Texte intégral
Q - Bonjour Monsieur le Ministre, un mois après le cessez-le-feu, comment qualifiez-vous la situation au Proche-Orient ? Est-ce une trêve fragile, une situation explosive ?
R - C'est une trêve, par définition fragile mais, comme vient de le dire Bernard Guetta, depuis maintenant le 13 ou le 14 août au matin, il y a un cessez-le-feu qui, globalement, est respecté de part et d'autre. D'ailleurs, je voudrais dire à ce sujet que le gouvernement de M. Ehoud Olmert joue le jeu du retrait israélien. Le gouvernement libanais de M. Siniora joue le jeu du déploiement de l'armée libanaise au Sud. Bien sûr, et nous ne le dirons jamais assez, me semble-t-il, c'est le fait historique de l'été. Enfin, le Liban devient souverain au Sud du Liban ! Il n'y avait pas d'armée libanaise dans cette zone. Et enfin, le Hezbollah également a stoppé ses envois de roquettes sur Haïfa.
Q - D'après vous, l'armée libanaise a-t-elle les moyens de désarmer le Hezbollah ?
R - S'agissant de l'armée libanaise, il est écrit dans la résolution 1701 que nous avons fait voter à New York dans la nuit du 11 au 12 août, que l'on doit désarmer les milices et donc le Hezbollah. Mais nous ne croyons pas à la solution militaire, ni concernant le Hezbollah, ni concernant le conflit israélo-palestinien. C'est pour cela que je vous réponds ainsi : c'est au gouvernement libanais de décider, c'est aux forces libanaises de décider.
Q - Est-ce bien engagé Monsieur le Ministre ?
R - Oui.
Q - C'est une question importante, il y a une FINUL sur place, le contexte change selon que le Hezbollah est armé ou non. Pensez-vous que nous irons vers le désarmement qui est inscrit dans cette fameuse résolution de l'ONU ?
R - Tout d'abord, le Hezbollah ne se trouve pas dans cette zone-là. C'est une zone exclusive où les seules armes possibles, les seuls hommes armés sont des hommes de l'armée libanaise ou de la FINUL renforcée.
Q - M. Nasrallah a déclaré hier, 13 septembre, que sa formation était toujours présente dans le sud du Liban, un mois après la fin des combats avec l'Etat hébreu. C'est une dépêche AFP que j'ai sous les yeux. M. Douste-Blazy, tout cela pour dire que tous les éléments de la crise sont encore présents sur place.
R - Vous pourrez dire ce que vous voulez, mais vous n'enverrez pas 5.000 hommes de la FINUL, plus 10 ou 15.000 personnes de l'armée libanaise, dans cette zone du sud-Liban. Je ne sais pas si vous la connaissez, mais elle ne représente que quelques kilomètres carrés, et je ne vois pas très bien comment on pourrait y envoyer encore d'autres hommes, ou bien alors, cela se verra très vite.
La question est la suivante : j'ai rencontré, durant les quatre visites que j'ai effectuées à Beyrouth en un mois, M. Nabih Berri, le président du Parlement, dont nous savons qu'il est plus ou moins proche de certains mouvements. Je lui ai demandé si la FINUL ou si l'armée libanaise tombait, dans le sud-Liban, sur des caches d'armes, si elle pourrait les prendre ou non. Il m'a répondu que oui, elle les prendrait.
Je dis cela car cette résolution, où le désarmement des milices est inscrit "noir sur blanc", a été votée à l'unanimité du gouvernement libanais. Et dans le gouvernement libanais, deux ministres sont proches du Hezbollah. Autrement dit, oui, il faut faire passer le Hezbollah d'un mouvement armé à un mouvement politique.
C'est le seul défi que nous nous sommes donné et c'est la vision de la France depuis le début, en particulier celle du président Chirac.
Q - L'Etat libanais exerce-t-il d'après vous, Monsieur le Ministre, une souveraineté pleine et entière aujourd'hui sur la totalité de son territoire ?
R - C'est justement l'enjeu.
Q - C'est l'enjeu mais est-ce le cas ?
R - C'est le cas puisque c'est un élément majeur. Il n'y a pas de souveraineté s'il n'y a pas d'armée ; si un Premier ministre décide qu'à tel endroit, sur tant de kilomètres carrés, il laisse agir des milices plutôt que sa propre armée, il n'y a pas de souveraineté.
Donc, Le Liban a une souveraineté retrouvée depuis sa décision de déployer son armée au Sud. C'était cela l'idée importante que M. Siniora nous a aussi donnée. Car il fallait du courage vis-à-vis du Hezbollah, ou d'autres forces. Il l'a eu et d'ailleurs, je voudrais signaler que M. Siniora sort de cette crise comme un homme d'Etat très renforcé, un homme qui a aussi été découvert, à l'occasion de cette crise, par ses interlocuteurs politiques.
Q - Mais le Hezbollah sort aussi grandi de cet épisode guerrier du mois d'août dernier et l'on sent une tension politique très forte aujourd'hui entre le Hezbollah et le gouvernement libanais, on en est pratiquement à l'injure, à l'accusation par le Hezbollah du gouvernement de trahison, de faire alliance justement avec, dit le Hezbollah, les Etats-Unis et Israël.
La situation est tout de même encore extrêmement tendue ?
R - Evidemment elle est tendue mais ne confondez pas non plus ce qu'est la politique d'un côté et ce qui pourrait être aussi la guerre de l'autre. Ce matin, à plusieurs reprises, j'ai entendu des personnes sur France Inter dire qu'il y a eu une guerre entre le Liban et Israël. Il n'y a pas eu de guerre entre le Liban et Israël ; il y a eu le Hezbollah d'un côté qui a commencé - et nous avons condamné ce qu'il a fait - et de l'autre, il y a eu une riposte disproportionnée. Le Liban a été, une fois de plus, le lieu totalement injuste et injustifié de la guerre.
D'autre part, je crois aujourd'hui en effet, que le Hezbollah mais aussi la Syrie, l'Iran, toute cette partie du monde, doivent être pris en compte au niveau régional. Si nous continuons à faire croire qu'il s'agit seulement, d'une part, d'une milice armée et d'autre part, d'Israël, je pense que nous pouvons nous tromper.
Il faut maintenant consolider le cessez-le-feu, il faut trouver un accord politique sur les fermes de Chebaa, le désarmement des milices, sur le problème des prisonniers. Il faut que ces derniers soient libérés de part et d'autre, il faut assurer, évidemment, et on le sait, la stabilité régionale.
Q - Devant les ambassadeurs de France réunis à Paris pour leur conférence annuelle le 28 août dernier, Jacques Chirac a très durement critiqué l'Union européenne, atteinte d'une sorte de maladie de langueur, a-t-il dit, de fatigue généralisée, qui n'augure rien de bon de sa capacité future à répondre aux attentes des peuples etc.... Je ne cite pas la totalité de l'intervention de M. Chirac.
Ne peut-on pas dire, au contraire, que la FINUL aujourd'hui est l'image très concrète de la diplomatie européenne et de la vitalité de l'Europe ; peut-être une première victoire de la diplomatie de l'Europe plus qu'une victoire de la diplomatie française ?
R - Il y a eu, en effet, durant cette période, un moment où ce sont plutôt les pays qui se sont exprimés mais ensuite, nous avons vu avec bonheur que l'Union européenne était capable de jouer un rôle politique pour être aujourd'hui la colonne vertébrale de la FINUL. Nous avons commencé cette réunion à Bruxelles, je m'en souviendrai longtemps, avec quelques centaines de soldats, nous avons terminé avec 7.300 soldats de l'Union européenne.
Q - C'est donc une victoire européenne, il n'y a pas de langueur, il y a même plutôt une énergie !
R - Dès l'instant où le déploiement de la colonne vertébrale de la FINUL renforcée a été décidé par Bruxelles, c'est vrai que l'on a pu dire que l'Union européenne existe bel et bien. Je dois dire aussi, qu'à la demande du président Chirac, des contingents de pays musulmans, comme la Malaisie, l'Indonésie, la Turquie, le Qatar mais aussi de Chine ont rejoint la FINUL renforcée.
Je crois donc que la communauté internationale suit cette idée, cette idée de souveraineté des peuples, d'indépendance nationale et d'intégrité territoriale qui sont les valeurs défendues par la France.
Q - Cette FINUL a un rôle d'interposition, l'Europe aussi de fait, est-elle pour autant un acteur politique ? On sait bien dans la région que l'Europe subventionne surtout, donne de l'argent, aide, fait de l'humanitaire mais que politiquement, elle n'existe pas.
R - Je prendrai juste un exemple : je pars tout à l'heure à Ramallah pour rencontrer Mahmoud Abbas. Il vient d'annoncer, dans un contexte très instable, la mise en place prochaine d'un gouvernement d'entente nationale avec, en particulier, une partie du Hamas et le Fatah.
Bernard Guetta le disait à l'instant, dans la mesure où l'on intègre le Fatah, il y aura une probable reconnaissance de l'Etat d'Israël. C'est en effet tout l'enjeu. Et l'Union européenne, et la France en particulier, est tout à fait capable de leur dire que s'ils reconnaissent Israël, s'il y a réellement un gouvernement d'entente nationale, alors elle pourra parler avec le gouvernement. Voilà une spécificité de l'Union européenne en particulier par rapport aux Etats-Unis.
Q - Vous disiez tout à l'heure, Monsieur Douste-Blazy, que vous écoutiez France Inter, Guy Carlier m'a demandé de vous poser une question : est-ce que le voyage de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis réaligne la diplomatie française sur la politique de George Bush ? Avez-vous été court-circuité, vous, le ministre des Affaires étrangères, par le voyage de M. Sarkozy ?
R - Si je me sentais court-circuité chaque fois qu'un ministre se rend dans un pays, je serais très malheureux.
Q - C'était, tout de même, un voyage à visée diplomatique.
R - C'est un voyage où un ministre devait assister à la commémoration des attentats du 11 septembre. En particulier concernant le terrorisme, Nicolas Sarkozy travaille beaucoup avec les Etats-Unis et d'autres pays sur ce dossier.
Q - Ce n'est pas un alignement sur la politique de George Bush ?
R - Pour répondre à votre question, je suis très étonné de cette polémique car nous avons des amis, qui sont les Etats-Unis. Lorsque nous ne sommes pas d'accord nous le leur disons, comme nous le faisons d'ailleurs avec tous nos amis. Je ne vois là aucune inflexion et aucun changement.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 septembre 2006
R - C'est une trêve, par définition fragile mais, comme vient de le dire Bernard Guetta, depuis maintenant le 13 ou le 14 août au matin, il y a un cessez-le-feu qui, globalement, est respecté de part et d'autre. D'ailleurs, je voudrais dire à ce sujet que le gouvernement de M. Ehoud Olmert joue le jeu du retrait israélien. Le gouvernement libanais de M. Siniora joue le jeu du déploiement de l'armée libanaise au Sud. Bien sûr, et nous ne le dirons jamais assez, me semble-t-il, c'est le fait historique de l'été. Enfin, le Liban devient souverain au Sud du Liban ! Il n'y avait pas d'armée libanaise dans cette zone. Et enfin, le Hezbollah également a stoppé ses envois de roquettes sur Haïfa.
Q - D'après vous, l'armée libanaise a-t-elle les moyens de désarmer le Hezbollah ?
R - S'agissant de l'armée libanaise, il est écrit dans la résolution 1701 que nous avons fait voter à New York dans la nuit du 11 au 12 août, que l'on doit désarmer les milices et donc le Hezbollah. Mais nous ne croyons pas à la solution militaire, ni concernant le Hezbollah, ni concernant le conflit israélo-palestinien. C'est pour cela que je vous réponds ainsi : c'est au gouvernement libanais de décider, c'est aux forces libanaises de décider.
Q - Est-ce bien engagé Monsieur le Ministre ?
R - Oui.
Q - C'est une question importante, il y a une FINUL sur place, le contexte change selon que le Hezbollah est armé ou non. Pensez-vous que nous irons vers le désarmement qui est inscrit dans cette fameuse résolution de l'ONU ?
R - Tout d'abord, le Hezbollah ne se trouve pas dans cette zone-là. C'est une zone exclusive où les seules armes possibles, les seuls hommes armés sont des hommes de l'armée libanaise ou de la FINUL renforcée.
Q - M. Nasrallah a déclaré hier, 13 septembre, que sa formation était toujours présente dans le sud du Liban, un mois après la fin des combats avec l'Etat hébreu. C'est une dépêche AFP que j'ai sous les yeux. M. Douste-Blazy, tout cela pour dire que tous les éléments de la crise sont encore présents sur place.
R - Vous pourrez dire ce que vous voulez, mais vous n'enverrez pas 5.000 hommes de la FINUL, plus 10 ou 15.000 personnes de l'armée libanaise, dans cette zone du sud-Liban. Je ne sais pas si vous la connaissez, mais elle ne représente que quelques kilomètres carrés, et je ne vois pas très bien comment on pourrait y envoyer encore d'autres hommes, ou bien alors, cela se verra très vite.
La question est la suivante : j'ai rencontré, durant les quatre visites que j'ai effectuées à Beyrouth en un mois, M. Nabih Berri, le président du Parlement, dont nous savons qu'il est plus ou moins proche de certains mouvements. Je lui ai demandé si la FINUL ou si l'armée libanaise tombait, dans le sud-Liban, sur des caches d'armes, si elle pourrait les prendre ou non. Il m'a répondu que oui, elle les prendrait.
Je dis cela car cette résolution, où le désarmement des milices est inscrit "noir sur blanc", a été votée à l'unanimité du gouvernement libanais. Et dans le gouvernement libanais, deux ministres sont proches du Hezbollah. Autrement dit, oui, il faut faire passer le Hezbollah d'un mouvement armé à un mouvement politique.
C'est le seul défi que nous nous sommes donné et c'est la vision de la France depuis le début, en particulier celle du président Chirac.
Q - L'Etat libanais exerce-t-il d'après vous, Monsieur le Ministre, une souveraineté pleine et entière aujourd'hui sur la totalité de son territoire ?
R - C'est justement l'enjeu.
Q - C'est l'enjeu mais est-ce le cas ?
R - C'est le cas puisque c'est un élément majeur. Il n'y a pas de souveraineté s'il n'y a pas d'armée ; si un Premier ministre décide qu'à tel endroit, sur tant de kilomètres carrés, il laisse agir des milices plutôt que sa propre armée, il n'y a pas de souveraineté.
Donc, Le Liban a une souveraineté retrouvée depuis sa décision de déployer son armée au Sud. C'était cela l'idée importante que M. Siniora nous a aussi donnée. Car il fallait du courage vis-à-vis du Hezbollah, ou d'autres forces. Il l'a eu et d'ailleurs, je voudrais signaler que M. Siniora sort de cette crise comme un homme d'Etat très renforcé, un homme qui a aussi été découvert, à l'occasion de cette crise, par ses interlocuteurs politiques.
Q - Mais le Hezbollah sort aussi grandi de cet épisode guerrier du mois d'août dernier et l'on sent une tension politique très forte aujourd'hui entre le Hezbollah et le gouvernement libanais, on en est pratiquement à l'injure, à l'accusation par le Hezbollah du gouvernement de trahison, de faire alliance justement avec, dit le Hezbollah, les Etats-Unis et Israël.
La situation est tout de même encore extrêmement tendue ?
R - Evidemment elle est tendue mais ne confondez pas non plus ce qu'est la politique d'un côté et ce qui pourrait être aussi la guerre de l'autre. Ce matin, à plusieurs reprises, j'ai entendu des personnes sur France Inter dire qu'il y a eu une guerre entre le Liban et Israël. Il n'y a pas eu de guerre entre le Liban et Israël ; il y a eu le Hezbollah d'un côté qui a commencé - et nous avons condamné ce qu'il a fait - et de l'autre, il y a eu une riposte disproportionnée. Le Liban a été, une fois de plus, le lieu totalement injuste et injustifié de la guerre.
D'autre part, je crois aujourd'hui en effet, que le Hezbollah mais aussi la Syrie, l'Iran, toute cette partie du monde, doivent être pris en compte au niveau régional. Si nous continuons à faire croire qu'il s'agit seulement, d'une part, d'une milice armée et d'autre part, d'Israël, je pense que nous pouvons nous tromper.
Il faut maintenant consolider le cessez-le-feu, il faut trouver un accord politique sur les fermes de Chebaa, le désarmement des milices, sur le problème des prisonniers. Il faut que ces derniers soient libérés de part et d'autre, il faut assurer, évidemment, et on le sait, la stabilité régionale.
Q - Devant les ambassadeurs de France réunis à Paris pour leur conférence annuelle le 28 août dernier, Jacques Chirac a très durement critiqué l'Union européenne, atteinte d'une sorte de maladie de langueur, a-t-il dit, de fatigue généralisée, qui n'augure rien de bon de sa capacité future à répondre aux attentes des peuples etc.... Je ne cite pas la totalité de l'intervention de M. Chirac.
Ne peut-on pas dire, au contraire, que la FINUL aujourd'hui est l'image très concrète de la diplomatie européenne et de la vitalité de l'Europe ; peut-être une première victoire de la diplomatie de l'Europe plus qu'une victoire de la diplomatie française ?
R - Il y a eu, en effet, durant cette période, un moment où ce sont plutôt les pays qui se sont exprimés mais ensuite, nous avons vu avec bonheur que l'Union européenne était capable de jouer un rôle politique pour être aujourd'hui la colonne vertébrale de la FINUL. Nous avons commencé cette réunion à Bruxelles, je m'en souviendrai longtemps, avec quelques centaines de soldats, nous avons terminé avec 7.300 soldats de l'Union européenne.
Q - C'est donc une victoire européenne, il n'y a pas de langueur, il y a même plutôt une énergie !
R - Dès l'instant où le déploiement de la colonne vertébrale de la FINUL renforcée a été décidé par Bruxelles, c'est vrai que l'on a pu dire que l'Union européenne existe bel et bien. Je dois dire aussi, qu'à la demande du président Chirac, des contingents de pays musulmans, comme la Malaisie, l'Indonésie, la Turquie, le Qatar mais aussi de Chine ont rejoint la FINUL renforcée.
Je crois donc que la communauté internationale suit cette idée, cette idée de souveraineté des peuples, d'indépendance nationale et d'intégrité territoriale qui sont les valeurs défendues par la France.
Q - Cette FINUL a un rôle d'interposition, l'Europe aussi de fait, est-elle pour autant un acteur politique ? On sait bien dans la région que l'Europe subventionne surtout, donne de l'argent, aide, fait de l'humanitaire mais que politiquement, elle n'existe pas.
R - Je prendrai juste un exemple : je pars tout à l'heure à Ramallah pour rencontrer Mahmoud Abbas. Il vient d'annoncer, dans un contexte très instable, la mise en place prochaine d'un gouvernement d'entente nationale avec, en particulier, une partie du Hamas et le Fatah.
Bernard Guetta le disait à l'instant, dans la mesure où l'on intègre le Fatah, il y aura une probable reconnaissance de l'Etat d'Israël. C'est en effet tout l'enjeu. Et l'Union européenne, et la France en particulier, est tout à fait capable de leur dire que s'ils reconnaissent Israël, s'il y a réellement un gouvernement d'entente nationale, alors elle pourra parler avec le gouvernement. Voilà une spécificité de l'Union européenne en particulier par rapport aux Etats-Unis.
Q - Vous disiez tout à l'heure, Monsieur Douste-Blazy, que vous écoutiez France Inter, Guy Carlier m'a demandé de vous poser une question : est-ce que le voyage de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis réaligne la diplomatie française sur la politique de George Bush ? Avez-vous été court-circuité, vous, le ministre des Affaires étrangères, par le voyage de M. Sarkozy ?
R - Si je me sentais court-circuité chaque fois qu'un ministre se rend dans un pays, je serais très malheureux.
Q - C'était, tout de même, un voyage à visée diplomatique.
R - C'est un voyage où un ministre devait assister à la commémoration des attentats du 11 septembre. En particulier concernant le terrorisme, Nicolas Sarkozy travaille beaucoup avec les Etats-Unis et d'autres pays sur ce dossier.
Q - Ce n'est pas un alignement sur la politique de George Bush ?
R - Pour répondre à votre question, je suis très étonné de cette polémique car nous avons des amis, qui sont les Etats-Unis. Lorsque nous ne sommes pas d'accord nous le leur disons, comme nous le faisons d'ailleurs avec tous nos amis. Je ne vois là aucune inflexion et aucun changement.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 septembre 2006