Texte intégral
TF1 : Dans tous les cas de figure, admettons que les forces françaises de la FINUL se retrouvent devant une entrée de chars israéliens au Liban. Qu'est-ce qu'ils peuvent faire ?
Michèle Alliot-Marie : S'il y a une violation, que ce soit de l'arrêt des combats ou que ce soit de la résolution, l'ensemble des forces de la FINUL ont des missions très précises, en soutien de l'armée libanaise et pour faire respecter la résolution.
TF1 : Dans les deux cas, qu'est ce qu'ils peuvent faire exactement, ils peuvent tirer ?
Michèle Alliot-Marie : C'est à dire tirer uniquement en auto-défense, je ne vais pas vous donner dans le détail les règles d'engagement qui représentent plus de vingt pages sur tous les cas de figure. Simplement ce que je peux vous dire et qui correspond à ce que nous avons demandé à la fois pour la crédibilité de la FINUL et pour la protection des forces, c'est que tous les cas de figure ont été effectivement envisagés ; ils donnent aux militaires la possibilité de se défendre s'ils sont attaqués et de faire respecter la résolution de l'ONU.
TF1 : La Chancelière allemande Angela Merkel a déclaré il y a quelques jours que la flotte allemande est là pour la sécurité d'Israël. Qu'en pensez-vous ?
Michèle Alliot-Marie : Je n'ai pas entendu ces propos d'Angela Merkel. Lorsque j'ai eu à travailler avec mon collègue, le ministre allemand de la Défense, il m'a parlé de la protection des côtes libanaises et c'est donc dans ce cadre là et dans le cadre de la résolution de l'ONU, que les forces allemandes interviendront. Elles ne sont pas encore là, puisqu'elles doivent d'abord obtenir une autorisation du Parlement allemand. En attendant et à titre transitoire, ce sont les flottes françaises, qui étaient déjà là dans le cadre notamment des opérations d'évacuation et d'apport d'aide humanitaire, des flottes italiennes et espagnoles également qui assurent cette protection pour les quelques semaines à venir avant que l'Allemagne ne prenne le relais.
TF1 : Est-ce que vous croyez qu'il y a un problème quant à la question : Qui prendra le commandement. Est-ce l'armée libanaise ou la FINUL ? Vous aviez dit que la situation au Liban-Sud était une situation volatile à haut risque, est-ce que vous pouvez nous donner votre lecture des prochains mois, des prochaines semaines ?
Michèle Alliot-Marie : Ce que j'espère, c'est que nous allons obtenir, avec l'intervention de tous, c'est-à-dire les diplomates, mais aussi les militaires, que chacun affirme bien le respect de la souveraineté du Liban. Je pense que nous sommes sur une bonne voie. Il est vrai que tant que les situations ne sont pas consolidées, un incident peut malheureusement remettre le feu aux poudres. Notre rôle et le rôle de la FINUL en soutien de l'armée libanaise, c'est d'éviter qu'il y ait un incident de ce type.
TF1 : Et sur une coopération possible avec l'armée libanaise ?
Michèle Alliot-Marie : Sur ce sujet, j'avais rencontré le ministre libanais de la Défense, Elias Murr, à la fin du mois de janvier dernier. Il y a effectivement eu des missions françaises qui sont venues ici pour estimer ce que pouvaient être les besoins de l'armée libanaise. Les entretiens que nous aurons demain avec mon homologue iront certainement dans ce sens.
TF1 : Vous avez rendu hommage à l'instant aux morts de la FINUL. Est-ce vous avez cherché à prendre contact avec les acteurs locaux et régionaux de cette crise pour obtenir des assurances à l'égard des soldats français ?
Michèle Alliot-Marie : Il y a eu d'abord une première condition qui a été fixée - et qui est toujours fixée - pour qu'il y ait le déploiement de cette FINUL renforcée : c'est l'accord des parties à cette crise qui s'est jouée il y a quelques semaines au Liban. C'est la première condition qui ne s'adresse pas uniquement aux soldats français mais qui s'adresse aussi aux soldats des différentes armées qui ont composé la FINUL ; et les contacts qui continuent d'être menés à tous les niveaux n'ont pas seulement pour but mais ont pour conséquence aussi de permettre que cette mission de la FINUL soit bien comprise par les uns et par les autres et donc qu'elle soit respectée. Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 septembre 2006