Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, notamment la revalorisation des pensions militaires d'invalidité et des retraites des anciens combattants des anciennes colonies françaises, Paris le 27 septembre 2006.

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Madame la Ministre, chère Michèle
Monsieur le Ministre, cher Hamlaoui
Messieurs les présidents d'associations,
C'est un honneur et une grande joie pour moi de vous accueillir ici. Aujourd'hui est un grand jour pour notre nation et pour chacun d'entre nous. Le Président de la République vient d'annoncer ce matin en Conseil des ministres la poursuite du processus de décristallisation entamé il y a quatre ans. C'est un geste qui était attendu par l'ensemble des associations d'anciens combattants. C'est une avancée importante pour notre pays. Nous savons ce que nous devons à l'engagement et au courage de tous ceux qui ont défendu notre patrie et ses idéaux dans les conflits du XXème siècle.
1. La France n'a jamais oublié les hauts faits d'arme ni le sacrifice de ceux qui, venus d'Afrique et d'Asie, ont combattu à nos côtés.
Français par les valeurs qu'ils ont défendues, Français par le sang versé, ils ont affronté le même feu. De la Marne au Chemin des Dames, de Gembloux à la Somme, de Koufra à Strasbourg, en Indochine, en Corée ou en Algérie, ils ont vécu les mêmes épreuves.
Cent mille d'entre eux ont payé de leur vie cet engagement. Des milliers d'autres ont survécu, souvent marqués dans leur chair par la violence des combats livrés. Beaucoup d'entre eux vivent aujourd'hui dans le dénuement, en France, en Afrique ou en Asie.
2. Lancée en mai 2002 sous l'impulsion du Président de la République, la décristallisation marque la reconnaissance et le respect de la Nation toute entière.
Cette reconnaissance, l'Etat français a trop tardé à l'exprimer concrètement. Pendant près de 40 ans, des hommes qui avaient combattu dans les mêmes unités, qui s'étaient illustrés sur les mêmes fronts n'ont pas eu droit à une égale gratitude de la part de la France.
Un premier geste a été fait en 2002 avec la revalorisation des pensions pour un montant de plus de 200 millions d'euros. Je veux saluer ici l'engagement sans faille de Michèle ALLIOT-MARIE et d'Hamlaoui MEKACHERA. Tous ici nous savons, chère Michèle, cher Hamlaoui le rôle que vous avez joué, aux côtés des associations d'anciens combattants, dans cette avancée et dans la décision de poursuivre nos efforts.
Pour répondre à vos attentes et à celles de l'ensemble des Français, nous avons décidé de porter plus loin le rétablissement de l'égalité entre les prestations du feu versées aux anciens combattants français et étrangers.
57 000 retraites du combattant et 27 000 pensions militaires d'invalidité vont ainsi être revalorisées.
Elles concerneront des ressortissants de plus de 20 pays pour un coût global de 100 millions d'euros par an et seront mises en oeuvre dès 2007.
Par ailleurs, à la demande du ministre délégué aux anciens combattants, j'ai décidé d'inscrire dans le projet de loi de finances 2007 une nouvelle augmentation de 2 points de l'indice de la retraite du combattant. Elle s'ajoute à la hausse intervenue le 1er juillet dernier. C'est la première revalorisation depuis près de trente ans.
3. A travers ces mesures, nous voulons exprimer l'attachement de la nation et de tous les Français au monde combattant.
Dans une société qui change de plus en plus vite, nous avons plus que jamais besoin de repères. Ces repères, vous les incarnez mieux que quiconque, vous qui vous êtes battus pour les principes de la République et pour nos idéaux universels. Votre courage nous rappelle l'importance de ces principes pour la cohésion de notre société. Il sert d'exemple pour les générations à venir qui ont soif d'engagement et de solidarité.
La liberté, la fraternité, la démocratie, les droits de l'homme sont des causes essentielles qui exigent de notre part une vigilance et un engagement constants : notre pays a connu depuis cinquante ans l'une des plus longues périodes de paix de son histoire. Elle le doit à votre combat. Elle le doit à ses institutions et aux hommes et aux femmes qui les ont défendues. Elle le doit aussi au projet européen, né au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. Votre dévouement nous rappelle que la France et l'Europe ont un devoir, celui de s'engager au service de la paix et de la justice à travers le monde.
Aujourd'hui, c'est de reconnaissance, de fierté et d'affection que je veux vous parler, celles que les Français ressentent face à votre histoire, votre courage et votre générosité. Je sais que tout au long des années rien n'a altéré votre attachement profond à notre histoire commune. Dans une France ouverte, respectueuse de la diversité des sensibilités, des origines et des cultures, vous avez valeur de symbole. Ce que nous voulons exprimer par ce geste de justice, c'est bien sûr notre reconnaissance et notre admiration pour l'exemple que vous avez donné. Ce que nous voulons vous dire aujourd'hui c'est aussi notre fidélité à la voie que vous avez su tracer pour notre pays et pour les générations futures.
Chers amis,
Plusieurs fois au cours du siècle dernier notre nation a été en danger. Menacée depuis l'extérieur, elle a aussi failli trahir son âme et ses idéaux. A chaque fois elle a pu compter sur le courage, l'espoir et la volonté d'hommes et de femmes prêts à donner leur vie pour sauver une certaine idée de la France.
Aujourd'hui, à nouveau, nous comptons sur vous pour transmettre cette expérience et donner à tous les jeunes qui doutent et s'interrogent, le sens de l'engagement, la passion de la liberté et de la fraternité, la passion de la France.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 28 septembre 2006