Déclaration de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, sur les relations entre la France et la Jordanie, Amman le 4 novembre 2006.

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Circonstance : Déplacement en Jordanie, le 4 novembre 2006

Texte intégral


Monsieur l'Ambassadeur,
Chers compatriotes,

Je tenais tout d'abord à vous faire savoir à quel point j'étais heureuse de vous retrouver tous, ici, en Jordanie, pays où je reviens avec un grand plaisir depuis ma dernière visite, il y a de cela maintenant 2 ans.

Merci à vous, Monsieur l'ambassadeur, de nous y accueillir si peu de temps après votre arrivée.

Vous avez la chance de vivre ici, en Jordanie, un pays qui a su préserver son identité et son unité, qui s'efforce, non sans succès, de trouver la voie de son développement économique et social, qui s'engage pour la paix.
Mieux que quiconque, vous savez que la France entretient avec la Jordanie des relations suivies, chaleureuses et confiantes, qui s'appuient sur une très large communauté de vues.

Ces relations sont particulièrement étroites sur le plan politique, à tous les niveaux. Les rencontres régulières entre le Président de la République et le roi Abdallah II, tous les 6 mois, démontrent à elles seules la qualité du dialogue noué.

Elles sont de plus en plus fortes sur le plan économique, et la présence de nombreux chefs et cadres d'entreprise, ici, ce soir, en témoigne.

La Jordanie évolue rapidement, et connaît aujourd'hui une forte croissance. Ce développement est le fruit d'une politique d'investissement et de réformes conduite par des dirigeants avisés.

La Jordanie doit ce développement en partie aux flux d'investissement français. Ceux-ci sont parmi les plus importants. Surtout, ils s'orientent vers l'industrie, les services, vers des secteurs créateurs de richesse pour le pays et d'emploi pour sa population.

Dans le même temps, je sais que nos entreprises ont à cœur de montrer l'exemple sur le plan social comme sur le plan environnemental, contribuant ainsi à un développement mieux maîtrisé et porteur de progrès.
Je crois, à l'heure où l'auto-dénigrement apparaît trop souvent comme un sport à la mode, que nous pouvons être fiers de l'image que nos entreprises donnent de la France, de ses capacités d'adaptation à la mondialisation, de son goût pour l'innovation, de ses talents économiques.

Je crois aussi que notre présence dans ce pays doit être l'occasion de faire mieux comprendre aux Jordaniens ce qu'est la France aujourd'hui.

L'ampleur des réformes économiques et fiscales que nous conduisons rendent notre pays toujours plus compétitif, dynamique et attractif pour les investisseurs étrangers.

Nos relations sont également étroites sur le plan culturel.

Nos actions de coopération éducative et culturelle en Jordanie, qui se traduisent notamment par une augmentation régulière du nombre de jordaniens qui apprennent et parlent le français, sont des domaines essentiels de rayonnement, d'influence et de partage. L'action d'envergure conduite par l'Institut français du Proche-Orient, qui permet en particulier de redécouvrir et mettre en valeur le patrimoine et l'histoire de la Jordanie, avec de très belles réussites à son actif, mérite d'être soulignée.

Ces relations étroites et confiantes entre la Jordanie et la France trouvent, naturellement, leur prolongement dans les relations entre la Jordanie et l'Europe.

J'aimerais de ce point de vue mentionner la place centrale que tient notre pays dans le développement de la relation entre la Jordanie et l'Union Européenne. D'excellents résultats ont été obtenus, notamment au travers des fonds MEDA attribués à la Jordanie, qui fait figure de "bon élève" des pays méditerranéens.

La Jordanie, toutefois, est également située au cœur de l'une des régions les plus troublées de notre planète. Elle est confrontée à un environnement régional difficile, instable.

C'est un défi pour ce pays, et c'est également bien souvent, j'en suis consciente, un défi pour chacun et chacune d'entre vous.

La situation dans les pays qui nous entourent -je pense naturellement à l'Iraq, au Liban, à Israël, aux territoires palestiniens-, mais aussi la montée des intolérances et des fanatismes, génèrent des tensions, des affrontements, des conflits.

Vous y êtes exposés et les ressentez directement.

Nous avons tous été inquiets lors des terribles nouvelles des attentats contre les hôtels d'Amman, il y a tout juste un an de cela, ou encore à l'annonce de l'attaque contre des touristes en centre-ville, il y a quelques semaines.
La communauté française a réagi avec calme et détermination face à ces évènements, et je sais qu'ils ne diminuent pas votre attachement à ce pays, beau et accueillant.

Un tel contexte troublé crée pour nous une obligation. C'est de conforter notre relation avec le pays, d'encourager l'évolution pacifique de la Jordanie vers plus de développement et de prospérité. C'est la volonté du Président de la République, que j'aurai à cœur de réaffirmer demain au Roi Abdallah II.
Dans le domaine de la Défense, naturellement crucial pour la stabilité du pays, nous avons une relation toute particulière, de tout premier plan, qui s'appuie sur une coopération bilatérale riche et suivie.

Plusieurs exercices conjoints ont lieu chaque année entre nos forces armées respectives, à la fois sur le territoire jordanien et à Djibouti. De nombreux officiers viennent se former en France, dans le domaine opérationnel mais aussi dans nos écoles d'ingénieurs et nos académies militaires.

Les officiers français insérés au sein des forces jordaniennes, mais également les militaires en mission de courte durée, attestent de la vitalité de cette relation bilatérale.

La France dispose des capacités technologiques du plus haut niveau, qui intéressent nos partenaires jordaniens. J'aurai, demain, l'occasion d'assister à des exercices conjoints entre les forces françaises et jordaniennes, qui mobilisent près de 50 militaires français.

Nous partageons avec les Jordaniens des préoccupations similaires, face au terrorisme, à la prolifération et aux crises régionales. Nos forces armées respectives déploient des hommes et des femmes sur les mêmes théâtres d'opérations : la Côte d'Ivoire, Haïti, l'Erythrée, le Liban, car la Jordanie constitue un des tout premiers contributeurs de forces de maintien de la paix aux Nations Unies.

C'est ce message de coopération pacifique, de nécessité d'un dialogue stratégique, d'attachement porté par notre pays aux relations franco-jordaniennes, alors que près de 2000 militaires français sont déployés au sud-Liban, à tout juste une centaine de kilomètres d'ici, que je suis venue porter aujourd'hui à Amman.

Tout ceci n'a de sens et n'est rendu possible, j'en suis convaincue, que parce qu'il y a, dans ce pays des hommes et des femmes qui s'investissent, qui croient en l'avenir de la Jordanie et dans ses relations avec la France.

Une relation bilatérale riche, porteuse de projets d'avenir, ne peut se faire sans une communauté française dynamique et motivée.

La France a besoin de la voix, des initiatives, de l'enthousiasme de tous ses ressortissants expatriés. Les autorités françaises, pour leur part, sont à leurs côtés pour accompagner leurs efforts.

Je sais pouvoir compter sur vous, sur votre énergie sans faille et votre détermination, pour favoriser et amplifier les relations entre la France et la Jordanie.

Je tenais à venir vous en féliciter et vous en remercier.

Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 novembre 2006