Texte intégral
Monsieur le Président, chers amis argentins,
J'éprouve ce soir un plaisir particulier, Monsieur le Président, à vous recevoir dans le Palais des Affaires étrangères. Je me souviens en effet que c'est en ma qualité de ministre des Affaires étrangères que j'avais eu l'honneur d'être reçu par vous, il y a presque jour pour jour 16 mois, dans votre bureau de la Casa Rosada, au terme de la visite officielle que j'effectuais alors en Argentine.
Cette visite dans votre pays, que je ne connaissais pas, m'avait marqué, tant j'avais senti la densité de nos liens culturels, économiques et politiques, ainsi que la vigueur avec laquelle votre pays s'était engagé sur la voie d'un développement économique rapide, complément indispensable au rétablissement de la démocratie. J'avais senti combien il avait davantage à faire entre nos deux pays d'abord, mais aussi entre le Mercosur, cette union économique régionale entrée en vigueur au ler janvier 1995, et les pays de l'Union européenne.
1995 a été, dans nos deux pays, une année électorale majeure, celle de deux élections présidentielles, tenues à une semaine de distance: vous avez été réélu le 14 mai 1995, une semaine après l'élection du Président Jacques Chirac. Nous n'oublions pas cependant que pour vous et votre famille, cette année marquée par une réélection brillante, a été aussi celle d'un deuil personnel cruel.
Après l'évocation de ces souvenirs, laissez-moi tout d'abord rendre hommage à votre pays et à vous-même pour la manière exemplaire dont l'Argentine a su maîtriser son destin au cours de la décennie écoulée.
En 10 ans, votre pays est revenu à la démocratie. Votre action courageuse d'ouverture de l'économie argentine sur le monde a permis de réduire l'inflation qui avait mis la démocratie en péril. C'est aussi grâce au pari courageux sur les privatisations à opérer dans les secteurs vitaux de l'économie que nous devons les opportunités saisies par nos entreprises, présentes, souvent au premier rang, dans le téléphone, la distribution d'électricité, le traitement et l'assainissement des eaux, dans la production pétrolière et gazière...; avec, depuis le début des années 1990, des investissements qui sont évalués à plus d'un milliard de pesos, et je rappelle que le peso argentin vaut un dollar américain! Une économie bien gérée, qui a résisté à l'ébranlement causé, en décembre 1994, par la crise mexicaine. Je crois que l'Argentine, dès à présent, se conforme aux fameux critères de Maastricht !
Dans votre effort pour refaire de l'Argentine un "pays normal", vous avez donc réussi peut-être au-delà de vos espérances, puisque l'Argentine est devenue un pays "hors normes" par les succès que tous vos partenaires internationaux s'accordent à admirer. Vous avez su, sans oublier les souffrances du passé, aller résolument de l'avant et faire de votre pays un partenaire avec lequel la France a bonheur à travailler. Nous voulons continuer à renforcer la présence de nos entreprises dans votre effort de développement économique, comme nous voulons, dans l'esprit de la lettre d'intention que j'ai co-signée à Buenos Aires avec votre ministre de l'Education, renforcer la présence de l'apprentissage de l'espagnol dans les écoles de France et celle du français dans les écoles d'Argentine. Car nos relations ne sauraient se borner au domaine économique. Entre nous, il y a aussi la proximité culturelle, la densité des liens humains et historiques.
Peut-on oublier que c'est au contact de nos soldats français que votre libérateur, San Martin, fit ses premières armes ? Et que c'est dans notre pays qu'il a choisi de vivre les longues années qui lui furent données après qu'il eut quitté le pouvoir ? Dois-je rappeler l'attachement des législateurs de la jeune Argentine aux codes et au système d'enseignement public français ? Faut-il mentionner l'attrait que votre pays a toujours présenté pour le nôtre, comme le montrent les voyages qu'y ont effectués des personnalités qui marquent l'histoire de France, comme Clémenceau ou Jaurès, à une époque où de tels déplacements étaient encore exceptionnels ?
Avec votre pays, les liens de la culture et de la langue sont à la fois anciens et modernes.
Certains de nos metteurs en scène de théâtre parmi les meilleurs ne sont-ils pas argentins et un grand écrivain argentin, Hector Biancotti, que je salue, ne vient-il pas d'être élu à l'Académie française ?
Le Général de Gaulle s'était rendu en Argentine en 1964 et cette visite avait fait naître de grands espoirs d'intensification des liens entre nos deux pays. I1 a fallu attendre plus longtemps que ne le souhaitaient nos impatiences. Je suis heureux, Monsieur le Président, que soit venu le temps de la récolte de ce qui avait alors été semé; que l'intensité de nos échanges et les relations personnelles que vous avez pu poursuivre avec notre Président, soient les garants de la poursuite de l'effort engagé. Et c'est pourquoi j'invite tous mes hôtes à lever leur verre en l'honneur du Président Carlos Saul Menem, en l'honneur de la République argentine, amie de la France; en l'honneur de la délégation qui l'accompagne, en leur disant que nous avons eu beaucoup de joie à les accueillir à Paris et à travailler ensemble; et en buvant à leur bonheur personnel et à la prospérité de l'Argentine !.
(Source http://www.doc.diplomatie.gouv.fr, le 12 novembre 2002)
J'éprouve ce soir un plaisir particulier, Monsieur le Président, à vous recevoir dans le Palais des Affaires étrangères. Je me souviens en effet que c'est en ma qualité de ministre des Affaires étrangères que j'avais eu l'honneur d'être reçu par vous, il y a presque jour pour jour 16 mois, dans votre bureau de la Casa Rosada, au terme de la visite officielle que j'effectuais alors en Argentine.
Cette visite dans votre pays, que je ne connaissais pas, m'avait marqué, tant j'avais senti la densité de nos liens culturels, économiques et politiques, ainsi que la vigueur avec laquelle votre pays s'était engagé sur la voie d'un développement économique rapide, complément indispensable au rétablissement de la démocratie. J'avais senti combien il avait davantage à faire entre nos deux pays d'abord, mais aussi entre le Mercosur, cette union économique régionale entrée en vigueur au ler janvier 1995, et les pays de l'Union européenne.
1995 a été, dans nos deux pays, une année électorale majeure, celle de deux élections présidentielles, tenues à une semaine de distance: vous avez été réélu le 14 mai 1995, une semaine après l'élection du Président Jacques Chirac. Nous n'oublions pas cependant que pour vous et votre famille, cette année marquée par une réélection brillante, a été aussi celle d'un deuil personnel cruel.
Après l'évocation de ces souvenirs, laissez-moi tout d'abord rendre hommage à votre pays et à vous-même pour la manière exemplaire dont l'Argentine a su maîtriser son destin au cours de la décennie écoulée.
En 10 ans, votre pays est revenu à la démocratie. Votre action courageuse d'ouverture de l'économie argentine sur le monde a permis de réduire l'inflation qui avait mis la démocratie en péril. C'est aussi grâce au pari courageux sur les privatisations à opérer dans les secteurs vitaux de l'économie que nous devons les opportunités saisies par nos entreprises, présentes, souvent au premier rang, dans le téléphone, la distribution d'électricité, le traitement et l'assainissement des eaux, dans la production pétrolière et gazière...; avec, depuis le début des années 1990, des investissements qui sont évalués à plus d'un milliard de pesos, et je rappelle que le peso argentin vaut un dollar américain! Une économie bien gérée, qui a résisté à l'ébranlement causé, en décembre 1994, par la crise mexicaine. Je crois que l'Argentine, dès à présent, se conforme aux fameux critères de Maastricht !
Dans votre effort pour refaire de l'Argentine un "pays normal", vous avez donc réussi peut-être au-delà de vos espérances, puisque l'Argentine est devenue un pays "hors normes" par les succès que tous vos partenaires internationaux s'accordent à admirer. Vous avez su, sans oublier les souffrances du passé, aller résolument de l'avant et faire de votre pays un partenaire avec lequel la France a bonheur à travailler. Nous voulons continuer à renforcer la présence de nos entreprises dans votre effort de développement économique, comme nous voulons, dans l'esprit de la lettre d'intention que j'ai co-signée à Buenos Aires avec votre ministre de l'Education, renforcer la présence de l'apprentissage de l'espagnol dans les écoles de France et celle du français dans les écoles d'Argentine. Car nos relations ne sauraient se borner au domaine économique. Entre nous, il y a aussi la proximité culturelle, la densité des liens humains et historiques.
Peut-on oublier que c'est au contact de nos soldats français que votre libérateur, San Martin, fit ses premières armes ? Et que c'est dans notre pays qu'il a choisi de vivre les longues années qui lui furent données après qu'il eut quitté le pouvoir ? Dois-je rappeler l'attachement des législateurs de la jeune Argentine aux codes et au système d'enseignement public français ? Faut-il mentionner l'attrait que votre pays a toujours présenté pour le nôtre, comme le montrent les voyages qu'y ont effectués des personnalités qui marquent l'histoire de France, comme Clémenceau ou Jaurès, à une époque où de tels déplacements étaient encore exceptionnels ?
Avec votre pays, les liens de la culture et de la langue sont à la fois anciens et modernes.
Certains de nos metteurs en scène de théâtre parmi les meilleurs ne sont-ils pas argentins et un grand écrivain argentin, Hector Biancotti, que je salue, ne vient-il pas d'être élu à l'Académie française ?
Le Général de Gaulle s'était rendu en Argentine en 1964 et cette visite avait fait naître de grands espoirs d'intensification des liens entre nos deux pays. I1 a fallu attendre plus longtemps que ne le souhaitaient nos impatiences. Je suis heureux, Monsieur le Président, que soit venu le temps de la récolte de ce qui avait alors été semé; que l'intensité de nos échanges et les relations personnelles que vous avez pu poursuivre avec notre Président, soient les garants de la poursuite de l'effort engagé. Et c'est pourquoi j'invite tous mes hôtes à lever leur verre en l'honneur du Président Carlos Saul Menem, en l'honneur de la République argentine, amie de la France; en l'honneur de la délégation qui l'accompagne, en leur disant que nous avons eu beaucoup de joie à les accueillir à Paris et à travailler ensemble; et en buvant à leur bonheur personnel et à la prospérité de l'Argentine !.
(Source http://www.doc.diplomatie.gouv.fr, le 12 novembre 2002)