Texte intégral
Q- Ce week-end se tiennent les Journées du Patrimoine, ce sera le thème majeur de cette interview. "Un plan pour sauver le patrimoine" : c'est ce qui a été annoncé, et cela représente vraiment un effort financier considérable de la part de l'Etat ?
R- Oui, D. de Villepin a annoncé, hier, à Amiens, une mesure tout à fait stratégique pour renforcer l'action de l'Etat vis-à-vis du Patrimoine, vis-à-vis des monuments historiques. C'était je crois essentiel, parce que pour moi le patrimoine n'est pas une nostalgie, c'est un véritable capital d'avenir. Il y a à peu près 40.000 sites et monuments classés, des monuments historiques, dans notre pays, et il faut qu'on les fasse vivre, qu'on les entretienne, qu'on les restaure. Il a débloqué immédiatement 24 millions d'euros qui étaient gelés. Cela veut dire que, dans la journée, nous allons relancer 102 chantiers sur l'ensemble du territoire national. Et que 140 millions d'euros supplémentaires, en plus de mon budget, vont renforcer l'action de l'Etat. C'est une décision majeure, c'est une décision stratégique. Et je crois que ce qui est très important, c'est que nous sommes dans une période, et je les comprends, nos concitoyens sont inquiets. Ils se disent "mais au fond, la mondialisation banalise tout, crée une forme d'uniformité, on est en train de disparaître". On a entre les mains un capital extraordinaire. La décision de D. de Villepin est aussi importante que celle qu'en son temps A. Malraux avait prise.
Q- Cela veut dire que c'est une vraie décision politique ?
R- Oui.
Q- Ce n'est pas simplement quelque chose pour garder du beau, cela veut dire que c'est encore pour renforcer une identité qui fait aussi le charme, et qui fait que les gens aiment à vivre en France, et y viennent ?
R- C'est très important si vous voulez pour la fierté des Français. C'est très important pour que nous restions la première destination touristique mondiale. Et puis il y a un savoir-faire français, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'entreprises, de métiers d'art - les tailleurs de pierre, les charpentiers, les verriers, les restaurateurs d'objets...
Q- Qui intéressent de plus en plus les jeunes d'ailleurs...
R- ...Et ce sont des métiers d'avenir. Je crois que cette décision était stratégique, elle était attendue, et je remercie très simplement le Premier ministre, parce que je crois que c'est vraiment important. Si l'on veut que nos concitoyens tendent la main à l'autre, quel que soit l'autre, que ce soit l'art contemporain, une couleur de peau, une pratique religieuse, ou un pays étranger, il faut qu'ils soient, j'allais dire, bien dans leurs baskets, dans leur identité, dans leurs racines, dans leur fierté. C'est quelque chose de fantastique. L'Etat chaque année, a consacré à peu près 320 millions d'euros. Là, nous allons pouvoir faire beaucoup plus, c'est très important. Il n'y a pas eu que des engagements, mais il y avait une intensité de besoins considérable. Le Premier ministre a répondu à cet appel, c'est vraiment important.
Q- Surtout que l'essentiel en fait de ces monuments historiques appartient à des particuliers.
R- Ils appartiennent à des propriétaires privés, qu'il faut soutenir, et il faut avoir, j'allais dire, tout simplement le courage de dire que, quand on est propriétaire d'un monument historique, on a à la fois beaucoup de chance, on a des charges, on va peut-être un peu moins faire du ski à la montage ou partir au bord de la mer, parce que cela coûte cher, et cela contribue à la fierté nationale. Et moi j'ai comme objectif de faire rayonner et vivre le patrimoine. C'est le thème que j'ai retenu cette année. Parce que, là aussi, cela crée l'activité et le rayonnement de notre pays. Un chiffre : nous avons créé pour les tournages, le cinéma et la télévision, deux crédits d'impôts, et j'ai ouvert tous les monuments historiques pour tous les tournages. En un an, + 35% de semaines de tournage dans notre pays. C'est considérable, cela fait vivre le patrimoine. Et je dis, ici, à France Télévisions, que, pour toutes les émissions que vous réalisez, si vous le souhaitez, les lieux les plus emblématiques du patrimoine sont à votre disposition.
Q- On viendra, on avait promis que l'on ferait cela un jour à Télé matin. Il faut dire que Les Journées du Patrimoine ne sont pas que les monuments historiques puisque l'on peut aussi bien visiter - et d'ailleurs je signale à tous ceux qui nous regardent, vous êtes invités samedi et dimanche - les locaux de France Télévisions, qui sont des hauts lieux chargés d'histoire mais pas forcément des monuments historiques, ce sera samedi et dimanche de 8h00 à 20h00, mais aussi, un château dans le Gers, ou une abbaye, que sais-je...
R- Tout est ouvert, il faut que les Français se disent : "voilà, j'ai le droit de rentrer, je vais découvrir des lieux d'architecture contemporaine, comme le siège de France Télévisons, je vais discuter avec les équipes qui y travaillent, et puis je vais aussi pouvoir rentrer à l'intérieur de l'Elysée, l'Hôtel de Matignon, du ministère de la Culture". C'est un moment de grande fierté, fierté européenne. Et d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je souhaite lancer le concept et l'appellation "Patrimoine européen". Et pour les 50 ans du Traité de Rome, 25 mars 2007, nous publierons la première liste des éléments de ce patrimoine européen. Eléments de fierté, d'art de vivre, c'est-à-dire que, pour moi, c'est aussi bien une abbaye, un château, qu'un café où l'histoire a été importante, un lieu de mémoire. Bref, je crois que cette dimension est essentielle. Ce n'est pas pour rétrécir, c'est au contraire pour montrer à nos concitoyens que nos racines, notre identité sont fortes. Et je le dis, dans une semaine qui a été marquée par des événements considérables, ici, à Paris, qui précèdent d'autres événements qui auront lieu dans les régions : nous avons rouvert le Musée des Arts décoratifs ; nous avons accueilli la Biennale des Antiquaires de nouveau pour la première fois au Grand Palais, et nous avons rouvert la Salle Pleyel. Ce sont des événements très importants.
Q- On a beaucoup parlé de cette nouvelle salle Pleyel. Vous étiez par définition à son inauguration. Ce premier concert était-il formidable ?
R- C'était extraordinaire. D'abord, le titre de l'oeuvre interprétée était magnifique, puisque c'était "La Symphonie de la Résurrection" de G. Mahler. Et donc, là, vous avez un contraste, c'est-à-dire que l'entrée, classée monument historique, n'a pas changé, elle a été magnifiquement restaurée ; l'auditorium est entière nouveau. C'est une chance pour la musique et la pratique musicale. Il y en aura d'autres. A Radio France, on refait l'auditorium, ouverture 2010. Et avec la Ville de Paris, nous avons décidé la construction d'un nouvel auditorium à La Villette, et cela c'est très important. D'ici là, beaucoup d'événements aussi en régions : au mois d'octobre, nouveau Centre chorégraphique à Aix-en-Provence. Voyez, cela bouge.
Q- Je voulais juste souligner que vous avez eu une semaine un peu éclectique parce que étiez à la Salle Pleyel avant hier, et puis hier soir, vous étiez à La Courneuve, au fameux dîner de presse de la Fête de L'Humanité, donc pas exactement la même thématique, mais une thématique importante, c'est la presse écrite pour laquelle vous avez annoncé un soutien. On sait qu'en France la presse écrite ne va pas toujours très bien.
R- Je crois à la nécessité du pluralisme, c'est évidemment absolument essentiel. Le pluralisme est aussi soutenu par l'Etat. Et je dis aussi à nos concitoyens : ce sont eux qui ont entre les mains l'avenir de la presse écrite. Il faut lire la presse écrite, il faut tout simplement essayer d'aimer les contradictions, de comprendre le monde dans lequel on vit. Les journalistes, les cameramen, les photographes, les preneurs de son ont un travail qui reste absolument essentiel, au fond, d'authentification, de certification, de découverte, et cela c'est quelque chose d'absolument important. J'ai confirmé l'engagement de l'Etat, et le Premier ministre, là encore, avait pris un certain nombre de décisions très utiles pour cet avenir de la presse écrite.
Q- Il faut en effet que la télévision donne aussi envie de lire la presse écrite, c'est important de le rappeler. Un dernier mot sur S. Royal. Vous avez dans une interview au Figaro, attribué un petit coup de patte, en la déclarant "sectaire et irresponsable".
R- Je crois que S. Royal n'est pas quelqu'un de "rond". Je pense que c'est quelqu'un qui transmet de la lumière, qui est certainement très intelligente, mais qui est au fond raide dans ses convictions, et qui, jusqu'à présent en tout cas, n'a jamais, en aucune circonstance, démontré son aptitude à gérer
les crises. Or, nous sommes dans une période de tensions internationales majeures, et on voit à quel point aujourd'hui le rôle joué par le président de la République, son expérience dans la conduite des affaires internationales est majeure, d'une certaine manière, rassure les Français. Et donc, je crois
qu'elle a à faire ses preuves, comme on dit.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 septembre 2006
R- Oui, D. de Villepin a annoncé, hier, à Amiens, une mesure tout à fait stratégique pour renforcer l'action de l'Etat vis-à-vis du Patrimoine, vis-à-vis des monuments historiques. C'était je crois essentiel, parce que pour moi le patrimoine n'est pas une nostalgie, c'est un véritable capital d'avenir. Il y a à peu près 40.000 sites et monuments classés, des monuments historiques, dans notre pays, et il faut qu'on les fasse vivre, qu'on les entretienne, qu'on les restaure. Il a débloqué immédiatement 24 millions d'euros qui étaient gelés. Cela veut dire que, dans la journée, nous allons relancer 102 chantiers sur l'ensemble du territoire national. Et que 140 millions d'euros supplémentaires, en plus de mon budget, vont renforcer l'action de l'Etat. C'est une décision majeure, c'est une décision stratégique. Et je crois que ce qui est très important, c'est que nous sommes dans une période, et je les comprends, nos concitoyens sont inquiets. Ils se disent "mais au fond, la mondialisation banalise tout, crée une forme d'uniformité, on est en train de disparaître". On a entre les mains un capital extraordinaire. La décision de D. de Villepin est aussi importante que celle qu'en son temps A. Malraux avait prise.
Q- Cela veut dire que c'est une vraie décision politique ?
R- Oui.
Q- Ce n'est pas simplement quelque chose pour garder du beau, cela veut dire que c'est encore pour renforcer une identité qui fait aussi le charme, et qui fait que les gens aiment à vivre en France, et y viennent ?
R- C'est très important si vous voulez pour la fierté des Français. C'est très important pour que nous restions la première destination touristique mondiale. Et puis il y a un savoir-faire français, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'entreprises, de métiers d'art - les tailleurs de pierre, les charpentiers, les verriers, les restaurateurs d'objets...
Q- Qui intéressent de plus en plus les jeunes d'ailleurs...
R- ...Et ce sont des métiers d'avenir. Je crois que cette décision était stratégique, elle était attendue, et je remercie très simplement le Premier ministre, parce que je crois que c'est vraiment important. Si l'on veut que nos concitoyens tendent la main à l'autre, quel que soit l'autre, que ce soit l'art contemporain, une couleur de peau, une pratique religieuse, ou un pays étranger, il faut qu'ils soient, j'allais dire, bien dans leurs baskets, dans leur identité, dans leurs racines, dans leur fierté. C'est quelque chose de fantastique. L'Etat chaque année, a consacré à peu près 320 millions d'euros. Là, nous allons pouvoir faire beaucoup plus, c'est très important. Il n'y a pas eu que des engagements, mais il y avait une intensité de besoins considérable. Le Premier ministre a répondu à cet appel, c'est vraiment important.
Q- Surtout que l'essentiel en fait de ces monuments historiques appartient à des particuliers.
R- Ils appartiennent à des propriétaires privés, qu'il faut soutenir, et il faut avoir, j'allais dire, tout simplement le courage de dire que, quand on est propriétaire d'un monument historique, on a à la fois beaucoup de chance, on a des charges, on va peut-être un peu moins faire du ski à la montage ou partir au bord de la mer, parce que cela coûte cher, et cela contribue à la fierté nationale. Et moi j'ai comme objectif de faire rayonner et vivre le patrimoine. C'est le thème que j'ai retenu cette année. Parce que, là aussi, cela crée l'activité et le rayonnement de notre pays. Un chiffre : nous avons créé pour les tournages, le cinéma et la télévision, deux crédits d'impôts, et j'ai ouvert tous les monuments historiques pour tous les tournages. En un an, + 35% de semaines de tournage dans notre pays. C'est considérable, cela fait vivre le patrimoine. Et je dis, ici, à France Télévisions, que, pour toutes les émissions que vous réalisez, si vous le souhaitez, les lieux les plus emblématiques du patrimoine sont à votre disposition.
Q- On viendra, on avait promis que l'on ferait cela un jour à Télé matin. Il faut dire que Les Journées du Patrimoine ne sont pas que les monuments historiques puisque l'on peut aussi bien visiter - et d'ailleurs je signale à tous ceux qui nous regardent, vous êtes invités samedi et dimanche - les locaux de France Télévisions, qui sont des hauts lieux chargés d'histoire mais pas forcément des monuments historiques, ce sera samedi et dimanche de 8h00 à 20h00, mais aussi, un château dans le Gers, ou une abbaye, que sais-je...
R- Tout est ouvert, il faut que les Français se disent : "voilà, j'ai le droit de rentrer, je vais découvrir des lieux d'architecture contemporaine, comme le siège de France Télévisons, je vais discuter avec les équipes qui y travaillent, et puis je vais aussi pouvoir rentrer à l'intérieur de l'Elysée, l'Hôtel de Matignon, du ministère de la Culture". C'est un moment de grande fierté, fierté européenne. Et d'ailleurs c'est la raison pour laquelle je souhaite lancer le concept et l'appellation "Patrimoine européen". Et pour les 50 ans du Traité de Rome, 25 mars 2007, nous publierons la première liste des éléments de ce patrimoine européen. Eléments de fierté, d'art de vivre, c'est-à-dire que, pour moi, c'est aussi bien une abbaye, un château, qu'un café où l'histoire a été importante, un lieu de mémoire. Bref, je crois que cette dimension est essentielle. Ce n'est pas pour rétrécir, c'est au contraire pour montrer à nos concitoyens que nos racines, notre identité sont fortes. Et je le dis, dans une semaine qui a été marquée par des événements considérables, ici, à Paris, qui précèdent d'autres événements qui auront lieu dans les régions : nous avons rouvert le Musée des Arts décoratifs ; nous avons accueilli la Biennale des Antiquaires de nouveau pour la première fois au Grand Palais, et nous avons rouvert la Salle Pleyel. Ce sont des événements très importants.
Q- On a beaucoup parlé de cette nouvelle salle Pleyel. Vous étiez par définition à son inauguration. Ce premier concert était-il formidable ?
R- C'était extraordinaire. D'abord, le titre de l'oeuvre interprétée était magnifique, puisque c'était "La Symphonie de la Résurrection" de G. Mahler. Et donc, là, vous avez un contraste, c'est-à-dire que l'entrée, classée monument historique, n'a pas changé, elle a été magnifiquement restaurée ; l'auditorium est entière nouveau. C'est une chance pour la musique et la pratique musicale. Il y en aura d'autres. A Radio France, on refait l'auditorium, ouverture 2010. Et avec la Ville de Paris, nous avons décidé la construction d'un nouvel auditorium à La Villette, et cela c'est très important. D'ici là, beaucoup d'événements aussi en régions : au mois d'octobre, nouveau Centre chorégraphique à Aix-en-Provence. Voyez, cela bouge.
Q- Je voulais juste souligner que vous avez eu une semaine un peu éclectique parce que étiez à la Salle Pleyel avant hier, et puis hier soir, vous étiez à La Courneuve, au fameux dîner de presse de la Fête de L'Humanité, donc pas exactement la même thématique, mais une thématique importante, c'est la presse écrite pour laquelle vous avez annoncé un soutien. On sait qu'en France la presse écrite ne va pas toujours très bien.
R- Je crois à la nécessité du pluralisme, c'est évidemment absolument essentiel. Le pluralisme est aussi soutenu par l'Etat. Et je dis aussi à nos concitoyens : ce sont eux qui ont entre les mains l'avenir de la presse écrite. Il faut lire la presse écrite, il faut tout simplement essayer d'aimer les contradictions, de comprendre le monde dans lequel on vit. Les journalistes, les cameramen, les photographes, les preneurs de son ont un travail qui reste absolument essentiel, au fond, d'authentification, de certification, de découverte, et cela c'est quelque chose d'absolument important. J'ai confirmé l'engagement de l'Etat, et le Premier ministre, là encore, avait pris un certain nombre de décisions très utiles pour cet avenir de la presse écrite.
Q- Il faut en effet que la télévision donne aussi envie de lire la presse écrite, c'est important de le rappeler. Un dernier mot sur S. Royal. Vous avez dans une interview au Figaro, attribué un petit coup de patte, en la déclarant "sectaire et irresponsable".
R- Je crois que S. Royal n'est pas quelqu'un de "rond". Je pense que c'est quelqu'un qui transmet de la lumière, qui est certainement très intelligente, mais qui est au fond raide dans ses convictions, et qui, jusqu'à présent en tout cas, n'a jamais, en aucune circonstance, démontré son aptitude à gérer
les crises. Or, nous sommes dans une période de tensions internationales majeures, et on voit à quel point aujourd'hui le rôle joué par le président de la République, son expérience dans la conduite des affaires internationales est majeure, d'une certaine manière, rassure les Français. Et donc, je crois
qu'elle a à faire ses preuves, comme on dit.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 15 septembre 2006