Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec des radios et télévisions sur les relations euro-palestiniennes et le dossier du nucléaire iranien, à Bruxelles le 15 septembre 200-.

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Circonstance : Conseil affaires générales et relations extérieures, à Bruxelles (Belgique) le 15 septembre 2006

Texte intégral

Q - Est-ce qu'on peut dire que l'Union européenne est sur la voie de renouer le dialogue avec le gouvernement palestinien ?
R - Il est encore un peu tôt pour le dire, dans la mesure où le futur gouvernement palestinien n'est pas encore formé. La situation qui est celle d'aujourd'hui est un peu différente : les évolutions sont positives, avec l'annonce d'un accord pour la constitution d'un gouvernement palestinien d'union nationale. C'est même une évolution très importante, qui va dans le sens que les Européens souhaitaient et qui peut permettre de donner de nouvelles perspectives. Les Européens considèrent donc qu'il convient de saluer, comme il se doit, cette évolution. Ils l'ont fait aujourd'hui et la France l'avait fait il y a déjà quelques jours. Elle renforce donc ce message qu'elle accueille très volontiers.
Q - Alors concrètement que faut-il pour renouer ce dialogue aujourd'hui ?
R - Au moment de la formation du gouvernement, nous devrons voir quelle est sa composition, quelles sont ses orientations, quel est son programme. Nous devrons également voir si, en fonction de tout cela, le nouveau gouvernement palestinien progresse vers la reconnaissance des principes de la communauté internationale, et si nous devons prendre en compte une situation nouvelle pour réexaminer la politique de l'Union européenne et de la communauté internationale à l'égard de ce gouvernement. Je parle là, bien sûr, non seulement de l'aide mais aussi des contacts.
Q - Est-ce que cela va changer quelque chose pour l'aide directe aux Palestiniens que l'on a mise en place cet été ?
R - Aujourd'hui pas encore. Aujourd'hui, nous saluons une évolution politique, nous en prenons acte et nous souhaitons qu'elle se traduise dans les faits. Nous nous reverrons très certainement pour voir si une nouvelle étape a pu être franchie comme nous le souhaitions, mais il est encore un peu tôt pour le dire.
Q - Avant de reprendre le dialogue, avant de reprendre un système d'aides qui soit pérenne, est-ce qu'il faut une reconnaissance explicite de l'état d'Israël par le Hamas ?
R - Je dois d'abord rappeler que l'Union européenne a toujours maintenu son aide humanitaire, qui constitue plus de la moitié de l'aide qu'elle apporte aux Palestiniens. Quant à l'aide directe au gouvernement, elle avait été suspendue mais des mécanismes d'aide aux populations avaient été mis sur pied rapidement, qui fonctionnent désormais dans l'ensemble de leurs trois volets et qui permettent aux populations les plus démunies de recevoir de la part des Européens l'aide qui leur est nécessaire. Pour ce qui concerne les contacts directs avec le gouvernement palestinien, il faudrait qu'il y ait un nouveau gouvernement, et que celui-ci nous permette par son programme, par sa composition, de considérer que les obstacles qui existaient à des contacts directs et à une aide directe n'existent plus. Nous le souhaitons, mais ce n'est pas encore la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui.
Q - Sur l'Iran y aura-t-il une prochaine réunion entre M. Larijani et M. Solana et quand ?
R - Nous privilégions la voie du dialogue. Des contacts ont déjà eu lieu entre M. Solana et M. Larijani, qui ont été constructifs mais incomplets. Ils méritent donc d'être poursuivis. Javier Solana est disponible pour les poursuivre et il attend que l'Iran lui donne maintenant des indications précises sur le moment et le lieu où une nouvelle réunion pourrait se tenir.
Q - Quelle est votre évaluation de la situation et des négociations ?
R - Ce ne sont pas des négociations, ce sont des conversations. La différence étant que la suspension des activités d'enrichissement est une obligation internationale et que l'Iran doit donc remplir cette obligation internationale. L'objet des conversations que M. Solana mène est de voir si l'Iran accepte de discuter de cette suspension. La résolution existe, elle est ce qu'elle est, et elle a été votée -je vous le rappelle- à l'unanimité.
Q - Vos exigences vis-à-vis des Palestiniens aujourd'hui, elles sont claires, mais que demandez-vous à l'autre partie ? Que demandez-vous à Israël après la stabilisation du Liban et la formation du nouveau gouvernement palestinien à venir, que demandez-vous aux autres parties, américaine et israélienne ?
R - La région connaît des évolutions importantes. Les unes ont été tragiques, cet été, d'autres peuvent être plus positives. Il y a aujourd'hui la perspective d'un nouveau gouvernement palestinien d'unité nationale. Le moment venu, nous verrons si tout cela se concrétise mais c'est une opportunité à saisir pour relancer le processus de paix. Il est indispensable de redonner une perspective politique à la région. Nous nous emploierons à le faire. Nous l'avons dit aujourd'hui et nous le ferons également la semaine prochaine à New York où le Quartet devrait se réunir.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 septembre 2006