Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec LCI le 29 août 2006, sur les défis de la construction européenne.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

Q - Votre bilan sur l'Europe pour ces quinze derniers mois est assez sévère. Est-ce que vous pouvez nous le repréciser devant la caméra ?
R - Sur l'Europe, il est temps de se ressaisir, je dirais les choses comme cela. L'Europe est le meilleur projet que l'on ait fait pour nos peuples. Mais je crois qu'aujourd'hui la situation suscite une certaine préoccupation dans la mesure où le risque d'une dilution du projet européen, d'un moindre attachement des Etats membres à une ambition européenne est réel. Je crois simplement qu'il est temps de redresser la barre, de savoir ce que l'on veut, de se souvenir de ce que l'Europe nous a apporté dans le passé, et de ce qu'elle peut nous apporter maintenant dans la mondialisation. Je crois que l'Europe doit se donner aujourd'hui pour objectif d'être une puissance dans la mondialisation. Nous pouvons le faire, mais il est temps de redresser la barre.

Q - Quand vous discutez avec les ambassadeurs qui sont en poste en Europe, est-ce que vous sentez une certaine frustration du fait que le projet n'avance pas ? Qu'est-ce qu'ils vous disent ?
R - Je crois que l'on a besoin d'un discours mobilisateur, d'une direction. Où voulons-nous aller ? Quelle est la direction dans laquelle nous voulons avancer ? L'Europe, dans la mondialisation, doit être à la fois un espace de développement économique et social et, s'il le faut, un espace de protection. C'est aujourd'hui sa nouvelle raison d'être, en plus de ce que le passé nous a apporté : la paix, la sécurité, la stabilité, la démocratie. Il faut se mobiliser maintenant dans cette nouvelle perspective et je suis heureuse de constater que nos ambassadeurs ont été très réceptifs à ce message.

Q - Est-ce que la France a fait des erreurs dans sa politique européenne pour en arriver aujourd'hui à ce constat si sévère ?
R - Tout le monde fait des erreurs. Le plus grave danger qui nous menace tous c'est celui d'une perte d'esprit collectif, d'une perte d'ambition européenne. Je voudrais que nous retrouvions une ambition pour l'Europe.
Q - Merci beaucoup Madame la Ministre

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 août 2006