Extraits de l'entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, à l'émission Le Grand Rendez-Vous Europe 1-Le Parisien-TV5 Le Monde le 5 novembre 2006, sur la condamnation à mort de Saddam Hussein et la crise en Irak, les élections américaines de mi-mandat et les relations franco-américaines, la situation au Proche et au Moyen-Orient, le conflit du Darfour, la crise en Côte-d'Ivoire, le nucléaire iranien.

Prononcé le

Média : Europe 1 - Le Parisien - TV5

Texte intégral

Q - Saddam Hussein a été condamné à mort par pendaison, on le sait. Au Quai d'Orsay, vous avez pris acte de cette décision et vous espérez qu'elle n'entraînera pas de nouvelles tensions en Irak. Est-ce que cela veut dire que vous les redoutez, que vous les attendez, ces tensions ?
R - Nous sommes très préoccupés par la situation en Irak parce qu'il y a au moins cent morts par jour depuis plusieurs mois. C'est aux Irakiens à juger du climat, du contexte dans lequel ce procès a eu lieu. Je crois qu'il est bon que les Irakiens, avec leurs nouvelles institutions judiciaires, aient pu faire la lumière sur les crimes qui étaient reprochés à Saddam Hussein. Quant à la peine de mort, vous savez ce que j'en pense, je suis profondément contre la peine capitale.
Q - Vous restez contre ?
R - La France est contre la peine de mort et je viens de voir avec satisfaction que la présidence finlandaise de l'Union européenne s'est également prononcée contre la peine de mort.
Q - Contre la peine de mort et son application à Saddam Hussein.
R - Vous savez qu'il y a une interjection en appel. Il faut maintenant attendre le résultat de cette procédure. En réalité, Saddam Hussein est poursuivi dans plusieurs procès.
Q - Mais est-ce que vous demandez à l'Irak ce soir, même dans le cas de Saddam Hussein, d'abolir la peine de mort ?
R - La France est la patrie des Droits de l'Homme et demande au monde entier de ne pas appliquer la peine de mort. Mais permettez-moi de revenir sur le grand sujet à côté de ce procès. La cohésion même de l'Irak est en jeu.
En Irak, aujourd'hui, il y a quatre luttes de pouvoir différentes.
D'abord une lutte de pouvoir classique, entre un peuple qui est occupé et l'occupant.
Vous avez, ensuite, une lutte de pouvoir entre différentes communautés : le monde chiite, le monde sunnite.
Vous avez également une lutte de pouvoir entre plusieurs ethnies : les Arabes et les Kurdes.
Vous avez, enfin, au sein même des communautés comme celle des chiites, par exemple, des affrontements avec une caractéristique, c'est que Al Qaïda qui était en Afghanistan - le terrain des terrorismes internationaux - est aujourd'hui en Irak avec cette opération militaire américaine. Et il y a une exportation de terroristes en dehors de l'Irak. Ce qui se passe aujourd'hui en Irak à des répercussions bien au-delà de l'Irak.
Q - Et quand on vous dit qu'en Irak la démocratisation est en route et qu'elle est sur la bonne voie, qu'est-ce que cela vous inspire comme réaction ?
R - J'observe qu'il y a désormais un fossé de plus en plus important entre les communautés et que nous sommes au bord de la guerre civile. Et j'observe qu'il n'y a malheureusement qu'une seule solution pour retrouver un sens à la cohésion nationale de l'Irak : c'est la réconciliation politique et "sociétale" entre toutes les couches, religieuses et politiques.
Q - La France était opposée à l'entrée en guerre en Irak. Aujourd'hui, que fait concrètement la France ?
R - Premièrement, la France est l'un des pays qui a tout de suite réouvert une représentation diplomatique, dès 2003. Je tiens à le dire parce que les deux ambassadeurs qui se sont succédés ont fait preuve d'un courage absolument exceptionnel. La France a énormément travaillé sur le plan humanitaire et sur le plan de la formation des cadres.
Deuxièmement, dans le cadre du Club de Paris, la France est en train d'annuler la dette de l'Irak. Nous sommes les troisièmes contributeurs et nous annulons cinq milliards de dollars de créance de l'Irak. Nous donnons 140 millions d'euros par an dans le cadre européen pour l'Irak. Nous venons de former 600 jeunes Irakiens qui sont dans la magistrature ou dans la police. Nous agissons. Mais tant qu'il y a ce climat de guerre civile, comment voulez-vous que des entreprises françaises puissent s'insérer dans le dispositif économique irakien ? C'est absolument impossible. Chaque fois qu'il y a un peu de stabilité nous ouvrons des représentations. J'ai décidé d'ouvrir un bureau de notre ambassade à Erbil parce que dans le nord il y a un peu plus de calme.
Q - Qu'est-ce que cela change, la condamnation de Saddam Hussein et sa disparition peut-être politique ?
R - Je voudrais répondre à cette question et en même temps à la question de Jean-Pierre Elkabach tout à l'heure qui disait : "qu'est-ce qu'il faut faire, personne ne le dit ?". Il faut - comme le président de la République l'a fait, en refusant d'aller militairement en Irak : respecter la souveraineté de l'Irak. Et là, la France défend ses valeurs, sur son terrain philosophique. Respect de la souveraineté, cela veut dire quoi ? Cela veut dire que lorsque la police et la justice doivent être irakiennes. Elles n'ont pas à être américaines.
Q - Cela veut dire qu'elle est plutôt irakienne. Comme le disent un certain nombre de manifestants en ce moment à Bagdad ?
R - Le respect de la souveraineté, c'est que progressivement il y ait un transfert en termes de sécurité, de justice, de police, vers les institutions irakiennes. Alors, ce jour-là se lèvera, comme toujours, un homme ou une femme qui dira : Il faut maintenant arrêter, il faut passer à autre chose ; c'est moi le chef, c'est moi qui décide et il y aura des élections. Tant que vous ne donnerez pas la possibilité aux Irakiens de rester souverainement indépendants en toute intégrité territoriale, vous n'y arrivez pas. Se pose alors la question, en effet, de la présence militaire internationale, en particulier américaine.
Cent morts par jour avec l'impossibilité de se déplacer à sa guise dans le pays et avec des conflits qui n'arrêtent pas d'augmenter. A mon avis, retirer les troupes étrangères serait risqué. Mais en même temps, comme l'a dit le président Chirac à plusieurs reprises, il va bien falloir parler d'un calendrier, parce qu'il n'est pas possible de ne pas respecter, ni la souveraineté, ni l'intégrité territoriale de l'Irak.
Q - Monsieur le Ministre, ce transfert que vous appelez de vos voeux, est-ce qu'il est possible tout simplement aujourd'hui ? Peut-on le faire dès demain ? Il existe sur place des autorités reconnues, légitimes, qui permettraient ce transfert ?
R - C'est là toute la question. J'ai reçu pour une réunion et pour un dîner de travail, au Quai d'Orsay, il y a 48 heures, le président de la République irakienne, M. Talabani, qui est kurde. J'ai reçu le vice-président de l'Irak, il y a trois mois, avec M. Al Maliki, le nouveau Premier ministre irakien, qui est à la tête d'un gouvernement composé de chiites, mais aussi de sunnites et d'autres. Il y a des nouvelles institutions issues des élections. Il faut donc aujourd'hui transférer les missions régaliennes aux Irakiens : les affaires étrangères, la sécurité, la justice, la police. C'est fondamental.
C'est la voix de la France. C'est ce qu'elle doit continuer à dire, comme elle le fait depuis 2003, depuis cette journée où, aux Nations unies, Dominique de Villepin a tenu son discours sur le respect de la souveraineté.
Q - Mais le président irakien que vous avez rencontré ne demande pas le retrait immédiat des troupes américaines ?
R - En effet, demander ce retrait immédiat serait évidemment prendre un risque à court terme mais il faudra qu'il y ait un calendrier. Vous allez me parler des élections américaines. Il est évident qu'aujourd'hui, cela prend une importance fondamentale dans l'opinion publique américaine.
Q - Précisément, venons-y. Dans quelques heures, l'Amérique vote, avec des élections de mi-mandat, en attendez-vous quelque chose ?
R - D'abord, il faut voir de quoi il s'agit. La Chambre des Représentants, un tiers du Sénat et une trentaine de gouverneurs...
Q - Oui, et une cohabitation possible.
R - En tout cas, c'est un vrai rendez-vous. De ce que je lis tous les jours de cette campagne américaine, j'observe qu'il y a deux thèmes : le premier concerne la politique intérieure - la classe moyenne a l'impression de ne pas profiter de la croissance économique et l'inégalité sociale est trop importante - et le deuxième, qui n'est pas classique aux Etats-Unis, la politique extérieure. Contrairement aux élections présidentielles il y a deux ans, on voit aujourd'hui que l'opinion publique américaine n'accepte pas ce qui se passe en Irak. Les démocrates ont voté la guerre, certes, mais aujourd'hui, ils disent qu'on leur a menti sur un certain nombre de choses : "expliquez-nous pourquoi il fallait-il y aller ? Y avait-il réellement des armes de destruction massive ? etc"... Et cela pèse, de plus en plus, d'autant plus que les yeux se tournent vers la France qui avait dit non avec des arguments tout à fait objectifs.
Q - Pour vous, cette élection est-elle un référendum pour ou anti Bush ?
R - De toutes les façons, lorsque l'on est au pouvoir, il y a une opposition et si cette opposition gagne, c'est que, en effet, ce pouvoir est remis en cause.
Q - Et sur la question irakienne ?
R - Nous n'avons pas changé d'avis, nous observons qu'à la suite de l'intervention américaine, il y a une modification du Moyen-Orient et du Proche-Orient.
Q - Nous verrons ces autres aspects mais sur l'Amérique, vous avez très justement parlé d'un calendrier du retrait des troupes américaines et britanniques. Pensez-vous que ce retrait peut se faire, de la part de l'administration Bush avant la fin du second mandat du président américain, c'est-à-dire avant la fin de l'année 2008 ?
R - Il ne m'appartient pas de le dire.
Q - Bien sûr, mais quel est l'intérêt de la paix, serait-ce avant ou plus tard ?
R - Ce que je crois, c'est qu'il ne doit y avoir qu'une seule obsession aujourd'hui en Irak, c'est le transfert de pans entiers de souveraineté aux Irakiens. Dès l'instant où ceci aura été fait, il y aura quelqu'un de suffisamment fort, comme toujours, et nous avons connu ces périodes, pour dire : "arrêtons, nous avons certes une quasi guerre civile mais il faut la résoudre et j'ai pour cela, une armée, une police et une démocratie".
Q - Diriez-vous Monsieur le Ministre qu'une victoire éventuelle des démocrates à ces élections américaines serait une bonne chose pour la paix ?
R - Ce qui sera une bonne chose pour la paix, en Irak, c'est de comprendre pourquoi cette région a besoin de dialogue.
Q - C'est-à-dire, le contraire de la politique du président Bush ?
R - C'est-à-dire en tout cas qu'on ne dise pas à un peuple, quel qu'il soit, ce qu'il doit faire. C'est quelque chose de contraire à l'éthique diplomatique de n'importe lequel des pays démocratiques.
Q - Diriez-vous, comme n'importe quel citoyen, peut-être même américain, aujourd'hui, que c'était une faute d'aller en Irak ?
R - Nous avons toujours pensé qu'il ne fallait pas voter l'Article 42. Nous avons toujours pensé au Conseil de sécurité des Nations unies, en tant que membre permanent, que nous n'avions aucune preuve de la présence d'armes de destruction massive. Nous ne voulions pas y aller et je vois aujourd'hui que nous avions eu raison.
Q - La France est-elle toujours "punie" par les Etats-Unis pour avoir tenu ce discours ? La Maison Blanche en voulait beaucoup à la France, elle a pardonné à la Russie et pour cause, un peu aussi à l'Allemagne, mais Paris reste-t-elle marginalisée ?
R - Vraiment pas. Les relations bilatérales entre les Etats-Unis et la France sont vraiment excellentes sur les trois sujets que sont : la lutte contre le terrorisme, la non-prolifération et la lutte contre les grandes pandémies, je peux vous assurer que nous travaillons vraiment ensemble, tous les jours.
Juste un mot tout de même pour ajouter que, tous les jours, il y a un milliard de dollars d'échanges à la fois, français et américain.
Q - Vous dites qu'il n'y avait pas d'arrogance dans la position de la France ?
R - Lorsque nous pensons quelque chose, nous le disons, même à des amis.
Q - Vous êtes au Quai d'Orsay Philippe Douste-Blazy, lorsque vous analysez la situation en Irak, en Iran, en Afghanistan où se profile le retour des Talibans, au Liban, à Gaza, pouvons-nous dormir tranquilles réellement ?
R - Ce qui est vrai, c'est qu'à cette même émission, il y a 5 ans, j'aurai pu dire qu'en réglant le problème israélo-palestinien, nous réglions tout du même coup. Aujourd'hui, je ne peux pas le dire, même si cela reste en effet un élément majeur. Il y avait la crise israélo-palestinienne. Aujourd'hui il y a une crise iranienne avec une volonté de puissance régionale, il y a l'Irak.
Q - Le monde est donc plus dangereux qu'il y a 5 ans ?
R - Sans aucun doute.
Q - Le gouvernement de Kaboul et le chef de l'OTAN dans cette capitale réclame un renfort des soldats de l'OTAN pour faire face à la militarisation de la situation et à la montée des talibans. La France serait-elle favorable à ce renforcement, avec l'envoi supplémentaire de soldats pour l'OTAN à Kaboul ?
R - Je ne pense pas que ce soit la clef ; aujourd'hui, la solution en Afghanistan est simple : 98 % du trafic de drogue dure se fait en Afghanistan et il y a eu une augmentation de 60 à 70 %, chaque année, des trafics de drogues. Il n'y a pas d'Etat ou un Etat très fragile.
Nous devons aider l'Afghanistan. Comme vous le savez, nous avons le commandement de Kaboul où sont situés 1.000 hommes.
Avec nos partenaires de l'OTAN, nous sommes présents en Afghanistan. Ce n'est certainement pas en augmentant les effectifs que l'on réglera le problème. C'est en tout cas la position de la France.
Q - Et que peut-on faire alors ? Ben Laden n'est toujours pas arrêté, quelles sont les perspectives, un pourrissement lent comme en Irak ?
R - Il y a un processus politique. Il n'y a pas de dialogue politique. Il y a aujourd'hui des phénomènes de corruption. Il y a le problème de la drogue qui est majeur et on ne règle pas, de l'extérieur, un problème comme celui-ci en disant ce qui est bien et ce qui ne l'est pas. Il faut repartir sur une négociation.
Q - On vient de souligner que le patron de Al Qaïda n'était toujours pas arrêté, mais, Ben Laden est-il encore vivant ?
R - Je ne le sais pas mais ce que je sais, comme je l'indiquais au début de cette émission, c'est qu'il y a un transfert progressif des responsables d'Al Qaïda de l'Afghanistan vers l'Irak. N'oubliez pas qu'à la suite de la décision américaine de faire la guerre à l'Irak, on a vu Saddam Hussein tomber et c'était un anti-Iranien primaire et l'on a vu aussi, en Afghanistan, un certain nombre de personnes qui étaient contre les Iraniens tomber.
Q - Est-ce à dire que la politique de M. Bush aurait renforcée l'Iran dans toute la région ?
R - Non, mais je dis qu'il y a un déséquilibre. En voulant agir en Irak, il fallait aussi comprendre que ce pays n'était pas seul dans son bocal, et qu'il avait des relations avec ses voisins. Aujourd'hui, le monde chiite prend de l'ampleur.
Q - Ampleur qu'il n'aurait pas obtenue s'il n'y avait pas eu cette guerre d'Irak voulue par M. Bush et l'Amérique.
R - J'en suis persuadé et regardez pour preuve, ce qui se passe au Liban avec le Hezbollah, regardez ce qui se passe en Syrie, en Irak et en Iran.
Q - A la fin de la semaine, vous serez en Egypte pour rencontrer le président Moubarak et surtout, vous serez au Soudan, à Khartoum et au Darfour où il y a déjà 250.000 victimes et 300.000 personnes que le secours humanitaire ne pourra pas toucher. On parle de 2.5 millions de personnes déplacées. Comment empêcher ces massacres ? Qui a une solution ?
Lorsque vous vous rendrez à Khartoum, vous rencontrez le président Bachir, pensez-vous que vous pourrez le convaincre alors que jusqu'à présent, il a tout refusé ?
R - Le conflit du Darfour, c'est le plus grand des conflits africains. D'abord parce que le Soudan est, de loin, le plus grand pays africain, qu'il est bordé par 9 autres pays et parce qu'aujourd'hui, il y a trois risques. Le premier risque est humanitaire, vous l'avez très bien dit, avec 250 à 300.000 morts, 2 millions et demi de déplacés, ce qui veut dire qu'il y a deux fois plus de morts que pour le tsunami asiatique.
Q - Chaque jour il y a énormément de morts, même si on pense à autre chose.
R - En effet, il y a tous les jours, des violations des résolutions de l'ONU, 2 millions et demi de personnes déplacées dans un territoire de la même grandeur que la France.
Le second risque est de nature politique, c'est la scission du Soudan. En 2004, les accords de paix du Sud ont été signés après 20 années de guerre civile et ces accords sont en train d'être remis en cause.
Et enfin, il y a un troisième risque de déstabilisation régionale, en particulier au Tchad, et en Centrafrique. Et c'est toute la question qui est posée, parce que le Soudan est une charnière entre le monde arabe et le monde africain. Or cette charnière ne doit pas devenir une fracture. Il s'agit donc non seulement d'une question humanitaire, horrible, mais aussi d'une question politique majeure avec des enjeux religieux et des enjeux de pouvoir. Nos partenaires sont évidemment européens, mais aussi américains, et chinois - n'oublions pas que les Chinois sont omniprésents au Soudan.
Alors, que faire ? Nous avons voté une résolution, la résolution 1706. Ce n'est pas compliqué : c'est la plus grande opération du maintien de la paix qui ait jamais été votée par l'ONU, avec 20.000 hommes.
Q - Vous allez voir Bachir qui refuse, qu'allez-vous lui dire ?
R - Je vais lui dire deux choses. La première est qu'il faut augmenter l'efficacité de l'Union africaine qui est aujourd'hui présente. Merci à l'Union africaine qui a accepté de rester.
Q - Elle est d'accord ?
R - Elle est d'accord jusqu'à la fin de l'année.
Q - Et lui aussi ?
R - Le président Bachir aussi. Il faut donc augmenter l'efficacité de cette force de l'Union africaine avec des moyens, des équipements de l'ONU.
Deuxièmement, il faut demander - et c'est le plan français - à la fois au président Bachir mais aussi au président Déby, le président du Tchad, et au président de la République centrafricaine, deux pays voisins, d'accepter des forces onusiennes aux frontières entre le Soudan et le Tchad et entre la République centrafricaine et le Soudan.
Q - Pour éviter de nouveaux massacres ?
R - Parce qu'il y a des infiltrations de rebelles en permanence et parce que, en effet, ce sont les mouvements rebelles qui sont aujourd'hui, malheureusement, en train de commettre des exactions. Il faut donc approfondir l'accord politique. Pour l'instant l'accord politique d'Abuja concerne uniquement le Soudan et un groupe rebelle. Il faut donc élargir et approfondir l'accord politique.
Q - Vous faites tout ce que vous pouvez, vous bougez beaucoup. La France aussi s'active. Je suppose que l'on a peur qu'un jour ou l'autre on nous reproche d'avoir été les témoins passifs d'un génocide. Mais, il semble que la communauté internationale elle-même reconnaisse une forme d'impuissance face au Darfour, alors on vous souhaite bonne chance.
R - Mais vous savez, la grande difficulté, c'est ce que vous disiez tout à l'heure, le droit d'ingérence. Il faut expliquer aux Soudanais qu'ils ont une responsabilité, celle de protéger ces femmes, ces hommes, ces enfants qui sont aujourd'hui menacés.
Q - Mais pourquoi les pays arabes, les Egyptiens par exemple, ne se mêlent-ils pas aussi de protéger leurs voisins ?
R - C'est la raison pour laquelle je vais rencontrer le président Moubarak, le 12 au matin. Nous parlerons de cette question parce que je crois que le monde arabe connaît mieux que personne en effet cette région.
Nous devons en même temps respecter la souveraineté du Soudan. C'est là où réside la difficulté. J'espère que ce plan que nous allons présenter sera accepté par les trois parties, c'est ce que je souhaite au plus profond de moi-même.
Q - Vous avez dit tout à l'heure que la Chine était présente au Soudan. Elle a l'air d'être présente dans toute l'Afrique. En ce moment, il y a 40 chefs d'Etat à Pékin reçus par les plus hautes autorités chinoises. Est-ce que c'est la Chine qui est en train de prendre possession de l'Afrique ?
R - J'ai envie de dire aux Chinois qu'aujourd'hui la jeunesse du monde est africaine, que ce continent connaît une croissance annuelle de 5 %, que nous avons toujours aidé l'Afrique, et que la France a toujours cru en l'Afrique. Mais maintenant, il va falloir aussi ne pas refaire les erreurs du passé. Les matières premières appartiennent aux Africains et il ne faudrait pas que les plus grandes, les moyennes ou les plus petites puissances puissent se croire chez elles en Afrique.
Q - Il y a une attitude coloniale de la Chine en Afrique, diriez-vous aujourd'hui ?
R - Je n'ai pas dit cela. Je dis simplement qu'il va falloir réfléchir à ce que ce continent va devenir.
Q - Un mot sur la Côte d'Ivoire. Est-ce que les militaires français doivent rester sur place alors que le mandat du président Gbagbo a été prolongé d'un an, que l'on a l'impression que le pays reste divisé durablement et que ces Français sont parfois la cible de ce que l'on appelle les Jeunes patriotes ? Ils doivent rester, d'après vous ?
R - Aujourd'hui, oui. Nous avons beaucoup travaillé au Conseil de sécurité des Nations unies, comme vous l'avez vu récemment.
Q - La France n'était pas en situation triomphale.
R - Pas au début.
Q - Elle était même isolée.
R - Grâce à la France, une résolution a pu être votée à l'unanimité au Conseil de sécurité des Nations unies. Que dit cette résolution ? On donne un an aux Ivoiriens pour tenir des élections en toute transparence mais c'est la dernière année qu'on leur donne, et pendant ce temps, le Premier ministre a des pouvoirs renforcés.
Q - Sauf que vous avez vu que le président Gbagbo fait une toute autre lecture. Il estime quant à lui avoir conservé l'essentiel du pouvoir.
R- Vous remarquerez que le Conseil de sécurité est quand même un organisme qu'il faut respecter, y compris lorsqu'on est président de la Côte d'Ivoire. Eh bien, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité élargit le champ des pouvoirs du Premier ministre aujourd'hui.
Q - Demain, M. Philippe Douste-Blazy, l'Organisation mondiale de la Santé, l'OMS, qui doit faire face au sida, à la tuberculose, à la cécité, à toutes sortes de maladies, doit désigner son directeur général parmi onze candidats qui viennent de différents pays. Il y a un candidat français, qui est Bernard Kouchner, médecin comme vous. Est-ce que vous le soutenez ? Le gouvernement français fait-il vraiment tout ce qu'il faut pour le soutenir ?
R - Ce n'est pas un candidat français. C'est le candidat de la France. Car à l'Organisation mondiale de la Santé on n'est pas M. X ou M. Y, on est représentant d'un pays. Le président Chirac, le Premier ministre et moi-même nous sommes posé la question et avons décidé de présenter M. Bernard Kouchner.
Q - Est-ce que la France soutient le candidat Bernard Kouchner ?
R - Le fait qu'il se présente signifie que nous le défendons, sinon il ne pourrait pas le faire. Nous faisons ce qu'il faut. Prenez l'exemple de notre ambassadeur auprès des Nations unies à Genève, M. Ripert : il accompagne Bernard Kouchner dans tous ses déplacements. Nous avons permis à Bernard Kouchner d'aller en particulier faire une tournée africaine récemment pour rencontrer tous les pays. Il y a 24 pays qui votent. Je connais bien cette Organisation et je crois que l'Organisation mondiale de la Santé a besoin d'un directeur général comme Bernard Kouchner. Ce serait fondamental que le fondateur de Médecins sans frontières puisse devenir le responsable de la santé publique du monde. C'est un beau métier.
Q - Un beau métier qui vous aurait peut-être même tenté mais vous avez autre chose de plus important à faire en France.
R - Je ne me permettrais pas de le faire car je suis ministre des Affaires étrangères.
Q - Nous allons revenir au Proche-Orient, Monsieur le Ministre. Régulièrement des villes israéliennes sont touchées par des roquettes artisanales venant de la bande de Gaza. Jugez-vous que la réplique de l'armée israélienne est proportionnée, pour utiliser un mot qui a servi il y a quelques temps ?
R - Le fait qu'il n'y ait pas de dialogue politique et de processus politique aujourd'hui dans le conflit israélo-palestinien entraîne une catastrophe dramatique sur le terrain. Cette offensive israélienne militaire pratiquement sans précédent a provoqué 32 morts en trois jours.
Q - 47.
R - 47 avec cet après-midi. C'est effrayant. Plus de 300 morts ou 330 morts depuis le 25 juin, au moment où le caporal Shalit a été enlevé sans parler d'une colonisation israélienne en Cisjordanie autour de Jérusalem de plus en plus importante et d'un mur qui empiète de plus en plus sur les Territoires palestiniens.
Q - Cela crée les conditions de la violence selon vous ?
R - Bien évidemment. Et vous associez à cela les négociations totalement dans l'impasse concernant le gouvernement d'Union nationale intra-palestinien, une possibilité d'affrontements entre le Hamas et le Fatah et un risque, en raison de l'offensive israélienne d'un côté, et de la mauvaise entente intra-palestinienne de l'autre, d'un effondrement de la présidence de l'Autorité palestinienne.
Q - Cela accroît peut-être l'insécurité mais est-ce que ce que fait à Gaza, en ce moment, l'armée israélienne est acceptable pour vous ou inacceptable ?
R - Je comprends très bien le droit à la sécurité d'Israël. Je suis un ami d'Israël. Je comprends très bien le droit à la défense d'Israël. Mais je suis persuadé que l'offensive militaire israélienne actuelle entraîne une radicalisation de la population palestinienne et donne la prime aux extrémistes avec un risque de chaos. Personne n'a intérêt au chaos là-bas, à commencer par Israël.
Q - On voit bien aujourd'hui que le Hamas et ses milices sont en train de mettre en avant une méthode qui a déjà servi, mettre en avant les femmes en noir ou en blanc face aux chars pour sauver quelques agresseurs, d'Israël. Est-on au bord d'un nouvel Intifada, au bord d'un embrasement ? Et qui doit intervenir, on va faire encore un énième aller-retour au Conseil de sécurité des Nations unies ?
R - D'abord, l'Union européenne a un rôle à jouer comme jamais. Et la proposition qu'a faite le président de la République récemment d'une conférence internationale qui permettrait de renouer les fils de la confiance entre M. Olmert d'un côté et M. Mahmoud Abbas de l'autre, est fondamentale.
Q - Vous renouvelez ici-même, ce soir, l'idée de la conférence internationale sur le Proche-Orient lancée par Jacques Chirac ?
R - Nous pensons que, plus que jamais, il faut une conférence internationale sur le Proche-Orient. La poursuite de cette offensive israélienne d'un côté, la poursuite des affrontements intra-palestiniens de l'autre, ne peuvent aboutir qu'au chaos, ce qui serait très grave pour la région.
Q - Ces derniers mois on été marqués par l'offensive au Liban. Prenons un exemple concret : le survol des appareils israéliens en violation du vote des Nations unies. Que doit faire la FINUL ? Doit-elle intervenir ? Doit-elle empêcher cela ? Ou faire comme si elle n'avait rien remarqué ?
R - Il y a une résolution, la résolution 1701, que la France a grandement contribuée à faire voter le 11 et 12 août.
Q - Est-ce qu'elle est violée quotidiennement ?
R - Elle est violée par les survols aériens israéliens, c'est vrai.
Q - Confirmez-vous que l'Iran est en train d'envoyer via la Syrie des armes au Hezbollah?
R - La mise en oeuvre de la résolution 1701 se fait plutôt bien. Il y a un bon retrait israélien à l'exception du village de Ghajar. Il y a un bon déploiement de l'armée libanaise et de la FINUL. Nous avons 1.700 hommes. Il y a deux sujets qui sont en violation, et vous avez raison de le dire, de la résolution 1701. Les survols aériens israéliens - et nous avons dit clairement qu'il fallait qu'ils cessent.
Q - Mais que fait-on lorsqu'un appareil survole ?
R - On proteste. Cela a déjà eu pour effet d'en réduire le nombre. Et puis, on peut réfléchir à des mesures pour répondre aux préoccupations de sécurité israéliennes.
Q - Mais vous ne m'avez pas répondu.
R - Cela, c'est le côté survols israéliens. Et de l'autre côté, il faut qu'il y ait un contrôle de l'embargo sur les armes à destination du Hezbollah. Nous avons, comme vous le savez, un commandement maritime de la FINUL avec les Allemands. Il y a par ailleurs une amélioration technique fournie par les Allemands aux Libanais pour les aider à renforcer le contrôle de leurs frontières.
Q - En fait, quoi que vous disiez, Israël n'écoute que l'Amérique, que les Etats-Unis, au plan diplomatique ?
R - Je ne pense pas aujourd'hui qu'Israël peut avoir une autre attitude que d'aider d'un côté Mahmoud Abbas et de l'autre Fouad Siniora. S'il ne le faisait pas, il prendrait un risque majeur de voir monter le Hamas d'un côté et le Hezbollah de l'autre.
Q - Donc, il faut que ce soit au gouvernement de M. Olmert de payer ou de rétribuer les taxes qui sont prélevées sur les produits qui devraient revenir aux Palestiniens et qu'Israël ne donne pas ?
R - Nous demandons aux Israéliens le plus vite possible de restituer ces taxes prélevées. Comment voulez-vous, avec la situation économique et sociale catastrophique qui existe aujourd'hui à Gaza et dans les Territoires occupés, qu'il puisse y avoir une lueur d'espoir pour cette jeunesse ?
Q - Vous avez parlé de M. Fouad Siniora, le Premier ministre libanais. Demain, lundi, l'opposition et le Hezbollah vont tenter de faire tomber ce gouvernement pour un autre gouvernement peut-être plus favorable à la Syrie. Considérez-vous que le Hezbollah tente, en plus en menaçant de grandes manifestations dans les rues de Beyrouth, de faire un coup d'Etat ou une forme de coup d'Etat politique ?
R - Je crois que ce serait une erreur très grave. Je crois que le Premier ministre, M. Fouad Siniora - ainsi que le chef de la majorité, M. Hariri - a montré durant cette crise, pendant la guerre, avec courage qu'il était un homme d'Etat. Il est important de faire plus que jamais confiance à M. Fouad Siniora et, en même temps, d'aller jusqu'au bout à propos de la Syrie concernant la commission d'enquête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri. Pourquoi ? Parce que la résolution 1559 d'un côté mais aussi la résolution 1595 ont été votées. Celle-ci établit cette commission d'enquête internationale. Il faut la respecter et il faut que le gouvernement libanais puisse avaliser ce tribunal international.
Q - Une question, Monsieur Douste-Blazy si vous le permettez avant de passer à l'Iran. A Stockholm, en octobre, il y a des pays donateurs pour un montant d'à peu près un milliard de dollars pour M. Siniora et le Liban. Si jamais il tombait, que le Hezbollah faisait tomber son gouvernement, est-ce qu'automatiquement cette promesse d'aide d'un milliard de dollars au Liban disparaîtrait?
R - Il est sûr que cette aide et la conférence internationale pour la reconstruction du Liban que le président Chirac va présider dans la deuxième quinzaine du mois de janvier à Paris sont fondées sur une vision d'indépendance du Liban par rapport à ses voisins, un Liban exempt de toute ingérence, y compris bien sûr de la Syrie.
Q - En ce qui concerne l'Iran qui, on le sait, prône la destruction pure et simple d'Israël, qui ne renonce pas à son programme nucléaire, est-on en phase de discussion ou faut-il déjà évoquer de possibles sanctions à l'ONU ?
R - Sur l'Iran, nous avons dit clairement qu'on leur proposait quelque chose de très positif pour eux, une double suspension. Nous suspendons la procédure qui prévoit des sanctions du Conseil de sécurit??. Ils suspendent les activités d'enrichissement de l'uranium. Ils ne nous ont pas entendus. Ils ne nous ont pas pris en compte. M. Larijani, le principal négociateur iranien pour M. Ahmadinejad, le président iranien, a rencontré M. Javier Solana. Il lui a dit non.
Q - Donc, est-ce qu'on passe à autre chose ?
R - A partir de là, nous passons à autre chose. Dans mon bureau, au Quai d'Orsay, le 12 juillet, nous nous étions mis tous d'accord, les Russes, les Chinois, les Américains, les Européens pour dire : "Nous allons aller jusqu'aux sanctions", c'est-à-dire le recours à l'article 41 du chapitre VII de la Charte. Aujourd'hui, la France a rédigé, avec les Britanniques et les Allemands, un projet de résolution, portant sur les sanctions, qui circule à New York depuis maintenant trois jours auprès de nos partenaires, membres permanents du Conseil de sécurité.
Q - Des sanctions économiques. Et c'est Ségolène Royal qui disait tout à l'heure qu'il fallait faire jouer la diplomatie jusqu'au bout mais penser aussi, dans le cas où cela ne marcherait pas, à l'étape suivante.
R - Je lui conseillerais d'être excessivement prudente lorsqu'on parle de l'étape suivante. Car l'étape suivante, ce serait, après l'article 41, si je comprends bien, l'article 42. Je n'ose pas penser un instant qu'un chef d'Etat aujourd'hui dans le monde puisse évoquer l'article 42 sans avoir évoqué l'article 41.
Q - Que dit l'article 42 ?
R - L'article 42, ce sont les opérations militaires, ce qui aurait évidemment des conséquences dramatiques dans le monde. Mais il est évident qu'il faut aujourd'hui aller jusqu'au bout de la diplomatie. Il faut penser aussi aux sanctions. Ces sanctions, nous sommes en train d'en parler avec les Russes et les Chinois.
Q - Mais les Russes ne sont pas d'accord.
R - La discussion qui se passe actuellement entre les Russes, les Chinois et nous, les Européens, et les Américains, est de savoir quelles doivent être les sanctions, les mesures exactement.
Q - Et dans quel délai ?
R - Dès l'instant où nous serons d'accord sur la résolution, elle s'appliquera. Mais la discussions porte surtout sur les types de mesures. Je voudrais ajouter, en particulier par rapport à ce que disait Ségolène Royal, que ces mesures dans notre esprit, c'est-à-dire celui des Américains, des Russes, des Chinois et des Européens, sont bien sûr réversibles et proportionnelles. A tout moment, l'Iran peut nous dire qu'il revient à la raison. Si jamais l'Iran ne devait toujours pas se plier à ce que le Conseil de sécurité lui demanderait, alors bien sûr des mesures supplémentaires pourraient être décidées.
Q - Mais faut-il mourir pour l'Iran ?
R - Aujourd'hui, seule la voie diplomatique est possible. Pourquoi ? Parce que nous devons à tout prix trouver un moyen. Les Américains, le 30 mai, ont fait un grand pas lorsque Mme Rice a accepté de dire, via les Européens, qu'elle acceptait de parler, de négocier avec les Iraniens.
Q - Vous avez peut-être su la convaincre.
R - C'est important car cela fait 28 ans que dure la guerre froide entre les Américains et les Iraniens.
(...)
Q - Est-ce qu'il y a une politique étrangère de droite ou de gauche ? Est-ce que la différence n'est qu'une différence de style ? Tonitruant, avec de l'éclat comme Dominique de Villepin, vous avec votre sens du terrain, Hubert Védrine, quand la gauche était au pouvoir, la cohabitation avec un style. C'est une question de style ou de fond ?
R - De fond, uniquement de fond. Ce pays, qui est le pays des Droits de l'Homme, doit en permanence être là, quelle que soit la situation internationale, pour dire : nous respectons l'intégrité territoriale d'un pays, l'indépendance nationale d'un pays, nous respectons tout simplement l'autonomie d'un peuple. Ce sont les valeurs de la France. La France ne changera pas. Un président qui changerait, cela se retrouverait immédiatement en marge de son peuple, très vite.
Q - Il y a une politique étrangère, vous avez évoqué différentes positions de la France, est-ce qu'il y a une politique européenne de la France. C'est comme si on attendait, que tout était bloqué depuis le non au référendum, comme si on attendait un miracle.
J'ajoute que demain justement Dominique de Villepin va présider un Conseil interministériel sur l'Europe qui sera diffusé en direct sur une télévision parlementaire. Vous étire pour ou vous étiez contre ?
R - J'ai suivi ce que le président de la République a dit, et d'ailleurs le Premier ministre également, cela n'a pas été repris, sur le caractère confidentiel d'un certain nombre de prises de positions lors d'un Conseil des ministres. La réponse, exactement, je vais la lui donner demain matin, s'il regarde la télévision parlementaire. Demain, nous allons parler d'un sujet qui est majeur : c'est la politique énergétique de l'Europe. Il faut le savoir, il va y avoir de moins en moins de gaz, de moins en moins de pétrole. Que va-t-il se passer demain ? C'est la France - vous me demandez s'il y a une politique européenne de la France - qui a écrit la première le mémorandum sur la politique énergétique de l'Europe et c'est la Commission européenne qui a repris les propositions françaises. C'est majeur. Nous avons la chance, par exemple, d'être le seul pays au monde à avoir fait le choix du nucléaire civil avant les autres.
Q - C'est intéressant au moment où, à Nairobi, s'ouvre demain la conférence sur le climat.
R - On ne peut pas continuer à voir cette planète se réchauffer sans vendre nos centrales nucléaires civiles avec dans le monde entier, à commencer par la Chine bien sûr.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 novembre 2006