? On peut parler avec elle ?
R- Oui je l'ai déjà dit, c'est quelqu'un avec qui on peut avoir des contacts directs. Maintenant écoutez, elle représente le MEDEF, c'est le patronat. Et ce n'est pas parce qu'on a des contacts directs qu'on a satisfaction. On le voit bien sur les négociations. Un exemple, on voudrait, nous, négocier sur les rapports entre donneurs d'ordres et sous traitants. Eh bien elle dit non. Enfin le MEDEF dit non. Mais ceci étant, c'est quelqu'un avec qui on peut, confronter nos idées et on a des désaccords, c'est évident. J'irais à l'université d'été du MEDEF parce qu'ils m'ont invité. Je participerais à un débat sur le capitalisme et c'est bien de pouvoir dire ce qu'on pense du capitalisme devant les patrons. C'est un débat y compris au niveau international, c'est la table ronde à laquelle je serais invité donc j'y vais. Je défendrais les positions de FO devant les employeurs.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2006
(FO)
RFI
8h15
F. Rivière
le 28 août 2006
Q- Vous avez suivi attentivement l'université d'été du PS ce week-end ?
R- J'ai regardé ça un peu comme tout le monde dans les journaux et un peu au journal télévisé, oui.
Q- Et L. Jospin au bord des larmes, ça vous a ému ?
R- Ecoutez, je ne veux pas rentrer dans un procès.
Q- Je vous parle d'émotion.
R- Oui sur l'émotion oui, eh bien ça fait toujours quelque chose quand on voit quelqu'un au bord des larmes, ça c'est évident, maintenant, écoutez c'est au Parti socialiste de régler ses problèmes ce n'est pas à nous.
Q- Alors on vient de le dire, les vacances sont terminées, la rentrée politique a commencé, la rentrée sociale va être marquée cette semaine par les premières rencontres entre les leaders syndicaux, le ministre de l'Emploi, G. Larcher. Il s'agit de discuter de la modernisation du dialogue social. Le cadre de la réforme avait été défini le 14 juillet dernier au cours du discours de J. Chirac. Il avait dit : "ce que je veux c'est qu'il ne soit plus possible de toucher au code du travail sans avoir eu préalablement une concertation avec les partenaires sociaux", est-ce la garantie d'une rentrée sociale apaisée ?
R- Non, ce n'est pas suffisant. En fait ce qu'a dit le président de la République c'est quelque chose de bon sens d'une certaine manière. A la limite on ne devrait pas être obligé de le dire, ça devrait se faire de manière naturelle ce genre de chose, c'est l'anti CPE en quelque sorte. Le Gouvernement avait décidé sans consulter personne. Donc s'il s'agit, premier point évoqué, de dire avant qu'on prenne des dispositions qui vont toucher au droit du travail, on va vous consulter pour mettre ça dans un article législatif. Cela personne n'est contre bien entendu, c'est évident. Il s'agit aussi, deuxième piste évoquée par le Gouvernement, de faire le point sur toutes les structures qui existent et il y en a une palanquée c'est, tant au niveau national qu'au niveau local d'ailleurs, pour voir si elles sont utiles..
Q- Vous parliez "d'instant de dialogue", c'est ça ?
R- Oui "d'instant de dialogue". Vous savez dans un département par exemple, on doit désigner à peu près entre 40 et 50 personnes pour siéger dans des trucs divers. S'il s'agit de faire le point là dessus bon ça se regarde, ça dépend comment, ça dépend quoi, mais ça se regarde. Bon, le point le plus important, enfin le plus important, où nous en tous les cas pour Force Ouvrière, on a un désaccord de fond, c'est ce que le Gouvernement appelle"la mise en place d'un agenda partagé".
Q- De quoi s'agit-il alors, pour qu'on comprenne bien ?
R- Un agenda partagé, je vais prendre un exemple. Le Premier ministre est nommé. Comme il est de tradition, il fait son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale et puis après il va recevoir les syndicats et le patronat. Ca pourrait être une formule en disant : voilà vous avez entendu mon discours, maintenant on va se mettre d'accord sur un calendrier ensemble, Gouvernement, patronat, syndicats, sur un délai d'un an, deux ans, je ne sais pas... et puis on va regarder comment on va travailler là-dessus. Alors ça on va dire : "c'est la loi, c'est vous qui négociez" et puis on regardera, on se consultera de manière intense. Ce que je n'aime pas dans cette formule d'agenda partagé, c'est que l'on va rentrer tous les uns et les autres dans un moule et on va se fixer un calendrier. A la limite, vous avez d'autres revendications qui peuvent naître. Eh bien on va dire : "non ce n'est pas dans les priorités".
Q- Mais n'est-ce pas un moyen d'éviter les crises ?
R- Oui, mais attendez c'est ça l'objectif. l'objectif de fond selon moi, il est où ? Il est de dire, il faut qu'on passe d'une logique de débats contradictoires, la démocratie c'est le débat contradictoire, ça ne veut pas dire la grève obligatoirement, mais c'est le débat contradictoire. On confronte nos idées à une logique qui serait une logique plus consensuelle, on va essayer de se mettre d'accord sur des thèmes, on va essayer de se mettre d'accord sur un calendrier et puis après comme ça on espère que, comme dans d'autres pays, ça sera plus soft d'une certaine manière. Donc, ça c'est une mauvaise chose et puis en plus ça ne règle pas les problèmes de fond. Les problèmes de fond, c'est de savoir comment on peut régler le problème du pouvoir d'achat. Par exemple aujourd'hui, comment on peut aborder les dossiers, comme ceux de la protection sociale collective ou en 2008 celui des retraites. Ca pose la nature des politiques économiques, ça se sont les débats de fond. Si on reste sur une formule, on va se trouver un agenda partagé. Dans la limite, ça cache les faiblesses structurelles, je dirais, qui existent dans notre pays et les débats qui n'ont pas lieu.
Q- Pourquoi faut t-il toujours en France qu'on en arrive au conflit, à des grèves dures pour parvenir à des avancées ?
R- Ce ne sont pas quand même les grèves dures, c'est quand même attendez...Là il y a eu un mouvement contre le CPE. La dernière où il y a eu un mouvement aussi important, c'était 10 ans avant. Donc ce n'est pas tous les ans qu'il y a ce type de choses. Attendez là, c'est quand le Gouvernement décide tout seul par exemple, et qui plus est, décide quelque chose sur lequel on est en désaccord.
Q- D'une manière générale même dans les entreprises il faut souvent aller jusqu'à la grève, parfois longue pour en sortir avec un accord.
R- Cela fait partie du débat contradictoire. Moi quand je dis, ça fait partie du débat contradictoire, la grève on y va. On fait grève et d'abord il faut que les salariés le fassent, il ne suffit pas de le décider. Quand on fait grève, c'est qu'on n'a pas pu résoudre les problèmes par la négociation. Il y a beaucoup de problèmes qui se règlent également par la négociation. A partir du moment où votre interlocuteur est bloqué complètement, il y a pas d'autres moyens que de...
Q- C'est le patronat qui est trop rigide alors ?
R- Cela peut être le patronat, ou le Gouvernement. C'est l'interlocuteur.
Q- Mais pas les syndicats ?
R- Non, on ne considère pas, on n'est pas en situation de décision. On n'est pas en situation de gestion. Un syndicat ce n'est pas fait pour gérer. Sinon il y en aurait d'autres qui se mettraient à la place. Un syndicat n'est pas en situation de gestion ou de co responsabilité de la gestion. On est là pour défendre les intérêts des salariés. Par le contrat si c'est possible mais si on n'y arrive pas, ça se fait par le conflit, c'est évident.
Q- Alors vous avez l'intention, on imagine, de peser de tout votre poids dans la campagne présidentielle, sans prendre parti, c'est une tradition. Comment avez-vous l'intention de faire ?
R- Ce n'est pas parce qu'il y a une campagne électorale que l'on va se mettre la tête dans le sable et attendre que ça se passe.
Q- Au contraire, non ?
R- La vie continue d'abord. La vie continue dans les entreprises, dans l'administration, la vie continue. Donc on a nos revendications, on va les faire savoir , on commence d'ailleurs. Regardez le chèque transport par exemple, c'est un des exemples et le pouvoir d'achat. On est en train d'arrêter les choses, en début d'année, on voudrait relancer le débat économique dans notre pays. On considère que la France est un des pays où le débat économique n'a plus lieu. Qu'on nous présente l'économie comme une science exacte, "circulez il y a rien à voir". Regardez encore la semaine dernière, les économistes, ils se sont intitulés Le Cercle des économistes, ont sorti une étude disant ; il y a les contraintes, on n'a pas le choix, c'est comme ça. Donc il faut s'adapter. Si on considère que l'économie est une science, qu'il n'y a pas de moyens de peser sur les questions économiques tant au niveau national qu'au niveau européen, cela signifie que systématiquement, on se retrouve avec le social comme variable d'ajustement. Sur le dossier de la précarité, le dossier des salaires etc. Donc on veut participer sans prendre position dans la campagne, ce n'est pas l'objet bien entendu mais on veut participer à une réhabilitation du débat économique. On va peser dans les mois à venir, on fera entendre notre voix. Après il appartiendra aux citoyens - bien entendu en toute liberté et en toute conscience - de se positionner. Cela ce n'est pas notre affaire.
Q- Mais T. Breton, le ministre de l'Economie répète partout qu'il est très optimiste, que la croissance est revenue, que le climat est extrêmement favorable. Vous partagez cette idée-la ?
R- Non c'est la méthode Coué ça. Attendez, au-delà je ne critique pas le travail fait par l'INSEE, les statistiques. Mais quand on prend les statistiques de salaires par exemple, ce sont des moyennes. Ce n'est pas la situation que rencontrent les salariés tous les jours. Il suffit de discuter avec eux. Tous ont ou le constat ou le ressenti que leur pouvoir d'achat se dégrade, y compris d'ailleurs parce qu'il y a des postes qui pèsent de plus en plus, le loyer, l'essence ou le fuel. Cela pèse de plus en plus [dans les dépenses]. De nouvelles consommations qui sont devenues incontournables telle que la téléphonie par exemple. Ce sont des consommations et des postes qui pèsent dans un budget mais qui sont aujourd'hui devenus incontournables. Tout ça fait qu'il y a non seulement un ressenti mais une vraie perte de pouvoir d'achat pour beaucoup. Alors donc sortir une statistique en disant, tout va bien, non. Y compris la croissance, c'est fragile. Tout le monde commence à dire aujourd'hui, oui il y a eu un peu plus de croissance que prévu. Je ne conteste pas le chiffre mais c'est surtout du au fait que les entreprises ont reconstitué leur stock. Et la consommation qui se maintient à peu près mais pas de manière importante, c'est surtout du à un phénomène de dés épargne également. C'est pas du à une augmentation du pouvoir d'achat. Donc si on veut, y compris soutenir cette croissance économique qui est encore faible et que tous les experts pronostiquent qu'elle ne va pas durer, il faut alimenter, alimenter le moteur notamment par le pouvoir d'achat.
Q- Vous serez dans quelques jours, mercredi je crois, invité à l'université d'été du MEDEF, le patronat français. Qu'est-ce que vous allez dire à L. Parisot ? On peut parler avec elle ?
R- Oui je l'ai déjà dit, c'est quelqu'un avec qui on peut avoir des contacts directs. Maintenant écoutez, elle représente le MEDEF, c'est le patronat. Et ce n'est pas parce qu'on a des contacts directs qu'on a satisfaction. On le voit bien sur les négociations. Un exemple, on voudrait, nous, négocier sur les rapports entre donneurs d'ordres et sous traitants. Eh bien elle dit non. Enfin le MEDEF dit non. Mais ceci étant, c'est quelqu'un avec qui on peut, confronter nos idées et on a des désaccords, c'est évident. J'irais à l'université d'été du MEDEF parce qu'ils m'ont invité. Je participerais à un débat sur le capitalisme et c'est bien de pouvoir dire ce qu'on pense du capitalisme devant les patrons. C'est un débat y compris au niveau international, c'est la table ronde à laquelle je serais invité donc j'y vais. Je défendrais les positions de FO devant les employeurs.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 août 2006