Interview de M. Xavier Bertrand, ministre de la santé et des solidarités, sur Europe 1 le 9 octobre 2006, sur l'interdiction prochaine du tabac dans tous les lieux publics.

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Circonstance : Annonce par le Premier ministre, M. Dominique de Villepin, de l'interdiction, par décret, du tabac dans tous les lieux publics, le 8 octobre 2006

Média : Europe 1

Texte intégral

C. Delay - La France va rejoindre l'Irlande, la Norvège, l'Italie, la Suède l'Ecosse et Malte. Le tabac sera donc interdit dans les lieux publics à partir du 1er février, il faudra attendre le 1er janvier 2008 pour les cafés, restaurants hôtels, discothèques et casinos. Le Premier ministre a donné le calendrier hier soir... Il y a pour nous quelques zones d'ombres. Comment cela va-t-il se passer, par exemple, dans les hôpitaux pour les patients en long séjour ?
R - Dans les hôpitaux, on ne fumera bien évidemment pas à l'intérieur de l'hôpital, c'est une question de santé publique évidente.
Q - Et dans les chambres, on ne pourra pas fumer ?
R - Bien évidemment.
Q - Et comment feront les patients ayant une mobilité réduite ?
R - Il y a aussi bien sûr une volonté de santé publique mais il y a aussi une question de bon sens. A l'hôpital, est-ce que vraiment fumer dans sa chambre alors que l'on est en soin est une bonne chose ? Vous avez vous-même la réponse.
Q - Les maisons de retraite ?
R - Dans les maisons de retraite, alors là nous avons aujourd'hui une question, parce que les maisons de retraite sont considérées comme un substitut du domicile, juridiquement. Ceci étant, moi je ne me résous pas à voir que la plupart des incendies dans les maisons de retraite sont dûs à justement des patients qui fument dans leur chambre et qui s'endorment en fumant.
Q - Donc la petite cigarette, dehors ?
R - Eh oui. Ce que je souhaite faire, mais là ce n'est pas dans le décret, ce sera avec une circulaire auprès des directeurs d'établissements, afin que l'on ne fume plus dans les chambres des maisons de retraite. Là aussi, c'est avant tout une question de bon sens, nous savons à quoi sont dûs les incendies dans les maisons de retraite principalement.
Q - Les hôtels ou les gîtes ruraux ?
R - Là aussi, ils sont considérés comme des substituts de domicile et là, ce sera au gérant, au directeur de l'hôtel ou du gîte rural de s'organiser parce que bien évidemment, il n'est pas toujours facile de faire un contrôle dans une chambre pour voir si le résident fume ou pas. Mais, encore une fois, nous voyons se développer de plus en plus des hôtels qui ont mis en place soit des étages complets non-fumeurs, soit même des établissements qui ne veulent plus être fumeurs. Une chose est certaine, vous n'aurez plus la situation actuelle où vous arrivez dans un hall qui est complètement enfumé. Il n'y aura plus ce type de situation.
Q - Enfin, les prisons ?
R - Dans les prisons également, bien évidemment, la sécurité qui joue à plein amènera certainement les directeurs d'établissement à ne pas laisser sortir un détenu pour fumer. Donc on a une situation qui restera très proche de celle d'aujourd'hui.
Q - Autrement dit ? C'est quoi la situation d'aujourd'hui ?
R - Aujourd'hui, dans une prison quand vous avez justement un détenu dangereux dans une cellule, qui fume, vous n'allez pas le laisser sortir pour fumer.
Q - Donc, interdiction de fumer dans la cellule ?
R - Non, c'est ce que je vous dis ; pour des raisons de sécurité. Mais là aussi, vous avez bien sûr un aspect de santé publique, un aspect juridique mais dans les quelques cas que vous citez et qui sont des cas qui sont quasiment des détails, là bien évidemment il y a aussi le bon sens qui s'applique et nous avons voulu avant tout éviter la cohabitation forcée fumeurs/non fumeurs à laquelle nous avions droit. Ce sera terminé justement avec ce décret, au 1er février pour plus de 25 millions de salariés, sur leur lieu de travail, et au 1er janvier 2008 pour l'ensemble des lieux.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 10 octobre 2006