Déclaration de M. Dominique Bussereau, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur les enjeux de la recherche agronomique internationale et l'engagement de la France dans le groupe consultatif de la recherche agricole internationale (GCRAI), Paris le 17 octobre 2006.

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Circonstance : Table ronde France - Groupe consultatif de la recherche agricole internationale (GCRAI) à Paris le 17 octobre 2006

Texte intégral

Madame la Vice-Présidente de la Banque Mondiale,
Monsieur le Directeur Général du Groupe Consultatif pour la Recherche Agricole Internationale,
Mesdames et Messieurs les Présidents et Directeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis heureux de prendre la parole devant vous, en clôture de cette table ronde sur l'avenir de la recherche agricole internationale, qui a été organisée par le Conseil exécutif du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale.
C'est la première fois, je crois, que le Ministère de l'agriculture français a le privilège d'héberger une session du Conseil exécutif. Cela témoigne de l'importance que le gouvernement français attache aux travaux du Groupe consultatif, comme Monsieur ETIENNE (remarque : le représentant du Ministère des Affaires étrangères) l'a rappelé à l'instant.
Le Conseil exécutif joue un rôle primordial dans la gouvernance du Groupe consultatif, tout spécialement dans la perspective de l'Assemblée Générale Annuelle qui se tiendra en décembre prochain. Le Groupe consultatif vit actuellement une période de réforme, tant du point de vue de la programmation scientifique que de celui de son organisation interne. Les travaux de son Conseil exécutif revêtent donc une importance particulière.
I.Les enjeux de la recherche agronomique internationale
Les intervenants de la table ronde de cet après-midi ont illustré les enjeux de la recherche agricole internationale. Il s'agit en premier lieu de contribuer aux objectifs du millénaire, sur lesquels les Etats membres des Nations Unies se sont engagés. La recherche agronomique internationale a un rôle central à jouer pour réduire l'extrême pauvreté et la faim dans le monde, qui constitue notre objectif premier. Les pays et les régions les plus démunis ont besoin de programmes de recherche finalisée, avec une approche globale et intégrée. Ce regard scientifique est indispensable pour faire la synthèse entre des exigences économiques, sociologiques et environnementale, en vue d'un développement équilibré. Il s'agit en effet d'améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales, mais aussi de lutter contre la désertification et de favoriser l'utilisation optimale des ressources en eau. Ce sont autant de questions complexes, sur lesquelles la recherche doit apporter son éclairage.
La recherche agricole internationale a également un rôle à jouer, dans la production et la diffusion de connaissances au bénéfice de l'ensemble de la planète, et sur des questions qui nous concernent tous, comme le changement climatique, les maladies émergentes, la conservation des ressources génétiques ou la préservation de la biodiversité.
J'ai noté avec satisfaction qu'une des priorités d'action du Groupe consultatif concerne la recherche sur les politiques publiques. Je crois en effet que les politiques agricoles et alimentaires sont un élément moteur du développement . La France ne serait pas aujourd'hui un grand pays exportateur de produits agricoles et transformés, si son agriculture n'avait pas bénéficié de politiques adaptées en matière de formation, de recherche, de contrôle et de soutien aux filières et aux exploitants.
Il me semble que le travail d'appui aux institutions et à l'élaboration des politiques publiques doit s'accompagner d'un effort particulier en matière de formation. Pour que les résultats de la recherche soient adoptés, adaptés et appliqués, tous les acteurs de la chaîne de l'innovation - les producteurs, les professionnels du développement, les formateurs - doivent posséder un niveau de compétences suffisant. Il est primordial que les programmes de recherche intègrent ces aspects de renforcement des capacités des acteurs.
II.L'engagement renouvelé de la France dans le GCRAI
Cette journée est très significative, en ce qu'elle marque un engagement accru et renouvelé de la France dans son partenariat avec le Groupe consultatif. La France est un membre fondateur du Groupe consultatif, auquel elle apporte des ressources financières, scientifiques, humaines et techniques. Depuis 1995, chaque année, 40 chercheurs français sont présents dans les centres de recherche du Groupe consultatif. La France contribue à l'élaboration du programme de recherche du Groupe consultatif, en participant aux réunions du Conseil scientifique et en appuyant le programme global de réforme du Groupe.
Les acquis de ce partenariat sont décrits dans le livre intitulé « La France et le CGIAR » qui est lancé aujourd'hui et qui vous a été remis. Je suis particulièrement heureux que cet ouvrage soit présenté ici, au Ministère de l'agriculture. C'est un ouvrage collectif auquel de nombreux auteurs ont contribué. Il relate des exemples de succès de collaboration scientifique entre la France et les Centres de recherche du Groupe consultatif situés dans d'autres pays. Les travaux sur l'amélioration de la culture du Sorgho pour les paysans d'Afrique de l'Ouest et du Centre sont à cet égard emblématiques, de même que les travaux sur la lutte contre la trypanosomiase bovine. Dans le domaine de la gestion des ressources, je retiendrai l'exemple des travaux sur les bassins versants de l'Olifants et du Limpopo, deux grands fleuves d'Afrique australe.
Pour ce qui est de l'avenir de nos relations, la lettre d'accord qui va maintenant être signée avec le Groupe consultatif constitue une feuille de route. Côté français, elle engage quatre organismes de recherche : l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le Cemagref et l'Institut pour la recherche et le développement (IRD).
Un agenda commun entre nos organismes sera élaboré, afin de définir des projets scientifiques conjoints. Les échanges de chercheurs seront accrus et des missions croisées mises à l'ordre du jour. Des programmes seront mis en place en co-tutelle pour les doctorants et les post-doctorants. Ils concerneront également les chercheurs des pays du Sud afin de faciliter leur entrée dans les réseaux internationaux et européens de recherche. En outre, des exercices communs de prospective seront lancés.
Du point de vue de l'appareil de recherche français, la signature d'une lettre d'accord avec le Groupe consultatif tombe à un moment particulièrement opportun. En effet, l'offre française de recherche agronomique est en train de se consolider, en vue d'une meilleure lisibilité et d'une efficacité accrue, notamment à l'international. C'est ainsi que l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) ont amorcé un processus de rapprochement, en association avec le CEMAGREF, et en cohérence avec la création d'une agence de moyens au sein de l'Institut pour la recherche et le développement (IRD).
La loi de programme pour la recherche, votée au printemps dernier, prévoit la constitution de réseaux thématiques de recherche avancée, associant des organismes de recherche et d'enseignement supérieur autour d'un projet scientifique commun, et sous la forme d'une fondation de coopération scientifique. Un de ces réseaux vient d'être homologué à Montpellier sur la thématique « agronomie et développement durable ». Il compte au rang de ses membres fondateurs l'INRA, le CIRAD et les écoles d'agronomie de Montpellier. Il sera, bien évidemment, largement ouvert aux problématiques de la recherche agricole internationale, en direction des pays du Sud et du pourtour méditerranéen.
Tous ces éléments fixent un cadre renouvelé et stimulant pour un partenariat renforcé avec le Groupe consultatif.
Cette coopération doit, par son effet d'entraînement sur d'autres acteurs, générer les synergies nécessaires pour surmonter les immenses défis alimentaires, environnementaux, économiques et sociaux qui se profilent pour l'avenir.
Tout en répondant aux standards de qualité scientifique, la coopération doit promouvoir une recherche agronomique internationale axée prioritairement sur les besoins spécifiques du Sud. C'est son réseau de partenaires au Nord et au Sud, du public et du privé, des chercheurs aux acteurs de la société civile, qui demeure le principal garant de sa réussite.
Nous allons maintenant assister à la signature de la lettre d'accord entre le Groupe consultatif et les organismes de recherche français. Ensuite, nous pourrons poursuivre nos discussions de manière moins formelle, autour de quelques rafraîchissements que je vous invite bien amicalement à partager.
Je vous remercie pour votre attention.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 20 octobre 2006