Communiqué du ministère de la défense, en date du 13 juillet 2000, sur l'état de l'opinion publique concernant la défense nationale et l'image des armées.

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Auteur(s) moral(aux) : Ministère de la Défense

Texte intégral

Le ministère de la défense fait réaliser depuis plus de dix ans un baromètre annuel (1) intitulé " les Français et la défense nationale ". L'analyse de ce sondage fait apparaître pour 2000 les remarques suivantes :
1°/ La perception du risque d'une guerre mondiale dans les années à venir est en baisse
Depuis la fin des opérations aériennes au Kosovo, ce risque est perçu en forte baisse et rejoint sensiblement son niveau de 1996. En effet, les Français estiment que la probabilité qu'une guerre mondiale éclate dans les dix prochaines années est de 28.55 sur une échelle de 0 à 100, soit une diminution de 6.10 points par rapport à 1999 (34.65).
Même si, comme l'ensemble des Français, les 15/24 ans sont moins préoccupés qu'en 1999 par la perspective d'une guerre mondiale, ils restent la tranche de population la plus concernée par une telle éventualité. En effet, la probabilité qu'une guerre mondiale éclate dans les dix prochaines années est de 30.92 sur une échelle de 0 à 100 pour les 15-24 ans.
Au sujet de la perception des menaces considérées comme les plus inquiétantes aux yeux des Français, il apparaît une relative stabilité de leur hiérarchisation au regard des résultats de 1999.
· Le risque d'attentat terroriste reste la menace la plus préoccupante pour les Français (36 %), résultat sensiblement inférieur à celui de 1999 (47 %) mais probablement induit par l'introduction du nouvel item (intégrisme religieux) qui recueille 23 % et devient la deuxième menace identifiée.
· La menace nucléaire retrouve le taux de 1998 (18 %), soit le taux constaté depuis 10 ans à l'exception d'une forte augmentation en 1999 (24 %). Ce danger apparaît plus sérieux pour les 15/24 ans (25 % en 2000).
Pour 71 % des Français, les conflits localisés, Afrique, Moyen-Orient, Asie du Sud Est, Europe de l'Est et Europe Centrale, ne peuvent aller qu'en augmentant (76 % en 1999, mais la tendance est très stable depuis 9 ans). Les jeunes sont nettement plus optimistes (59 %) sur ce point que le reste de la population.
On note dans l'ensemble que la vision des Français sur la situation internationale et les menaces possibles est très dépendante des événements pouvant se dérouler au moment de la réalisation du terrain du baromètre. La stabilité de certaines grandes tendances se conjugue ainsi avec une très grande sensibilité des réponses à la conjoncture.
2°/ Les Français globalement favorables à la politique de dissuasion nucléaire
Pour 62 % des Français, la force de dissuasion est indispensable pour assurer la défense de la France ; 58 % des jeunes sont de cet avis. Les 2/3 de l'opinion publique estiment nécessaire son association aux forces classiques (65 %, 66 % en 1999).
45 % des Français (taux le plus élevé depuis 1990) souhaitent le maintien de la force nucléaire dans son état actuel et les partisans de sa modernisation représentent 32 % des opinions. Les résultats s'inversent donc par rapport à 1999 puisque l'an passé ils étaient 39 % à demander sa modernisation et 32 % à souhaiter son maintien. Ce sont au total 77 % des Français qui sont favorables au maintien ou à la modernisation de la force nucléaire.
3°/ Pour assurer la sécurité du pays, les Français sont favorables à un système d'alliance Europe-Etats-Unis mais ils sollicitent de manière significative une Défense européenne.
Depuis dix ans, la meilleure solution pour assurer la sécurité du pays est, pour les Français, une alliance Europe/Etats-Unis (35 % en 2000, 45 % en 1999, soit -10 points). Toutefois l'interprétation de cette évolution n'est pas aisée : elle peut résulter en partie de l'introduction cette année d'un nouvel item, " réintégrer l'Otan " (14 %).
Les partisans d'une alliance européenne indépendante des Etats-Unis voient leur nombre faiblement baisser, passant de 36 % en 1999 à 31 % (-5 points). Cependant, s'agissant des souhaits des Français pour leur future défense, 47 % des personnes interrogées souhaitent une défense européenne commune incluant les forces nucléaires (42 % en 1999 et en progression constante depuis 1994 où ils n'étaient que 30 %). Pour 25 % d'entre elles (31 % l'an dernier), il est souhaitable d'avoir une défense européenne uniquement avec des forces classiques.
On se souvient qu'une enquête SOFRES conduite fin mai 2000, avait fait apparaître des résultats plus contrastés puisqu'à la question : " laquelle de ces formules vous semble la meilleure pour assurer la sécurité de la France ", la proportion de ceux qui exprimaient une préférence pour " une alliance militaire entre les pays d'Europe de l'ouest et les Etats Unis " était de 27 % (contre 34 % en mai 1999), tandis que ceux qui préconisent " une alliance militaire entre les pays d'Europe mais indépendante des Etats Unis " atteignait 46 % (contre 43 % en mai 1999).
Le baromètre fait par ailleurs apparaître que 21 % des sondés préconisent une défense nationale indépendante (taux le plus bas enregistré depuis 10 ans, 22 % en 1999).
85 % des répondants estiment que le Corps européen est une bonne chose.
4°/ Les Français favorables à un maintien du budget et une politique d'armement européenne.
70 % des Français (74 % en 1999) estiment que le budget de la Défense est suffisant pour que les armées remplissent leurs missions de défense. 55 % des personnes interrogées voudraient que le budget de la Défense soit maintenu à son niveau actuel.
En matière d'armement, comme l'année dernière, les Français semblent préférer une coopération avec l'ensemble des pays de l'Union Européenne (82 %), ou plus spécifiquement avec l'Allemagne (64 %) et la Grande-Bretagne (61 %).
Le niveau technologique des armées françaises est au moins égal (2) à celui des autres armées européennes pour trois Français sur cinq (61 %) et même supérieur pour ¼ d'entre eux (26 %). 7 % des sondés pensent que ce niveau technologique est inférieur à celui des autres armées européennes.
5°/ La volonté de défense des Français a été renforcée par la guerre du Kosovo et reste élevée.
L'écart entre les interviewés déclarant qu'une guerre est préférable à la domination de la France par une grande puissance et ceux qui pensent le contraire ne cessait de se réduire depuis 1991. La tendance s'est inversée l'année dernière ; désormais 64 % des Français pensent qu'il vaut mieux risquer une guerre (55 % en 1999).
Les justifications de se battre au risque d'y laisser la vie restent fortes mais une nette distinction s'opère selon qu'il s'agit de la vie de soldats ou de celle de la personne interrogée.
Les Français approuvent l'emploi des forces armées françaises, et notamment pour :
· secourir la population française en cas de catastrophes ou de problèmes (95 %, comme
en 1999),
· apporter une aide humanitaire à l'extérieur de la France (9 3%, 91 % en 1999),
· assurer des missions de sécurité intérieure (90 %, 88 % en 1999),
· préserver la vie des ressortissants français à l'étranger (92 %, 88 % en 2000).
6°/ La bonne opinion sur les armées progresse pour atteindre son meilleur score depuis 10 ans.
81 % des Français ont une bonne opinion des armées (78 % en 1999). Sur dix ans, l'augmentation est significative (+ 11 points).
Par ailleurs l'antimilitarisme reste faible (7 % des Français se déclarent antimilitaristes, contre 8 % en 1999). Dans le même temps le nombre de personnes affirmant être "pas du tout antimilitariste" a encore progressé (54 %), soit une hausse de 7 points en quatre ans.
7°/ Huit Français sur 10 ont déjà entendu parler de la réforme des Armées (stable par rapport à 1999). 77 % de ceux qui la connaissent y sont favorables (65 % en 1999).
De manière spontanée, la professionnalisation des armées est avant tout associée par la majeure partie des Français (96 %) à une évocation positive.
Les éléments de la réforme des armées les plus connus dans l'opinion sont la suspension du service militaire obligatoire (93 %, 89 % en 1999), la professionnalisation des Armées (88 %, 84 % l'an passé) ainsi que la réduction des effectifs (78 % contre 72 %).
Les éléments qui rencontrent l'approbation la plus large sont la professionnalisation des Armées (85 % contre 84 % en 1999), la restructuration des industries d'armement (71 %, +16 % depuis 1996) et l'instauration de la JAPD (66 %, contre 57 % en 1999).
En ce qui concerne la JAPD, 52 % des Français la considèrent comme étant " une bonne chose ". Elle est avant tout perçue comme un moyen d'information sur les armées (72 %), et très secondairement comme une occasion d'évaluer les connaissances et de rechercher l'illettrisme (10 % des sondés).
Notons que pour 61 % des Français la féminisation des armées est perçue comme une évolution normale et 23 % estiment qu'elle rendra l'armée plus efficace.
Enfin, 43 % des Français trouvent aussi présentes qu'auparavant les armées dans les régions, mais 30 % les jugent moins présentes.
1. Dans le même temps, l'opinion publique désigne l'Irak, l'Algérie et la Russie comme les pays menaçant le plus la paix dans le monde (38 % chacun). Les pays constituant une menace pour la France et ses intérêts sont l'Algérie (34 %), un groupe composé de la Russie (22 %) et des Etats-Unis (21 %), puis on trouve l'Irak et l'Iran (18 et 15 % respectivement).
2. Nouvelle question posée en 2000.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 29 janvier 2001)