Interview de M. Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, à RTL le 17 octobre 2006, sur les "petites phrases" de Jean-Louis Debré à l'encontre de la position de Nicolas Sarkozy au sein du gouvernement et sur sa volonté de réaliser l'unité de l'UMP pour l'élection présidentielle.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Bernard Accoyer
RTL
Jean-Michel Aphatie
le 17 octobre 2006

Q- Jean Michel Aphatie : Bonjour Bernard Accoyer. J'imagine que dimanche, vous étiez en Savoie, tranquille ?
R- Bernard Accoyer : En Haute-Savoie, oui.
Q- Il faisait beau ?
R- Bien sûr. Une semaine formidable... Celle qui prépare l'automne, ce sont des journées de paix.
Q- Vous avez ouvert le "Journal du Dimanche" ?
R- Oui.
Q- Vous avez vu l'interview de Jean-Louis Debré ?
R- Bien sûr.
Q- Et alors, quelle a été votre première réaction, Bernard Accoyer ?
R- Moi, ma première réaction a été d'être très contrarié. Mais depuis, j'ai beaucoup réfléchi... J'ai beaucoup réfléchi et je pense que ces petites phrases, ces attitudes de division, c'est exactement ce qu'il faut que nous cessions et que nous émettions un point final. Vous savez, justement en Haute-Savoie, dimanche - lundi matin, j'ai fait beaucoup de terrain, j'ai rencontré beaucoup d'hommes et de femmes qui votent pour nous, qui votent pour l'UMP. J'ai eu également de nombreux députés au téléphone. Et puis, je les ai rencontrés, hier, à l'Assemblée ; et tous - vraiment tous - ne souhaitent qu'une chose : c'est que toutes ces "chicaillats", ces "chicailleries" cessent.
Q- Mais ça n'est pas que des "chicaillats". Jean-Louis Debré exprime quelque chose de fort. Il dit : Il faut que Nicolas Sarkozy arrête de critiquer le gouvernement. Ce dénigrement est insupportable. Il y a bien un problème de fond à régler ?
R- ... Mais qu'il y ait un problème de débats, il y en a. Et le débat est nécessaire dans toutes les formations politiques. Et plus encore lorsque l'on est dans une grande formation politique qui a vocation à continuer de redresser notre pays. Ce débat, je préfère toujours qu'il ait lieu en interne, qu'il soit entre nous plutôt qu'il se déroule par petites phrases. Petites phrases polémiques. Petites phrases dans la presse auxquelles malheureusement, souvent, on répond et on rentre dans un enchaînement qui est mauvais pour l'unité.
Q- Pourquoi Jean-Louis Debré fait-il cela ?
R- Vous n'avez qu'à le lui demander.
Q- Mais vous ne lui parlez pas... Vous ne lui parlez pas ?
R- Mais bien sûr que si, que je lui parle.
Q- Vous lui avez demandé, alors ? Vous lui avez parlé depuis cette interview ?
R- Bien sûr que je parle à Jean-Louis Debré. Je lui en ai parlé, hier. Je lui en parle sans arrêt.
Q- Qu'est-ce qui vous a dit ? Comment s'est passée votre conversation Bernard Accoyer ?
R- Mais en politique, Jean-Michel Aphatie, on est condamné selon l'adage : soit à se renier, soit à se répéter. Et moi j'ai choisi de me répéter. Et donc je continue comme je l'ai toujours fait à rassembler ceux qui sont et croyez-moi, c'est l'immense majorité du groupe UMP, ceux qui sont pour que nous travaillons ensemble, unis comme nous l'avons fait pour soutenir le gouvernement et que nous préparions - dans le débat - c'est-à-dire que tout ce qui peut y faire divergence -et c'est normal qu'il y ait divergence, et il y a de vraies questions dont il faut encore que nous débattions : il y a la Politique étrangère, il y a la Défense - tout cela, nous le fassions en interne.
Q- Comment s'est passée votre conversation, hier, avec Jean Louis Debré, Bernard Accoyer ?
R- Mais elle s'est passée très bien. Je lui ai dit que...
Q- De bons amis !
R- De bons amis, oui. Nous sommes collègues. Chacun sait que j'ai avec Jean-Louis Debré, comme vous dites en diplomatie, des échanges francs. Ca a été un échange franc mais c'est...
Q- Vous vous êtes engueulés ?
R- Non. C'est un échange qui a débouché sur une vision commune. Nous ne voulons, en aucun cas, faire perdre notre camp.
Q- Vous a-t-il expliqué, Jean-Louis Debré, à vous Bernard Accoyer, pourquoi il avait adressé ses voeux chaleureux à Ségolène Royal ?
R- Qui peut croire ! Qui peut croire, monsieur Aphatie, que Jean-Louis Debré qui - toute sa vie politique, pendant plus de trente ans de vie politique - s'est battu contre la gauche, qui peut croire qu'il souhaiterait sa victoire ? Ca n'est pas sérieux !
Q- Vous êtes l'avocat de Jean Louis Debré, ce matin, Bernard Accoyer...
R- Je ne suis pas son avocat. Je suis dans mon rôle qui est celui qu'attendent - encore une fois - tous les Français qui votent pour nous, qu'attende l'immense majorité des députés et je peux le dire : l'immense majorité du gouvernement, que nous sachions nous réunir autour d'objectifs communs et dans l'unité.
Q- Pourquoi a-t-il adressé ses voeux chaleureux à Ségolène Royal ? Vous l'a-t-il expliqué, Bernard Accoyer ?
R- Posez-lui la question.
Q- Mais vous lui avez posée ?
R- Ah, je n'ai pas posé cette question précise. Mais posez lui vous-même la question ! Ca n'est pas mon rôle de poser des questions.
Q- Vous avez été choqué de lire ça dans la bouche de Jean Louis Debré, dans le "Journal du Dimanche" ?
R- Je vous ai dit ce que je pensais, non seulement sur cette interview mais sur toutes les petites phrases...
Q- Non, vous n'avez pas dit ce que vous pensiez...
R- Si. Je vous le répète. Tout ce qui contribue à nous diviser, je le regrette. Cela est tout à fait contre-productif dans l'intérêt de la Majorité et nous le pensons également, dans l'intérêt des Français. Par conséquent, j'ai encore une fois comme objectif de rassembler et de nous retrouver autour du débat. Parce que pour résoudre les problèmes, il faut débattre.
Q- Dans cet interview au "Journal du Dimanche", Jean-Louis Debré dit notamment : pourquoi donc, Nicolas Sarkozy, remet en cause par exemple notre Politique étrangère. Au nom de quoi parler d'arrogance, dire qu'elle a été défendue avec grandiloquence. C'est vrai que le voyage aux Etats-Unis de Nicolas Sarkozy a eu l'air de choquer beaucoup de gens à l'UMP ! Faites-vous partie des gens qui ont été choqués, Bernard Accoyer ?
R- Je vous ai déjà apporté un élément sur ce point... Et je vais...
Q- Précisément sur cette question.
R- ... Et je vais le préciser, je pense. D'ailleurs, comme cela a été évoqué par plusieurs personnalités éminentes de l'UMP, et notamment par Jean-Pierre Raffarin, je pense qu'il y a dans le débat un certain nombre de domaines où nous allons et nous devons nous rassembler, c'est la Politique étrangère de la France...
Q- Non. Non, non. Le voyage aux Etats-Unis de Nicolas Sarkozy vous a-t-il choqué ? Jean-Louis Debré y fait référence ici précisément. Ce voyage aux Etats-Unis vous a-t-il choqué, Bernard Accoyer ?
R- Non, il est tout à fait normal qu'un ministre du gouvernement puisse aller dans des pays étrangers, et en particulier chez le principal de nos alliés.
Q- Vous avez entendu notre auditeur avant que nous ne commencions : Chirac sabote-t-il la candidature Sarkozy ? "J'en ai marre !", dit-il.
R- Bien sûr que non. Nous sommes tous du président de la République au gouvernement en passant et en terminant -parce que c'est ma responsabilité- par le groupe à l'Assemblée Nationale, nous sommes tous avec un objectif commun : ce sont les échéances de 2007, que nous les gagnons. Il n'y a personne qui veuille faire perdre notre camp. Cette présentation des choses qui, en réalité -ça, je le reconnais volontiers- correspond probablement à une défaillance, à un défaut de débats internes, ça n'est pas cela que nous voulons. Et je vous le redis au nom de tous les députés du groupe UMP, en tout cas de l'immense majorité d'entre eux, c'est notre combat.
Q- Voyez, au total, Bernard Accoyer, en vous écoutant ce matin, on a l'impression qu'il ne s'est pas passé grand chose. On a lu une interview au canon du président de l'assemblée nationale contre Nicolas Sarkozy, et vous, ce matin, vous dites : bon, ben voilà. Il faut juste arrêter les petites phrases, et puis c'est pas grave. Continuons !
R- Oui, je conclus en disant : tout cela, nous n'en voulons plus. Je vous l'ai dit. Ecoutez les réponses que je vous ai faites ; et nous voulons, au contraire, nous rassembler, dépasser, mettre un point final à ce genre d'attitude qui est la machine à perdre.
.Allez, l'espoir fait vivre ! Bernard Accoyer, vous étiez l'invité d'RTL. Bonne journée.

Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 octobre 2006