Texte intégral
Le ministère de la défense fait réaliser depuis plus de dix ans deux baromètres annuels (1) : "les Français et la défense national " et "Image des armées".
En juin 1999, on peut caractériser l'opinion des Français de la façon suivante :
oà l'exception du risque terroriste, la perception des menaces et des risques de conflit s'est accrue sur un an ;
oune majorité de Français (55 %) estime qu'il vaut mieux risquer une guerre que d'accepter une domination par une grande puissance ;
ole souhait d'une défense européenne progresse (+ 7 points sur un an à 36 %) même si l'alliance Europe / Etats Unis reste la solution qui a la préférence d'une majorité relative (45 %) ;
ol'image des armées atteint son meilleur résultat depuis dix ans : 78 % des personnes interrogées ont une " bonne opinion " de l'armée, soit un gain de 9 points en dix ans ;
ola professionnalisation des armées est largement approuvée (84 %) et connotée de façon très positive.
1°/ A l'exception du risque terroriste, la perception des menaces et des risques s'est accrue :
Le pronostic concernant la " probabilité d'une guerre mondiale dans les dix années à venir " atteint 34.6 sur 100, soit les taux constatés de 1993 (34.5) à 1995 (34.8) au plus fort de la crise bosniaque ; de 1996 à 1998, ce pronostic était retombé à 30 environ (30.4 en 1998).
76 % des Français (74 % en 1998, 8 ans de tendance stable) estiment que " le plus probable dans les dix prochaines années " est une augmentation du nombre des conflits localisés (Moyen-Orient, Afrique, Asie du Sud Est, Europe Centrale et de l'Est).
Les menaces d'" attaque nucléaire " et d'" attaque chimique " atteignent leur niveau le plus élevé depuis dix ans avec, respectivement, 24 % (+6 points sur 1998) et 14 % (+6 points sur 1998).
Si la menace préoccupant le plus les Français reste celle d'une " action terroriste " (46 %), celle-ci régresse pour la première fois depuis dix ans en-deçà de la barre des 50 % (60 % en 1998 ; 67 % en 1996).
L'opinion publique désigne la Yougoslavie (Serbie) (48 %, 6 % en 1998 mais 42 % en 1993), l'Irak (35 %, 53 % en 1998) et l'Algérie (32 %, 53 % en 1998) comme " les pays menaçant actuellement le plus la paix dans le monde ". Viennent ensuite la Russie (22 %, 8 % en 1998), la Chine (19 %, 13 % en 1998), les autres Etats de l'ex-Union soviétique (18 %), l'Iran (17 %), les Etats Unis (15 %, 10 % en 1998) et Israël (12 %).
Les pays constituant une " menace pour la France et ses intérêts dans le monde " sont l'Algérie (32 % contre 52 % en 1998), les Etats-Unis (23 % comme en 1998) et la Yougoslavie (Serbie) (19 % contre 1 % en 1998, mais 11 % en 1993). Suivent l'Irak et la Russie avec 14 % (respectivement - 11 points et + 9 points).
2°/ La volonté de défense des Français est renforcée :
Depuis 1991, une proportion croissante de personnes interrogées affirmait qu'il valait " mieux accepter la domination d'une grande puissance que de risquer une guerre " : cette proportion était passée de 22 % en 1991 à 30 % en 1995 et avait atteint 38 % en 1998. Pour la première fois depuis neuf ans, cette tendance est interrompue en 1999 puisque la proportion de ceux qui affirment accepter la domination d'une grande puissance recule de 7 points et, avec un niveau de 31 %, retrouve sensiblement celui de 1995.
De la même façon, la proportion des Français affirmant qu'il " vaut mieux risquer une guerre que d'accepter la domination d'une grande puissance " avait constamment diminué depuis 1991, où elle atteignait 61 %, jusqu'en 1998 où elle ne réunissait que 46 % d'approbation. En 1999, il semble qu'un début d'inversement de cette tendance soit constaté, symétrique du mouvement enregistré plus haut, puisque 55 % des personnes interrogées estiment qu'il " vaut mieux risquer une guerre que d'accepter la domination d'une grande puissance " ; ce niveau d'approbation est supérieur à celui constaté en 1995 (52 %).
Les justifications de se battre au risque " d'y laisser la vie " restent fortement soutenues ; logiquement, une distinction s'opère selon que la vie en cause est celle des soldats français ou celle de la personne interrogée :
Lorsqu'elles ont à sélectionner parmi les raisons qui peuvent justifier l'emploi des forces armées françaises, les personnes interrogées les hiérarchisent de la façon suivante :
o" secourir la population française en cas de catastrophes ou de problèmes " : 95 % en 1999 (94 % en 1998, 93 % en 1997) ;
o" apporter une aide humanitaire à l'extérieur de la France " : 91 % en 1999 (87 % en 1998, 80 % en 1997) ;
o" préserver la vie des ressortissants français à l'étranger " : 88 % en 1999 (88 % en 1998, 89 % en 1997) ;
o" assurer des missions de sécurité intérieure " : 88 % en 1999 (87 % en 1998, 86 % en 1997) ;
o" intervenir dans le cadre de l'ONU pour le respect du droit international " : 88 % en 1999 (87 % en 1998, 82 % en 1997) ;
o" détruire un foyer de terrorisme " : 83 % en 1999 (88 % en 1998, 85 % en 1997) ;
o" contribuer à ramener la paix dans une région du monde " : 83 % en 1999 (78 % en 1998, 75 % en 1997)
o" honorer les accords de défense avec les pays africains " : 70 % en 1999 (68 % en 1998, 63 % en 1997).
3°/ Les options de politique de défense : combinaison de forces nucléaires et classiques, défense européenne, stabilité de l'effort de défense :
- La dissuasion, combinée aux forces classiques, reste nécessaire :
Pour 59 % des personnes interrogées, la France ne peut pas " assurer sa défense sans la force de dissuasion " (57 % en 1997 et 1998) tandis que 34 % estiment que la France peut assurer sa défense sans la force de dissuasion (37 % en 1997 et 36 % en 1998). Par contre, ils ne sont que 10 % à estimer que la France " peut assurer sa défense uniquement avec la force de dissuasion nucléaire ", 66 % d'entre eux estimant que la France " pour assurer sa défense, a besoin de la force de dissuasion et des forces classiques " (68 % en 1998).
Comme en 1998, 39 % des Français (taux le plus élevé depuis 1993) souhaitent la "modernisation" de la force nucléaire et 6 % (comme en 1998) son "renforcement". Les partisans de sa "réduction" (20 %) continuent leur régression amorcée en 1997 (25 %, 21 % en 1998) tandis que ceux qui se prononcent en faveur de son "maintien" sont stables à 32 % (35 % en 1997).
Au total, en 1999, ceux qui se prononcent en faveur du " renforcement ", de la "modernisation" ou du "maintien" de " la force nucléaire française " sont 77 % comme en 1998.
89 % des personnes interrogées (88 % en 1998 et 1997) approuvent "tout à fait" ou "plutôt" "l'arrêt définitif des essais nucléaires". 79 % approuvent la ratification par la France du traité d'interdiction des essais nucléaires et 77 % la ratification du traité de non-prolifération des armes nucléaires. 61 % considèrent que "la simulation permet de moderniser la force nucléaire sans avoir à effectuer d'autres essais nucléaires" (67 % en 1998 et 56 % en 1997).
Par ailleurs, depuis 1995 l'opinion des Français est très stable au sujet de la menace d'utilisation par la France de l'arme nucléaire : pour 61 % d'entre eux (comme en 1995, 1997 et 1998), la menace d'utilisation doit être brandie " uniquement si la France subit une attaque nucléaire ". La proportion de ceux qui estiment que la France ne doit " jamais " menacer d'utiliser l'arme nucléaire, " même si la France subit une attaque nucléaire ", est stable à 22 % (23 % en 1998 et 1997). Par contre, la proportion de ceux qui estiment que la France doit menacer d'utiliser l'arme nucléaire " dans tous les cas d'agression, que les armes utilisées par l'agresseur soient nucléaires ou non " progresse à 14 % (10 % en 1998, 12 % en 1997).
- Le soutien à la défense européenne s'accroît même si la préférence pour l'alliance entre les Etats Unis et l'Europe demeure :
Depuis dix ans, la meilleure formule pour " assurer la sécurité de la France " est, selon l'opinion, de " participer à une alliance militaire entre les pays de l'Union européenne et les Etats Unis " (45 %, 43 % en 1998, 48 % en 1997, 41 % en 1996).
Cependant, en 1999, les partisans d'une participation à " une alliance militaire entre les pays de l'Union européenne mais indépendante des Etats Unis " voient leur nombre progresser, passant de 27 % en 1997 et 29 % en 1998 à 36 % en 1999, taux le plus élevé depuis dix ans (26 % en 1989). Dans le même temps, les partisans d'une " position de neutralité absolue " tombent à 10 %, soit la proportion la plus faible depuis dix ans (15 % en 1998).
Cette préférence pour la défense européenne va jusqu'à concerner les armes nucléaires puisque 42 % des personnes interrogées souhaitent " une défense européenne commune incluant les forces nucléaires françaises et anglaises " (39 % en 1998, 38 % en 1997, 36 % en 1996 et 31 % en 1995). Pour 31 % d'entre elles (27 % en 1998), il est souhaitable d'avoir "une défense européenne commune incluant uniquement les forces classiques". 22 % des personnes interrogées préconisent "une défense nationale totalement indépendante" (soit le taux le plus bas enregistré depuis 10 ans ; 26 % en 1998).
En conséquence, 84 % des Français souhaitent " que le gouvernement français renforce sa coopération en matière d'armement avec l'ensemble de nos partenaires de l'Union européenne " (78 % en 1998 et 76 % en 1997), plus particulièrement avec l'Allemagne : 65 % (60 % en 1998 et 57 % en 1997), plus particulièrement avec la Grande Bretagne : 64 % (53 % en 1998, soit + 11 points).
- Un effort budgétaire jugé suffisant :
74 % de Français en 1999 (contre 65 % en 1998 et 64 % en 1997) estiment que le budget de la Défense permet à " l'Armée de remplir ses missions de défense ". 13 % (contre 18 % en 1998) estiment que le budget de la défense ne permet pas à l'Armée de remplir ses missions.
De la même façon, 56 % des personnes interrogées estiment " souhaitable que la part du budget de l'Etat consacrée au budget militaire reste à peu près la même qu'actuellement ". Cette proportion est la plus élevée depuis dix ans ; elle s'est accrue progressivement au cours des dernières années : 44 % en 1995, 46 % en 1996, 49 % en 1997 et 51 % en 1998.
4°/ La " bonne opinion " sur les armées progresse à 78% pour atteindre son meilleur niveau en dix ans :
78 % des Français ont une bonne opinion (" très bonne ", " plutôt bonne ") des armées (76 % en 1998 et 74 % en 1997). Sur dix ans, l'augmentation est significative (+ 9 points). Dans le même temps, la proportion des Français ayant une opinion " plutôt mauvaise " ou " très mauvaise " de l'Armée tombe à 18 % (20 % en 1998 et 21 % en 1997).
L'armée de l'Air rallie toujours le plus d'opinions positives 88 % (comme en 1998), suivie par la Marine Nationale 87 % (86 % en 1998). L'armée de Terre bénéficie d'une hausse d'image avec 81 % d'opinions favorables (79 % en 1998). La Gendarmerie recueille 71 % d'opinions favorables (73 % en 1998).
L'Armée française inspire des sentiments de sympathie pour 74 % des personnes interrogées (71 % en 1998), de sécurité pour 69 % (67 % en 1998) et de fierté pour 60 % (61 % en 1998). 76 % des Français la perçoivent comme " efficace " (chiffre le plus élevé depuis 1990). 74 % estiment qu'elle est " capable d'assurer la sécurité du pays ", 71 % qu'elle est constituée de cadres compétents et 63 % qu'elle est " formée de soldats suffisamment entraînés " (58 % en 1998). Les grandes écoles d'officiers (78 %), le niveau technique des armements (72 %) et les unités exclusivement professionnelles (72 %) sont considérés comme les principaux atouts des armées.
Les Français sont plutôt favorables à la perspective d'une carrière militaire. 63 % déclarent qu'ils laisseraient un de leurs proches s'engager dans l'Armée sans l'en dissuader (60 % en 1998).
Plus des 2/3 des Français connaissent l'existence des réserves et parmi ceux-ci, 57 % jugent que " c'est une bonne chose ". 53 % des personnes interrogées pensent qu'un réserviste est un personnel qualifié, opérationnel à tout moment.
5°/ La notoriété de la réforme des armées s'accroît en même temps que l'approbation de l'opinion :
85 % des Français ont déjà entendu parler de la réforme des armées ; ils étaient 75 % en 1998. 82 % de ceux qui la connaissent y sont favorables (65 % en 1998).
Les aspects de la réforme des armées jugés " les plus connus " par l'opinion sont la suppression du service militaire obligatoire (89 %, 88 % en 1998, 87 % en 1997), la professionnalisation des armées (84 %, 79 % en 1998, 80 % en 1997) et la réduction des effectifs (72 % contre 70 % en 1998, 77 % en 1997).
Les éléments qui rencontrent l'approbation la plus large sont la professionnalisation des armées (84 %, 78 % en 1998, 84 % en 1997), la restructuration des industries d'armement
(66 % depuis 1998, 69 % en 1997) et la réduction du budget de la Défense (66 %, 63 % en 1998, 71 % en 1997).
L'image de la professionnalisation des armées est très favorable : elle réunit 98 % d'évocation positive. Plus précisément, les opinions des personnes interrogées font apparaître que "l'Armée est un métier de professionnels" (36 %), " mieux formés " (31 %), avec " des volontaires qui ont choisi d'en faire leur métier " (27 %) pour devenir "des militaires motivés" (12 %) et exercer des métiers " de spécialistes ou de techniciens " (12 %).
Les Droits de l'Homme (57 % en 1999, 52 % en 1998) et le sens de la Justice (47 % en 1999, 48 % en 1998) sont les valeurs les plus importantes aux yeux des Français. Cette hiérarchie est confirmée depuis 1990. Viennent ensuite en 1999, les libertés individuelles 44 % (39 % en 1998) et la démocratie 35 % (31 % en 1998). Les valeurs d'ordre et de discipline sont moins soutenues (18 % en 1999, 23 % en 1998) ; on retrouve le niveau de 1997 (19 %).
La protection sociale et l'emploi sont les priorités les plus importantes des Français (50 % et 49 % en 1999) ainsi que " la défense de la paix " (42 % en 1999, 43 % en 1998). Le maintien de l'ordre et la sécurité figurent ensuite (31 % en 1999, 32 % en 1998), suivis de la protection de l'environnement et du développement de l'éducation et de la culture, tous deux à 27 %.
(1) Leur réalisation est confiée depuis 1997 à l'Institut de l'Observation et de la Décision (IOD). Echantillons nationaux de 1000 personnes représentatifs de l'ensemble de la population âgée de 15 ans et plus, interrogées en face à face à leur domicile. La méthode employée est celle des quotas (âge, sexe, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, région et type d'habitat). Dates de réalisation du terrain : "Les Français et la défense nationale " du 1er au 15 juin 1999 ; "Image des armées " du 7 au 21 juin 1999.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 5 février 2001)
En juin 1999, on peut caractériser l'opinion des Français de la façon suivante :
oà l'exception du risque terroriste, la perception des menaces et des risques de conflit s'est accrue sur un an ;
oune majorité de Français (55 %) estime qu'il vaut mieux risquer une guerre que d'accepter une domination par une grande puissance ;
ole souhait d'une défense européenne progresse (+ 7 points sur un an à 36 %) même si l'alliance Europe / Etats Unis reste la solution qui a la préférence d'une majorité relative (45 %) ;
ol'image des armées atteint son meilleur résultat depuis dix ans : 78 % des personnes interrogées ont une " bonne opinion " de l'armée, soit un gain de 9 points en dix ans ;
ola professionnalisation des armées est largement approuvée (84 %) et connotée de façon très positive.
1°/ A l'exception du risque terroriste, la perception des menaces et des risques s'est accrue :
Le pronostic concernant la " probabilité d'une guerre mondiale dans les dix années à venir " atteint 34.6 sur 100, soit les taux constatés de 1993 (34.5) à 1995 (34.8) au plus fort de la crise bosniaque ; de 1996 à 1998, ce pronostic était retombé à 30 environ (30.4 en 1998).
76 % des Français (74 % en 1998, 8 ans de tendance stable) estiment que " le plus probable dans les dix prochaines années " est une augmentation du nombre des conflits localisés (Moyen-Orient, Afrique, Asie du Sud Est, Europe Centrale et de l'Est).
Les menaces d'" attaque nucléaire " et d'" attaque chimique " atteignent leur niveau le plus élevé depuis dix ans avec, respectivement, 24 % (+6 points sur 1998) et 14 % (+6 points sur 1998).
Si la menace préoccupant le plus les Français reste celle d'une " action terroriste " (46 %), celle-ci régresse pour la première fois depuis dix ans en-deçà de la barre des 50 % (60 % en 1998 ; 67 % en 1996).
L'opinion publique désigne la Yougoslavie (Serbie) (48 %, 6 % en 1998 mais 42 % en 1993), l'Irak (35 %, 53 % en 1998) et l'Algérie (32 %, 53 % en 1998) comme " les pays menaçant actuellement le plus la paix dans le monde ". Viennent ensuite la Russie (22 %, 8 % en 1998), la Chine (19 %, 13 % en 1998), les autres Etats de l'ex-Union soviétique (18 %), l'Iran (17 %), les Etats Unis (15 %, 10 % en 1998) et Israël (12 %).
Les pays constituant une " menace pour la France et ses intérêts dans le monde " sont l'Algérie (32 % contre 52 % en 1998), les Etats-Unis (23 % comme en 1998) et la Yougoslavie (Serbie) (19 % contre 1 % en 1998, mais 11 % en 1993). Suivent l'Irak et la Russie avec 14 % (respectivement - 11 points et + 9 points).
2°/ La volonté de défense des Français est renforcée :
Depuis 1991, une proportion croissante de personnes interrogées affirmait qu'il valait " mieux accepter la domination d'une grande puissance que de risquer une guerre " : cette proportion était passée de 22 % en 1991 à 30 % en 1995 et avait atteint 38 % en 1998. Pour la première fois depuis neuf ans, cette tendance est interrompue en 1999 puisque la proportion de ceux qui affirment accepter la domination d'une grande puissance recule de 7 points et, avec un niveau de 31 %, retrouve sensiblement celui de 1995.
De la même façon, la proportion des Français affirmant qu'il " vaut mieux risquer une guerre que d'accepter la domination d'une grande puissance " avait constamment diminué depuis 1991, où elle atteignait 61 %, jusqu'en 1998 où elle ne réunissait que 46 % d'approbation. En 1999, il semble qu'un début d'inversement de cette tendance soit constaté, symétrique du mouvement enregistré plus haut, puisque 55 % des personnes interrogées estiment qu'il " vaut mieux risquer une guerre que d'accepter la domination d'une grande puissance " ; ce niveau d'approbation est supérieur à celui constaté en 1995 (52 %).
Les justifications de se battre au risque " d'y laisser la vie " restent fortement soutenues ; logiquement, une distinction s'opère selon que la vie en cause est celle des soldats français ou celle de la personne interrogée :
Lorsqu'elles ont à sélectionner parmi les raisons qui peuvent justifier l'emploi des forces armées françaises, les personnes interrogées les hiérarchisent de la façon suivante :
o" secourir la population française en cas de catastrophes ou de problèmes " : 95 % en 1999 (94 % en 1998, 93 % en 1997) ;
o" apporter une aide humanitaire à l'extérieur de la France " : 91 % en 1999 (87 % en 1998, 80 % en 1997) ;
o" préserver la vie des ressortissants français à l'étranger " : 88 % en 1999 (88 % en 1998, 89 % en 1997) ;
o" assurer des missions de sécurité intérieure " : 88 % en 1999 (87 % en 1998, 86 % en 1997) ;
o" intervenir dans le cadre de l'ONU pour le respect du droit international " : 88 % en 1999 (87 % en 1998, 82 % en 1997) ;
o" détruire un foyer de terrorisme " : 83 % en 1999 (88 % en 1998, 85 % en 1997) ;
o" contribuer à ramener la paix dans une région du monde " : 83 % en 1999 (78 % en 1998, 75 % en 1997)
o" honorer les accords de défense avec les pays africains " : 70 % en 1999 (68 % en 1998, 63 % en 1997).
3°/ Les options de politique de défense : combinaison de forces nucléaires et classiques, défense européenne, stabilité de l'effort de défense :
- La dissuasion, combinée aux forces classiques, reste nécessaire :
Pour 59 % des personnes interrogées, la France ne peut pas " assurer sa défense sans la force de dissuasion " (57 % en 1997 et 1998) tandis que 34 % estiment que la France peut assurer sa défense sans la force de dissuasion (37 % en 1997 et 36 % en 1998). Par contre, ils ne sont que 10 % à estimer que la France " peut assurer sa défense uniquement avec la force de dissuasion nucléaire ", 66 % d'entre eux estimant que la France " pour assurer sa défense, a besoin de la force de dissuasion et des forces classiques " (68 % en 1998).
Comme en 1998, 39 % des Français (taux le plus élevé depuis 1993) souhaitent la "modernisation" de la force nucléaire et 6 % (comme en 1998) son "renforcement". Les partisans de sa "réduction" (20 %) continuent leur régression amorcée en 1997 (25 %, 21 % en 1998) tandis que ceux qui se prononcent en faveur de son "maintien" sont stables à 32 % (35 % en 1997).
Au total, en 1999, ceux qui se prononcent en faveur du " renforcement ", de la "modernisation" ou du "maintien" de " la force nucléaire française " sont 77 % comme en 1998.
89 % des personnes interrogées (88 % en 1998 et 1997) approuvent "tout à fait" ou "plutôt" "l'arrêt définitif des essais nucléaires". 79 % approuvent la ratification par la France du traité d'interdiction des essais nucléaires et 77 % la ratification du traité de non-prolifération des armes nucléaires. 61 % considèrent que "la simulation permet de moderniser la force nucléaire sans avoir à effectuer d'autres essais nucléaires" (67 % en 1998 et 56 % en 1997).
Par ailleurs, depuis 1995 l'opinion des Français est très stable au sujet de la menace d'utilisation par la France de l'arme nucléaire : pour 61 % d'entre eux (comme en 1995, 1997 et 1998), la menace d'utilisation doit être brandie " uniquement si la France subit une attaque nucléaire ". La proportion de ceux qui estiment que la France ne doit " jamais " menacer d'utiliser l'arme nucléaire, " même si la France subit une attaque nucléaire ", est stable à 22 % (23 % en 1998 et 1997). Par contre, la proportion de ceux qui estiment que la France doit menacer d'utiliser l'arme nucléaire " dans tous les cas d'agression, que les armes utilisées par l'agresseur soient nucléaires ou non " progresse à 14 % (10 % en 1998, 12 % en 1997).
- Le soutien à la défense européenne s'accroît même si la préférence pour l'alliance entre les Etats Unis et l'Europe demeure :
Depuis dix ans, la meilleure formule pour " assurer la sécurité de la France " est, selon l'opinion, de " participer à une alliance militaire entre les pays de l'Union européenne et les Etats Unis " (45 %, 43 % en 1998, 48 % en 1997, 41 % en 1996).
Cependant, en 1999, les partisans d'une participation à " une alliance militaire entre les pays de l'Union européenne mais indépendante des Etats Unis " voient leur nombre progresser, passant de 27 % en 1997 et 29 % en 1998 à 36 % en 1999, taux le plus élevé depuis dix ans (26 % en 1989). Dans le même temps, les partisans d'une " position de neutralité absolue " tombent à 10 %, soit la proportion la plus faible depuis dix ans (15 % en 1998).
Cette préférence pour la défense européenne va jusqu'à concerner les armes nucléaires puisque 42 % des personnes interrogées souhaitent " une défense européenne commune incluant les forces nucléaires françaises et anglaises " (39 % en 1998, 38 % en 1997, 36 % en 1996 et 31 % en 1995). Pour 31 % d'entre elles (27 % en 1998), il est souhaitable d'avoir "une défense européenne commune incluant uniquement les forces classiques". 22 % des personnes interrogées préconisent "une défense nationale totalement indépendante" (soit le taux le plus bas enregistré depuis 10 ans ; 26 % en 1998).
En conséquence, 84 % des Français souhaitent " que le gouvernement français renforce sa coopération en matière d'armement avec l'ensemble de nos partenaires de l'Union européenne " (78 % en 1998 et 76 % en 1997), plus particulièrement avec l'Allemagne : 65 % (60 % en 1998 et 57 % en 1997), plus particulièrement avec la Grande Bretagne : 64 % (53 % en 1998, soit + 11 points).
- Un effort budgétaire jugé suffisant :
74 % de Français en 1999 (contre 65 % en 1998 et 64 % en 1997) estiment que le budget de la Défense permet à " l'Armée de remplir ses missions de défense ". 13 % (contre 18 % en 1998) estiment que le budget de la défense ne permet pas à l'Armée de remplir ses missions.
De la même façon, 56 % des personnes interrogées estiment " souhaitable que la part du budget de l'Etat consacrée au budget militaire reste à peu près la même qu'actuellement ". Cette proportion est la plus élevée depuis dix ans ; elle s'est accrue progressivement au cours des dernières années : 44 % en 1995, 46 % en 1996, 49 % en 1997 et 51 % en 1998.
4°/ La " bonne opinion " sur les armées progresse à 78% pour atteindre son meilleur niveau en dix ans :
78 % des Français ont une bonne opinion (" très bonne ", " plutôt bonne ") des armées (76 % en 1998 et 74 % en 1997). Sur dix ans, l'augmentation est significative (+ 9 points). Dans le même temps, la proportion des Français ayant une opinion " plutôt mauvaise " ou " très mauvaise " de l'Armée tombe à 18 % (20 % en 1998 et 21 % en 1997).
L'armée de l'Air rallie toujours le plus d'opinions positives 88 % (comme en 1998), suivie par la Marine Nationale 87 % (86 % en 1998). L'armée de Terre bénéficie d'une hausse d'image avec 81 % d'opinions favorables (79 % en 1998). La Gendarmerie recueille 71 % d'opinions favorables (73 % en 1998).
L'Armée française inspire des sentiments de sympathie pour 74 % des personnes interrogées (71 % en 1998), de sécurité pour 69 % (67 % en 1998) et de fierté pour 60 % (61 % en 1998). 76 % des Français la perçoivent comme " efficace " (chiffre le plus élevé depuis 1990). 74 % estiment qu'elle est " capable d'assurer la sécurité du pays ", 71 % qu'elle est constituée de cadres compétents et 63 % qu'elle est " formée de soldats suffisamment entraînés " (58 % en 1998). Les grandes écoles d'officiers (78 %), le niveau technique des armements (72 %) et les unités exclusivement professionnelles (72 %) sont considérés comme les principaux atouts des armées.
Les Français sont plutôt favorables à la perspective d'une carrière militaire. 63 % déclarent qu'ils laisseraient un de leurs proches s'engager dans l'Armée sans l'en dissuader (60 % en 1998).
Plus des 2/3 des Français connaissent l'existence des réserves et parmi ceux-ci, 57 % jugent que " c'est une bonne chose ". 53 % des personnes interrogées pensent qu'un réserviste est un personnel qualifié, opérationnel à tout moment.
5°/ La notoriété de la réforme des armées s'accroît en même temps que l'approbation de l'opinion :
85 % des Français ont déjà entendu parler de la réforme des armées ; ils étaient 75 % en 1998. 82 % de ceux qui la connaissent y sont favorables (65 % en 1998).
Les aspects de la réforme des armées jugés " les plus connus " par l'opinion sont la suppression du service militaire obligatoire (89 %, 88 % en 1998, 87 % en 1997), la professionnalisation des armées (84 %, 79 % en 1998, 80 % en 1997) et la réduction des effectifs (72 % contre 70 % en 1998, 77 % en 1997).
Les éléments qui rencontrent l'approbation la plus large sont la professionnalisation des armées (84 %, 78 % en 1998, 84 % en 1997), la restructuration des industries d'armement
(66 % depuis 1998, 69 % en 1997) et la réduction du budget de la Défense (66 %, 63 % en 1998, 71 % en 1997).
L'image de la professionnalisation des armées est très favorable : elle réunit 98 % d'évocation positive. Plus précisément, les opinions des personnes interrogées font apparaître que "l'Armée est un métier de professionnels" (36 %), " mieux formés " (31 %), avec " des volontaires qui ont choisi d'en faire leur métier " (27 %) pour devenir "des militaires motivés" (12 %) et exercer des métiers " de spécialistes ou de techniciens " (12 %).
Les Droits de l'Homme (57 % en 1999, 52 % en 1998) et le sens de la Justice (47 % en 1999, 48 % en 1998) sont les valeurs les plus importantes aux yeux des Français. Cette hiérarchie est confirmée depuis 1990. Viennent ensuite en 1999, les libertés individuelles 44 % (39 % en 1998) et la démocratie 35 % (31 % en 1998). Les valeurs d'ordre et de discipline sont moins soutenues (18 % en 1999, 23 % en 1998) ; on retrouve le niveau de 1997 (19 %).
La protection sociale et l'emploi sont les priorités les plus importantes des Français (50 % et 49 % en 1999) ainsi que " la défense de la paix " (42 % en 1999, 43 % en 1998). Le maintien de l'ordre et la sécurité figurent ensuite (31 % en 1999, 32 % en 1998), suivis de la protection de l'environnement et du développement de l'éducation et de la culture, tous deux à 27 %.
(1) Leur réalisation est confiée depuis 1997 à l'Institut de l'Observation et de la Décision (IOD). Echantillons nationaux de 1000 personnes représentatifs de l'ensemble de la population âgée de 15 ans et plus, interrogées en face à face à leur domicile. La méthode employée est celle des quotas (âge, sexe, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage, région et type d'habitat). Dates de réalisation du terrain : "Les Français et la défense nationale " du 1er au 15 juin 1999 ; "Image des armées " du 7 au 21 juin 1999.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 5 février 2001)