Texte intégral
Monseigneur,
Monsieur le Maire de Nabatiyeh,
Ma Mère,
Chers Amis de Nabatiyeh et de la région,
Je tiens tout d'abord à vous remercier pour les mots d'accueil chaleureux que vous venez de prononcer et qui me touchent beaucoup.
C'est pour moi une joie profonde de me trouver aujourd'hui parmi vous. Je dois vous dire que je n'envisageais pas de venir dans votre pays sans me rendre dans cette région si éprouvée du Sud Liban.
Je sais l'été terrible que vous venez de vivre, et qui a été particulièrement meurtrier ici. Au plus fort de la crise, vous savez combien la France a tenu à être à vos côtés dans cette épreuve, à la fois sur le plan politique et sur le plan humanitaire.
Aujourd'hui, elle a confirmé son engagement en envoyant dans votre région, à la demande de votre gouvernement et dans le cadre de la Finul renforcée, ses hommes les plus expérimentés et ses matériels les plus perfectionnés, pour aider votre armée à reprendre le contrôle de l'ensemble du territoire national et pour en garantir la sécurité.
Soyez assuré que la France sera aussi votre soutien fidèle dans la phase de reconstruction qui s'engage, notamment à l'occasion de la grande Conférence internationale sur la reconstruction que Paris se prépare à accueillir au début de l'année prochaine.
Ce n'est pas seulement la France, en tant qu'entité gouvernementale et au plus haut niveau de l'Etat, qui s'est émue des épreuves du Liban, c'est chacun de nos compatriotes qui s'est senti blessé par la tragédie que vous avez vécu, tant il existe de proximité entre les peuples de nos deux pays et tant les liens d'amitié, dont témoigne la francophonie active de la plupart des personnes rassemblées ici, sont forts et nombreux.
Vous avez d'ailleurs pu constater le formidable élan de solidarité qui s'est manifesté chez nous en faveur de votre pays, notamment à l'occasion de l'opération "Un bateau pour le Liban" initiée par le ministre des Affaires étrangères.
Le ministère français de la Défense a voulu pour sa part apporter un soutien concret en installant avec ses propres forces du génie plusieurs ponts Bailey, que j'ai pu voir en venant ici aujourd'hui, et qui ont permis à la circulation nord-sud, vitale pour ce pays, de retrouver une certaine normalité après les destructions de cet été.
Le ministère des Affaires étrangères, pour sa part, a apporté et continue à apporter un soutien actif aux ONG françaises et libanaises impliquées dans les actions d'urgence sur le terrain. Les collectivités locales françaises se sont également mobilisées avec générosité.
Le conseil général des Alpes-maritimes que j'ai l'honneur de présider a souhaité lui aussi témoigner très concrètement sa solidarité à votre pays.
C'est pourquoi, lorsque l'évêque de Tyr, dont je salue la présence ici, a attiré notre attention sur les dommages qu'avait subis votre établissement lors du bombardement de la mosquée toute proche, nous avons souhaité vous manifester notre amitié et notre soutien. Et je suis heureux de le faire aujourd'hui de vive voix.
En effet, votre établissement m'apparaît particulièrement symbolique, puisque, dirigé par une équipe chrétienne, il accueille 90 % de Musulmans et constitue ainsi la preuve la plus éclatante que le Liban peut et doit se construire dans la tolérance, l'ouverture d'esprit et le partage de valeurs communes, au-delà de tout clivage confessionnel.
Vous incarnez au plus haut cet esprit de fraternité et je vous remercie de diriger avec autant de générosité ce lieu qui, dans ces temps de violence et d'idéologie sectaire, constitue pour Nabatiyéh et sa région un véritable havre de paix.
Ce n'est pas Monsieur le Maire de Nabatiyeh, ici présent, dont je sais qu'il est un ancien de vos élèves - et même un très bon de vos élèves, me dit-on - et qu'il est resté très proche de vous, qui me démentira : le Liban ne pourra affirmer sa souveraineté et construire son avenir qu'en s'engageant résolument dans le dialogue et en transcendant les appartenances communautaires.
J'espère en tous cas que la contribution que les citoyens du département des Alpes-Maritimes vous font parvenir aujourd'hui pourra vous permettre de continuer à jouer ce rôle irremplaçable de lieu de vie et d'échange, en accueillant vos élèves dans les meilleures conditions possibles.
Je poursuivrai tout à l'heure cette courte visite dans le Sud-Liban en me rendant à Khiam, qui a si terriblement souffert de la guerre de cet été et où je voudrais apporter mon soutien au travail formidable accompli par l'ONG Amel que préside le Dr Kamel Mohanna et dont l'équipe a permis tout au long de cet été, et aujourd'hui encore, au moment où les habitants s'engagent dans la reconstruction de leur ville, de leur apporter un peu de soulagement, notamment d'un point de vue médical, après le traumatisme de cet été.
Notre solidarité va bien évidemment à tous, quelles que soient les appartenances religieuses, car elle se veut en premier lieu un témoignage d'humanisme et d'humanité.
Pour conclure, je dois enfin vous dire combien je suis impressionné par la détermination du peuple libanais, et tout particulièrement par les habitants de cette région, à se tourner résolument vers l'avenir.
Déjà à Nabatiyeh, une bonne partie des traces de la guerre a été effacée, même si ces moments sont encore brûlants dans les esprits.
Je voudrais ici saluer le courage qui est le vôtre,
cette foi que vous avez dans les forces de vie,
cette espérance aussi qui est la vôtre,
qui constitue une leçon pour nous, et que nous voulons partager avec vous en étant à vos côtés sur le chemin de jours meilleurs.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 octobre 2006