Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur les efforts de la France en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes dans les pays en développement, à Paris le 13 octobre 2006.

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Circonstance : Installation de la plate-forme "Genre et développement", à Paris le 13 octobre 2006

Texte intégral

Monsieur le Président,
Madame la Députée,
Madame la Sénatrice,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est avec grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui dans ce ministère, où nous construisons au quotidien la politique de solidarité internationale voulue par la France.
En effet, l'occasion m'est donnée aujourd'hui de concrétiser avec vous l'engagement que j'avais pris le 8 mars dernier, à l'occasion de la journée internationale de la Femme : créer, au sein de mon ministère, un groupe de travail chargé de la mise en place de l'approche "genre" dans nos programmes de coopération, et travailler de concert avec les acteurs non étatiques désireux de renforcer cette dimension dans leurs actions de coopération.
C'est donc bien cela, la mission confiée à la plate-forme "genre et développement" que nous installons aujourd'hui : réfléchir aux moyens de parvenir à une meilleure prise en compte transversale de la notion de genre dans notre politique d'aide publique au développement. Et je tiens à cet égard à vous remercier très chaleureusement pour avoir bien voulu accepter de nous y aider, en participant aux travaux de cette plate-forme.
Une conviction nous anime tous, je crois, au moment où nous installons cette plate-forme : c'est que la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes est indissociable de tous les efforts déployés par la France, au sein de la communauté internationale, en vue d'un développement solidaire et durable des pays du Sud. En effet, s'il s'agit bien au départ d'une question de lutte pour l'égalité des droits, il s'agit plus encore d'une condition majeure de réalisation du progrès économique et social.
Bien sûr, notre lutte pour l'égalité hommes-femmes s'inscrit dans le cadre général de la promotion des Droits de l'Homme à laquelle notre pays, fidèle à ses valeurs républicaines, attache la plus grande importance.
Mais l'enjeu va bien au-delà, car nous savons tous ici que les inégalités entre les sexes sont pour beaucoup dans la perpétuation des inégalités de développement. Investir dans le renforcement des capacités des femmes, c'est donc s'engager pour améliorer durablement la situation économique, sociale et politique des pays en développement. Et c'est en cela que l'égalité entre les hommes et les femmes est bien une condition indispensable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Certains progrès ont déjà été faits au niveau international pour la prise en compte du genre, tant au niveau du droit des femmes que de celui de l'efficacité des politiques de développement. C'est ainsi que la série de grandes conférences et de grands textes sur le genre, adoptés depuis les années 1970, forme aujourd'hui un ensemble complet d'engagements auxquels la France a souscrit.
La question très concrète qui nous est posée aujourd'hui - qui vous est posée - est donc d'ordre plus opérationnelle : comment, en pratique, tenir tous ces engagements collectifs que nous avons pris ? Comment, sur le terrain, mieux contribuer à changer les conditions concrètes de vie et les perspectives d'avenir des femmes et des sociétés ? Comment parvenir à mobiliser plus efficacement les moyens de la solidarité française, publique et privée, pour transformer ces objectifs en actions concrètes ?
C'est donc à la recherche des meilleures réponses à apporter à ces différentes questions, que je souhaite associer votre plate-forme. Afin que les outils à mettre en place puissent bénéficier de votre expertise et de votre expérience de terrain.
Et en prélude à vos travaux, je souhaite rappeler brièvement aujourd'hui devant vous les quatre objectifs complémentaires poursuivis par mon ministère dans ce domaine de la promotion de l'égalité hommes-femmes :
Le premier objectif - je viens de l'indiquer - consiste à décliner nos engagements internationaux en véritables actions de terrain : clairement, il s'agit d'aider nos partenaires du Sud en appuyant leurs politiques nationales qui contribuent à améliorer concrètement le statut politique, économique et social des femmes, ou encore de les aider à participer activement aux débats d'idées, d'initier des rencontres sur le genre, et de financer des programmes de recherche-action.
Notre deuxième objectif vise à faire de l'égalité hommes-femmes un thème transversal dans tous les secteurs et à tous les niveaux d'intervention de notre aide au développement : pour y parvenir, il nous faut concevoir et mettre en place des outils de concertation, des formations, ou encore des instruments méthodologiques pour intégrer la démarche de genre dans toutes nos actions.
Notre troisième objectif vise à lancer des programmes de coopération spécifiquement dédiés au renforcement des capacités des femmes ou à la lutte contre les inégalités de genre : là encore, il nous faut concevoir le contenu pratique de ces programmes, afin notamment de les adapter au mieux aux réalités culturelles diversifiées des populations auxquelles ils pourront être proposés.
Enfin, notre quatrième objectif est de renforcer notre collaboration avec tous les partenaires soucieux des questions de genre et compétents en la matière : notre plate-forme est l'illustration même de cette préoccupation, en réunissant des élus locaux, des réseaux associatifs, des universités, ou encore des centres de recherche.
Le 12 décembre prochain aura lieu le forum organisé par Coordination Sud sur le thème "genre et solidarité internationale". A cette occasion, j'aurai le plaisir de présenter la brochure que mon ministère publie sur ce thème du "genre et développement". Cette première publication d'une centaine de pages présentera notamment les actions en matière de genre menées par les principaux opérateurs français, qu'il s'agisse du ministère des Affaires étrangères, de l'Agence française de Développement (AFD), des centres de recherche ou des principales ONG.
Ce recensement original permettra d'informer nos partenaires sur les actions que nous menons déjà en matière de genre. Ce document pourra également vous être utile, je l'espère, pour les travaux de votre plate-forme.
Mesdames et Messieurs,
Vous l'aurez compris, il s'agit donc bien pour nous, aujourd'hui, de trouver de nouvelles voies d'action, d'imaginer de nouvelles pratiques, afin de donner un contenu concret à une notion qui reste encore un peu théorique. Et pour y parvenir, il nous a paru intéressant de vous réunir au sein de cette plate-forme, afin d'en faire le carrefour des idées et des initiatives, de la recherche, de l'action publique et de la société civile.
Toutes et tous, vous êtes d'ardents promoteurs de l'égalité homme-femme dans les politiques de développement. Vous représentez les réseaux militants, les réseaux de solidarité, les centres de recherche, les institutions. La plate-forme ne prétend pas à l'exhaustivité, mais sa composition recherche un équilibre, et nous sommes persuadés que le potentiel d'expertise et d'information ici rassemblé est important, pour peu que nous sachions sérier nos objectifs et définir une méthode.
Il nous faut avoir à l'esprit que l'agenda national et international avance vite sur ces questions de genre. Plus nous anticiperons, mieux nous saurons proposer et donner les impulsions nécessaires.
Sans doute faut-il d'ailleurs s'entendre sur un point : si nous sommes confiants sur la capacité de cette plate-forme à enrichir la réflexion et à dégager une cohérence, il serait contre-productif de vouloir rechercher le plus petit dénominateur commun entre nous, pour aboutir à tout prix à une "position française" étendue au monde associatif ou à la recherche. Il s'agit d'abord de faire vivre un débat. Le moment venu, la réponse française n'en sera que plus appréciée et agissante.
Nous partons tous d'un capital d'expérience vivant.
Mettons donc cette richesse d'analyses et d'expériences que vous représentez au service de convictions et d'approches qui doivent impérativement progresser au coeur de nos politiques de développement.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 octobre 2006