Texte intégral
Q - À l'Assemblée, vous ne votez pas toujours avec la majorité. Alors où vous situez-vous ? À droite ? À gauche ?
R - Le clivage droite-gauche est stupide. Ces affrontements datent du mur de Berlin mais, aujourd'hui, ils n'ont plus de sens. Aujourd'hui, Ségolène Royal dit parfois des choses plus à droite que Nicolas Sarkozy ! Pour revenir à l'Assemblée, je vote les textes quand je trouve qu'ils sont bons. Dans le cas contraire, il faut savoir dire non. Souvenons-nous du CPE : si tout le monde avait osé, dans la majorité, dire que l'on allait dans le mur, on aurait évité ces allers-retours douloureux pour, au final, retirer le texte.
Q - Mais la majorité doit bien se rassembler...
R - Bien sûr. Il faut réunir les gens plutôt que les opposer. C'est d'ailleurs ce qu'avait proposé de Gaulle en son temps. Mais je dis clairement que je suis contre la caporalisation des partis, qu'il faut leur donner plus de liberté par rapport à l'exécutif. En privé, 65 % des responsables politiques vous disent qu'ils sont d'accord sur l'essentiel. En public, c'est l'affrontement permanent. Pour résoudre les problèmes de demain - la dette, l'effet de serre - il faut apprendre à travailler ensemble et oublier les étiquettes politiques.
Q - Après tant d'années en politique, en quoi vous êtes différent ?
R - Il y a aujourd'hui un gouffre qui se creuse entre le peuple et le pouvoir. Les citoyens ont le sentiment aujourd'hui que leur voix n'est plus entendue et qu'ils sont mal représentés. Pas assez de femmes (89e rang mondial), pas assez de jeunes et aucun député issu de l'immigration quand il y a 5 millions de musulmans en France. Enfin, on ne doit plus accepter l'absentéisme à l'Assemblée.
Q - Que proposez-vous pour les PME et sur les 35 heures ?
R - Comme aux Etats-Unis, l'Etat peut protéger et aider les PME par des réglementations simplifiées, par la réservation d'une part des marchés publics. Il faut aussi l'égalité des règles sociales en Europe afin d'éviter les délocalisations. Les 35 heures, c'est une faute quand on voit les mauvaises conséquences pour l'économie française. Gardons ce seuil pour ceux qui le souhaitent tout en mettant en place un régime d'heures sup avec des primes de 25 % sans charges pour les entreprises. Chacun pourrait choisir son rythme en fonction des nécessités de sa vie.
Q - Quelles sont vos orientations pour l'Éducation Nationale ?
R - Si j'ai une seule priorité, c'est l'école, de la maternelle à l'université, parce qu'elle doit redevenir l'incarnation du modèle républicain garant de l'égalité des chances. Le premier changement que le Président de la république doit expliquer aux familles, c'est qu'il existe un temps pour le diplôme et un temps de la formation professionnelle. Un diplôme, ce n'est pas un métier. Le grand chantier, c'est de bâtir la professionnalisation de l'université. Mais bien avant cela, on doit convenir que nul enfant n'entrera en sixième sans les acquis fondamentaux. La pédagogie n'est pas la seule réponse : on sait que dans 80 % des cas, des difficultés psychologiques ou familiales lourdes sont à l'origine des échecs. L'école primaire doit y répondre avec des moyens nouveaux pour prévenir et traiter ces maux.
Q - Vous maintenez la carte scolaire ?
R - Oui, contrairement à M. Sarkozy et à Mme Royal, je considère que sa suppression créerait des établissements ghetto. Je suis pour des décisions audacieuses dans trois directions :
- Garantir le calme. L'école, c'est un sanctuaire dans lequel on respecte le maître et l'élève. Ce calme se garantit avec des surveillants, pas avec des policiers et en enlevant la poignée d'élèves déstabilisants pour les placer avec des éducateurs. Je suis pour la fermeté.
- Des classes de niveaux dans tous les collèges. C'est un moyen pour tirer vers l'excellence tous les établissements.
- Une articulation entre le lycée et l'université dès la classe de terminale où le jeune doit apprendre à travailler en autonomie.
Q - Quels moyens prévoyez-vous pour ce programme ?
R - Je souhaite que s'établisse entre l'État et l'Education nationale un contrat avec, d'un côté une garantie de moyens, de l'autre une obligation de résultats. Notre recherche doit aussi être renforcée pour garder les jeunes chercheurs. La France investit dans de jeunes chercheurs qui inventent des brevets aux USA. On est fous !
Q - Êtes-vous favorable au service civil obligatoire comme l'a proposé Ségolène Royal ?
R - Non seulement je suis favorable à ce service civil universel, mais je crois même avoir été l'un des premiers à le proposer au nom,notamment, du nécessaire brassage social. Par exemple, je suis révolté de voir des militaires de carrière qui crapahutent sous la Tour Eiffel. C'est du gâchis et ce type de mission devrait être pris en charge par des jeunes dans le cadre de ce service à la collectivité.
Q - Que faut-il faire pour les retraites ?
R - Avant, avec un salaire moyen, on faisait des économies ; aujourd'hui, ce n'est plus possible. Des retraites à 550 euros ? Je le sais, c'est ce que touche ma mère chaque mois. Si vous êtes seul, vous ne pouvez pas vous en sortir. Il y a la non-assistance à personne en danger ; personne ne peut ignorer ce qui se passe. Il faut un plan pour les petites retraites. Quant aux régimes spéciaux, leur réforme est nécessaire pour déboucher sur un régime de retraites à points. Mais il faut une réforme juste qui prenne en compte les engagements à l'égard des salariés.Source http://www.udf.org, le 25 octobre 2006
R - Le clivage droite-gauche est stupide. Ces affrontements datent du mur de Berlin mais, aujourd'hui, ils n'ont plus de sens. Aujourd'hui, Ségolène Royal dit parfois des choses plus à droite que Nicolas Sarkozy ! Pour revenir à l'Assemblée, je vote les textes quand je trouve qu'ils sont bons. Dans le cas contraire, il faut savoir dire non. Souvenons-nous du CPE : si tout le monde avait osé, dans la majorité, dire que l'on allait dans le mur, on aurait évité ces allers-retours douloureux pour, au final, retirer le texte.
Q - Mais la majorité doit bien se rassembler...
R - Bien sûr. Il faut réunir les gens plutôt que les opposer. C'est d'ailleurs ce qu'avait proposé de Gaulle en son temps. Mais je dis clairement que je suis contre la caporalisation des partis, qu'il faut leur donner plus de liberté par rapport à l'exécutif. En privé, 65 % des responsables politiques vous disent qu'ils sont d'accord sur l'essentiel. En public, c'est l'affrontement permanent. Pour résoudre les problèmes de demain - la dette, l'effet de serre - il faut apprendre à travailler ensemble et oublier les étiquettes politiques.
Q - Après tant d'années en politique, en quoi vous êtes différent ?
R - Il y a aujourd'hui un gouffre qui se creuse entre le peuple et le pouvoir. Les citoyens ont le sentiment aujourd'hui que leur voix n'est plus entendue et qu'ils sont mal représentés. Pas assez de femmes (89e rang mondial), pas assez de jeunes et aucun député issu de l'immigration quand il y a 5 millions de musulmans en France. Enfin, on ne doit plus accepter l'absentéisme à l'Assemblée.
Q - Que proposez-vous pour les PME et sur les 35 heures ?
R - Comme aux Etats-Unis, l'Etat peut protéger et aider les PME par des réglementations simplifiées, par la réservation d'une part des marchés publics. Il faut aussi l'égalité des règles sociales en Europe afin d'éviter les délocalisations. Les 35 heures, c'est une faute quand on voit les mauvaises conséquences pour l'économie française. Gardons ce seuil pour ceux qui le souhaitent tout en mettant en place un régime d'heures sup avec des primes de 25 % sans charges pour les entreprises. Chacun pourrait choisir son rythme en fonction des nécessités de sa vie.
Q - Quelles sont vos orientations pour l'Éducation Nationale ?
R - Si j'ai une seule priorité, c'est l'école, de la maternelle à l'université, parce qu'elle doit redevenir l'incarnation du modèle républicain garant de l'égalité des chances. Le premier changement que le Président de la république doit expliquer aux familles, c'est qu'il existe un temps pour le diplôme et un temps de la formation professionnelle. Un diplôme, ce n'est pas un métier. Le grand chantier, c'est de bâtir la professionnalisation de l'université. Mais bien avant cela, on doit convenir que nul enfant n'entrera en sixième sans les acquis fondamentaux. La pédagogie n'est pas la seule réponse : on sait que dans 80 % des cas, des difficultés psychologiques ou familiales lourdes sont à l'origine des échecs. L'école primaire doit y répondre avec des moyens nouveaux pour prévenir et traiter ces maux.
Q - Vous maintenez la carte scolaire ?
R - Oui, contrairement à M. Sarkozy et à Mme Royal, je considère que sa suppression créerait des établissements ghetto. Je suis pour des décisions audacieuses dans trois directions :
- Garantir le calme. L'école, c'est un sanctuaire dans lequel on respecte le maître et l'élève. Ce calme se garantit avec des surveillants, pas avec des policiers et en enlevant la poignée d'élèves déstabilisants pour les placer avec des éducateurs. Je suis pour la fermeté.
- Des classes de niveaux dans tous les collèges. C'est un moyen pour tirer vers l'excellence tous les établissements.
- Une articulation entre le lycée et l'université dès la classe de terminale où le jeune doit apprendre à travailler en autonomie.
Q - Quels moyens prévoyez-vous pour ce programme ?
R - Je souhaite que s'établisse entre l'État et l'Education nationale un contrat avec, d'un côté une garantie de moyens, de l'autre une obligation de résultats. Notre recherche doit aussi être renforcée pour garder les jeunes chercheurs. La France investit dans de jeunes chercheurs qui inventent des brevets aux USA. On est fous !
Q - Êtes-vous favorable au service civil obligatoire comme l'a proposé Ségolène Royal ?
R - Non seulement je suis favorable à ce service civil universel, mais je crois même avoir été l'un des premiers à le proposer au nom,notamment, du nécessaire brassage social. Par exemple, je suis révolté de voir des militaires de carrière qui crapahutent sous la Tour Eiffel. C'est du gâchis et ce type de mission devrait être pris en charge par des jeunes dans le cadre de ce service à la collectivité.
Q - Que faut-il faire pour les retraites ?
R - Avant, avec un salaire moyen, on faisait des économies ; aujourd'hui, ce n'est plus possible. Des retraites à 550 euros ? Je le sais, c'est ce que touche ma mère chaque mois. Si vous êtes seul, vous ne pouvez pas vous en sortir. Il y a la non-assistance à personne en danger ; personne ne peut ignorer ce qui se passe. Il faut un plan pour les petites retraites. Quant aux régimes spéciaux, leur réforme est nécessaire pour déboucher sur un régime de retraites à points. Mais il faut une réforme juste qui prenne en compte les engagements à l'égard des salariés.Source http://www.udf.org, le 25 octobre 2006