Texte intégral
Q - Le gouvernement estime que tous les indicateurs de conjoncture sont au vert. Cette embellie vous incite-t-elle à renforcer vos revendications par rapport aux années précédentes ?
Bernard Van Craeynest : Tout à fait. Nous serons d'autant plus revendicatifs que la prétendue embellie est loi de se traduire par l'amélioration du niveau de vie des Français. Leur pouvoir d'achat se dégrade. Ils observent une nette augmentation des postes incompressibles que sont le logement, l'énergie, les transports, l'alimentation et l'assurance-maladie. Il est également préoccupant qu'un pays aussi riche que le nôtre se nourrisse de plus en plus mal. Les Français que je rencontre sur le terrain exprime toujours autant d'inquiétude face au chômage, au stress et aux conditions de travail. Le gouvernement doit cesser de crier cocorico à la moindre embellie. Dans leur vie quotidienne, les Français n'en profitent toujours pas.
Q - Mais le gouvernement est sur le point de confirmer une série de mesures en faveur du pouvoir d'achat...
Bernard Van Craeynest : Ces mesures ne suffisent pas. L'explosion des prix de l'énergie, par exemple, ne peut pas être vaincue par la simple instauration du ticket transport. À quelques mois de l'élection présidentielle, il faut à tout prix stopper la surenchère démagogique. L'avertissement vaut autant pour la gauche que pour la droite. Mardi soir, Laurent Fabius a prôné une augmentation du SMIC DE 100 euros dès 2007. C'est une aberration ! De même, on ne peut pas soutenir la suppression des charges au niveau du SMIC sans avoir fait le bilan préalable de toutes les exonérations déjà existantes. Plus généralement, cessons de mettre en oeuvre des mesures qui soient toujours axées sur le salaire minimum ! Par ce biais, le gouvernement ne fait rien d'autre qu'accroître les trappes à bas salaires et pénaliser l'emploi des jeunes. Il faut oeuvrer à la revalorisation de tous les salaires. Pourquoi ne pas imaginer une exonération de charges sur une franchise de rémunération qui profiterait à l'ensemble des actifs ?
Q - Vous rencontrez Gérard Larcher, ministre délégué au Travail, le 8 septembre. Soutenez-vous les pistes de modernisation du dialogue social qui vous ont été annoncées début août ?
Bernard Van Craeynest : Les trois pistes fixées par le gouvernement constituent une première étape importante. Espérons qu'il ose aller jusqu'au bout et fasse adopter un projet de loi avant la fin de la session parlementaire. La multiplication des instances de concertation est un vrai problème pour les syndicats. Après l'erreur du CPE, l'obligation de consulter les partenaires sociaux avant de toucher au Code du travail est également fondamentale. Il faudra, ensuite, poursuivre le débat. Le congrès de la CGC aura lieu entre le 6 et le 8 décembre. Je serai candidat à ma propre succession. Mais le rassemblement sera aussi l'occasion de finaliser les propositions que nous soumettrons aux candidats à la présidence. J'ai déjà rencontré les conseillers des principaux partis. Une rencontre avec François Hollande, premier secrétaire du PS, est également prévue le 13 septembre.
Q - Comptez-vous revenir à la charge contre le CNE à la rentrée ?
Bernard Van Craeynest : Je maintiens ce que j'ai dit depuis le début : il faut modifier les règles du jeu, à défaut de quoi le CNE mourra de sa belle mort car les employeurs auront tellement peur des contentieux qu'ils renonceront à cette mesure. Si le CNE n'est pas supprimé, les syndicats se donneront rendez-vous dans quelques mois, deux ans après la signature des premiers contrats. Les recours juridiques vont alors se multiplier !
Propos recueillis par Luce Robequain. Source http://www.cfecgc.org, le 29 août 2006