Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'opinion des Français concernant l'aide au développement, à Paris le 20 septembre 2006.

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Circonstance : Conférence de presse avec le Directeur général de l'Agence française de développement, M. Jean-Michel Severino, sur la présentation du sondage IFOP sur les français et l'aide au développement, à Paris le 20 septembre 2006

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Messieurs les Parlementaires,
Messieurs les Directeurs généraux,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie d'avoir répondu à notre invitation. Nous avons souhaité vous convier en cette fin de matinée à la présentation des résultats de la première enquête réalisée sur le thème " les Français et l'aide au développement ".
Cette enquête a été conduite par l'IFOP, pilotée par l'Agence française de Développement et cofinancée par le Haut Conseil pour la Coopération internationale (HCCI), en collaboration avec mon ministère. L'enquête s'est déroulée du 6 au 23 juillet, auprès d'un échantillon national représentatif de 1.017 personnes.
Après vous avoir fait part de certains enseignements que je tire de cette enquête pour la politique de coopération du gouvernement français, j'inviterai M. Olivier Bauby, directeur général de l'IFOP, à détailler les principales attentes des Français en matière d'aide au développement, telles qu'elles ressortent de l'enquête.
M. Jean-Michel Severino, directeur général de l'Agence française de développement, que je remercie d'avoir engagé et conduit cette réflexion, évoquera ensuite les réponses apportées par l'AFD à travers quelques éléments d'impact concrets : accès des populations aux services essentiels, soutien à la croissance, réponses aux défis communs des pays du Nord et du Sud.
Enfin, M. Jacques Pelletier, ancien Ministre et président du HCCI, que je tiens à remercier, nous apportera le regard de la société civile sur les résultats obtenus.
Nous aurons ensuite plaisir, ensemble, à répondre à vos questions.
Dans un cadre démocratique, il est important pour les gouvernements et les élus de connaître au mieux les attentes de la société civile. C'est pourquoi il faut se réjouir de cette première enquête réalisée sur la perception qu'ont les Français de l'aide au développement.
Les résultats de l'enquête font d'abord ressortir que 83 % des Français jugent que la France joue un rôle important dans le monde en matière d'aide au développement et humanitaire. J'ajoute que 61 % des personnes interrogées estiment que cette aide doit être menée même si la France rencontre des difficultés budgétaires.
Je tiens à la souligner, messieurs les élus et responsables des ONG, cette bonne perception est aussi la conséquence de l'action de sensibilisation que vous menez quotidiennement auprès des Français.
En cette phase de fortes restrictions financières, et à la veille des débats budgétaires au Parlement, cette première conclusion mérite d'être soulignée et entendue. Elle rejoint l'objectif du Président de la République de porter la part de l'aide publique au développement à 0,5 % du PIB en 2007 et 0,7 % en 2012. La France doit et peut jouer un rôle d'exemple et d'entraînement auprès des autres pays donateurs.
Je trouve pour ma part dans ce premier constat un encouragement fort à poursuivre et intensifier l'action que je mène depuis une quinzaine de mois à la tête de ce ministère. Au cours de cette période, la France a engagé une réforme ambitieuse de sa politique de coopération, afin de la rendre plus efficace et plus visible :
Cette réforme a mis en place une coordination plus étroite des actions des différents acteurs français en faveur du développement, sous l'égide du ministre chargé de la coopération à Paris, sous celui de nos ambassadeurs dans les pays partenaires. Il est donc essentiel pour nous tous de mesurer l'état de l'opinion publique sur cette politique.
Par ailleurs, un rôle pivot a été confié à l'Agence française de développement dans la mise en oeuvre de cette politique sur le terrain, et c'est pourquoi il est utile pour le gouvernement de disposer des éléments de ce sondage qui concernent la façon dont cette agence est perçue. C'est d'autant plus important que je note que 68 % des personnes interrogées estiment que la France doit conserver une aide bilatérale.
Si l'on examine le détail des résultats de ce sondage, je constate avec satisfaction qu'il montre que les politiques menées sont bien en phase avec les attentes de l'opinion, et je voudrais en souligner trois aspects :
Premier aspect, la question des migrations. Même si la question ne leur a pas été posée explicitement dans ce sondage, je suis convaincue que les Français comprennent que c'est en s'attaquant à la pauvreté, dont on sait qu'elle est la première motivation à quitter son pays d'origine, que l'on parviendra à agir le plus efficacement sur les flux migratoires.
A défaut d'une question explicite sur les migrations, qu'il faudra poser la prochaine fois, une analyse précise du détail des chiffres montre que les Français mettent en avant comme priorité de notre coopération la création d'emplois au Sud et le transfert des savoir-faire. C'est précisément ce qu'a décidé de faire le dernier Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement en matière de co-développement. Il prévoit en effet de faciliter la création d'emplois dans les pays sources d'immigration et d'inciter au transfert des compétences.
Deuxième aspect, l'allocation sectorielle de notre aide.
Je note la forte priorité que les Français accordent au secteur de l'eau, et je constate que c'est également un secteur de forte concentration dans les documents cadres de partenariat que je signe régulièrement avec nos pays partenaires et qui définissent les orientations de notre coopération sur cinq ans.
Par ailleurs, l'enquête montre aussi la priorité que donnent les personnes interrogées aux deux axes de notre action sur les enjeux d'échelle planétaire, c'est-à-dire en matière de biens publics mondiaux. Ces deux axes ont été également définis au dernier Comité interministériel pour la coopération internationale et le développement :
La santé tout d'abord, au travers de la lutte contre les maladies transmissibles, appelle une mobilisation internationale. C'est pourquoi nous avons réalisé des efforts substantiels dans nos contributions au secteur, principalement aux organisations multilatérales. Ces contributions passeront ainsi de 50 millions d'euros sur la période 2000-2002 à 1,4 milliards d'euros sur la période 2006-2008.
Ensuite, l'environnement, avec la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité. L'environnement est une autre priorité confirmée par l'enquête. Je souligne à ce propos que se tient en ce moment à Paris, jusqu'à demain soir, une conférence internationale sur le thème "Biodiversité et coopération européenne au développement", à laquelle ma collègue au gouvernement Nelly Olin et moi-même participons.
Troisième aspect, l'allocation géographique de notre aide. La priorité africaine affichée par le gouvernement est souhaitée par 68 % des Français. Ce chiffre se décompose en 53 % pour l'Afrique sub-saharienne et 15 % à l'Afrique du Nord. Hasard des statistiques, ces trois chiffres correspondent presque exactement à la part de l'aide publique au développement française qui est consacrée à ces régions.
En conclusion, je retiens que les principaux enseignements de l'enquête confortent la politique du Gouvernement français, tout en soulignant les exigences de l'opinion publique de renforcer l'autonomie des pays bénéficiaires de notre aide, et l'information donnée par les pouvoirs publics sur cette aide.
Je vous remercie et cède tout de suite la parole à M. Olivier Bauby, directeur général de l'IFOP.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2006