Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur l'importance de l'hôtellerie dans l'économie française, Paris le 10 octobre 2006.

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Circonstance : Présentation du rapport d'André Daguin intitulé : Quelle stratégie pour l'hôtellerie dans l'économie française au Conseil Economique et Social le 10 octobre 2006

Texte intégral

Monsieur le Président, Cher Jacques DERMAGNE,
Monsieur le Rapporteur, Cher André DAGUIN,
Mesdames et Messieurs les conseillers,

Je suis très heureux de vous retrouver aujourd'hui pour la présentation du rapport d'André DAGUIN intitulé « Quelle stratégie pour l'hôtellerie dans l'économie française ».

Cette enceinte d'experts que constitue le Conseil économique et social consacre de nouveau cette année l'un de ses rapports à l'hôtellerie, presque 20 ans après celui de Jean SALVANES, et je m'en réjouis.

En 20 ans, le paysage économique a été profondément transformé et il était temps, effectivement, de réévaluer les conditions du développement hôtelier dans notre pays.

Je tiens donc à remercier très chaleureusement André DAGUIN pour le remarquable travail dont il vient de nous livrer une synthèse très percutante.

Connaissant son tempérament et la passion qui l'anime dans la défense des intérêts de son secteur professionnel, je n'en attendait pas moins.

Entrons maintenant dans le vif du sujet.

Le rapport qui vient de nous être présenté offre une vision très pertinente des enjeux du développement touristique, du rôle que l'hôtellerie joue dans ce domaine et je souscris parfaitement à la fois au descriptif et aux propositions qui sont formulées.

Le tourisme, nous le savons bien ici, représente 6,5% du PIB, 200 000 entreprises et deux millions d'emplois directs et indirects.

Ce secteur est redevenu, en outre, en 2005 le premier poste excédentaire de la Balance des Paiements avec 8,9 milliards d'euros devant le secteur automobile, un rappel qui me paraît judicieux en plein « Mondial de l'Auto »...

Je partage bien sûr l'analyse d'André DAGUIN sur l'insuffisante reconnaissance dont bénéficie le tourisme au regard des enjeux économiques que je viens de rappeler.

Peut-être faut-il se souvenir que le tourisme reste, malgré tout, une industrie récente puisque les congés payés en France ont fêté cette année leur 70ème anniversaire.

Et dans ce cadre il convenait, effectivement, de rappeler le rôle prépondérant que joue le secteur HCR, et en particulier l'hôtellerie, dans la création de richesses. Pour 2005, ce sont 15 700 nouveaux emplois qui ont créés et qui témoignent de la vitalité de cette économie touristique malgré les difficultés structurelles de recrutement.

Ces difficultés de recrutement ne sont pas d'ailleurs pas, malheureusement, les seules auxquelles l'hôtellerie est confrontée.

Le rapport revient en effet longuement sur l'importance cruciale du maillage hôtelier pour une fréquentation touristique harmonieusement répartie sur le territoire français, pour sortir de cette logique des 80/20 qui obère les chances de développement des territoires ruraux.

La petite hôtellerie indépendante qui disparaît lentement au profit des hôtels de chaîne, mieux armés en terme de promotion, d'utilisation des NTIC et de marketing, doit à l'évidence être soutenue, et c'est une des priorités du contrat de croissance que nous avons élaboré, avec Renaud DUTREIL et dont vous connaissez parfaitement le contenu.

Ce contrat de croissance s'inscrit d'ailleurs dans la démarche qui a été la nôtre depuis 2002 : tenter d'apporter des solutions pragmatiques aux problèmes qui se posent aux acteurs économiques pour les accompagner dans les mutations rapides que traverse l'industrie touristique.

Et combler aussi, autant que possible, le besoin de reconnaissance de notre secteur.

Le projet de loi de Finances pour 2007 en est une nouvelle illustration : avec 86,2 Meuros en autorisations d'engagement et 83,7 Meuros en crédits de paiement, nos crédits augmentent respectivement de 8 % et de 7 % par rapport au budget initial de 2006.

Mieux, sur l'année 2006, nous aurons connu, grâce notamment au contrat de croissance dans l'hôtellerie et la restauration, une augmentation de notre enveloppe budgétaire de presque 14% en cours d'exercice.

On peut, bien sûr, arguer que ces crédits sont peu élevés au regard des besoins d'équipement.

Il convient cependant de rappeler que le financement du tourisme en France ne se résume pas à notre budget et qu'il convient d'y ajouter celui des collectivités territoriales et de l'Europe.

Au total, ce sont ainsi près de 2 milliards d'euros qui sont investis chaque année dans le tourisme français.

Au-delà de cette reconnaissance financière, qui n'est pas à négliger dans un contexte budgétaire contraint, d'autres signes tangibles de l'attention particulière portée par les Pouvoirs publics à notre secteur ont été envoyés tout au long de ces presque 5 années.

Le passage d'un Secrétariat d'Etat à un ministère délégué, et l'organisation, sous la présidence directe du Premier ministre, de deux Comités interministériels du Tourisme en 2 ans, alors qu'il n'y en avait pas eu depuis 20 ans.

Mais aussi, la loi Tourisme du 14 avril 2006, venue considérablement enrichir le contenu initial d'un texte qui portait avant tout sur la codification de la matière, une codification qui va simplifier la vie des professionnels et celle des usagers.

Beaucoup de choses restent à faire pour parachever ces efforts, j'en ai conscience et votre rapport, Cher André DAGUIN, ouvre de nombreuses pistes.

Il y a, bien sûr, la question du classement hôtelier sur lequel la direction du Tourisme poursuit la concertation, avec déjà quelques acquis qui font consensus, en particulier la création d'une 5ème étoile qui nous mettrait à égalité avec les classements mondiaux.

La nécessité de mieux encadrer le fonctionnement des chambres d'hôtes, pour lutter contre la paracommercalisme, constitue également l'un de nos chantiers prioritaires.

Comme vous l'avez relevé, une première définition a été introduite dans le cadre de la loi Tourisme. Le décret d'application est en cours de préparation et devrait sortir avant la fin de l'année.

La question de la transmission d'entreprise a pour sa part progressé dans le cadre des lois DUTREIL sur les PME, comme celle des conjoints-collaborateurs. Il reste notamment à examiner dans quelle mesure nous pourrions faciliter, comme dans les hôtels de chaîne, la cession de murs.

Je ne peux, enfin, achever mon propos sans revenir sur la question de la TVA à 5,5% dont André DAGUIN demeure le héraut. Deux dispositifs d'allègements de charge ont été mis en oeuvre depuis 4 ans dans l'attente d'une obtention de cette mesure, qui m'a toujours paru légitime.

Il semble qu'à l'horizon 2007, nous devrions gagner ce long combat, pour lequel les professionnels et les Pouvoirs publics restent plus que jamais mobilisés.

Mesdames et Messieurs les Conseillers, voilà les observations que je souhaitais formuler aujourd'hui sur ce rapport, dense et riche, qui remet les enjeux du développement touristique et hôtelier dans leur exact contexte.

Je tiens à saluer de nouveau le remarquable travail d'André DAGUIN et à le remercier pour son engagement constant en faveur du tourisme.

Je tiens, enfin, à vous assurer que dans les quelques mois qui nous séparent des échéances électorales, nous continuerons de travailler, avec la Direction du Tourisme, Maison de la France et ODIT France, pour permettre à la France de gagner des parts de marché face à ses concurrents.

Car si nous sommes, par notre position géographique centrale en Europe, la première destination « en volume », je considère que la vraie bataille reste celle des recettes touristiques.

Cette bataille, nous continuons de la mener car, comme vous le dites très justement en conclusion de votre rapport, Cher André DAGUIN, seule l'inaction est condamnable.

Je vous remercie.

Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 19 octobre 2006