Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur la communauté française aux Etats-Unis et sur les relations franco-américaines, à Washington le 19 octobre 2006.

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Circonstance : Déplacement aux Etats-Unis du 18 au 21 octobre-rencontre de la communauté française, à Washington, le 19 octobre 2006

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Messieurs les Conseillers des Français de l'étranger,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Chers Compatriotes,
C'est avec un très grand plaisir que je me retrouve aujourd'hui parmi vous.
La communauté française de Washington est l'exemple même d'une communauté dynamique, tournée vers l'avenir, parfaitement insérée dans la vie économique, sociale et culturelle d'un grand pays. Chers compatriotes, vous êtes l'image de ce que la France donne de meilleur.
Je sais que vous êtes environ 15.000 à résider dans la région de Washington. Vous faites d'ailleurs plus qu'y résider. Vous y travaillez, intensément, comme les Américains.
Cadres, chercheurs, professions libérales, des services, de la restauration, employés de multinationales, vous véhiculez tous par-delà l'Atlantique l'image de la France, une France généreuse et ouverte au monde.
Si vous avez décidé de vivre ici l'aventure américaine c'est non seulement pour donner cette image de la France, mais également par attachement aux valeurs américaines qui sont aussi les vôtres.
C'est l'attrait d'une économie dynamique et fluide dans un pays construit par des immigrés qui ont vu dans les Etats-Unis "a land of opportunity", comme aiment à le dire les Américains.
C'est l'attrait d'une recherche scientifique puissante, l'attrait de la vie à l'Américaine, living large comme l'on dit ici... C'est l'attrait pour la liberté d'entreprendre, valeur centrale de la société américaine.
Je sais que beaucoup ont réussi dans les secteurs les plus divers : l'informatique, le bâtiment, mais aussi la décoration et, bien sûr, les activités traditionnellement liées à l'image de la France, comme la restauration.
Quelques-uns d'entre vous occupent des postes stratégiques dans la centaine de filiales de multinationales françaises attirées par le dynamisme du plus grand marché du monde et la proximité du pouvoir fédéral. C'est parce que vous êtes ici que la France est le troisième investisseur aux Etats-unis, et que les filiales françaises emploient 650.000 Américains.
Je voudrais également saluer les 450 Français qui travaillent dans les institutions financières internationales. C'est à eux que revient la charge de faire en sorte que notre vision des problèmes financiers internationaux et du développement soit prise en compte.
Vous avez trouvé votre place ici parce que la formation française et les qualités mêmes que l'on prête aux Français, la "french touch", sont appréciées.
Dans toutes vos activités, que vous soyez de passage ou installés dans la durée, vous avez accumulé une expérience irremplaçable. Vous êtes une valeur ajoutée pour ce pays et votre parfaite intégration le prouve.
J'en suis fière.
Je suis venue aussi pour vous parler des relations franco-américaines.
De tous les grands pays, seuls les Etats-Unis et la France ont le privilège d'être des amis et des alliés de toujours, de ne s'être jamais affrontés par les armes, de s'être mutuellement soutenus dans l'épreuve.
Sans revenir sur le passé, je souhaite parler du présent qui unit aujourd'hui les Etats-Unis à la France.
La coopération des militaires américains et français sur des théâtres d'opérations en est la plus grande expression aujourd'hui.
Les Américains savent combien cette alliance de nos peuples est précieuse pour faire face aux risques innombrables que connaît le monde.
Le terrorisme auquel nous pouvons tous être confrontés arbitrairement ; la prolifération des armes de destruction massive, qui nous préoccupe et qui constitue le but du voyage du secrétaire d'Etat Condoleeza Rice en Asie; la multiplication des crises régionales qui ensanglantent chaque jour notre planète : ce sont autant de dangers face auxquels nous devons opposer un bouclier uni et ferme.
Je souhaite pour cela que le dialogue entre nos deux nations se poursuive. Il est la marque de l'amitié sincère que nos deux peuples se vouent.
Il est également celle qui nous unit dans cette défense de la liberté et des valeurs qui nous sont chères.
Je sais que vous êtes conscients de ces liens forts qui nous unissent.
La commémoration de la bataille de Yorktown nous le rappelle. Celle-ci a été la première grande victoire de nos peuples dans la lutte que nous menions pour la liberté. Cette lutte nous voulons continuer à la mener.
Elle ne peut s'envisager sans un développement approfondi et un échange quotidien comme celui que vous menez sur le sol américain, et si brillamment par votre intégration.
Je sais aussi que malgré le caractère binational d'une grande partie d'entre vous, vous n'oubliez pas que vous êtes Français, mais aussi Européens.
Les 88 % qui ont marqué votre adhésion pour une grande majorité au référendum sur le Traité constitutionnel européen le prouve.
Ce geste a montré que votre position d'observateurs extérieurs sur le sol américain vous a incité davantage à voir combien une Europe unie et forte est nécessaire pour approfondir la coopération de nos deux continents.
Je veux vous dire que malgré l'échec de ce référendum l'Europe avance. Elle est une réalité toujours plus visible.
Elle se manifeste notamment dans la construction d'une défense européenne solide, partenaire crédible pour les Etats-Unis et élément indispensable de tout équilibre mondial.
Pour nous tous aujourd'hui, une urgence s'impose : la refondation de la défense européenne, coeur du projet européen. Le président de la République, le gouvernement et moi-même y consacrerons l'énergie nécessaire.
Fidèles à notre vision de l'union tout en conservant nos particularités, nos personnalités différentes, nos cultures, nos langues, nous voulons marcher ensemble vers un même avenir.
Celui de la défense de nos valeurs de liberté, de tolérance et de paix.
Vivent les Etats-Unis d'Amérique, vive la France !Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 25 octobre 2006