Interview de M. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, dans "Le Parisien" du 15 septembre 2006, sur la réforme des régimes spéciaux de retraites et le financement des divers régimes.

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Média : Le Parisien

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Q - Une majorité de Français est favorable à une réforme des régimes spéciaux. FO est-il prêt à discuter de ce problème épineux ?
Jean-Claude Mailly : C'est aux politiques de répondre ! Les syndicats ne sont pas en campagne. Nous avons déjà une date pour en discuter: la réforme Fillon a prévu un bilan d'étape en 2008. La façon dont le problème est posé, c'est de la provocation. Cela vise à attiser les oppositions entre les uns et les autres afin d'essayer de conquérir des soutiens ici ou là. Pourquoi cible-t-on les gens d'EDF ou de la RATP ? Et pourquoi pas les parlementaires qui ont un régime avantageux ou les stock-options ? On ne peut pas aborder ces questions par le petit bout de la lorgnette. Par contre, le moment venu, on exigera que les vrais problèmes soient posés, y compris en termes de politique économique et de répartition des richesses.
Q - Mais, depuis 1995, le sujet est tabou. Il y a pourtant une urgence à se pencher sur le financement de ces régimes.
Jean-Claude Mailly : Le Premier ministre l'a dit: ce n'est pas d'actualité. Est-ce que l'urgence, ce n'est pas plutôt les processus en cours de privatisation ? Il est évident que, lorsque l'on veut privatiser un secteur public, on fait le ménage avant. Parce que les futurs acheteurs le demandent. Et que les actionnaires ont des exigences.
Q - On a demandé des efforts aux salariés du privé et aux fonctionnaires. Pourquoi les salariés bénéficiant de régimes spéciaux en seraient-ils exclus ?
Jean-Claude Mailly : Répondre au problème des retraites de cette façon-là, c'est de la pensée unique. Jusqu'à quel âge va-t-on devoir travailler ? 70 ans à ce rythme-là ! Pour quel niveau de retraite ?
FO n'a pas avalé la réforme de 2003 ni celle de 1993. Elles ont pour effet d'appauvrir un certain nombre de retraités. Et la brèche est maintenant ouverte pour que les assureurs et les banquiers prennent le relais avec la capitalisation. A ce rythme-là, on va en entendre des vertes et des pas mûres sur chaque dossier. Mais je ne vais pas réagir tous les matins sur la petite phrase sortie par un candidat potentiel.
Propos recueillis par Catherine Gasté-Peclers

source http://www.force-ouvriere.fr, le 18 septembre 2006