Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Chers Jeunes agriculteurs,
Je suis particulièrement ravi de vous accueillir nombreux à l'occasion de ce colloque, organisé par Jeunes agriculteurs, sur l'aménagement de nos territoires ruraux.
Je suis d'autant plus impatient de démarrer nos échanges que nous avons la chance de recevoir Monsieur ESTROSI, Ministre délégué à l'Aménagement du territoire.
Vous êtes également présents et nombreux, vous les élus et acteurs économiques, qui déclinez au quotidien ces thématiques au travers des politiques publiques ou de votre simple présence sur le territoire. Et c'est déjà beaucoup !
Je ne serai pas long sur le sujet car l'essentiel est de mieux comprendre les défis que devront relever les territoires ruraux demain, c'est tout l'objet des deux tables rondes qui suivront.
Je profite néanmoins de ces quelques minutes pour vous redire les sujets qui suscitent notre enthousiasme, tant ils nous semblent fondamentaux pour l'avenir.
Parler d'aménagement du territoire ne doit pas demeurer abstrait ! Alors, avec humour et sérieux malgré tout, je dois vous dire Monsieur le Ministre que nous avons parfois du mal à bien comprendre les grands concepts édictés par les quelques spécialistes de l'aménagement
du territoire :
« Gouvernance des territoires » ... « Compétitivité des territoires » (doit-on comprendre compétition entre territoires ?), « Démarches d'intelligence territoriales partagées », tout cela ne nous parle pas forcément !
Cela trouve chez nous peu d'écho alors que nous sommes les premiers concernés par l'aménagement du territoire.
Car, c'est le deuxième point sur lequel je voudrais insister : pas d'aménagement du territoire sans activités économiques nombreuses et viables réparties équitablement sur l'ensemble du territoire.
Pour ce qui nous concerne plus précisément, c'est l'installation de jeunes agriculteurs qui est en jeu, donc de familles, de villages, de services au public, d'entreprises amont/aval. Nous sommes tous dépendants les uns des autres !
Alors, il nous faut retravailler sur l'installation et la création d'entreprise, sur une répartition équilibrée des activités et des services dans nos campagnes, sur la cohabitation des populations en milieu rural (c'est un sujet particulièrement important qu'il s'agisse de relations entre voisins au quotidien ou de pression foncière).
Nous attendons une prise de conscience forte des Pouvoirs publics sur le sujet. Il est largement temps de réagir et d'agir car certains territoires se dépeuplent et perdent leurs activités de « vie ».
J'en viens tout naturellement à la nécessité de construire urgemment des politiques d'accompagnement efficaces pour répondre à ces priorités.
Sur ces sujets précis, nous manquons d'éclairages et de lisibilité, ce qui m'amène à vous faire part de plusieurs remarques :
Nous avons parfois l'impression que la décentralisation ou la déconcentration des politiques se traduisent souvent par un désengagement financier et politique de l'Etat.
Je vous citerais volontiers les Contrats de projets Etat-Régions.
Nous ne nous expliquons pas pourquoi aujourd'hui ces contrats n'intègrent pas l'installation en agriculture alors que l'Etat affiche comme priorités la création d'emplois ?
L'installation est un sujet prioritaire pour le dynamisme de nos territoires ruraux et nous avons besoin en la matière d'un engagement pérenne de l'Etat.
Comment pallier cette lacune manifeste ? D'autant que les collectivités territoriales sont prêtes à s'impliquer d'avantage ! Elles ont souhaité, au travers des Assises de l'installation, s'impliquer plus fortement sur l'emploi rural.
Autre exemple concernant le maintien du pastoralisme : pourquoi aujourd'hui ces crédits ne sont-ils pas contractualisés par l'Etat au travers des CPER afin de faire jouer une véritable solidarité nationale ?
Dette de l'Etat, gels des crédits ne doivent pas être des formules faciles derrière lesquelles s'abriter pour ne pas oser conduire des politiques indispensables.
Nous, Jeunes agriculteurs, pensons qu'être paysan est un vrai métier d'avenir et que l'agriculture tient une place centrale au sein de nos territoires ruraux. Mais il faut que cela se traduise non seulement par un véritable affichage mais surtout par des possibilités d'actions concrètes.
Pour vous citer encore deux exemples,
Pourquoi a-t-on l'impression aujourd'hui que les fonds structurels ne sont réservés qu'aux zones plus particulièrement urbaines ?
Nous comptons sur vous, Monsieur le Ministre, pour donner des consignes claires pour que le FSE et le FEDER puissent concrètement financer des projets de territoires ruraux, intégrant des projets agricoles.
Pourquoi avons-nous également l'impression, en tant qu'agriculteurs, de ne pas être systématiquement associés à des démarches collectives de projets (pays, pôles d'excellence ruraux) ? C'est à l'Etat de donner des signaux forts en la matière afin de favoriser les rapprochements entre acteurs locaux.
Plus spécifiquement sur la problématique de montagne, nous constatons que les crédits relatifs aux conventions interrégionales de massifs ont été diminués de 62%. Est-ce cohérent avec les grandes ambitions affichés par le dernier Conseil National de la Montagne ?
Vous le voyez, nous avons plus d'interrogations que de réponse. Mais il est bien de notre rôle en tant que syndicat de vous alerter sur les inquiétudes des acteurs territoriaux dont nous faisons partie.
Mais il est également de notre responsabilité de vous proposer des solutions ambitieuses pour le dynamisme et la vitalité de nos territoires. Car les territoires ruraux sont porteurs de multiples richesses et surtout d'initiatives nombreuses.
Ce n'est pas un hasard si la Dotation Jeunes Agriculteurs est née dans les territoires de montagne particulièrement éprouvés.
N'attendons pas d'être dans la difficulté ou d'avoir trop peu d'agriculteurs pour réagir. Les paysans sont indiscutablement les moteurs du renouveau des territoires ruraux. N'oublions pas que dans paysan, il y a pays !
Apprenons à travailler ensemble de façon plus étroite pour l'avenir. En deux mots : sollicitez nous !
Je vous souhaite, à tous, d'être force de propositions à l'occasion de ces deux tables rondes.
Je vous remercieSource http://www.cnja.com, le 11 septembre 2006