Texte intégral
Q- H. Emmanuelli bonjour. Six débats pour la primaire présidentielle pour le Parti socialiste, trois à la télévision, trois en régions, est-ce une bonne organisation de campagne ?
R- Moi j'étais partisan d'une lettre à tous les militants venant de chaque candidate ou de chaque candidat, de laisser huit jours de débats ou dix jours de débats et de voter. Je pense qu'il n'est pas souhaitable que le Parti socialiste fasse parler de lui ou parle de lui, plutôt que de parler aux Français pendant tout l'automne, mais je suis minoritaire sur ce point de vue.
Q- Diriez-vous, comme S. Royal, qu'avec ce système, la machine à perdre est peut-être engagée ?
R- Je ne sais pas si on peut dire à sept mois de la présidentielle que la machine est à perdre ou à gagner, on est loin encore de l'événement. Mais je pense que ce n'est pas une bonne solution, je le dis depuis le mois de janvier, mais manifestement, on est emporté par les choses.
Q- Les sondages plébiscitent S. Royal. Est-ce que vous, vous n'êtes pas en train de tomber dans le "Tout, sauf Ségolène" ?
R- Eh bien écoutez, j'ai remarqué une chose : on ne peut plus penser, on ne peut plus parler, on ne peut plus réfléchir. On veut nous enfermer. Alors quand je dis "on", c'est quand même un petit peu le système éditorial. Ou bien on est pour Ségolène ou bien on est contre Ségolène, si on n'est pas pour, on est contre. Si on est contre Ségolène, [on est] pour Fabius. Tout ça est d'un manichéisme stupide. Moi je ne participe pas à la constitution d'un front unique contre Ségolène, j'ai simplement dit, je souhaite que ce soit le premier secrétaire du Parti socialiste qui soit candidat - je remarque qu'à l'UMP c'est le cas, c'est le président de l'UMP qui est candidat - et qu'il consacre toutes ses forces au rassemblement de la gauche. Parce que je voudrais rappeler, humblement, que sans le rassemblement de la gauche, il n'y a pas de victoire possible. Alors il faudrait que les socialistes regardent un peu moins leur nombril et un peu plus ce qui se passe autour quand même !
Q- Le premier secrétaire, F. Hollande vous a répondu : il n'envisage d'être candidat que s'il est le seul, que si tous les autres se retirent, donc c'est perdu, vous avez prêché dans le désert !
R- Ecoutez, c'est à lui de prendre ses responsabilités. Moi je lui suggérais de renverser la table, c'est-à-dire...
Q- Vous trouvez qu'il est trop timide, trop gentil ?
R- C'est-à-dire de dire "je suis candidat". Et, à ce moment-là, ce sont les autres candidats qui devront expliquer pourquoi ils le sont, n'est-ce pas. Parce que, sauf erreur de ma part, ils ont tous été dans sa majorité, ils l'ont tous soutenu, ils ont voté plusieurs fois pour lui au suffrage universel dans le parti, ils ont adopté son projet à l'unanimité. Donc, je ne comprends pas très bien pourquoi ils ne seraient pas derrière lui pour une élection présidentielle.
Q- Vous n'avez pas l'impression que F. Hollande est premier secrétaire en surface, patron de tout le parti et, en réalité, en dessous, déjà le premier soutien de S. Royal ?
R- Eh bien écoutez, ce que je constate surtout, c'est qu'il y a une structuration des écuries présidentielles, une organisation avec des comités de campagne et je suis un peu inquiet, oui, je suis un peu inquiet, parce que ce n'est pas ce dont le pays a besoin et ce n'est pas ce dont la gauche a besoin. Ce dont le pays a besoin c'est d'un débat politique clair et loyal entre une conception néo conservatrice, qui est celle de Monsieur Sarkozy et, je l'espère, une alternative progressiste qui devrait être la nôtre. Le reste n'est pas très intéressant.
Q- Et la tête du parti qui devrait se consacrer à cela se consacre aussi à l'écurie présidentielle : F. Rebsamen, numéro 2 du parti, vient de dire qu'il roulait pour S. Royal.
R- Ecoutez, Monsieur Barbier, tout ça est d'un intérêt tellement important que Monsieur Bush va sûrement réunir un cabinet de crise ce matin à Washington pour enregistrer le fait que Monsieur Rebsamen appelle à voter X ou Y. Franchement, vous ne trouvez pas qu'on est un petit peu, là, dans la paillette ?
Q- Cela n'a pas empêché beaucoup d'adhérents d'adhérer au PS, donc le PS n'est pas répulsif. Vous craignez que derrière ces nouveaux adhérents, cela cache de la fraude ou...
R- L'année dernière, j'ai proposé une primaire, on m'a ricané au nez, on m'a dit que ce n'était pas réaliste. Mais en fait, si je comprends bien, au Parti socialiste on a organisé une primaire à 20 euros, moi je la proposais beaucoup moins cher.
Q- Alors si vous cherchez un homme d'état pour rassembler tout le monde et toute la gauche derrière lui, il y a eu L. Jospin, il l'a fait déjà en 97, il y avait toute la gauche.
R- Ce que j'ai dit pour F. Hollande vaut pour tout le monde et je sais que cela n'a fait plaisir à aucun des candidats. J'ai lu hier dans un éditorial, un journal de gauche... que je participais à la création d'un front unique contre S. Royal. Non. Ce que j'ai dit ne plait à aucun des candidats et à aucune des candidates. Parce que leur dire à toutes et à tous : "eh bien écoutez, il y a un premier secrétaire, cela devrait être lui", évidemment cela ne leur fait pas plaisir ! Mais je continue à dire que le premier secrétaire, si tout le monde se mettait derrière lui, serait à même de remettre en route le dispositif socialiste et de se consacrer au rassemblement de la gauche qui est l'urgence.
Q- Et si ce n'est pas le cas la semaine prochaine, idéologiquement, politiquement, sur les options de fond, est-ce que c'est L. Fabius qui est le plus proche de vos convictions ?
R- J'aviserai et je refuse, Monsieur Barbier, de me laisser enfermer dans une cuisine où si je n'aime pas les haricots blancs, il faudrait que je prenne des betteraves rouges et si je n'aime pas les betteraves rouges, il faudrait que je prenne des haricots blancs. Vous savez, il y a une solution dans ces cas-là : on peut sortir de la cuisine.
Q- Et vous ne regrettez pas d'être plongé, d'avoir plongé dans la cuisine et dans la bouillabaisse au moment de la motion de synthèse du congrès du Mans, c'est une synthèse de dupes ?
R- Vous avez raison de poser la question, parce que nous, nous avons fait la synthèse au congrès du Mans en demandant au premier secrétaire de mettre la machine en route. On a dit, nous on fait cet effort, en responsabilité pour que le Parti socialiste soit en état de bataille. Je dois reconnaître, au mois de septembre, qu'on n'y est pas, qu'il n'est pas en ordre de bataille, que cette synthèse n'a pas produit les effets en interne qu'elle aurait dû produire et je le regrette profondément. Et c'est pour ça que je dis, si le premier secrétaire n'est pas candidat, moi et beaucoup d'autres nous reprendrons notre liberté par rapport à ça.
Q- L'ordre de bataille, on ne l'a pas tellement vu à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il y a eu un accord secret PS-UMP pour aller vite vers un vote. Allez ! Ça y est, cela va être voté, aujourd'hui, l'article 10 ?
R- Je crois que ce que tout le monde souhaite, c'est qu'il y ait un vote, c'est qu'on ne se défile pas derrière le 49-3 pour masquer les divisions de la majorité, ça c'est le point de vue des socialistes, je crois qu'il est légitime, non ?
Q- Donc, on a évacué les amendements.
R- Le reste, vous savez c'est un peu difficile. Quand on fait traîner les débats, nous sommes accusés d'obstruction, quand on veut être raisonnable et dire "bon, écoutez, il faudrait qu'il y ait un vote", à ce moment-là, c'est de la collusion. Là aussi, entre nous, dans le commentaire, il faudrait peut-être choisir, cela ne peut pas être toujours négatif : collusion/obstruction.
Q- Vous n'avez participé qu'à deux débats sur GDF, vous avez pris la parole une fois, cela ne vous a pas intéressé ?
R- Je suis allé cinq fois à l'Assemblée nationale - vous êtes mal informé - et j'y ai passé trois nuits et je considère que je fais partie des parlementaires qui y sont allés souvent, mais dans l'anonymat. Comme les caméras ne viennent que lorsqu'il y a les présidentiables...
Q- Ils ont rempli leur rôle quand même ?
R- Je n'ai pas demandé à ceux qui y sont régulièrement mais qui ne sont pas sous les projecteurs, pourquoi ils n'étaient pas là ?
Q- Le budget 2007 va être adopté aujourd'hui en Conseil des ministres. Est-ce que c'est un budget plein de bombes à retardement, comme l'a dit le Parti socialiste, et qu'est-ce que cela veut dire ?
R- Je pense qu'il y a une crise des finances publiques grave dans ce pays, que l'Etat d'ailleurs essaye de transférer sur les collectivités locales et qu'effectivement ils ne savent pas comment concilier leur baisse d'impôts avec l'état de la dette et avec le niveau des dépenses. Donc oui, ils sont acculés à tout un tas d'astuces pour essayer, n'est-ce pas de donner le sentiment que cela ne dérape pas encore davantage. Mais il y a le budget et puis il y a les comptes sociaux : 39 milliards d'euros pour la Sécurité sociale, c'est une catastrophe.
Q- "Il y a de bonnes choses dans le projet Sarkozy sur l'immigration", a dit S. Royal, "on retrouve d'ailleurs des éléments dans le projet du PS", vous approuvez ?
R- Non, moi je suis pour "immigration partagée". Je ne suis pas pour une immigration choisie, ni au niveau national, ni au niveau régional.
Q- Cela veut dire quoi, "partagée" ?
R- Eh bien, "partagée" cela veut dire qu'on délimite un nombre d'immigrés que l'on fait rentrer dans ce pays, dont on s'occupe ensuite, qu'on loge, qu'on forme etc.
Q- Cela s'appelle les quotas.
R- Si vous voulez mais "quota" c'est un petit peu réducteur. C'est un mot qui n'est pas trop employé, parce qu'il a été tellement galvaudé qu'il est devenu assez négatif. C'est une immigration officielle, moi je préfère ça, plutôt qu'une immigration clandestine. Donc ce que nous dit Monsieur Sarkozy, c'est quand même un peu ridicule. Moi je suis chargé à la Commission des Finances du rapport spécial sur la coopération. C'est quoi la coopération, le co développement ? Cela consiste à aider les pays d'Afrique et du Maghreb et d'Asie et d'Amérique du Sud à se développer. Et les principales dépenses, c'est la formation de cadres, la formation de la ressource humaine. Si, après les avoir aidés à former des cadres, on va aller leur reprendre, c'est quand même d'une stupidité assez évidente quoi.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 septembre 2006
R- Moi j'étais partisan d'une lettre à tous les militants venant de chaque candidate ou de chaque candidat, de laisser huit jours de débats ou dix jours de débats et de voter. Je pense qu'il n'est pas souhaitable que le Parti socialiste fasse parler de lui ou parle de lui, plutôt que de parler aux Français pendant tout l'automne, mais je suis minoritaire sur ce point de vue.
Q- Diriez-vous, comme S. Royal, qu'avec ce système, la machine à perdre est peut-être engagée ?
R- Je ne sais pas si on peut dire à sept mois de la présidentielle que la machine est à perdre ou à gagner, on est loin encore de l'événement. Mais je pense que ce n'est pas une bonne solution, je le dis depuis le mois de janvier, mais manifestement, on est emporté par les choses.
Q- Les sondages plébiscitent S. Royal. Est-ce que vous, vous n'êtes pas en train de tomber dans le "Tout, sauf Ségolène" ?
R- Eh bien écoutez, j'ai remarqué une chose : on ne peut plus penser, on ne peut plus parler, on ne peut plus réfléchir. On veut nous enfermer. Alors quand je dis "on", c'est quand même un petit peu le système éditorial. Ou bien on est pour Ségolène ou bien on est contre Ségolène, si on n'est pas pour, on est contre. Si on est contre Ségolène, [on est] pour Fabius. Tout ça est d'un manichéisme stupide. Moi je ne participe pas à la constitution d'un front unique contre Ségolène, j'ai simplement dit, je souhaite que ce soit le premier secrétaire du Parti socialiste qui soit candidat - je remarque qu'à l'UMP c'est le cas, c'est le président de l'UMP qui est candidat - et qu'il consacre toutes ses forces au rassemblement de la gauche. Parce que je voudrais rappeler, humblement, que sans le rassemblement de la gauche, il n'y a pas de victoire possible. Alors il faudrait que les socialistes regardent un peu moins leur nombril et un peu plus ce qui se passe autour quand même !
Q- Le premier secrétaire, F. Hollande vous a répondu : il n'envisage d'être candidat que s'il est le seul, que si tous les autres se retirent, donc c'est perdu, vous avez prêché dans le désert !
R- Ecoutez, c'est à lui de prendre ses responsabilités. Moi je lui suggérais de renverser la table, c'est-à-dire...
Q- Vous trouvez qu'il est trop timide, trop gentil ?
R- C'est-à-dire de dire "je suis candidat". Et, à ce moment-là, ce sont les autres candidats qui devront expliquer pourquoi ils le sont, n'est-ce pas. Parce que, sauf erreur de ma part, ils ont tous été dans sa majorité, ils l'ont tous soutenu, ils ont voté plusieurs fois pour lui au suffrage universel dans le parti, ils ont adopté son projet à l'unanimité. Donc, je ne comprends pas très bien pourquoi ils ne seraient pas derrière lui pour une élection présidentielle.
Q- Vous n'avez pas l'impression que F. Hollande est premier secrétaire en surface, patron de tout le parti et, en réalité, en dessous, déjà le premier soutien de S. Royal ?
R- Eh bien écoutez, ce que je constate surtout, c'est qu'il y a une structuration des écuries présidentielles, une organisation avec des comités de campagne et je suis un peu inquiet, oui, je suis un peu inquiet, parce que ce n'est pas ce dont le pays a besoin et ce n'est pas ce dont la gauche a besoin. Ce dont le pays a besoin c'est d'un débat politique clair et loyal entre une conception néo conservatrice, qui est celle de Monsieur Sarkozy et, je l'espère, une alternative progressiste qui devrait être la nôtre. Le reste n'est pas très intéressant.
Q- Et la tête du parti qui devrait se consacrer à cela se consacre aussi à l'écurie présidentielle : F. Rebsamen, numéro 2 du parti, vient de dire qu'il roulait pour S. Royal.
R- Ecoutez, Monsieur Barbier, tout ça est d'un intérêt tellement important que Monsieur Bush va sûrement réunir un cabinet de crise ce matin à Washington pour enregistrer le fait que Monsieur Rebsamen appelle à voter X ou Y. Franchement, vous ne trouvez pas qu'on est un petit peu, là, dans la paillette ?
Q- Cela n'a pas empêché beaucoup d'adhérents d'adhérer au PS, donc le PS n'est pas répulsif. Vous craignez que derrière ces nouveaux adhérents, cela cache de la fraude ou...
R- L'année dernière, j'ai proposé une primaire, on m'a ricané au nez, on m'a dit que ce n'était pas réaliste. Mais en fait, si je comprends bien, au Parti socialiste on a organisé une primaire à 20 euros, moi je la proposais beaucoup moins cher.
Q- Alors si vous cherchez un homme d'état pour rassembler tout le monde et toute la gauche derrière lui, il y a eu L. Jospin, il l'a fait déjà en 97, il y avait toute la gauche.
R- Ce que j'ai dit pour F. Hollande vaut pour tout le monde et je sais que cela n'a fait plaisir à aucun des candidats. J'ai lu hier dans un éditorial, un journal de gauche... que je participais à la création d'un front unique contre S. Royal. Non. Ce que j'ai dit ne plait à aucun des candidats et à aucune des candidates. Parce que leur dire à toutes et à tous : "eh bien écoutez, il y a un premier secrétaire, cela devrait être lui", évidemment cela ne leur fait pas plaisir ! Mais je continue à dire que le premier secrétaire, si tout le monde se mettait derrière lui, serait à même de remettre en route le dispositif socialiste et de se consacrer au rassemblement de la gauche qui est l'urgence.
Q- Et si ce n'est pas le cas la semaine prochaine, idéologiquement, politiquement, sur les options de fond, est-ce que c'est L. Fabius qui est le plus proche de vos convictions ?
R- J'aviserai et je refuse, Monsieur Barbier, de me laisser enfermer dans une cuisine où si je n'aime pas les haricots blancs, il faudrait que je prenne des betteraves rouges et si je n'aime pas les betteraves rouges, il faudrait que je prenne des haricots blancs. Vous savez, il y a une solution dans ces cas-là : on peut sortir de la cuisine.
Q- Et vous ne regrettez pas d'être plongé, d'avoir plongé dans la cuisine et dans la bouillabaisse au moment de la motion de synthèse du congrès du Mans, c'est une synthèse de dupes ?
R- Vous avez raison de poser la question, parce que nous, nous avons fait la synthèse au congrès du Mans en demandant au premier secrétaire de mettre la machine en route. On a dit, nous on fait cet effort, en responsabilité pour que le Parti socialiste soit en état de bataille. Je dois reconnaître, au mois de septembre, qu'on n'y est pas, qu'il n'est pas en ordre de bataille, que cette synthèse n'a pas produit les effets en interne qu'elle aurait dû produire et je le regrette profondément. Et c'est pour ça que je dis, si le premier secrétaire n'est pas candidat, moi et beaucoup d'autres nous reprendrons notre liberté par rapport à ça.
Q- L'ordre de bataille, on ne l'a pas tellement vu à l'Assemblée nationale. Est-ce qu'il y a eu un accord secret PS-UMP pour aller vite vers un vote. Allez ! Ça y est, cela va être voté, aujourd'hui, l'article 10 ?
R- Je crois que ce que tout le monde souhaite, c'est qu'il y ait un vote, c'est qu'on ne se défile pas derrière le 49-3 pour masquer les divisions de la majorité, ça c'est le point de vue des socialistes, je crois qu'il est légitime, non ?
Q- Donc, on a évacué les amendements.
R- Le reste, vous savez c'est un peu difficile. Quand on fait traîner les débats, nous sommes accusés d'obstruction, quand on veut être raisonnable et dire "bon, écoutez, il faudrait qu'il y ait un vote", à ce moment-là, c'est de la collusion. Là aussi, entre nous, dans le commentaire, il faudrait peut-être choisir, cela ne peut pas être toujours négatif : collusion/obstruction.
Q- Vous n'avez participé qu'à deux débats sur GDF, vous avez pris la parole une fois, cela ne vous a pas intéressé ?
R- Je suis allé cinq fois à l'Assemblée nationale - vous êtes mal informé - et j'y ai passé trois nuits et je considère que je fais partie des parlementaires qui y sont allés souvent, mais dans l'anonymat. Comme les caméras ne viennent que lorsqu'il y a les présidentiables...
Q- Ils ont rempli leur rôle quand même ?
R- Je n'ai pas demandé à ceux qui y sont régulièrement mais qui ne sont pas sous les projecteurs, pourquoi ils n'étaient pas là ?
Q- Le budget 2007 va être adopté aujourd'hui en Conseil des ministres. Est-ce que c'est un budget plein de bombes à retardement, comme l'a dit le Parti socialiste, et qu'est-ce que cela veut dire ?
R- Je pense qu'il y a une crise des finances publiques grave dans ce pays, que l'Etat d'ailleurs essaye de transférer sur les collectivités locales et qu'effectivement ils ne savent pas comment concilier leur baisse d'impôts avec l'état de la dette et avec le niveau des dépenses. Donc oui, ils sont acculés à tout un tas d'astuces pour essayer, n'est-ce pas de donner le sentiment que cela ne dérape pas encore davantage. Mais il y a le budget et puis il y a les comptes sociaux : 39 milliards d'euros pour la Sécurité sociale, c'est une catastrophe.
Q- "Il y a de bonnes choses dans le projet Sarkozy sur l'immigration", a dit S. Royal, "on retrouve d'ailleurs des éléments dans le projet du PS", vous approuvez ?
R- Non, moi je suis pour "immigration partagée". Je ne suis pas pour une immigration choisie, ni au niveau national, ni au niveau régional.
Q- Cela veut dire quoi, "partagée" ?
R- Eh bien, "partagée" cela veut dire qu'on délimite un nombre d'immigrés que l'on fait rentrer dans ce pays, dont on s'occupe ensuite, qu'on loge, qu'on forme etc.
Q- Cela s'appelle les quotas.
R- Si vous voulez mais "quota" c'est un petit peu réducteur. C'est un mot qui n'est pas trop employé, parce qu'il a été tellement galvaudé qu'il est devenu assez négatif. C'est une immigration officielle, moi je préfère ça, plutôt qu'une immigration clandestine. Donc ce que nous dit Monsieur Sarkozy, c'est quand même un peu ridicule. Moi je suis chargé à la Commission des Finances du rapport spécial sur la coopération. C'est quoi la coopération, le co développement ? Cela consiste à aider les pays d'Afrique et du Maghreb et d'Asie et d'Amérique du Sud à se développer. Et les principales dépenses, c'est la formation de cadres, la formation de la ressource humaine. Si, après les avoir aidés à former des cadres, on va aller leur reprendre, c'est quand même d'une stupidité assez évidente quoi.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 27 septembre 2006