Texte intégral
Q- Vous publiez "Au nom du tiers Etat". Avant tout, une première question tout simple : sentez-vous un frémissement ? Quelque chose se passe-t-il autour de F. Bayrou, franchement ?
R- Vous me posez la question, vous avez vu les sondages, ils sont très intéressants en ce moment. Mais je n'accorde pas d'importance majeure aux sondages, même pas quand ils sont bons. Et pour nous, en ce moment, ils sont très bons. Mais ce n'est pas la question. La question est : qu'est-ce que les Français ont, en eux, dans leur coeur, allais-je dire, dans le ventre, en ce moment, par rapport à la République dans laquelle ils vivent ? Et pourquoi ai-je écris ce livre ? Parce que, il y a entre le peuple et les pouvoirs, un gouffre qui est de plus en plus profond, dont les pouvoirs ne se rendent pas compte, et ce gouffre-là est porteur d'orages. Donc, il faut l'identifier, il faut faire le diagnostic, et il faut apporter des réponses.
Q- "Le pouvoir est confisqué" dites-vous. "Confisqué" par qui ?
R- C'est une forteresse dans laquelle vivent ensemble les pouvoirs politiques, économiques, et médiatiques. Et dans laquelle le peuple des citoyens n'a aucun moyen de faire entendre sa réalité. Je vais prendre deux exemples : hier matin, les statistiques ont été rendues publiques, qui expliquent que, tous les jours en France, on brûle 115 voitures en moyenne ! Et on nous dit cependant que, depuis les émeutes, la paix civile est rétablie et que, au fond, tout va bien. Il y a là quelque chose qui, naturellement fait que, la réalité que les Français portent en eux, qu'ils vivent tous les jours quand ils sortent dans la rue, n'est pas prise en compte dans le monde officiel du pouvoir. Deuxième exemple hier : une décision a été prise à la suite d'une loi, vous le savez, qui fait que, on doit désormais généraliser tout de suite les 35 heures à tous les restaurants, bistrots, et que, évidemment cette décision va désorganiser et coûter extrêmement cher à tout un tas de petites entreprises qui, pour beaucoup d'entre elles ont beaucoup de mal à vivre parce qu'elles sont en face des modernisations du temps, je pense à la vente des cigarettes par exemple. Vous vous rendez-vous compte comme une seule décision va mettre en cause profondément des artisans, des commerçants, des petites entreprises qui font le tissu du pays ! Tout cela, c'est un monde qui a ses propres règles et ses propres lois, dans lequel les Français ont du mal à entrer. Et vous le savez très bien, vous, à RMC, puisque c'est au fond sur cet appel direct à l'expression des Français que vous avez construit votre radio et votre succès.
Q- Avez-vous regardé le débat entre les trois candidats socialistes ?
R- Oui.
Q- Qu'en avez-vous pensé, franchement ?
R- Sur la forme, bien que, ce qui était surprenant, c'est qu'ils n'avaient pas le droit de se parler, on les avait alignés pour qu'ils soient tous à la même hauteur, il y avait quelque chose d'un peu...ancien, archaïque dans la manière dont ils débattaient. Sur le fond...il me semble que ce qu'ils
exprimaient ne correspondait pas exactement à ce qu'ils pensaient. J'ai trouvé qu'il y avait une très grande distance entre le fond de ce qu'ils avaient envie de dire et ce qu'ils disaient, notamment...
Q- Qui a été le plus convaincant, selon vous ?
R- Honnêtement, je n'ai trouvé extrêmement convaincant aucun des trois. Je
pense, comme tout le monde, que DSK a été un peu plus convivial que les
autres. Mais, d'abord, ce n'est pas mon affaire, je ne suis pas là pour juger
les primaires au sein du PS.
Q- Pourquoi n'y a-t-il pas de primaires au sein de l'UDF ?
R- Il y en a ; l'UDF, vote, elle votera au mois de décembre, et donc si il y a
plusieurs candidatures, il y aura naturellement des primaires. Y aura-t-il
plusieurs candidatures ? C'est la question.
Q- Souhaitez-vous qu'il y en ait ?
R- Je ne souhaite pas les choses artificielles.
Q- C'est-à-dire ?
R- C'est-à-dire, si il y a en vérité plusieurs lignes au sein de l'UDF, très bien, qu'elles s'expriment, mais je ne souhaite pas que l'on fasse des choses juste pour l'apparence et pour la montre. Il y a une grande différence entre l'UDF, le PS et l'UMP : l'UDF, est une formation politique petite par le nombre, mais qui a une très grande responsabilité parce qu'elle est la seule à contester la prééminence des deux autres. Si vous regardez précisément cette enquête d'opinion de Paris Match que vous évoquiez à l'instant, et qui nous donnait entre 12 et 15 % des voix, selon les hypothèses, vous vous apercevrez que, il n'y a au fond que deux alternatives à la situation actuelle : l'une, c'est Le Pen, et on sait que - on l'a vérifié - quand Le Pen fait beaucoup de voix, en fait cela renforce les gens qui sont en place. Ou bien, la candidature que je porte et le projet que je porte. Il n'y a que ces deux alternatives-là. Et quand on a une telle responsabilité, qui est de proposer une alternative à deux partis dominants ou qui se présentent comme tels, et qui ont tous les moyens, financiers, politiques, médiatiques, alors on doit se comporter comme un commando, une équipe soudée. Et c'est pourquoi je veux que l'UDF ait cette mentalité de solidarité.
Q- Mais pourquoi dites-vous que ces deux candidats ou ces deux partis sont soutenus par la sphère médiatique ?
R- Vous n'arriverez, même pas à vous empêcher de rire, ce que je comprends très bien. Mais vous n'avez qu'à regarder les Unes des journaux et vous allez comprendre.
Q- La question, c'est qu'ils sont peut-être mieux que vous dans les radios dans les télévisions...
R- Non, il ne s'agit pas de moi et le traitement que je reçois sur votre antenne ou sur les antennes, je n'ai pas à m'en plaindre. Il ne s'agit pas de la question d'une personne ou d'un parti ; il s'agit de cette démarche qui fait que constamment, on présente aux Français deux choix et deux seuls : UMP/PS, Sarko/Ségo, comme disent vos confrères, N. Sarkozy/S. Royal. Et qu'ils n'auraient que cela comme choix, et que quel que soit le problème qui se pose, quelle que soit l'information que l'on donne, quelle que soit la présentation, en réalité, tout est fait pour pré fabriquer un choix. Heureusement, à chaque élection, sans exception, les Français ont montré qu'ils ne se laissaient pas imposer un choix préfabriqué, et chaque fois, ils créent une surprise, et ils la créeront cette fois encore, et je vais vous dire pourquoi. Parce que la surprise, c'est le pouvoir du citoyen. Si jamais, le vote du citoyen est le vote conforme à ce que les médias et les instituts de sondage annonçaient, alors, femmes et hommes électeurs, les citoyens de France, ils n'ont plus de pouvoir. Ils se laissent aligner sur la ligne où on veut les conduire. Et il est vital pour eux qu'ils aient du pouvoir. La démocratie, la République ça consiste à leur donner au moins une fois tous les cinq ans, le pouvoir de changer le paysage. Et ma conviction profonde est qu'ils vont le faire. Et d'ailleurs, comme vous le dite, il y a en effet des indices qui vont dans ce sens.
Q- Je lis des extraits de votre livre "Au nom du Tiers Etat" chez Hachette Littérature : "Le pouvoir est confisqué" - on le disait tout à l'heure -, "nos institutions d'Ancien régime, du monopole sans contrôle sur les puissants instruments de l'Etat, ceux qui les détiennent disposent de ces institutions d'Ancien régime grâce à leur intimité avec des puissances économiques et médiatiques, le modèle de l'argent-roi, de la réussite matérielle comme seul facteur de reconnaissance est en train d'établir sa domination". "Au Etats-Unis, vous dites encore, ce modèle règne aussi bien sur la politique que sur la représentation de la société que donne à voir le cinéma ; ce modèle s'avance dans le reste du monde, il triomphe même en Chine communiste". Un peu plus loin, page 23 : "Quelque chose s'est brisé dans le fil de la démocratie française, au milieu des années 80, trois ou quatre ans après l'élection de F. Mitterrand". Page 30 : "La France, soi disant une République, se comporte en monarchie d'un autre temps". Page 31 : "La lutte sans merci pour les places ou pour les carrières, se livre sur le terrain de la faveur". Quel réquisitoire !
R- Mais il faut un réquisitoire ! Vous ne comprenez pas que, ce que je dis, là, vos auditeurs, ceux qui sont à l'autre bout de la radio, en pensent dix fois plus ! Parce que, on est dans un monde dans lequel, vous êtes un citoyen de base, un jeune garçon, une jeune fille, venant des Pyrénées, du Sud-Est, ou venant du Nord de la France ou de la banlieue, et vous ne disposez pas des cartes qui permettent de faire votre chemin. En réalité, une démocratie, c'est une société dans laquelle les cartes sont sur la table, et dans laquelle tout le monde peut avoir un accès égal aux réussites, aux carrières. Mais la France ce n'est pas cela, c'est une société de castes, dans laquelle, en réalité, quand vous êtes né dans le bon milieu, vous avez le bon diplôme à 20 ans, quelquefois avant, et à ce moment-là vous êtes installé pour toute la vie, vos amis sont au pouvoir, dans le monde politique, médiatique, économique. Et au fond, la situation est extrêmement confortable, vous êtes revenu à ce qu'était la noblesse ou le clergé de l'Ancien régime, qui avaient le pouvoir, simplement à cause de la naissance, ou à cause de la fonction. Ceci, la France, la République française, l'histoire française, le refuse. Et vous avez lu un passage de mon livre que je crois très vrai et qui mérite d'être réfléchi. Ce monde dans lequel la réussite matérielle, l'argent, est le seul facteur de reconnaissance, ce monde, ce modèle-là, est en train de triompher partout sur la planète. Il y a un lieu de résistance en Occident, c'est la France. Et nous, nous sommes pour la création, le risque, pour la libre entreprise, pour une économie de liberté, où l'on fiche la paix aux gens, mais nous sommes un pays qui ne veut pas qu'il n'y ait que l'argent qui gouverne, la reconnaissance, la société, la hiérarchie des valeurs. Et c'est très important que nous le défendions. [...] Il ne faut pas dire, comme certains que l'on veut "une rupture" avec ce modèle, il faut défendre ce modèle [...].Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 octobre 2006
R- Vous me posez la question, vous avez vu les sondages, ils sont très intéressants en ce moment. Mais je n'accorde pas d'importance majeure aux sondages, même pas quand ils sont bons. Et pour nous, en ce moment, ils sont très bons. Mais ce n'est pas la question. La question est : qu'est-ce que les Français ont, en eux, dans leur coeur, allais-je dire, dans le ventre, en ce moment, par rapport à la République dans laquelle ils vivent ? Et pourquoi ai-je écris ce livre ? Parce que, il y a entre le peuple et les pouvoirs, un gouffre qui est de plus en plus profond, dont les pouvoirs ne se rendent pas compte, et ce gouffre-là est porteur d'orages. Donc, il faut l'identifier, il faut faire le diagnostic, et il faut apporter des réponses.
Q- "Le pouvoir est confisqué" dites-vous. "Confisqué" par qui ?
R- C'est une forteresse dans laquelle vivent ensemble les pouvoirs politiques, économiques, et médiatiques. Et dans laquelle le peuple des citoyens n'a aucun moyen de faire entendre sa réalité. Je vais prendre deux exemples : hier matin, les statistiques ont été rendues publiques, qui expliquent que, tous les jours en France, on brûle 115 voitures en moyenne ! Et on nous dit cependant que, depuis les émeutes, la paix civile est rétablie et que, au fond, tout va bien. Il y a là quelque chose qui, naturellement fait que, la réalité que les Français portent en eux, qu'ils vivent tous les jours quand ils sortent dans la rue, n'est pas prise en compte dans le monde officiel du pouvoir. Deuxième exemple hier : une décision a été prise à la suite d'une loi, vous le savez, qui fait que, on doit désormais généraliser tout de suite les 35 heures à tous les restaurants, bistrots, et que, évidemment cette décision va désorganiser et coûter extrêmement cher à tout un tas de petites entreprises qui, pour beaucoup d'entre elles ont beaucoup de mal à vivre parce qu'elles sont en face des modernisations du temps, je pense à la vente des cigarettes par exemple. Vous vous rendez-vous compte comme une seule décision va mettre en cause profondément des artisans, des commerçants, des petites entreprises qui font le tissu du pays ! Tout cela, c'est un monde qui a ses propres règles et ses propres lois, dans lequel les Français ont du mal à entrer. Et vous le savez très bien, vous, à RMC, puisque c'est au fond sur cet appel direct à l'expression des Français que vous avez construit votre radio et votre succès.
Q- Avez-vous regardé le débat entre les trois candidats socialistes ?
R- Oui.
Q- Qu'en avez-vous pensé, franchement ?
R- Sur la forme, bien que, ce qui était surprenant, c'est qu'ils n'avaient pas le droit de se parler, on les avait alignés pour qu'ils soient tous à la même hauteur, il y avait quelque chose d'un peu...ancien, archaïque dans la manière dont ils débattaient. Sur le fond...il me semble que ce qu'ils
exprimaient ne correspondait pas exactement à ce qu'ils pensaient. J'ai trouvé qu'il y avait une très grande distance entre le fond de ce qu'ils avaient envie de dire et ce qu'ils disaient, notamment...
Q- Qui a été le plus convaincant, selon vous ?
R- Honnêtement, je n'ai trouvé extrêmement convaincant aucun des trois. Je
pense, comme tout le monde, que DSK a été un peu plus convivial que les
autres. Mais, d'abord, ce n'est pas mon affaire, je ne suis pas là pour juger
les primaires au sein du PS.
Q- Pourquoi n'y a-t-il pas de primaires au sein de l'UDF ?
R- Il y en a ; l'UDF, vote, elle votera au mois de décembre, et donc si il y a
plusieurs candidatures, il y aura naturellement des primaires. Y aura-t-il
plusieurs candidatures ? C'est la question.
Q- Souhaitez-vous qu'il y en ait ?
R- Je ne souhaite pas les choses artificielles.
Q- C'est-à-dire ?
R- C'est-à-dire, si il y a en vérité plusieurs lignes au sein de l'UDF, très bien, qu'elles s'expriment, mais je ne souhaite pas que l'on fasse des choses juste pour l'apparence et pour la montre. Il y a une grande différence entre l'UDF, le PS et l'UMP : l'UDF, est une formation politique petite par le nombre, mais qui a une très grande responsabilité parce qu'elle est la seule à contester la prééminence des deux autres. Si vous regardez précisément cette enquête d'opinion de Paris Match que vous évoquiez à l'instant, et qui nous donnait entre 12 et 15 % des voix, selon les hypothèses, vous vous apercevrez que, il n'y a au fond que deux alternatives à la situation actuelle : l'une, c'est Le Pen, et on sait que - on l'a vérifié - quand Le Pen fait beaucoup de voix, en fait cela renforce les gens qui sont en place. Ou bien, la candidature que je porte et le projet que je porte. Il n'y a que ces deux alternatives-là. Et quand on a une telle responsabilité, qui est de proposer une alternative à deux partis dominants ou qui se présentent comme tels, et qui ont tous les moyens, financiers, politiques, médiatiques, alors on doit se comporter comme un commando, une équipe soudée. Et c'est pourquoi je veux que l'UDF ait cette mentalité de solidarité.
Q- Mais pourquoi dites-vous que ces deux candidats ou ces deux partis sont soutenus par la sphère médiatique ?
R- Vous n'arriverez, même pas à vous empêcher de rire, ce que je comprends très bien. Mais vous n'avez qu'à regarder les Unes des journaux et vous allez comprendre.
Q- La question, c'est qu'ils sont peut-être mieux que vous dans les radios dans les télévisions...
R- Non, il ne s'agit pas de moi et le traitement que je reçois sur votre antenne ou sur les antennes, je n'ai pas à m'en plaindre. Il ne s'agit pas de la question d'une personne ou d'un parti ; il s'agit de cette démarche qui fait que constamment, on présente aux Français deux choix et deux seuls : UMP/PS, Sarko/Ségo, comme disent vos confrères, N. Sarkozy/S. Royal. Et qu'ils n'auraient que cela comme choix, et que quel que soit le problème qui se pose, quelle que soit l'information que l'on donne, quelle que soit la présentation, en réalité, tout est fait pour pré fabriquer un choix. Heureusement, à chaque élection, sans exception, les Français ont montré qu'ils ne se laissaient pas imposer un choix préfabriqué, et chaque fois, ils créent une surprise, et ils la créeront cette fois encore, et je vais vous dire pourquoi. Parce que la surprise, c'est le pouvoir du citoyen. Si jamais, le vote du citoyen est le vote conforme à ce que les médias et les instituts de sondage annonçaient, alors, femmes et hommes électeurs, les citoyens de France, ils n'ont plus de pouvoir. Ils se laissent aligner sur la ligne où on veut les conduire. Et il est vital pour eux qu'ils aient du pouvoir. La démocratie, la République ça consiste à leur donner au moins une fois tous les cinq ans, le pouvoir de changer le paysage. Et ma conviction profonde est qu'ils vont le faire. Et d'ailleurs, comme vous le dite, il y a en effet des indices qui vont dans ce sens.
Q- Je lis des extraits de votre livre "Au nom du Tiers Etat" chez Hachette Littérature : "Le pouvoir est confisqué" - on le disait tout à l'heure -, "nos institutions d'Ancien régime, du monopole sans contrôle sur les puissants instruments de l'Etat, ceux qui les détiennent disposent de ces institutions d'Ancien régime grâce à leur intimité avec des puissances économiques et médiatiques, le modèle de l'argent-roi, de la réussite matérielle comme seul facteur de reconnaissance est en train d'établir sa domination". "Au Etats-Unis, vous dites encore, ce modèle règne aussi bien sur la politique que sur la représentation de la société que donne à voir le cinéma ; ce modèle s'avance dans le reste du monde, il triomphe même en Chine communiste". Un peu plus loin, page 23 : "Quelque chose s'est brisé dans le fil de la démocratie française, au milieu des années 80, trois ou quatre ans après l'élection de F. Mitterrand". Page 30 : "La France, soi disant une République, se comporte en monarchie d'un autre temps". Page 31 : "La lutte sans merci pour les places ou pour les carrières, se livre sur le terrain de la faveur". Quel réquisitoire !
R- Mais il faut un réquisitoire ! Vous ne comprenez pas que, ce que je dis, là, vos auditeurs, ceux qui sont à l'autre bout de la radio, en pensent dix fois plus ! Parce que, on est dans un monde dans lequel, vous êtes un citoyen de base, un jeune garçon, une jeune fille, venant des Pyrénées, du Sud-Est, ou venant du Nord de la France ou de la banlieue, et vous ne disposez pas des cartes qui permettent de faire votre chemin. En réalité, une démocratie, c'est une société dans laquelle les cartes sont sur la table, et dans laquelle tout le monde peut avoir un accès égal aux réussites, aux carrières. Mais la France ce n'est pas cela, c'est une société de castes, dans laquelle, en réalité, quand vous êtes né dans le bon milieu, vous avez le bon diplôme à 20 ans, quelquefois avant, et à ce moment-là vous êtes installé pour toute la vie, vos amis sont au pouvoir, dans le monde politique, médiatique, économique. Et au fond, la situation est extrêmement confortable, vous êtes revenu à ce qu'était la noblesse ou le clergé de l'Ancien régime, qui avaient le pouvoir, simplement à cause de la naissance, ou à cause de la fonction. Ceci, la France, la République française, l'histoire française, le refuse. Et vous avez lu un passage de mon livre que je crois très vrai et qui mérite d'être réfléchi. Ce monde dans lequel la réussite matérielle, l'argent, est le seul facteur de reconnaissance, ce monde, ce modèle-là, est en train de triompher partout sur la planète. Il y a un lieu de résistance en Occident, c'est la France. Et nous, nous sommes pour la création, le risque, pour la libre entreprise, pour une économie de liberté, où l'on fiche la paix aux gens, mais nous sommes un pays qui ne veut pas qu'il n'y ait que l'argent qui gouverne, la reconnaissance, la société, la hiérarchie des valeurs. Et c'est très important que nous le défendions. [...] Il ne faut pas dire, comme certains que l'on veut "une rupture" avec ce modèle, il faut défendre ce modèle [...].Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 octobre 2006