Déclaration de M. François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, sur la reprise du dialogue social et la préparation de la conférence des revenus et de l'emploi, Paris le 25 septembre 2006.

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Les rentrées qui précèdent les grandes échéances électorales paraissent toujours un peu moins sociales, un peu plus politiques, on le sait, on s'y attend. Celle-ci n'échappe pas à la règle, c'est très sensible, les regards sont déjà tournés vers mai 2007. Cela dit, si l'on en juge à l'aune des petites phrases, voire des provocations, lancées par les candidats à la candidature ou leurs entourages, le social est loin d'être la part d'ombre du climat de cette rentrée. « Syndicalisme de masse et adhésion obligatoire » par ici, « réforme du droit de grève » par là, « réforme des régimes spéciaux » encore... Le personnel politique puise allègrement dans les questions sociales pour alimenter le débat, ou plus exactement la polémique. Mais les petites phrases ne font pas les programmes et encore moins les projets. Je reviendrai tout à l'heure sur ce que nous attendons de cette campagne présidentielle et de quelle façon nous entendons nous y inviter, sur nos priorités, et en toute indépendance syndicale, cela va sans dire !
Si l'on regarde à présent les chantiers qui s'ouvrent devant nous, force est de constater que nous ne sommes pas sur des sujets mineurs :
- nous attendons les propositions du gouvernement sur le dialogue social ;
- Laurence Parisot invite patronat et syndicats à débattre de l'assurance chômage, du contrat de travail et de la sécurisation des parcours professionnels ;
- nous nous préparons à la Conférence des revenus et de l'emploi.
Le pouvoir d'achat et l'emploi sont donc bien au menu de cette rentrée, avec des opportunités d'aller un peu plus loin que les incantations ou les revendications sans lendemain. Je dis bien des opportunités. Il dépend de chacun de nous, organisations syndicales et patronales de donner du contenu à ces têtes de chapitre.
- La plupart d'entre vous ont suivi attentivement notre congrès de Grenoble. Vous ne serez donc pas étonnés si je vous dis que débattre du contrat de travail et de la sécurisation des parcours professionnels, c'est une proposition qui nous va bien.
- Vous ne serez pas surpris non plus que nous soyons à l'aise sur le dialogue social : le congrès nous a donné une ligne claire après un vrai débat.
- Enfin la conférence des revenus, rappelez vous, était une demande de la CFDT de la rentrée 2005 : on nous la propose en y ajoutant l'emploi, mieux vaut tard que jamais. À condition toutefois que cela puisse déboucher sur des orientations concrètes. Les conditions de mise en oeuvre du chèque transport nous incitent à la prudence.
Sur le dialogue social
- Nous attendons maintenant les propositions concrètes du gouvernement. Pour ce que nous en savons aujourd'hui, nous pourrions franchir une étape sur la question du rapport entre la loi et la négociation collective. Les partenaires sociaux seraient invités à négocier avant toute modification du code du travail avant l'intervention du législateur. Nous sommes, vous le savez, favorables à ce scénario, qui devra comporter un volet pour les fonctions publiques.
- Certains objecteront que sans changer les règles de l'accord majoritaire et de la représentativité des syndicats, on ne fait que la moitié du chemin. Nous sommes d'accord. Mais la moitié du chemin ce n'est pas rien, ce n'est surtout pas le statu quo, c'est une étape qui devra être suivie d'une autre. Une étape, c'est mieux que la case départ.
Sur la Conférence des revenus et de l'emploi
Dans un certain nombre de domaines, c'est l'État qui a les leviers d'action sur le pouvoir d'achat. C'est le cas, entre autres, en matière de transport, de logement, de fiscalité. Nous voulons que cette conférence permette de regarder quelles sont les décisions d'ordre public qui permettraient de corriger les effets de la hausse des carburants, de la hausse des loyers, de l'inégal accès à la protection sociale complémentaire et surtout des effets pervers des 24 milliards d'allègements de charge sur les salaires.
Sur l'invitation de Laurence Parisot
Nous avons accueilli favorablement cette proposition pour deux raisons :
- la remise à plat de l'assurance chômage est une nécessité, elle a été voulue par la CFDT et elle est inscrite dans l'accord Unédic de 2005 ;
- il est important que patronat et syndicats échangent sur le contrat de travail et la sécurisation des parcours professionnels. Ces thèmes sont importants pour les salariés, chacun de son côté y réfléchit. Ce sont de bons thèmes et ils sont liés. Alors parlons-en ! Nous mesurons bien le doute qui entoure tous ces évènements. Un gouvernement en fin de parcours, des organisations syndicales divisées, une campagne électorale qui barre l'horizon, tout cela hypothèque lourdement l'issue de ces chantiers. Deux objections toutefois :
- les mises à plat sur le contrat de travail, l'assurance chômage, la sécurisation des parcours professionnels nécessitent le temps de l'état des lieux. Rien n'empêche les partenaires sociaux de mettre cette année à profit pour faire ce diagnostic. Les sujets à négocier viendront après ;
- on ne peut pas indéfiniment reprocher aux gouvernements de décider sans concertation, revendiquer l'autonomie des partenaires sociaux, et refuser le dialogue quand il se présente.
Ou alors il faudra expliquer aux salariés que sur la précarité, le chômage, le retour à l'emploi... syndicats et patronats n'ont rien à se dire, qu'ils attendent les présidentielles...Ce serait pire qu'un refus de négocier, ce serait une démission. Je force le trait pour dire que cette année ne peut être une année qui ne compte pas pour les salariés. Nous savons que les nouvelles garanties à construire prendront du temps. Commençons donc par ne pas en perdre.
Sur la campagne présidentielle
Une élection de cette envergure devrait être un grand moment de débat public, de démocratie. Nous attendons des candidats :
- qu'ils redonnent du sens à l'action publique, du crédit à la parole publique ;
- qu'ils nous disent comment ils voient la France en Europe ;
- et l'Europe dans le monde ;
- qu'ils soient capables aussi de redonner confiance en l'avenir aux citoyens, aux salariés sur les questions d' emploi, de revenus, de cohésion sociale.
La CFDT sort d'un congrès au cours duquel beaucoup de questions qui sont au menu de cette rentrée ont été débattues. Nous avons de quoi interpeller les candidats - dès qu'ils seront investis par leurs partis - sur leurs projets. Nous ne nous en priverons pas, le moment venu.Source http://www.cfdt.fr, le 29 septembre 2006